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Décision 41 COM 8B.4
Qinghai Hoh Xil (Chine)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/17/41.COM/8B et WHC/17/41.COM/INF.8B2,
  2. Inscrit Qinghai Hoh Xil, Chine, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (vii) et (x) ;
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Qinghai Hoh Xil se trouve à l’extrémité nord‑est du vaste plateau Qinghai-Tibet, le plus grand, le plus haut et le plus jeune plateau du monde. Le bien a une superficie de 3 735 632 ha et une zone tampon de 2 290 904 ha. C’est une vaste région de montagnes alpines et de steppes à plus de 4 500 m d’altitude. Parfois appelé le « Troisième Pôle » du monde, Hoh Xil a un climat de plateau froid, avec des températures moyennes annuelles au‑dessous de zéro, la plus basse température atteignant parfois -45°C. Avec ses processus de formation géologique en cours, le bien comprend une vaste surface et bassin d’aplanissement sur le plateau Qinghai-Tibet. Cette zone comprend la plus grande concentration de lacs sur le plateau, avec une diversité exceptionnelle de bassins lacustres et de paysages lacustres intérieurs en haute altitude. Ce paysage sauvage, rude et inhabité, offrant de vastes panoramas spectaculaires et un effet saisissant, semble figé dans le temps. Or, c’est un lieu qui illustre des systèmes géomorphologiques et écologiques en évolution permanente.

    La formation géographique unique et les conditions climatiques du bien ont engendré une biodiversité tout aussi unique. Plus d’un tiers des espèces de plantes et tous les mammifères herbivores qui en dépendent sont endémiques du plateau et 60% de toutes les espèces de mammifères le sont également. Les prairies alpines froides et les alpages qui entourent les bassins lacustres d’Hoh Xil sont les principaux lieux où l’antilope du Tibet de l’ensemble du plateau vient mettre bas et favorisent des modèles de migration d’importance critique. Le bien comprend une voie de migration complète, de Sanjiangyuan à Hoh Xil, qui, même si elle est coupée par la route et la voie ferrée Qinghai-Tibet, est la mieux protégée de toutes les voies de migration de l’antilope du Tibet connues à ce jour.

    Le caractère inaccessible et le climat rude se conjuguent pour protéger ce bien des influences anthropiques modernes et du développement tout en soutenant un régime de pâturage traditionnel ancestral qui coexiste avec la conservation de la nature. Néanmoins, ce « Troisième Pôle » du monde semble souffrir des effets du changement climatique mondial qui induit un réchauffement disproportionné des températures et un changement des modèles de précipitations. Les écosystèmes et les paysages géographiques sont extrêmement sensibles à ce changement et les menaces extérieures doivent être maîtrisées pour que les écosystèmes puissent s’adapter au changement environnemental.

    Critère (vii) : Qinghai Hoh Xil se trouve à l’extrémité nord‑est du plateau Qinghai-Tibet, le plus grand, le plus haut et le plus jeune plateau du monde. Le bien est d’une beauté extraordinaire et à une échelle qui rétrécit la dimension humaine et englobe tous les sens. Le contraste d’échelle est omniprésent à Hoh Xil où les systèmes du haut plateau fonctionnent sans entraves. À grande échelle, les espèces sauvages ressortent de manière frappante sur un vaste décor sans arbres et de minuscules plantes en coussins contrastent sur les montagnes enneigées imposantes. En été, les minuscules plantes en coussins forment une mer végétale qui, lorsqu’elle fleurit, crée des vagues de différentes couleurs. Autour des sources chaudes, au pied des imposantes montagnes enneigées, des odeurs de poussière, de cendre et de souffre se mêlent au vent froid et violent du glacier. Les eaux de fonte des glaces donnent naissance à de nombreuses rivières tressées qui tissent d’immenses réseaux de zones humides, créant des dizaines de milliers de lacs de toutes les couleurs et de toutes les formes. Les bassins lacustres comprennent des sols plats et ouverts où l’on trouve les surfaces d’arasement les mieux préservées du plateau Qinghai­Tibet ainsi qu’une concentration sans égale de lacs. Les lacs illustrent le spectre complet des étapes de l’évolution, formant un bassin versant important à la source du fleuve Yangtze et un paysage spectaculaire. Les bassins lacustres sont aussi les principaux sites de mise‑bas de l’antilope du Tibet. Au début de chaque été, des dizaines de milliers d’antilopes du Tibet femelles migrent sur des centaines de kilomètres, quittant leurs sites d’hivernage du Changtang, à l’ouest, des montagnes Altun au nord et de Sanjiangyuan à l’est, pour se rendre dans les bassins lacustres d’Hoh Xil afin de mettre bas. Le bien préserve la totalité de la voie de migration de l’antilope, de Sanjiangyuan à Hoh Xil, assurant une migration sans obstacles à l’antilope du Tibet, une des espèces de grands mammifères en danger et endémique du plateau.

    Critère (x) : L’endémisme élevé de la flore du bien est associé aux hautes altitudes et au climat froid et contribue à un taux d’endémisme tout aussi élevé de la faune. Les prairies alpines, dominées par l’herbe Stipa purpurea, constituent 45% de la végétation totale du bien. Parmi les autres types de végétation, il y a les alpages et les talus alpins. Plus d’un tiers des plantes d’altitude présentes dans le bien sont endémiques du plateau, tout comme tous les mammifères herbivores qui se nourrissent de ces plantes. À Hoh Xil, 74 espèces de vertébrés sont présentes, dont 19 mammifères, 48 oiseaux, six poissons et un reptile (Phrynocephalus vliangalii). Le bien abrite l’antilope du Tibet, le yak sauvage, l’âne sauvage du Tibet, la gazelle du Tibet, le loup et l’ours brun qui sont observés fréquemment. De très nombreux ongulés sauvages dépendent du bien, notamment 40% des antilopes du Tibet de la planète et jusqu’à 50% des yaks sauvages du monde. Hoh Xil conserve les habitats et les processus naturels du cycle biologique complet de l’antilope du Tibet, y compris le phénomène de regroupement des femelles pour la mise-bas après une longue migration. Les sites de mise‑bas d’Hoh Xil accueillent jusqu’à 30 000 animaux chaque année et constituent près de 80% des zones de regroupement pour la mise‑bas connues dans toute l’aire de répartition de l’antilope. En hiver, environ 40 000 antilopes du Tibet restent dans le bien, ce qui représente de 20 à 40% de la population mondiale.

    Intégrité

    Qinghai Hoh Xil couvre une vaste superficie pratiquement libre de tout impact anthropique moderne. Les conditions climatiques extrêmes se conjuguent au caractère inaccessible pour protéger le dernier refuge de nombreuses espèces d’importance mondiale, dépendant du plateau. Le bien est conçu pour tenir compte des aires de répartition des grands mammifères et ses dimensions lui donnent une chance supérieure à la normale d’atténuer les changements écosystémiques résultant du changement climatique mondial. Le bien abrite une grande partie du cycle de vie et de l’étendue totale des voies de migration de l’antilope du Tibet. Malgré son immensité, le bien pourrait encore être agrandi afin d’englober d’autres zones naturelles importantes. Il n’y a pas de zone tampon à l’ouest et au nord du bien parce que ce dernier est limitrophe de trois aires bien protégées de la province de Qinghai, de la Région autonome du Tibet et de la Région autonome du Xinjiang, mais il est clair que ces zones limitrophes devront rester efficacement conservées compte tenu de leur lien direct avec la conservation du bien.

    Le secteur occidental du bien, la Réserve naturelle nationale d’Hoh Xil, est totalement inhabité et donc intact ; le secteur oriental, la sous‑zone de la rivière Soja-Qumar de la Réserve naturelle nationale de Sanjiangyuan, est aussi quasi vierge. Dans la région, les modes de vie nomades traditionnels des pasteurs tibétains coexistent depuis longtemps avec la conservation de la nature, et ces communautés ont démontré leur engagement solide dans le cadre de plusieurs initiatives de participation aux efforts de conservation. Quelques touristes solitaires voyagent (essentiellement en été) le long de la route Qinghai-Tibet sans affecter de manière significative l’intégrité du bien. En outre, avec une application stricte des règlements par les autorités, le nombre d’incidents importants de braconnage et d’exploitation minière illégale a considérablement diminué.

    La route et la voie ferrée connectant Qinghai et le Tibet, qui traversent le secteur oriental du bien, du nord au sud, posent un des principaux défis en matière de protection du bien. Dans cette région, la migration des animaux est facilitée par la construction de corridors et par la gestion active du couloir de transport pendant la saison de migration. Ces mesures ont permis à l’antilope du Tibet et à d’autres espèces de s’adapter rapidement aux changements et les structures de migration ne semblent pas avoir été perturbées.

    Le changement climatique est une menace potentielle pour l’intégrité des espèces endémiques et des écosystèmes du bien. L’immensité du site et les gradients altitudinaux marqués devraient donner au site une résilience importante permettant de bien gérer les impacts des activités humaines et des espèces envahissantes, mais il n’en reste pas moins que l’on note une augmentation notable des températures moyennes dans les 60 années ayant précédé l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial. En conséquence, l’écosystème du plateau Qinghai­Tibet est confronté à des changements importants comme la fonte du permafrost et des glaciers, l’empiètement des arbustes alpins sur les alpages et la désertification des prairies. En même temps, de nombreuses nouvelles sources chaudes et failles se forment à la suite de séismes. Avec la fonte des glaces et l’augmentation des précipitations, les berges d’un lac naturel ont été inondées et de nouveaux lacs ont été formés en aval, créant des habitats en état de flux dynamique. Ces dynamiques géologiques et écologiques offrent des rares possibilités d’observations scientifiques et de recherche à long terme. Le réchauffement des températures pourrait pousser les espèces de basse altitude à remonter pour trouver de nouveaux refuges sur le plateau. Les conditions plus chaudes peuvent aussi déclencher de plus fortes pressions des établissements humains qui se déplaceraient vers des zones jusque‑là inhospitalières.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Tout le territoire du bien appartient à l’État et recouvre des aires protégées au niveau national. Un système de gestion et un mécanisme de coordination ont été mis en place pour garantir les ressources humaines et financières avec l’appui des gouvernements centraux et locaux, des communautés, des ONG et des instituts de recherche. Les efforts concertés de ces acteurs, ajoutés à la protection juridique centrale et locale, ont réussi à maintenir la nature sauvage à l’état brut à l’intérieur du bien et à garantir la survie permanente des espèces résidentes.

    La conservation et la gestion du bien seront guidées par le plan de gestion du bien Qinghai Hoh Xil. Celui‑ci décrit une vision et des objectifs de maintien et d’amélioration de la valeur universelle exceptionnelle du bien ainsi qu’une série d’activités de gestion visant à renforcer la protection. Le plan tient compte des bergers tibétains locaux qui vivent dans le bien et la zone tampon et les associe activement aux efforts de conservation, gestion et éducation. Le plan traite une gamme de questions relatives au suivi, à la promotion auprès du public, au développement du tourisme durable et, surtout, à la gestion à long terme le long du couloir de transport qui traverse le bien et ses zones tampons.

    Le bien bénéficie d’une agence de gestion intégrée qui coordonne les efforts des autorités centrales, provinciales, municipales et locales. Un personnel suffisant, aux compétences diverses et à l’expérience voulue sera fourni pour garantir la conservation et la gestion du bien. Il est extrêmement important que les autorités nationales et provinciales responsables garantissent une évaluation intégrale et préalable de tout développement ou changement dans les couloirs de transport pour protéger l’intégrité du bien, y compris des voies de migration qui traversent ces voies de transport.

  4. Note que le maintien de l’intégrité des voies de migration des espèces sauvages qui traversent le bien est d’importance fondamentale pour la protection de la valeur universelle exceptionnelle et demande à l’État partie de :
    1. Surveiller étroitement l’efficacité des mesures prises pour faciliter les structures de migration à travers le corridor et adapter les interventions de gestion en conséquence,
    2. Garantir que tout projet de développement et/ou changements en matière de gestion à l’intérieur du couloir de transport, tant dans le bien que dans les régions désignées zones tampons, fasse l’objet d’une planification rigoureuse préalable et d’une évaluation d’impact environnemental et social afin de garantir que les mouvements de migration ne soit pas entravés, et
    3. Envisager l’ajout futur au bien inscrit de zones du couloir de transport actuellement désignées comme zones tampons, si nécessaire, pour assurer une protection additionnelle aux structures de migration ;
  5. Demande à l’État partie d’axer les mesures de suivi et de gestion sur les menaces qui présentent le plus grand risque d’impact sur la valeur universelle exceptionnelle telles que le changement climatique, le braconnage des espèces sauvages et l’empoisonnement inapproprié de la population de pikas ;
  6. Félicite l’État partie et tous les acteurs impliqués pour leur engagement envers la protection des valeurs de conservation à grande échelle du plateau Qinghai-Tibet, comprenant l’intégration des pasteurs nomades traditionnels dans les efforts de conservation et se félicite de l’engagement pris par l’État partie de ne poursuivre ni de procéder à aucun déplacement ou à aucune exclusion forcés des utilisateurs traditionnels du bien ;
  7. Encourage l’État partie à élargir la collaboration dans le contexte du cadre de coopération de 2010 établi entre la Réserve naturelle nationale Hoh Xil et la Réserve naturelle nationale de Sanjiangyuan au Qinghai, la Réserve naturelle nationale de Changtang au Tibet et la Réserve naturelle nationale des montagnes Altun au Xinjiang, et à envisager des ajouts progressifs de secteurs de ces aires protégées au bien inscrit afin d’ajouter des attributs de valeur universelle exceptionnelle et/ou d’améliorer l’intégrité, la protection et la gestion.
Code de la Décision
41 COM 8B.4
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Biens 1
Année
2017
Documents
WHC/17/41.COM/18
Décisions adoptées lors de la 41e session du Comité du patrimoine mondial (Cracovie, 2017)
Contexte de la Décision
WHC-17/41.COM/8B.Add.2
WHC-17/41.COM/INF.8B2
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