La Convention du patrimoine mondial a été créée afin d’identifier et de protéger des sites naturels et culturels exceptionnels pour les transmettre aux générations futures.

Grâce à son efficacité, elle a permis à un nombre croissant de sites de bénéficier d’une inscription sur la Liste du patrimoine mondial au fil des ans. Cette Liste, qui comprend aujourd’hui de très nombreux sites diversifiés à travers le monde, offre à ces biens une reconnaissance internationale. Parallèlement à cette reconnaissance de notre patrimoine et à la curiosité que suscite généralement l’inscription d’un bien sur la Liste du patrimoine mondial, le secteur touristique a explosé à une vitesse phénoménale, encourageant un nombre sans précédent de touristes à visiter des sites à la fois distants et accessibles. Cette situation soulève bien évidemment la question de la préservation de ces sites et de leur appréciation.

Dans cette optique, il devient donc de plus en plus pressant d’adopter une approche durable dans la planification et la gestion du tourisme, afin de tenir compte des besoins des visiteurs mais aussi de ceux des sites visités, ainsi que des besoins des populations locales et de l’impact massif que peut avoir le tourisme. La croissance exponentielle du tourisme au cours des dernières décennies s’est avérée être une bénédiction mais aussi une malédiction : un développement totalement inattendu aux répercussions considérables. Un tourisme mal géré et incontrôlé, ayant pour conséquences un site dégradé, moins attractif et moins compétitif, peut en effet être une menace majeure pour les valeurs du patrimoine et pour un développement à long terme. Mais quand les autorités gouvernementales et les gestionnaires de site travaillent avec les communautés locales, le tourisme peut devenir un réel avantage tant pour les sites concernés que pour les citoyens, en améliorant notamment la croissance économique, en répondant aux besoins locaux de conservation et en renforçant l’identité des communautés locales. Lorsqu’il est bien géré, le tourisme permet aux communautés de s’épanouir et aux sites de préserver leur authenticité. Autrement dit, tout le monde est gagnant !

Ce numéro de Patrimoine Mondial se consacre donc au tourisme durable, et les articles mentionnés ci-dessous nous offrent un fascinant aperçu de la complexité des questions auxquelles il nous faut répondre au quotidien. Dans la mesure où les gestionnaires de site doivent à tout prix éviter la dégradation ou la disparition de leurs magnifiques sites et où il est impératif d’épargner un sort similaire à la population locale, un tourisme durable doit être mis en place pour apporter des avantages économiques à tous ceux qui vivent dans le périmètre des sites ou dans leur périphérie. Cette question souligne les énormes responsabilités qui pèsent aujourd’hui sur les personnes chargées de protéger le patrimoine mondial, et les articles de ce numéro nous proposent un aperçu des bonnes pratiques mises en oeuvre pour tenter de répondre à cette problématique.

Les principaux articles de ce numéro nous offrent un fascinant tour d’horizon de la complexité de cette question et les incroyables ressources déployées par les parties prenantes de différents sites. Nous y découvrirons comment la ville d’Amsterdam gère actuellement les millions de touristes qui la visitent chaque année, les mesures prises par les autorités japonaises pour permettre aux visiteurs d’apprécier toute la beauté du mont Fuji sans la détériorer ou l’ingéniosité des équipes de gestion du paysage culturel de Tequila au Mexique ou du mont Kenya en Afrique. Enfin, deux entretiens, l’un avec le Secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), M. Taleb Rifai, qui décrit le boum de l’industrie du tourisme et son rôle dans la préservation, et l’autre avec M. Huang Nobu, homme d’affaires et philanthrope, qui aborde le rôle de l’entreprise dans le soutien et la protection des sites du patrimoine mondial, nous offrent deux aspects importants des liens entre le tourisme durable et le patrimoine mondial.

Éditorial
Kishore Rao
Directeur du Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO