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Décision 38 COM 8B.21
Ville historique de Djeddah, la porte de La Mecque (Arabie saoudite)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC-14/38.COM/8B et WHC-14/38.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit la ville historique de Djeddah, la porte de La Mecque, Arabie saoudite, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (ii), (iv) et (vi) ;
  3. Prend note de la Déclaration de la valeur universelle exceptionnelle provisoire suivante:

    Brève synthèse

    La ville historique de Djeddah représente un développement unique de la tradition architecturale de la mer Rouge, un style de construction jadis courant dans les villes sur les deux rives de la mer Rouge, dont seuls quelques rares vestiges sont préservés en dehors du royaume d’Arabie Saoudite et dans le bien proposé pour inscription. Ce style est caractérisé par les imposantes maisons-tours décorées de grands roshan en bois, construites à la fin du XIXe siècle par les élites marchandes de la ville.

    Son lien étroit avec le pèlerinage annuel musulman du hadj a donné à la ville historique de Djeddah une population cosmopolite où les musulmans d’Asie, d’Afrique et du Moyen-Orient ont vécu et travaillé, contribuant à la croissance et à la prospérité de la ville.

    La valeur universelle exceptionnelle de la ville historique de Djeddah tient dans son développement unique du style architectural de la mer Rouge, son tissu urbain préservé et son rôle symbolique en tant que porte de La Mecque pour les pèlerins musulmans ralliant l’Arabie par bateau au fil des siècles

    Critère (ii): Le paysage urbain de la ville historique de Djeddah résulte d’un important échange de valeurs humaines, de savoir-faire techniques, de matériaux et de techniques de construction dans la région de la mer Rouge et le long des routes de l’océan Indien entre le XVIe et le début du XXe siècle. Il représente un monde culturel qui s’est épanoui, grâce au commerce maritime international, dans un contexte géographique, culturel et religieux commun, et qui a construit des établissements avec des solutions techniques et esthétiques spécifiques et novatrices pour s’adapter aux conditions climatiques extrêmes de la région (humidité et chaleur).

    Djeddah a été, pendant des siècles, le plus important, le plus grand et le plus riche de ces établissements et aujourd’hui, la ville historique de Djeddah est le dernier site urbain survivant le long de la côte de la mer Rouge qui conserve encore l’ensemble des attributs de cette culture: une économie basée sur le commerce, un environnement multiculturel, des maisons isolées orientées vers l’extérieur, des constructions en pierre de corail, des façades précieusement décorées de bois sculpté et des dispositifs techniques spécifiques pour assurer la ventilation des bâtiments.

    Critère (iv): La ville historique de Djeddah est le seul ensemble urbain subsistant qui témoigne du monde culturel de la mer Rouge. Ses maisons-tours roshan sont un exemple exceptionnel d’une typologie de bâtiments unique dans le monde arabo-musulman. Leurs conceptions esthétiques et fonctionnelles spécifiques --absence de cour, façades décorées de roshan, pièce au rez-de-chaussée utilisée pour les bureaux et le commerce, pièces louées aux pèlerins-- reflètent leur adaptation à la fois au climat chaud et humide de la mer Rouge et à la spécificité de Djeddah, porte de la ville sainte de La Mecque pour les pèlerins arrivant par la mer et important pôle commercial international. La construction des maisons-tours roshan dans la seconde moitié du XIXe siècle illustre l’évolution des flux du commerce et des pèlerinages dans la péninsule Arabique et en Asie suite à l’ouverture du canal de Suez en 1869 et au développement des routes maritimes empruntées par les bateaux à vapeur pour relier l’Europe à l’Inde et à l’Est de l’Asie. L’extraordinaire singularité des maisons-tours de Djeddah est encore accrue du fait qu’elles ne sont pas seulement uniques dans la culture de la région de la mer Rouge, mais aussi les seuls vestiges d’une typologie architecturale née à Djeddah qui, à la fin du XIXe siècle, s’est étendue aux villes voisines du Hedjaz de Médine, La Mecque et Taif d’où elle a complètement disparu depuis sous la pression du développement moderne.

    Critère (vi): La ville historique de Djeddah est directement associée au hadj, le pèlerinage annuel musulman à la ville sainte de La Mecque, à la fois au niveau symbolique immatériel et au niveau de l’architecture et de la forme urbaine.

    Djeddah était le port de débarquement pour tous les pèlerins qui arrivaient en Arabie par la mer et pendant des siècles, jusqu’à maintenant, la ville a vécu en fonction des pèlerinages. Les marchandises que les pèlerins amenaient avec eux d’Asie et d’Afrique pour les vendre en ville, les débats religieux avec des ulémas de Java et d’Inde, les épices, la nourriture et le patrimoine immatériel de la cité étaient tous liés au pèlerinage qui a immensément contribué à définir l’identité de Djeddah. L’association avec le hadj est aussi très évidente dans la structure urbaine du bien proposé pour inscription et se voit dans les souks traditionnels implantés d’est en ouest, de la mer à la Porte de La Mecque, les ribat et les wakala qui hébergeaient les pèlerins ; dans l’architecture, en particulier les façades et la structure intérieure des maisons, et dans le tissu social même de la ville où se mêlaient, vivaient et travaillaient ensemble les musulmans du monde entier. L’ensemble de ces éléments, matériels et immatériels, montre le lien étroit qui existe de longue date entre le pèlerinage et le bien proposé pour inscription, et est un exemple de la très riche diversité culturelle résultant de cet événement religieux unique dans le monde islamique

    Intégrité

    Le bien proposé pour inscription couvre environ le tiers de la ville fortifiée d’origine et contient l’ensemble des attributs qui lui confèrent sa valeur universelle exceptionnelle, tels que les principaux exemples des maisons-tours roshan de Djeddah, les maisons aux façades orientées vers l’extérieur, la construction en pierres de corail, le bois précieux sculpté sur les façades et les techniques spécifiques de ventilation intérieure. D’autre part, La ville historique de Djeddah, la porte de La Mecque est un environnement urbain où la force de l’économie basée sur le commerce est étroitement liée au hadj, à la fois au niveau symbolique immatériel et au niveau de l’architecture et de la forme urbaine, et est un environnement multiculturel où vivent et travaillent ensemble des musulmans du monde entier. Sa représentation complète des éléments et des processus montre son importance.

    Malgré la dégradation inévitable des structures historiques et l’évolution globale de ses environs urbains, le bien proposé pour inscription possède encore tous les attributs nécessaires pour satisfaire à la notion de « caractère intact », y compris les processus commerciaux, les relations sociales et les fonctions dynamiques essentiels pour définir sa singularité.

    Authenticité

    La ville historique de Djeddah, la porte de La Mecque est un environnement urbain vivant qui accueille avant tout des activités commerciales et résidentielles, avec des mosquées et des structures caritatives. Le bien proposé pour inscription représente un environnement urbain authentique et traditionnel où sont restés concentrés des sièges d’entreprises économiques centenaires, des magasins de détail, des souks traditionnels, des cafés, des restaurants populaires et des vendeurs ambulants de denrées alimentaires. Un environnement humain étonnamment riche où des travailleurs migrants yéménites, soudanais, somaliens, pakistanais et indiens achètent et commercialisent leurs produits à des clients saoudiens et non saoudiens dans des souks traditionnels bondés. Loin d’être une attraction touristique morte et figée, le bien proposé pour inscription est un secteur authentique de la ville qui renvoie encore pleinement l’image de ce qu’était cette ville de commerce et de pèlerinage de la mer Rouge. Ses anciennes maisons n’ont pas été profondément modifiées par des ajouts modernes et des transformations radicales, et les hautes « maisons-tours roshan » de la seconde moitié du XIXe siècle sont pour la plupart bien conservées. Les anciennes mosquées ont gardé leur fonction et leur rôle pour la communauté et presque toutes leurs caractéristiques originales. Les bâtiments ont seulement subi de petites interventions de maintenance qui ont rarement touché les maçonneries d’origine où sont enfoncées les poutres en bois, préservant l’authenticité globale du site.

    Eléménts requis en matière de protection et de gestion

    La stratégie générale pour la préservation et la revitalisation de la zone a été établie par la Commission saoudienne pour le tourisme et les antiquités (SCTA) en coordination avec la municipalité de Djeddah et avec la participation de la société civile.

    La gestion quotidienne du bien proposé pour inscription est confiée aux sections locales de la municipalité de Djeddah et à la SCTA, située au cœur de la vieille ville. Leur personnel est chargé de superviser l’entretien, le nettoyage, la protection et la présentation du site. Un système parallèle, traditionnel, relevant du Ministère de l’Intérieur, est responsable de la protection sociale de la population et de la sécurité dans la zone en coordination avec la Police et la Défense civile. Ce mécanisme traditionnel, basé sur la figure charismatique de l’umdah, permet d’atteindre l’ensemble de la population et de faire participer les marchands et les associations de propriétaires à la gestion du bien.

    La préservation de la valeur universelle exceptionnelle du site est garantie par la nouvelle réglementation urbaine approuvée par la municipalité de Djeddah qui prévoit une obligation ferme et précise concernant le bien proposé pour inscription et sa zone tampon.

    L’exigence principale à long terme et les priorités les plus impératives pour la protection et la gestion du bien sont : la réduction du taux de détérioration des maisons historiques, qui sont souvent abandonnées et squattées par des immigrants pauvres et le contrôle des mouvements spéculatifs qui mettent en danger l’ensemble de la ville historique. La nouvelle réglementation urbaine définit les normes et les règles officielles qui peuvent être vérifiées et mises en œuvre sur le terrain. La participation des marchands et des propriétaires et les projets de restauration et de revitalisation ponctuels sont censés établir un nouveau cercle vertueux afin de contrer les menaces les plus sérieuses pour le bien en réduisant sa vulnérabilité à un développement néfaste susceptible de nuire à son authenticité et

  4. Recommande que l'État partie, suite à l'inscription, prenne en compte les éléments suivants dans sa gestion du bien :
    1. Établir le système de gestion mentionné dans la proposition d’inscription,
    2. Assurer une présentation efficace du bien afin de garantir une expérience de grande qualité aux visiteurs,
    3. Apporter une attention particulière à la conservation de l’authenticité concernant les projets actuels et les travaux de développement,
    4. Renforcer le système de suivi des constructions existantes là où elles tendent à se détériorer,
    5. Poursuivre les processus d’implication de la communauté locale au sein du bien ;
  5. Encourage l’État partie à établir une base de données détaillée de tous les attributs relatifs à la valeur universelle exceptionnelle du bien et en particulier des détails sur toutes les maisons-tours, les autres maisons de la ville, les wikala, les mosquées et les zawiya, ainsi que sur les formes urbaines et les différents quartiers identifiés ;
  6. Recommande que l’État partie, en coopération avec le Centre du patrimoine mondial et l’ICOMOS, lance un programme visant à développer une stratégie globale pour la conservation du bien basée sur une approche de paysage urbain historique ;
  7. Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial d’ici le 1er décembre 2015 un rapport, incluant un résume exécutif d’une page, sur la mise en œuvre des recommandations susmentionnées pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 40e session en 2016.
Code de la Décision
38 COM 8B.21
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Année
2014
Documents
WHC-14/38.COM/16
Rapport des décisions adoptées par le Comité du patrimoine mondial lors de sa 38e session (Doha, 2014)
Contexte de la Décision
WHC-14/38.COM/8B
WHC-14/38.COM/INF.8B1
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