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Décision 39 COM 8B.6
Parc national de Phong Nha-Ke Bang, Viet Nam

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC-15/39.COM/8B et WHC-15/39.COM/INF.8B2,
  2. Approuve l’extension et la nouvelle proposition d’inscription du Parc national de Phong Nha-Ke Bang, Viet Nam, sur la Liste du patrimoine mondial, sur la base des critères (viii), (ix) et (x);
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Le Parc national de Phong Nha-Ke Bang, qui se trouve au centre de la chaîne des montagnes annamites, dans la province de Quang Binh, au Viet Nam, est limitrophe de la Réserve naturelle de Hin Namno, en République démocratique lao, à l’ouest. Le bien a une superficie de 123 326 ha et l’on y trouve des habitats terrestres et aquatiques, des forêts primaires et secondaires, des sites de régénération naturelle, des forêts denses tropicales et des savanes ainsi que de nombreuses et vastes grottes, souvent spectaculaires et importantes pour la science.

    Le bien possède et protège plus de 104 km de grottes et de rivières souterraines, ce qui en fait un des écosystèmes de karst calcaire les plus exceptionnels du monde. La formation karstique a évolué depuis le Paléozoïque (il y a environ 400 millions d’années): c’est la plus ancienne grande région karstique d’Asie. Soumis à des bouleversements tectoniques, le paysage karstique est extrêmement complexe, comprenant une série de types rocheux qui sont interstratifiés de manière complexe et présentent de nombreuses caractéristiques géomorphologiques. Le paysage karstique est aussi ancien avec une grande géodiversité et des caractéristiques géomorphologiques d’importance considérable.

    Le processus de formation du karst a conduit à la création non seulement de rivières souterraines mais aussi d’une variété de types de grottes comprenant : des grottes sèches, des grottes en terrasses, des grottes suspendues, des grottes dendritiques et des grottes qui s’entrecoupent. Avec plus de 44,5 km de long, la grotte de Phong Nha est la plus célèbre du réseau et les bateaux d’excursion peuvent y pénétrer jusqu’à 1500 m. La grotte de Son Doong, explorée pour la première fois en 2009, est censée contenir le plus grand passage du monde, à l’intérieur d’une grotte, en termes de diamètre et de continuité.

    Le bien abrite un grand nombre d’espèces de la faune et de la flore et plus de 800 espèces de vertébrés y ont été recensées, dont 154 mammifères, 117 reptiles, 58 amphibiens, 314 oiseaux et 170 poissons. Il est clair que dans sa couverture forestière intacte, le bien possède un taux de biodiversité impressionnant, en dépit de certaines lacunes dans la connaissance de l’état de la population de certaines espèces.

    Critère (viii) : Le Parc national de Phong Nha-Ke Bang fait partie d’un plateau découpé plus étendu, qui englobe les karsts de Phong Na, Ke Bang et de Hin Namno. Le calcaire n’y est pas continu et présente une interstratification complexe de schistes et de grès. Ce phénomène a créé une topographie particulièrement distinctive. Les grottes portent les marques d’une séquence d’événements discrets, chacun ayant laissé des passages anciens et abandonnés à différents niveaux; les marques de changements majeurs dans le tracé des cours d’eau souterrains et celles de changements ayant affecté le régime de solution. On y constate également le dépôt, suivi plus tard de la redissolution, de spéléothèmes géants, ainsi que des éléments inhabituels, tels les stromatolithes subaériens. À la surface, il y a une série saisissante de paysages naturels, allant de montagnes et de plateaux profondément découpés jusqu’à un immense poljé. Il y a des traces d’au moins une période d’activité hydrothermale dans l’évolution de ce système karstique ancien et mûr. La grotte de Son Doong, explorée pour la première fois en 2009, pourrait contenir le plus grand passage du monde, à l’intérieur d’une grotte, en termes de diamètre et de continuité. Le plateau est l’un des exemples les plus beaux et les plus distinctifs de topographie karstique complexe en Asie du Sud-Est. Le bien est de très grand intérêt pour l’enrichissement de notre compréhension de l’histoire géologique, géomorphologique et géochronologique de la région.

    Critère (ix) : Le Parc national de Phong Nha-Ke Bang est un complexe de paysages calcaires, comprenant de très vastes grottes et des rivières souterraines. Les formations karstiques du bien sont parmi les plus anciennes et les plus étendues d’Asie et les conditions géologiques, climatiques, hydrographiques et écologiques sont différentes de celles d’autres paysages karstiques calcaires. Ces écosystèmes et habitats de grottes sont uniques car l’endémisme et le degré d’adaptation des espèces inféodées aux grottes y sont très élevés. Le bien est l’une des dernières très grandes régions de forêts humides relativement intactes poussant sur du karst en Indochine. On estime qu’il est couvert de forêts à 94%, et que 84% d’entre elles seraient des forêts primaires. En outre, le bien protège des écosystèmes importants au plan mondial dans les écorégions prioritaires des Forêts ombrophiles annamites septentrionales et des Forêts humides de la chaîne annamite.

    Critère (x) : La biodiversité du bien est très riche, avec plus de 2700 espèces de plantes vasculaires et plus de 800 espèces de vertébrés. Plusieurs espèces menacées au plan mondial sont également présentes : 133 espèces de plantes et 104 espèces de vertébrés ont été recensées dont plusieurs grands mammifères tels que le muntjac géant en danger, la panthère nébuleuse, et le saola en danger critique. Le taux d’endémisme est élevé, en particulier dans le réseau de grottes. On estime, en outre, que plus de 400 espèces de plantes endémiques du Viet Nam se trouvent dans le bien ainsi que 38 espèces animales endémiques de la chaîne annamite. Plusieurs espèces nouvelles pour la science ont récemment été découvertes, notamment des scorpions, des poissons, des lézards, des serpents et des tortues cavernicoles et il est probable que les découvertes de nouvelles espèces ne s’arrêteront pas là. Il importe de noter qu’il y a dans le bien quatre taxons de primates endémiques de la chaîne annamite : le semnopithèque de Hatinh (spécialiste des forêts de karst et endémique du Viet Nam et de la RDP lao), la forme noire du semnopithèque de Hatinh, parfois considérée comme une espèce à part entière, le douc et la dernière grande population de gibbon à favoris blancs.

    Intégrité

    Le bien est l’un des plus grands paysages karstiques protégé d’Asie du Sud‑Est. Couvrant une superficie de 123 326 ha, il est limité à l’ouest par la République démocratique populaire lao. Tous les éléments nécessaires à l’expression des valeurs géologiques exceptionnelles du bien du Parc national de Phong Nha-Ke Bang sont contenus dans les limites du bien. Le bien inscrit est totalement entouré et protégé par une zone tampon de 220 055 ha divisée en trois zones de gestion : une zone intégralement protégée, une zone de restauration écologique et une zone administrative/de service. Les forêts qui protègent le bassin versant, dans la zone tampon, protègent aussi l’intégrité du bien. En outre, l’extension renforce l’intégrité du bien et sa connectivité avec le paysage karstique qui se trouve en RDP lao.

    Cependant, plusieurs problèmes affectent l’intégrité du bien. Le braconnage des espèces sauvages et le prélèvement illégal de produits des forêts sont des menaces directes pour la biodiversité. Le bien a également souffert autrefois d’activités de développement et son intégrité pourrait être menacée par de nouveaux développements touristiques non contrôlés, en particulier la construction proposée d’un téléphérique et de routes d’accès. Il importe de réaliser des études d’impact sur l’environnement pour tous les projets qui pourraient avoir un effet négatif sur le bien afin de garantir que le paysage naturel, les valeurs géologiques et géomorphologiques et les caractéristiques clés telles que les forêts primaires, les grottes, les rivières et les cours d’eau du site inscrit restent intacts. Le bien est situé dans une région de forte densité démographique de sorte que plusieurs activités telles que l’agriculture, le tourisme, les transports et les pêcheries en eau douce pourraient également avoir un impact sur son intégrité.

    Eléments requis en matière de protection et de gestion

    Conçu à l’origine, en 1986, comme une réserve naturelle, le Parc national Phong Nha-Ke Bang a été créé en 2001 par la Décision 189/QD-TTg du Premier Ministre et il est géré par un Conseil de gestion responsable de la protection des ressources forestières et de la biodiversité qui a été établi en 1994. La conservation des grottes et les services touristiques incombent au Centre culturel et écotouristique placé sous l’égide du Conseil de gestion. Le bien figure aussi sur la Liste du patrimoine national spécial (2009) et du système de forêts à utilisation spéciale (1999). Le parc national est efficacement protégé par plusieurs lois nationales et décisions gouvernementales qui interdisent toute activité à l’intérieur ou à l’extérieur des limites d’un parc national ou d’un bien du patrimoine mondial, pouvant avoir un effet important sur les valeurs patrimoniales.

    Un Plan de gestion stratégique a été mis en place en 2012 et est basé sur des plans existants, y compris le Plan de développement du tourisme durable, le Plan de gestion du fonctionnement du parc national et le Plan de développement de la zone tampon. Le Conseil de gestion supervise les programmes d’application des lois, notamment les patrouilles des rangers et les opérations conjointes de lutte contre la fraude à la frontière avec la RDP lao. Néanmoins, la nature déchiquetée de la région et la dépendance des communautés par rapport aux ressources naturelles ainsi que des ressources relativement limitées pour l’application des lois rendent difficile d’éliminer le braconnage des espèces sauvages et le prélèvement illégal des arbres, qui restent des problèmes compliqués à résoudre.

    La route Ho Chi Minh, construite à l’extérieur et au nord du bien, est située de manière appropriée et apporte des avantages importants et précieux au Parc national, par exemple l’ouverture de points de vue et l’accès à la zone forestière de Ke Bang. Toutefois, avant de décider de toute autre construction de route et activité de développement du tourisme, il sera impératif de réaliser des évaluations complètes et rigoureuses des impacts sur l’environnement. Il est vital que ces développements n’aient aucun impact sur les valeurs karstiques et biologiques pour lesquelles le bien est inscrit. Les pressions accrues du développement et du nombre de touristes devront aussi être surveillées, planifiées et gérées en permanence pour faire en sorte qu’elles ne mettent pas en péril la valeur universelle exceptionnelle du bien. Il est clair que dans sa couverture forestière intacte, le bien possède un taux de biodiversité impressionnant ; toutefois, il faudra également actualiser les données pour confirmer l’état des populations des grands mammifères signalés tels que le tigre, l’ours noir d’Asie, l’éléphant d’Asie, le muntjac géant, le cuon d’Asie, le gaur et le saola récemment découvert.

  4. Félicite l’État partie pour les efforts déployés en vue d’appliquer les recommandations du Comité du patrimoine mondial concernant l’intégrité, la protection et la gestion du bien ;
  5. Note avec préoccupation les propositions de construction d’un téléphérique pour donner accès à la grotte de Son Doong dans la zone intégralement protégée du bien et les impacts potentiels que cela pourrait avoir sur la valeur universelle exceptionnelle du bien et prie vivement l’État partie de terminer les évaluations d’impact sur l’environnement, conformément à la Note d’information de l’UICN sur l’évaluation environnementale, avant de prendre une décision sur la mise en œuvre de tout projet de développement du tourisme et de veiller à ce que les propositions de développement n’aient pas un impact négatif sur la valeur universelle exceptionnelle du bien ;
  6. Demande à l’État partie de réviser le Plan de développement du tourisme durable du bien pour inclure l’extension du bien et assurer une approche intégrée et écologiquement sensible du tourisme garantissant que l’utilisation par les touristes reste compatible avec la valeur universelle exceptionnelle du bien ;
  7. Demande également à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, avant le 1er février 2016, un rapport sur l’état de conservation du bien, y compris des données à jour sur l’état des populations d’espèces clés de grands mammifères ; des informations sur l’état des propositions de construction d’un téléphérique pour accéder à la grotte de Son Doong ; et des informations sur le financement durable du bien étendu, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 40e session en 2016.
Code de la Décision
39 COM 8B.6
Thèmes
Conservation, Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial, Valeur universelle exceptionnelle
États Parties 1
Année
2015
Documents
WHC-15/39.COM/19
Décisions adoptées par le Comité du patrimoine mondial lors de sa 39e session (Bonn, 2015)
Contexte de la Décision
WHC-15/39.COM/8B
WHC-15/39.COM/8B.Corr
WHC-15/39.COM/INF.8B2
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