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Décision 36 COM 8B.12
Biens mixtes - Lagon sud des îles Chelbacheb (Palaos)

Le Comité du patrimoine mondial,

1.    Ayant examiné les documents WHC-12/36.COM/8B, WHC-12/36.COM/INF.8B1 et WHC-12/36.COM/INF.8B2,

2.    Inscrit le Lagon sud des îles Chelbacheb, Palaos, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (iii), (v), (vii), (ix) et (x) ;

3.    Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

Brève synthèse

Le Lagon sud des îles Chelbacheb est composé de nombreuses îles calcaires boisées, petites et grandes, disséminées dans un lagon protégé par une barrière de corail. Le bien est situé dans l’État de Koror, immédiatement au sud de la principale île volcanique des Palaos, Babeldaob, dans l’Océan Pacifique ouest.

Le site marin couvre 100.200 ha et il est caractérisé par des récifs coralliens et une diversité d’autres habitats marins ainsi que par 445 îles de calcaire corallien relevées par le volcanisme et façonnées par les conditions météorologiques, le vent et la végétation. C’est ainsi qu’a été créé un habitat à la complexité extrêmement élevée, avec la plus forte concentration de lacs marins au monde, où l’on continue de découvrir de nouvelles espèces. Le milieu terrestre est luxuriant mais aussi rude, abritant de nombreuses espèces endémiques et en danger. Bien que les îles ne soient pas actuellement habitées, elles accueillaient autrefois des établissements palaosiens, et les Palaosiens continuent d’utiliser la région et ses ressources à des fins culturelles et de loisirs. Cela est réglementé dans le cadre d’un système de gouvernance traditionnel qui forme une part importante de l’identité nationale.

Les îles contiennent un ensemble important de vestiges culturels liés à une occupation de plus de cinq mille ans qui s’est terminée par l’abandon. Des vestiges archéologiques et des sites d’art rupestre se trouvent dans deux groupes d’îles – Ulong et Ngemelis – et trois îles – Ngeruktabel, Ngeanges, et Chomedokl.

Des restes d’occupation humaine dans des grottes, dont des sépultures humaines et des peintures rupestres, témoignent d’une occupation humaine saisonnière et de l’utilisation de l’écosystème marin, datant de 3 100 BP et allant jusqu’à environ 2 500 ans.

Des villages permanents en pierre sur quelques îles, certains datant d’entre 950 et 500 BP, furent occupés pendant plusieurs siècles avant d’être abandonnés aux XVIIe-XVIIIe siècles, lorsque la population se déplaça vers de plus grandes îles. Les villages comprennent les vestiges de murs défensifs, de terrasses et de plateformes de maisons. Les installations reflètent différentes réponses à l’environnement et leur abandon illustre les conséquences de la croissance démographique et du changement climatique sur la subsistance dans un environnement marginal.

Les descendants des populations qui sont parties des îles Chelbacheb pour s’installer sur les principales îles de Palaos s’identifient à leurs îles ancestrales par des traditions orales qui se transmettent dans les mythes, les légendes, les danses, les proverbes et la toponymie traditionnelle du paysage terrestre et marin de leurs anciennes demeures.

Les îles abandonnées offrent aujourd’hui une illustration exceptionnelle du mode de vie des communautés des petites îles sur plus de trois millénaires et leur dépendance vis-à-vis des ressources marines. Elles sont aussi considérées comme des royaumes ancestraux par les descendants de ceux qui migrèrent sur l’île principale des Palaos et ce lien est maintenu vivant par les traditions orales.

Critère (iii) : Les gisements dans les grottes des îles Chelbacheb, les sépultures, l’art rupestre, les vestiges des villages en pierre abandonnés et les dépotoirs apportent un témoignage exceptionnel sur l’organisation des communautés de petites îles et leurs traditions d’exploitation des ressources maritimes sur plus de trois millénaires.

Critère (v) : L’abandon des villages des Îles Chelbacheb aux XVIIe et XVIIIe siècles dont attestent les vestiges de peuplement humain et les traces d’exploitation marine dans le lagon sud des îles Chelbacheb est une illustration exceptionnelle de l’intersection et des conséquences du changement climatique, de l’essor démographique et du comportement de subsistance dans une société vivant dans un environnement maritime marginal.

Critère (vii) : Le Lagon sud des îles Chelbacheb présente une variété exceptionnelle d’habitats sur une superficie relativement limitée. Des récifs-barrières et frangeants, des canaux, des tunnels, des grottes, des arches et des anses ainsi que le nombre et la densité de lacs marins les plus élevés du monde, abritent une vie marine abondante et diverse. La beauté naturelle du labyrinthe des Îles Chelbacheb vertes et en forme de dôme, semblant flotter sur le lagon turquoise entouré par des récifs coralliens est exceptionnelle.

Critère (ix) : Le Lagon sud des îles Chelbacheb possède 52 lacs marins, plus que tout autre site au monde. En outre, les lacs marins du bien se trouvent à différentes étapes de leur développement géologique et écologique. Certains ont une connectivité importante avec la mer tandis que d’autres sont extrêmement isolés et leur composition en espèces est tout à fait différente, avec des espèces uniques et endémiques. Ces caractéristiques illustrent de manière exceptionnelle le développement des écosystèmes et des communautés marines et font des lacs des « laboratoires naturels » précieux pour l’étude scientifique de l’évolution et de la spéciation. Cinq nouvelles sous-espèces de méduses Mastigias papua ont été décrites dans ces lacs marins et l’on continue de découvrir de nouvelles espèces aussi bien dans les lacs marins que dans les habitats récifaux complexes du bien.

Critère (x) : Le Lagon sud des îles Chelbacheb possède une diversité d’habitats marins et une diversité biologique élevées. Les lacs marins sont uniques du point de vue de leur nombre, de leur densité et de leurs conditions physiques différentes. Les faibles pressions de la pêche, la pollution et les impacts anthropiques limités, la diversité des habitats récifaux exceptionnelle et la résilience des récifs du bien en font un espace d’importance critique pour la protection, notamment en tant que zone importante pour l’adaptation des biotes des récifs aux changements climatiques et peut-être en tant que source de larves pour les récifs de la région. Toute la mégafaune en danger des Palaos, 746 espèces de poissons, plus de 385 espèces de coraux, au moins 13 espèces de requins et de raies Manta, 7 espèces de tridacnes géants et le nautilus endémique se trouvent dans le bien. Les forêts des îles abritent tous les oiseaux endémiques, les mammifères, l’herpétofaune et près de la moitié des plantes endémiques des Palaos. En conséquence, le bien a une valeur exceptionnelle pour la conservation.

Intégrité

Le bien possède des limites bien définies et comprend une grande partie de l’habitat du lagon et des récifs entourant les îles principales des Palaos ainsi que la majeure partie des terres d’origine corallienne que l’on trouve dans l’État de Koror. Cela garantit un degré élevé de reproduction du type d’habitat. Bien que les utilisations passées et présentes aient modifié aussi bien le milieu terrestre que le milieu marin, ou du moins l’abondance des espèces, le statut de conservation actuel du bien est satisfaisant. Les activités qui ont lieu à l’intérieur et aux alentours du bien et pourraient avoir des impacts sont soumises à des mesures et/ou interventions de gestion spécifiques. L’intégration, dans une zone tampon, des eaux qui se trouvent au-delà du récif-barrière et sous la juridiction de l’État de Koror renforce l’intégrité écologique.

Le bien contient une représentation complète des éléments et des processus qui expriment la valeur du bien. La plupart de ces éléments ne souffrent pas outre mesure du développement ou de négligence et sont en bon état. Toutefois, un programme de conservation est nécessaire pour assurer la conservation et la maintenance permanentes. Le bien est largement isolé de l’interférence humaine depuis la fin de l’occupation pré-européenne. Il est néanmoins très vulnérable aux activités de tourisme incontrôlées.

Authenticité

La forme et les matériaux des habitats des villages, les grottes funéraires et leur environnement expriment toujours la valeur culturelle du bien. Les dépôts mis au jour ont été enregistrés et ré-enterrés et les rapports sur ces campagnes ont été déposés auprès du gouvernement de l’État de Koror. Pour parvenir à une compréhension totale des vestiges des îles, des études supplémentaires devront être menées.

Les histoires orales et les traditions culturelles qui perdurent sur l’île principale des Palaos maintiennent la mémoire vivante de la migration depuis les îles Chelbacheb et les histoires qui lui sont associées.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

Le cadre législatif réglementant l’utilisation et la gestion de l’environnement et de ses ressources est complet et clair. La région est entièrement sous la juridiction de l’État de Koror et la gestion par les gardes de l’État de Koror est notoire et respectée. Les autorités chargées de la gestion disposent d’un revenu du tourisme relativement fiable. La force des systèmes de valeurs traditionnels, y compris des systèmes de gouvernance des ressources, est un atout et peut permettre une gestion et un zonage tenant compte des besoins de conservation de la biodiversité et des besoins culturels/traditionnels. Les objectifs et priorités de gestion sont définis dans le Plan de gestion du Lagon sud des Îles Chelbacheb. Le cadre législatif et les dispositions de gestion incitent à la protection et au maintien des valeurs du bien.

Les sites culturels du Lagon sud des îles Chelbacheb sont protégés en vertu du Titre 19 « Ressources culturelles » de la Loi de conservation du patrimoine historique et culturel de la République des Palaos. Les vestiges archéologiques et historiques sous-marins sont protégés en vertu du Titre 19 en tant que « Monument du lagon de Palaos ». Tous les sites nommés à l’intérieur du bien sont inclus dans le Registre national des lieux historiques de Palau.

Le département de Conservation et d’Application de la loi de l’État de Koror collabore avec l’Office de préservation historique des Palaos, Bureau des arts et de la culture, pour travailler avec des agences et organisations locales sur les activités de gestion et de recherche du bien. Les réglementations de l'État de Koror (1994) couvrent l’utilisation des ressources générales, les activités récréatives et la désignation des zones protégées dans le lagon sud des îles Chelbacheb. La loi sur l’utilisation des îles Chelbacheb a été promulguée en 1997 pour réglementer l’activité touristique des îles. Les lois et réglementations devraient être mises en application par les rangers de l’État de Koror.

Le plan de gestion 2004-2008 du Lagon sud des îles Chelbacheb a été adopté par la législature et le gouverneur de l’Etat de Koror en 2005. Il est actuellement en cours de révision.

Les besoins de protection et de gestion à long terme du bien comprennent la nécessité d’empêcher les effets négatifs du tourisme, y compris le maintien des restrictions d’accès aux zones vulnérables, le maintien du nombre de visiteurs au niveau de la capacité du bien et l’atténuation des effets négatifs du développement de l’infrastructure et de l’équipement à Koror. Les activités de pêche de subsistance et sportive dans le bien et dans les zones désignées à cet effet nécessitent un suivi constant. Toutefois, le bien pourrait servir, de manière constructive, à la recherche et à la préservation des connaissances traditionnelles du milieu marin. Parmi les besoins additionnels, il y a le maintien des restrictions sur le développement, y compris l’aquaculture dans le bien et à proximité des limites du bien. Une approche adaptative de la gestion du bien et la mise en place d’un suivi efficace à long terme, notamment de la santé des écosystèmes et de la qualité de l’eau sont nécessaires pour maintenir la résilience du bien face aux changements climatiques.

4.    Félicite l’État partie pour ses efforts de gestion durable du bien pour sauvegarder l’importance mondiale de la biodiversité, les valeurs spirituelles, culturelles et récréatives, y compris dans le cadre d’approches de gouvernance modernes/statutaires mais aussi traditionnelles/coutumières, et recommande le développement de la participation des groupes d’acteurs clés, y compris l’industrie du tourisme, pour participer directement à la gestion, ainsi que pour instaurer des liens cohérents et étroits entre les autorités nationales et celles de l’État et afin de gérer le bien dans le cadre du Réseau national d’aires protégées ;

5.    Félicite également l’État partie d’avoir inclus tous les sites désignés à l’intérieur du bien sur le Registre national des lieux historiques des Palaos et développé une base de données des sites culturels identifiés à l’intérieur du bien, y compris les sites archéologiques, les grottes, les sépultures, l’art rupestre, les carrières de monnaie de pierre et les villages ; 

6.    Demande à l’État partie de mettre en place un processus en vue de traiter les effets négatifs potentiels, actuels et futurs du tourisme sur le bien et les zones avoisinantes, y compris par une projection précise du développement du tourisme, la planification rigoureuse de mesures d’atténuation et des solutions pour réduire ou limiter le nombre de visiteurs dans les zones vulnérables ou dans le bien dans son ensemble ;

7.    Encourage l’État partie à renforcer et officialiser la coordination et la liaison en matière de recherche scientifique et de suivi du bien entre les organisations nationales et étrangères dans le but de renforcer l’utilisation de cette information pour la gestion adaptative du bien ;

8.    Encourage fermement l’État partie à :

a)   garantir la conservation efficace des valeurs du bien, y compris, mais sans s’y limiter, des lacs marins, des habitats d’espèces uniques ou menacées, ou des sites où l’on continue de découvrir de nouvelles espèces, ainsi que dans les zones particulièrement importantes telles que les frayères, y compris par l’établissement d’autres aires intégralement protégées, si nécessaire,

b)   finaliser et approuver le nouveau plan de gestion, avec l’implication des communautés concernées, pour inclure :

i)   un programme de conservation pour les sites culturels couvrant l’accès, le suivi, l’entretien, la recherche, la consolidation et toute protection physique nécessaire, avec un calendrier de mise en œuvre du programme,

ii)  une stratégie de gestion du tourisme,

iii)  une stratégie de préparation aux risques,

iv)  une extension des indicateurs de suivi essentiels afin d’inclure une étude préliminaire de l’art rupestre et des histoires orales ;

9.    Recommande que l’État partie envisage de modifier le nom du bien afin de refléter sa valeur culturelle.

Code de la Décision
36 COM 8B.12
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial, Valeur universelle exceptionnelle
États Parties 1
Année
2012
Documents
WHC-12/36.COM/19
Décisions adoptées par le Comité du patrimoine mondial à sa 36e session (Saint-Pétersbourg, 2012)
Contexte de la Décision
WHC-12/36.COM/8B
WHC-12/36.COM/INF.8B1
WHC-12/36.COM/INF.8B2
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