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Histoire

Conservation communautaire Tombouctou

En avril 2021, le Gouvernement malien et l’UNESCO ont chacun reçu un euro symbolique de la Cour pénale internationale (CPI) en réparation des dommages infligés au peuple malien et à la communauté internationale du fait de la destruction de biens culturels à Tombouctou en 2012.

Cette somme symbolique a représenté une victoire importante pour la protection du patrimoine. Pour la première fois, s’attaquer au patrimoine culturel d’une nation a été condamné comme un crime de guerre par un tribunal international.

En 2012, le Mali traversait une grave crise politique et sociale. La situation était particulièrement grave dans le nord, où se trouvent deux des quatre sites du patrimoine mondial du Mali, Tombouctou et le Tombeau des Askia. La région a été occupée par des groupes islamistes armés qui ont terrorisé la population et détruit délibérément un patrimoine culturel d’une valeur inestimable pour les communautés locales.

Tombouctou a été inscrite sur la Liste du patrimoine mondial en 1988 pour sa valeur universelle exceptionnelle en tant que capitale intellectuelle et spirituelle africaine aux XVe et XVIe siècles. Parmi ses trésors, on compte 16 mausolées de saints musulmans datant du XIIIe siècle. Quatorze d’entre eux, ainsi que la porte sacrée de la mosquée Sidi Yahia, ont été démolis par les extrémistes. Quelque 4 200 manuscrits anciens ont été brûlés ou volés.

Depuis mai 2012, le Gouvernement malien a demandé l’aide de la communauté internationale par le biais de l’UNESCO. Tombouctou et le Tombeau des Askia ont été placés sur la Liste du patrimoine mondial en péril, et l’UNESCO a lancé une série d’actions majeures pour aider le Mali. L’UNESCO a lancé une campagne de sensibilisation sur la signification culturelle des mausolées et leur rôle dans la structuration de la vie des habitants de Tombouctou. Un « passeport du patrimoine » malien a été distribué au personnel militaire, avec des cartes indiquant les sites culturels les plus importants.

© UN Photo/Tiecoura Ndaou. La reconstruction et la restauration du patrimoine architectural en terre de Tombouctou ont mis en lumière le potentiel du patrimoine culturel en tant qu’outil de consolidation de la paix et de renforcement de la résilience.

Suite à l’adoption de la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies en 2013, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a collaboré avec l’UNESCO pour protéger les sites du patrimoine. La résolution a reconnu, pour la première fois, la protection du patrimoine culturel comme faisant partie intégrante des efforts de maintien de la paix.

En outre, le Mali a reçu un soutien pour adhérer en novembre 2012 au Deuxième protocole de 1999 relatif à la Convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé.

Avec le soutien des organisations de la société civile – le pouvoir du peuple – des mesures de conservation ont été adoptées, notamment une meilleure protection des forêts de mangroves et l’établissement d’un plan de gestion côtière. Plus important encore, le Gouvernement bélizien, en réponse à la demande populaire, a mis fin à l’exploration et au forage pétroliers dans toutes les eaux offshore du Belize. Le moratoire sur le pétrole offshore a éliminé l’une des plus grandes menaces pesant sur la santé du récif. Cette loi historique a fait du Belize un nouveau leader mondial de la conservation des océans.

L’UNESCO a ensuite organisé la reconstruction des anciens mausolées, la réhabilitation de trois mosquées et la sauvegarde des manuscrits anciens. Les sanctuaires ont été restaurés en utilisant des méthodes traditionnelles et des maçons locaux, ce qui a permis de revitaliser les pratiques de construction ancestrales et de stimuler l’économie locale.

L’action efficace de l’UNESCO a été rendue possible par un partenariat étroit avec les autorités maliennes, les communautés et la corporation des maçons de Tombouctou, ainsi que la MINUSMA.

En 2016, la CPI a condamné Ahmad Al Faqi Al Mahdi à neuf ans de prison pour avoir dirigé la destruction des sanctuaires. La procureure générale de la CPI, Fatou Bensouda, a déclaré à l’AFP en 2021 : « Lorsque j’ai commencé à enquêter avec mes équipes, les gens ont demandé : “Pourquoi Bensouda n’enquête-t-elle pas sur les crimes de sang ? Ce ne sont que des bâtiments”. Mais c’était tellement important. Nous devions faire passer le message que la destruction de sites classés par l’UNESCO ne peut rester impunie. »

« Le patrimoine séculaire du Mali était visé, car il incarnait l’âme vivante d’une société et d’un peuple. Face au fanatisme, les Maliens ont donné une leçon de tolérance, de dialogue et de paix »

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