Faites une recherche à travers les informations du Centre du patrimoine mondial.

Le Portail du Monastère de Ripoll

Date de soumission : 27/01/2015
Critères: (ii)(iii)(vi)
Catégorie : Culturel
Soumis par :
Ministry of Education, Culture and Sport of Spain
État, province ou région :
Catalogne
Coordonnées X433267 Y4672647
Ref.: 5979
Avertissement

Les Listes indicatives des États parties sont publiées par le Centre du patrimoine mondial sur son site Internet et/ou dans les documents de travail afin de garantir la transparence et un accès aux informations et de faciliter l'harmonisation des Listes indicatives au niveau régional et sur le plan thématique.

Le contenu de chaque Liste indicative relève de la responsabilité exclusive de l'État partie concerné. La publication des Listes indicatives ne saurait être interprétée comme exprimant une prise de position de la part du Comité du patrimoine mondial, du Centre du patrimoine mondial ou du Secrétariat de l'UNESCO concernant le statut juridique d'un pays, d'un territoire, d'une ville, d'une zone ou de leurs frontières.

Les noms des biens figurent dans la langue dans laquelle les États parties les ont soumis.

Description

Le Portail du monastère de Ripoll, construit au XIIe siècle, est un chef-d'œuvre de l'art roman, un arc de triomphe grandiose et majestueux qui mène à l'église de Santa Maria. Il s'agit d'une pièce unique qui a été surnommée la "Bible en pierre", et elle est considérée comme un point de repère incontesté dans l'art roman catalan et une bannière de la culture monastique ancrée dans la théologie biblique.

Le Portail du monastère de Ripoll est l’ensemble de sculpture monumentale romane plus important en Catalogne et l’un des ensembles d'art les plus impressionnants au monde.

Le Portail du monastère de Ripoll est situé sur la façade principale de l'église de Santa Maria, au-dessous des deux tours jumelles construites par l'abbé-évêque Oliba pour la consécration de l'église de l'année 1032, sous un porche, qui a été bâti après le Portail, entre les XIIe et XIIIe siècles. L'une des tours s’est effondrée lors du séisme du jour de la Chandeleur en 1428.

Le Portail est un élément clairement autonome de la façade. C'est un corps en forme de U, avec une base très allongée fixée au mur de la façade. Quelques traces de polychromie -deux petites bordures en orange/rouge- derrière le bloc du Portail, prouvent que celui-ci a été placé sur une ancienne porte d'entrée de la nef centrale de l'église de l'abbé-évêque Oliba. Peut-être ces peintures faisaient partie de l’ancienne décoration de l'entrée de l'église.

Justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle

Le Portail de Ripoll, avec ses 7 m de haut et 11,50 m de large, se trouve sur la façade de l'église de Santa Maria comme un arc de triomphe magistral, unique et exceptionnel à la fois par son programme iconographique et par les images narratives. Ce monument, connu comme la « Bible sculptée en pierre »,peut être considéré comme une encyclopédie, qui présente des histoires de signe différent et qui a un sens unique de la transcendance, d’accès aux connaissances d’un certain temps et d’un pays : il nous montre la réalité artistique et culturel, et nous parle du gouvernement et de la religion, du concept de la mort et du gouvernement représentatif.

L’architecture romane s’est développé avec intensité sur les deux côtés des Pyrénées, puisque cette zone géographique, ancienne Marque Hispanique de Charlemagne, indépendante depuis l'année 865 et gouvernée par le comte de Barcelone, était très proche des pays méditerranéens chrétiens, la France et l'Italie, c’est pourquoi elle est devenu un lieu d'échange entre les cultures arabe et chrétienne. En outre, les comtes de Barcelone ont su trouver la façon de communiquer pacifiquement avec le califat de Cordoue. Dans cette phase historique favorable à la Catalogne, qui s’est poursuivie tout au long du XIe siècle, l'abbé Oliba Cabreta, comte de Besalú et Cerdagne, a eu un rôle politique important, qui a également trouvé son reflet dans le monde de l'architecture.

Nulle part ailleurs en Europe, d’où l'art roman a atteint les territoires catalans, un portail a une signification aussi importante. Du même, son inspiration est unique au monde : les vignettes des bibles qui ont été copiées dans le Scriptorium du monastère de Ripoll. Le Portail devient exceptionnel parce que son existence va au-delà de l'image comme monument : il est un témoin gravé dans la pierre glorifiant l'histoire sacrée et il met aussi en scène l'histoire contemporaine de la Catalogne, au moment de sa transformation en pays.

Dans le Portail de Ripoll le poids de la narration est spectaculaire. Le Portail constitue un ensemble de sculptures qui, par elles-mêmes, représentent une œuvre d'art. Mais c’est son regroupement qui leur donne une unité avec une signification globale. Compte tenu du chevauchement sur la façade, le Portail est comme un arc de triomphe avec sept archivoltes, avec les sept colonnes correspondantes. Il y a aussi sept étages longitudinaux qui forment l'ensemble.

Comme matière première des blocs de grès du pays avec quartz, mica et ciment calcaire ont été utilisées, mais sans mortier pour le collage. Parmi la façade et ce portail il y a un remplissage de roches de rivière et d'autres débris.

Dans Ripoll, l’architecture cède la place à la sculpture. Le Portail est une solution architecturale, pas un exercice de l'architecture. C’est la volonté d'occuper toute la surface avec la sculpture. Dans cet art roman, auquel appartient le monument, la sculpture et la peinture étaient un complément de décoration des constructions architecturales et elles s’adaptaient au contexte dans lequel elles étaient insérées (chapiteaux, tympans, l'abside, portes) et la religiosité était présente à la recherche du sens spirituel des choses. Les sculptures romanes ont été adaptées à l'architecture. Les artistes allongeaient, tordaient ou étendaient les figures pour les adapter à l'espace disponible, parce qu'elles étaient un complément de l'architecture. Dans Ripoll, la sculpture est le vrai protagoniste. Il n’y a pas un morceau de pierre sans ciseler, l'artiste de Ripoll s’intéresse au discours narratif. Donc, au-delà de sa valeur comme un œuvre romane, le portail a une identité, une mémoire, une histoire, un récit.

De quel récit a été le résultat le Portail de Ripoll ? Comme panthéon dynastique, il apparaît comme : 1-Election de sépulture, 2-Représentation de l'union des comtés catalans, 3-Essor de Catalogne comme territoire pyrénéen, et 4-Ripoll, lieu privilégié de la mémoire.

Ripoll, avec l'ancien monastère et l'église de l'abbaye de Santa Maria, où se trouve le Portail roman, est un témoignage exceptionnel d'un échange d'influences considérable à l'époque médiévale, où l'art roman se propageait à travers l'Europe.

Il est aussi pertinent -pour justifier que le Portail du monastère de Ripoll est un magnifique témoignage des échanges culturels qui ont eu lieu à une période cruciale en Europe- de citer le rôle joué par le Scriptorium et la Bibliothèque de Ripoll comme porte d’accès de la culture classique et musulmane dans notre continent. Le monastère de Ripoll est le point de référence pour cette période, en tant que canal pionnier pour les échanges culturels entre l'Europe et la péninsule. Les connaissances de l'Orient sont véhiculées dès le califat omeyyade à l'Europe, et les nouveaux styles artistiques (roman) et liturgiques de l'empire et de Rome, à la péninsule Ibérique. Cela prouve que l’importance de Ripoll est accordée non seulement par ses origines de comté, mais aussi pour son Scriptorium et Bibliothèque.

En outre, il convient de tenir compte que, dans Ripoll, la façade principale, au moins depuis les réformes d’Oliba (1032), était ouverte vers l’atrium ou cimetière de la ville qui se trouvait à côté de la paroisse de Sant Pierre.

Il y avait aussi un autre élément qui probablement aurait pu influer directement sur la configuration de la porte du temple monastique et dans l'image du monastère : son statut de panthéon comtal tout au long du IXe et XIIe siècles. Choisi par le même Guifré le Velu pour y être enterré, le lieu a été confirmé comme tel par ses enfants, petits-enfants et autres descendants jusqu'à la fin du XIIe siècle. Selon la tradition, tout le panthéon était actif, leurs tombes ont été déposées dans les portes du temple de Santa Maria, selon les coutumes funéraires des rois, des princes et des nobles de l'époque.

Par conséquent, ce que le Portail nous propose est proposé est un récital de scènes qui viennent des vignettes des Bibles qui ont été produites dans le Scriptorium du monastère, mais elle sont spécialement sélectionné avec un sens qui va au-delà la lecture des Écritures et proclame l'importance historique de Ripoll.

Monument fascinant, qui nous donne accès à la connaissance d'un art plein de symbolisme et qui avait pour but établir la force de la foi et de la religion dans la gestion des territoires européens. Le Portail de l'église de Santa Maria de Ripoll est un témoignage exceptionnel d'une culture qui envisage les mystères divins étroitement liés à l'homme, et qui veut se rapprocher et exprimer ces mystères selon sa propre façon d'être.

Le Portail a un récit universel, c’est plus qu'un ensemble sculptural. Le Portail est le témoignage gravé sur la pierre de la vie d'un pays, de l'histoire d'un territoire. Ce que l'auteur cherche dans le Portail de Ripoll est glorifier une histoire spirituelle et un sentiment de pays, c’est un récit d’images en relief dans lequel il y a une symbiose intéressée et très efficace entre finalités religieuses et raisons politiques.

Critère (ii) : Témoigner d’un échange d’influences considérable pendant l’époque medieval.

Le Portail de Ripoll constitue un témoignage exceptionnel d’un échange important d’influences à l'époque médiévale, quand l'art roman se répandait dans toute l'Europe. Le monastère de Ripoll et son scriptorium étaient une passerelle de la culture classique et musulmane en Europe qui propageait l’influence culturelle d’autres pays vers certains royaumes qui étaient en train de regagner leur territoire.

Le monastère de Ripoll est le point de référence pour cette période, en tant que canal pionnier pour les échanges culturels entre l'Europe et la péninsule Ibérique. Les connaissances provenant de l’Orient voyagent du califat omeyyade vers l’Europe, et l'art nouveau (roman) et les styles liturgiques de l'empire et de Rome, vers la péninsule. Cela montre que son importance est accordée non seulement par leurs origines de comté, mais aussi pour son scriptorium et la bibliothèque.

De son scriptorium trois des bibles les plus importantes conservées depuis l'antiquité sont issues. Ce sont des Bibles qui ont été source d’inspiration pour l’iconographie du Portail. Les récits bibliques sculptées dans le Portail sont reflétées dans les illustrations des célèbre Bibles de Ripoll et Roda, conservées aujourd'hui à Paris et à Rome, et qui ont été élaborées dans le monastère sous l'abbatiat d'Oliba.

Le Portail de Ripoll est un jeu de mémoire. Sous une forme de narrative, le portail connu sous le nom de la «Bible de pierre», complète ce que autres portails romans montrent partiellement : non seulement les programmes apocalyptiques ou des scènes bibliques, mais aussi la volonté d'écrire une page de l'histoire politique et religieuse du Moyen Age.

Le Portail de Ripoll n’est pas une solution architecturale. Ce n’est pas seulement un exercice d'architecture, mais la volonté d'occuper toute la surface avec la sculpture. Et c’est un exemple unique qui montre comment dans le XIIe siècle, avec l'arrivée de l'architecture romane en Europe, et donc en Catalogne, on a voulu «moderniser» une église monastique, qui était aussi panthéon des comtes.

L'architecture du bâtiment construit sous les desseins de l'abbé et évêque Oliba est devenue obsolète au XIIe siècle, comme c’était le cas d'autres constructions romanes, du XIe siècle dans lesquelles l’architecture sculpturale n’est pas encore présente. L'exubérance ornementale place sûrement ce «corps» attaché à la façade de l'église, qui est le Portail de Ripoll, dans une période de plénitude postérieur à l’austérité de la sculpture romane, connu sous le nom de période Lombard. En Catalogne sont également ajoutés des «corps» aux monastères de Sant Pere de Rodes -qui a réutilisé le marbre d’Ampurias- et la cathédrale de Vic, avec un portail en pierre locale, aujourd'hui disparu.

Le bâtiment de Ripoll, qui avait atteint son apogée avec sa dernière consécration constructive en 1032, a rejoint au XIIe siècle, comme une action d'avant-garde, un cadre dans lequel l'intention dépassait le simple désir de «décorer» et devenait un récit épique de ce qui se passait à ce moment-là sur le territoire, à travers l'interprétation biblique et la transposition de victoires militaires et territoriaux des dirigeants catalans.

Le Portail de Ripoll exprime son écho dans les portails romans sculptés que dans ces temps éclataient dans des nombreuses églises catalanes. De même, l'atelier de sculpture qui a travaillé à Ripoll vers le milieu du XIIe siècle -capable de synthétiser certains des plus prestigieuses productions sculpturales à ce moment-là, comme celle de la ville de Toulouse ou du Roussillon- montre aussi son influence plus ou moins proche dans une série d'œuvres sculpturales qui ont eu lieu en Catalogne au cours de la seconde moitié du XIIe siècle.

Le développement de l'art roman en Catalogne dans les XIe et XIIe siècles est, en soi, un témoin de l'échange d'influences entre les territoires reconquis sur les états musulmans, et les innovations artistiques de l'Italie et ailleurs en Europe, et de l'enracinement dans une forme d'art qui, grâce au génie propre des gens, connaitra un développement inéluctable.

Critère (iii) : Apporter un témoignage exceptionnel sur une tradition culturelle : l’art roman.

Le Portail du monastère de Ripoll est un témoignage unique d'une tradition culturelle qui s'est développée en Europe au cours du XIe siècle jusqu'au milieu du XIIIe siècle, l'art roman. Dans le portail sculpté on retrouve le programme iconographique le plus complet et unique de l'époque, qui présente un récit des images en relief fruit d'une symbiose intéressée et très efficace entre les fins religieuses et les motivations politiques.

Ce qui rend exceptionnel le Portail est que, au-delà de sa valeur comme un bâtiment roman, il possède une identité, une mémoire, une histoire et un récit qu’on ne voit pas dans un autre bâtiment de cette période historique.

Une porte est une entrée. Le Portail de Ripoll nous offre, comme une encyclopédie, l'accès à la connaissance du passé, nous rapproche à une réalité culturelle, artistique, nous parle du gouvernement et de la religion, du concept de la mort, et du concept de la représentativité du gouvernement.

Le programme iconographique considère à plusieurs reprises les liens possibles entre certaines questions bibliques et l’histoire, comme par exemple les scènes dans lesquelles le peuple juif est sauvé des ennemis. Si l’on tient compte de l'historiographie de Ripoll, en particulier la Brevis Historia Rivipullensis, Guifré est un héros aux yeux du chroniqueur. Sans doute, il est le fondateur, mais aussi le chef qui vainc les musulmans ennemis du peuple de Dieu, comme Moïse était le chef du peuple d'Israël.

Le Portail de Ripoll est remarquable et constitue un exemple unique dans l'histoire de l'art roman, pas seulement à partir d’un critère stylistique, mais aussi d'un point de vue représentatif de la fonction qu’il avait et que, selon les conclusions de certains des plus prestigieux historiens, était de mettre en lumière le panthéon du comte que le fondateur du monastère de Ripoll, le comte Guifré le Velu. Le Portail, au-delà de sa valeur comme œuvre romane, a une identité, une mémoire, une histoire et un récit, qui le rendent unique. Des valeurs qui, 800 ans après sa construction, reviennent à donner un nouvel élan à un bâtiment dont le Portail reste le joyau le plus précieux.

La préservation des vestiges du monastère et l'église de Santa Maria dans le milieu du XIXe siècle ne vient pas de l'aspect artistique, au départ, mais de l’aspect symbolique, à cause de l'exaltation de la figure de Guifré le Velu, en tant que créateur de la nation Catalane, et de la construction du mythe de l'abbé Oliba. Et une fois que cette reprise se produit, l'importance de l'acte artistique apparait comme une conséquence de l'évolution de la société du XXe siècle.

Le Portail de Ripoll est le meilleur exemple du fait qu’un patrimoine culturel propre de la Catalogne peut convertir ce monument en un véritable point de repère de l'identité contemporaine du pays.

Critère (vi) : Être directement associé à des événements historiques et des croyances ayant une signification universelle exceptionnelle.

L’art roman est imprégné de l'esprit du christianisme ou, mieux encore, l'art roman est essentiellement l'art sacré chrétien. Le Portail de Ripoll est inséparable de la foi chrétienne qui l'a inspiré et lui a donné la beauté qu’il possède. Le Portail de Ripoll est l’expression pure de l’art sacré. 

Dans l'église de Santa Maria de Ripoll, la façade « est l'expression extérieure d'une structure architecturale et en même temps dogmatique» et la cloche « plus qu'un bâtiment, c’est un symbole : celui de la foi et de la puissance, et aussi «un monument fait pour servir et signifier ». Pour des nombreux spécialistes de l'art roman, « le Portail fait partie d'une représentation architecturale avec des aspirations mystiques.

Dans le Catéchisme de l'Église catholique, on retrouve : « L'art sacré est vrai et beau, quand, par sa forme, correspond à sa vocation propre : évoquer et glorifier, dans la foi et l'adoration, le mystère transcendant de Dieu, beauté sublime et invisible de la vérité et de l'amour qui est apparue dans le Christ, éclat de la gloire de sa gloire, l'empreinte de sa nature ».

Le Portail de Ripoll est né d'une expérience de recherche de la vérité dans la conversion continue du cœur vers la bonté qui vient de l'amour de Dieu. Sur la base de l'ensemble de l’œuvre de Ripoll il y a la réalité monastique. Ils étaient des hommes, qui, dans les moments où notre pays était à ses débuts et se formait, et nourris par la foi chrétienne, ont choisi à partir d'un appel de Dieu, la recherche de l’essentiel, la recherche de Dieu. La foi chrétienne sait que l'homme peut chercher la vérité avec sa raison, parce que Dieu est la vérité.

Le Portail de Ripoll a été et demeure un point de référence pour l'étude de l'art roman catalan, mais surtout a rendu, et continue à le faire, un service inestimable à la foi chrétienne. L'Eglise catholique reconnaît que «les images sont aussi une prédication évangélique. Les artistes de tous les temps ont offert à la contemplation et à l'admiration des fidèles, les faits marquants du mystère du salut, les présentant dans la splendeur de la couleur et la perfection de la beauté. C’est une indication d'aujourd'hui, plus que jamais, dans la civilisation de l'image. L'image sacrée peut exprimer beaucoup plus que les mots, étant donné l'efficacité de son dynamisme de communication et de transmission du message évangélique». 

Le Portail de Ripoll remplit à la perfection la maxime selon laquelle « le vrai art sacré attire l'homme à l'adoration, la prière et l'amour de Dieu, Créateur et Sauveur Saint et Sanctificateur ».

Au Moyen Age, les portiques des églises montrent une vision extrêmement émouvante de Dieu : du Christ qui règne et qui est le triomphe et la gloire. L'image que les hommes médiévaux avaient des objets autour d'eux, des animaux, des forêts et des montagnes et même des événements naturels, était empreinte d'une variété d'interprétations. Rien n’était limité uniquement à l'existence physique. Ainsi le sacré peut apparaître presque partout dans ce qui est visible et perceptible, soit dans un arbre, un rocher ou dans une tempête. La liberté de Dieu consiste à prendre n’ importe quelle forme pour se révéler aux hommes. Le monde figuratif de la sculpture, plein de symbolisme, contient des références claires ou complexes, pour le meilleur ou pour le pire, à la conception particulière du monde du Moyen Age.

À Ripoll, la plupart des images Portail sont basées sur le contenu des bibles qui on été écrites et dessinées dans le Scriptorium du monastère. De manière que, en observant les vignettes qui accompagnent les écrits des différents passages des bibles, on aperçoit le placement en bloc et rayures, comme dans le Portail. Grâce à l'iconographie de chacun des étages et des arches du monument, qui a été baptisé comme « la Bible en pierre », ont émergé des interprétations et des lectures différentes, qui constituent un échantillon de la façon que les chrétiens voyaient le monde terrestre et spirituelle à l'époque médiévale.

Le Portail de Ripoll est un chef-d'œuvre qui a une catégorie universelle, c’est une porte spirituelle pour passer du monde profane à l'expérience sacrée, un témoin clé de l'inculturation de la foi chrétienne. Le Portail de Ripoll, en tant qu’art chrétien offre la chance d'approcher le message de l'Evangile à toutes les personnes de n’importe quelle culture ou religion qui sont sensibles à l'art.

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

Authenticité

De l'histoire du Portail il est bien connu que, dans l'année 1032, Oliba a fait consacrer le Monastère après l’avoir fait construire dans le nouveau style de l'époque, qui est apparu après le changement de millénium, et qui serait  connu avec le nom de roman. Au pied de la nef centrale (SO) un nouveau Portail polychrome était ouvert, flanqué de chaque côté par deux clochers jumeaux, la part supérieure était ornée avec des arcatures lombardes. Il est probable qu'à cette époque, un porche ait été ajouté pour protéger les couleurs de la pierre et aussi pour compléter l'allégorie de la cité céleste de Jérusalem, comme on la voit représentée dans les bibles modernes copiées à Ripoll.

On ne connait pas la date exacte du placement des différents blocs de pierre qui composent le Portail, mais on pourrait la situer entre le deuxième et le troisième tiers du XIIe siècle. Les intervalles de dates les plus plausibles sont les suivants : entre l'enterrement du comte Ramon Berenguer III (1131) et celui de Ramon Berenguer IV (1162), ou pendant l'abbatiat de Ramon de Berga (1172-1205). Le premier est proposé par la ressemblance constructive du Portail avec le tombeau du comte Ramon Berenguer III le Grand. Le second est du au fait qu’avec l’abbé Ramon de Berga le rapport entre le monastère de Ripoll et Saint-Victor à Marseille est terminé, en plus, cet abbé a initié la construction d'un nouveau cloître.

L'authenticité du Portail est absolument prouvée et rattachée avec les enluminures des Bibles qui ont été copiés dans les siècles XIe et XIIe au monastère de Ripoll, et aussi avec quelques autres sculptures proches, qui contiennent de nombreux éléments communs ou similaires.

Dans ce sens, Le Portail est parvenu jusqu'à nos jours de la même façon qu’il est conçu dans le XIIe siècle et son authenticité est confirmée.

Intégrité

En ce qui concerne l’intégrité, on peut dire que, pendant les années de son existence, le Portail a subi des dommages et il y a eu aussi des interventions de restauration et entretien. Aujourd’hui le Portail est contenu dans une grande vitrine climatisée, à la façon d'une pièce de musée, sous le contrôle automatisé des conditions climatiques et avec un monitorage technique des données obtenues.

La préoccupation au sujet de l'état de conservation du Portail roman de Ripoll occupe une place importante depuis les années 50. À partir de 1959, le Portail a été soigneusement contrôlée pour essayer d'arrêter ce qui a été diagnostiqué comme “le mal de la pierre” Aujourd'hui, les experts estiment que la situation semble s'être stabilisée.

Les organismes gouvernementaux espagnols, tels que le Département des Beaux-Arts et le Commissariat du Patrimoine Artistique National, ont consacré des efforts pour trouver des solutions destinées à arrêter la dégradation du Portail et ils ont fait appel à différents spécialistes internationaux. En 1961, à l'occasion d'une réunion à Barcelone du Conseil International des Musées (ICOM), ses experts ont visité Ripoll. Plusieurs tests effectués avec différentes méthodes (qui ont été remis en question et critiqués) ont finalement échoué.

Après les années 80, le gouvernement de la Catalogne, à travers la Direction générale du Patrimoine Culturel -avec le Service du Patrimoine Architectural et aussi avec le Service de Restauration de Biens Meubles - développe un programme soutenu d'étude et de travail sur le Portail, avec profondes réalisations qui ont représenté un changement radical dans la sauvegarde de ce monument essentiel de la sculpture romane.

Ainsi, après quelques études sur l'état de conservation et le procès de dégradation réalisés en 1992 par Màrius Vendrell, on a déconseillé de suivre la ligne d’actuation précédente basée sur l’application de produits que théoriquement contribuaient à la consolidation du monument, et on a demandé que ces produits soient remplacés par des formules de conservation préventive. Il s’agit d’envelopper le Portail en créant un environnement le plus étanche possible et climatiquement stable pour éviter à la fois la contamination extérieure ainsi que les grands changements dans l'humidité et la température.

La solution adoptée a été de fermer le plus hermétiquement possible le porche et lui apporter un environnement constant. Ainsi, entre 1994 et 1995 les travaux de clôture et climatisation ont été planifiés et exécutés. À partir de ce moment le Portail est contenu dans une grande vitrine climatisée, à la façon d'une pièce de musée sous le contrôle automatisé des conditions climatiques et avec un monitorage technique des données obtenues.

Le Portail, aujourd'hui, est maintenu dans un état d'intégrité optimal et il peut illustrer de façon opportune et précise ses valeurs pratiques et le sens de leur existence.

Comparaison avec d’autres biens similaires

Le Portail de Ripoll est la porte d’entrée à l'église de Santa Maria, et représente un corps nettement autonome de la façade. Il est configuré comme un arc de triomphe magistral avec un programme iconographique exceptionnel.

La Liste Indicative du Patrimoine Mondial comprend un grand nombre de monuments romans partout en Europe. Cela permet d’avoir des éléments de comparaison pour souligner les arguments favorables à la singularité du Portail du monastère de Ripoll. Toutefois, la comparaison ne se fera jamais du point de vue architectural et monumental, parce que celles-ci ne sont pas les valeurs les plus remarquables du Portail. Il faut faire la comparaison sur l’idée que le Portail du monastère de Ripoll est un élément individuel et unique, comme monument, bien que son rapport avec l'ancien monastère de Ripoll et de l'église de Santa Maria, ajoute le contexte historique à sa valeur, remarquable à un moment précis du passé

Le Portail du monastère de Ripoll a été confirmé par les meilleurs spécialistes et érudits de l'art roman, en particulier de la sculpture, comme un joyau de ce style, une pièce unique, qui a été surnommé "la Bible en pierre".

On a également travaillé, sur cette analyse comparative, ce que le Portail représente en tant que monument unique par rapport aux autres monuments individuels qui font partie de la liste du Patrimoine Mondial. Ainsi, on prouvera la singularité du Portail du monastère de Ripoll.

Dans la Liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO il y a un magnifique exemple d'arc de triomphe à Orange, érigé à l'époque de l'empereur Auguste, qui raconte dans ses reliefs l'établissement de la « Pax Romana ». On le voit seul, isolé, magnifique et encore aujourd’hui, il diffuse l'esprit de la grandeur de certains empereurs qui ont conquis les territoires et ont laissé une empreinte forte et durable.

Le Portail de Ripoll, plus de mille ans plus tard, prend le témoignage de la « méditerranéité » exprimée dans les arcs de triomphe romains, et qui a été introduite dans la péninsule Ibérique en provenant des terres orientales. Le portail adapte cette « méditerranéité » pour une construction qui a sa propre vie et, à l’instar de l'arc de triomphe d'Orange, a un récit qui est sans doute le but ultime de son érection. Ainsi, le Portail de Ripoll, comme l'arc de triomphe d'Orange, nous permet de lire dans ses pierres quelques histoires sur des artisans qui en même temps qu’ils ciselaient la pierre, racontaient des événements majeurs.

Cela pourrait être un premier argument en faveur de l'unicité du Portail de Ripoll, mais on ne peut pas oublier que nous invoquons la valeur exceptionnelle et universelle du Portail comme une œuvre unique, d'une tradition culturelle qui s’est développée en Europe au cours du XIe siècle jusqu’au milieu du XIIIe. Nous parlons de l'art roman et nous devons reconnaître qu’il existe des grandes et magnifiques œuvres romanes qui, avec sa  propre voix, sont entrées au sein de la Liste du Patrimoine Mondial: Abbaye de Vézelay, celle de Saint-Fontenay ou Trofim d'Arles, et d'autres qui atteignent des hauteurs de virtuosité, comme Saint-Pierre de Moissac, la collégiale de Saint-Sernin à Toulouse, la cathédrale de Saint-Pierre, d'Angoulême, et de Notre-Dame la Grande, à Poitiers.

Qu’est-ce qu’il y a dans le Portail de Ripoll qu’on ne trouve pas dans des autres portes magnifiques d’églises, abbayes et cathédrales romanes européennes? Dans Ripoll la sculpture est le protagoniste, la pierre ciselée et travaillée remplit toute la surface de la porte et le fait avec un programme iconographique si complet qui a été décrit comme la «Bible sculpté dans la pierre", qui en plus n’est pas limité à une interprétation religieuse des histoires sacrées, mais qui proclame l'importance historique de Ripoll.

Voyons quelques portails romans français, peut-être les plus importants et qui sont directement liés à Ripoll.

D’abord, Saint-Pierre de Moissac, qui représente la vision de Saint-Jean de l'Apocalypse, avec une profusion de détails expressifs, mais la sculpture est limitée au tympan de la porte, comme dans la collégiale de Saint -Sernin, à Toulouse (il faut reconnaître que Toulouse était le centre de l'architecture romane en France) et c’est justement à Saint-Sernin où un programme iconographique dans un portail apparaît pour la première fois, représentant dans ce cas le thème de l'Ascension. C’est en Bourgogne est où on trouve un grand nombre de portails sculptés à profusion dans ses tympans, avec une combinaison exceptionnelle entre l'architecture et la sculpture, comme à Charlieu ou à Semur-en-Brionnais.

La grande basilique de Vézelay, avec une magnifique porte sculptée, représentant la venue du Saint-Esprit, déploie sa profusion d'images dans le tympan et c’est là, comme il se passe avec plus d'intensité à Ripoll, que l'iconographie du Portail est liée à un événement social tel que la préparation de la croisade vers 1146.

On doit citer, encore, un autre magnifique portail, celui de l'église de l'abbaye de Sainte-Foy de Conques, qui concentre toute la puissance d'images dans le tympan. Et d’autres, comme celles de l’ouest de la France, entre Poitiers et Puyperoux, qui présentent quelques caractéristiques dans la conception des façades et des portes : la plus grande différence est qu’elles renoncent au tympan (sauf Angoulême et Poitiers, dont on en parlera ci-dessous).

Dans les façades et les portes sans tympan la sculpture apparaît dans les archivoltes. L'intégration entre architecture et sculpture trouve ses meilleurs exemples sur les portails d'Aulnay et de Saintes. Dans ces deux cas, des petites figures disposées radialement sont gravés sur chaque pierre individuellement et alors les pierres des archivoltes deviennent, au-delà de la fonction décorative, des supports pour la construction arquée.

On trouve encore des façades, pleines de sculpture au-delà de la porte : la cathédrale de Saint-Pierre d'Angoulême qui a un programme iconographique complexe et celle de Notre-Dame la Grande à Poitiers, avec une iconographie simple. Dans les deux façades, l’architecture cède la place à la sculpture, mais c’est ne pas encore la sculpture qui domine l'espace.

Finalement on doit citer deux grands portails, Saint-Gilles du Gard et Arles, en Provence. Dans ces deux cas, les modèles romains ont fait que deux des œuvres les plus importantes de l’art roman provençal se trouvent dans des portails qui imitent l'architecture romaine des arcs de triomphe. Bien que le programme sculptural se concentre particulièrement sur le tympan et la frise qui court le long de la façade avec un programme iconographique qui contient, le premier, le cycle fermé de la Passion, à Saint-Gilles, et le Jugement dernier, à San Trophime (Arles), également modélisé selon les arcs de triomphe.

Une étude approfondie de Santa Maria de Ripoll et de l'église de Saint-Trophime à Arles, permet souligner que les deux ont des portails collés à une façade antérieure et les deux appartiennent au XIIe siècle, mais ont des caractères très différents entre elles.

L'idée dominante à Ripoll est d'écrire un livre monumental, tandis qu’à Arles on a essayé de soulever une porte voilant les parties matérielles pour la sublimer. Dans la première le symbolisme et l'iconographie forment le monument, tandis que la deuxième est dominée par l'architecture. On dirait que Ripoll c’est le travail d’un bénédictin, tandis que à Arles on voit le moine assisté par l'architecte.

Cette revue des portails romans français nous conduit à réaffirmer sa magnificence et mettre en évidence certaines caractéristiques pour soutenir l'unicité du Portail de Ripoll.

La structure architecturale et le développement décoratif des façades d'églises, de cathédrales et de monastères, varie à travers les siècles où le roman a été l'art religieux par excellence. Et parfois, la décoration est abondante dans le tympan, dans les archivoltes ou les chapiteaux des colonnes soutenant la porte. Dans d'autres, la sculpture s’échappe de la porte et s’étend, inspiré par les portes des villes et les arcs de triomphe de l'antiquité.

En France les portails ont des grands tympans avec des représentations symboliques et synthétiques sur la foi chrétienne. En Espagne, la profusion d'images est dans les archivoltes, peut-être avec un sens moins décoratif avec l'intention de présenter un programme iconographique par la distribution des scènes figuratives dans les voussures de l’arc. Sans doute sous l'influence de portails français comme Poitiers, Angoulême et Périgueux, qu’on a également trouvé dans l'église de Santa María de Uncastillo (Saragosse), Santo Domingo de Soria, ou la collégiale de Santa María de Toro (Zamora).

Tympans, archivoltes, ou chapiteaux, sont des espaces où la sculpture de la plupart des portails romans qui ont été analysés apparaît. Dans le tympan, dans les archivoltes dans les chapiteaux ; dans un espace ou un autre, mais en aucun cas la sculpture occupe tout l'espace, comme à Ripoll.

Le caractère exceptionnel du portail comme “porte”

Dans la sculpture du Portail de Ripoll le cadre architectural est libéré et devient un volume autonome dans lequel l'auteur peut s’exprimer librement pour raconter des histoires de l'église et de la vie politique du pays. L'artiste choisit de présenter une porte à la façon d'un arc de triomphe (pas de tympan), et le remplit avec des figures, avec le programme iconographique la plus complet de tout l’art roman européen.

Le Portail de Ripoll comme Arc de Triomphe. Triomphe du christianisme, mais un triomphe en quoi?, ou de qui?, Du Christ Rédempteur?, Ou c’est un triomphe du Dieu souverain qui est reconnu par ses œuvres? Peut-être ce qui a été sculpté dans le Portail du XIIe siècle a été consacré à la notion de bonne gouvernance du souverain, reflétant la sagesse et de la souveraineté de Dieu. Et, comme expression conceptuelle, est en dehors du temps et sert à la fois pour se rappeler du passé et exprimer l'avenir souhaité. Dans la culture romane le langage plastique était riche et pourrait contenir différents niveaux de signification, tous étroitement imbriqués les uns avec les autres, et le plus souvent considérés comme en dehors du cadre temporel physique. Ainsi, le contexte scénographique du Portail de Santa Maria, à la suite d'anciennes traditions sacrées et profanes, aurait pu également être utilisé comme un langage pour les expressions nouvelles, dont certaines liées à son utilisation comme un panthéon des comtes.

C’est précisément aussi dans le programme iconographique de Ripoll où il se trouve un autre élément fort pour réaffirmer le caractère exceptionnel du monument catalan : dans les portails romans en France et en Italie il y a des sculptures qui montrent des cycles ou des scènes bibliques, avec des questions très spécifiques : le Jugement Dernier, Apocalypse, Ascension de la Passion du Seigneur, tandis qu’à Ripoll la Bible imprègne chacune des scènes représentées avec une complexité et une grandeur inégalée.

Le Portail du monastère de Ripoll, en termes de sculpture romane, est un chef-d'œuvre du génie créateur humain, dans la conception de la représentation physique d'une croyance, et des études chrétiennes, qui à l'époque étaient le centre de l'univers pour la population. Le Portail de Ripoll a réussi à exprimer à travers plusieurs types de figures les différentes parties de la Bible, aussi bien que des scènes de tous les jours et les petits instantanés de l'histoire de l'époque.

L’inspiration, démontrée par différents spécialistes de l'art roman, a été clairement constaté dans les miniatures carolingiennes qui ont été dessinées dans les bibles du monastère de Ripoll à l'époque. Certaines Bibles qui sont parvenues jusqu'à nos jours en bon état et qui permettent vérifier la similitude presque exacte de certaines représentations, qui semblent copiés de la Bible à la pierre.

Cette inspiration est exceptionnelle dans le Portail de Ripoll et est un exemple unique, en référence à d'autres portails romans européens avec les programmes iconographiques moins complexes, dont il n'y a pas de relation directe entre le modèle et la transposition en pierre.

Le caractère exceptionnel du portail comme symbole

Nous voulons aussi défendre la valeur du Portail du monastère de Ripoll comme élément individuel qui, aujourd'hui comme dans le passé, a des connotations historiques et culturels valeur au-delà de la portée de l'art roman qui l'a accueilli. On va présenter cette défense en établissant des rapports avec d'autres monuments qui font partie de la liste du patrimoine mondial, tels que Cavallerde de Madara, en Bulgarie ; la Statue de la Liberté, aux États-Unis ; et le minaret et les vestiges archéologiques de Djam, en Afghanistan.

Le « Cavallerde Madara» est important, selon les critères de l'Unesco, parce qu’il est une représentation symbolique puissante d'une transition historique et culturel du Premier Empire bulgare. Il était le site sacré le plus important de Bulgarie avant la conversion au christianisme du pays au IXe siècle.

Ici, on pourrait dire que le Portail du monastère de Ripoll est également une représentation exceptionnelle sur pierre des écrits bibliques, mélangés avec des scènes de tous les jours, mais aussi avec des faits historiques, dans un moment où le christianisme a gagné des territoires qui étaient très peu de temps avant sous la domination arabe. Le Portail du monastère avait érigé ainsi un symbole de la reconquête d'une nation et il est devenu un point de repère de l'identité contemporaine de la Catalogne.

La Statue de la Liberté, située à l'entrée du port de New York, est associée à un événement de grande importance historique : le croisement des cultures qui a eu lieu aux Etats-Unis à la fin du XIXe siècle.

Le Portail du monastère de Ripoll contient également toute la force de l'histoire dans la représentation de l'échange extraordinaire d’influences qui se sont produits dans les XIe et XIIe siècles entre les pays européens. L'art roman des XIe et XIIe siècles est entré dans la péninsule Ibérique justement par cette partie de la Catalogne, plus ouverte aux influences étrangères et de la main d'un homme, un grand voyageur qui avait des relations étroites et bonnes avec l’Italie : l’abbé et évêque Oliba. Avec l'abbé Oliba, le monastère de Ripoll a pris une grande projection culturelle et politique et sa bibliothèque et Scriptorium sont devenu un centre de production d’incunables. Le monastère de Ripoll a été considéré comme l'un des quatre centres les plus influents dans la culture européenne du Moyen Age. Comme nous l'avons noté, de son Scriptorium son sorties trois des bibles les plus importantes conservées depuis l'Antiquité. Ces Bibles ont été inspirées par l'iconographie de Portail.

Le minaret de Djam est aussi un bâtiment unique et isolé, datant du XIIe siècle et on croit qu’il a été érigé pour commémorer une importante victoire des sultans de la dynastie Ghurides. Le minaret est un exemple remarquable de l'architecture islamique et de l'ornementation et a joué un rôle important dans la diffusion de cette architecture.

Le Portail du monastère de Ripoll est un symbole remarquable de la puissance du christianisme. Dans Ripoll, la plupart des images du Portail sont basées sur le contenu des bibles que écrites et dessinées dans le Scriptorium du monastère. Ainsi, lorsque l'on observe les vignettes qui accompagnent les écrits des différents passages des bibles, on s’aperçoit d’un placement en bloc et franges, comme on peut voir également dans le Portail. Grâce à l'iconographie de chacun des étages et des arches du monument qui a été surnommé « la Bible en pierre » a émergé des interprétations et des lectures différentes, qui configurent un échantillon de la façon dont les chrétiens de l'époque médiévale voyaient le monde terrestre et spirituelle.

Pour conclure et renforcer la valeur du Portail du monastère de Ripoll, nous pouvons dire que, du point de vue de son importance, en tant que monument roman, par rapport aux autres monuments sculpturaux en Europe, et aussi du point de vue de monument individuel, il est un témoignage d’une tradition culturelle unique et très particulière. Et en même temps il représente un échange de valeurs et renforce son importance dans l'histoire de l'humanité, parce qu’il s’agit d’une œuvre conservée dans les meilleures conditions possibles et sans avoir subi des altérations irréversibles dans son intégrité et authenticité.

top