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Décision 35 COM 8B.24
Biens Culturels - Sites culturels d'Al Aïn (Hafit, Hili, Bidaa Bint Saud et les oasis) (Émirats arabes unis)

Le Comité du patrimoine mondial,

1. Ayant examiné les documents WHC-11/35.COM/8B et WHC-11/35.COM/INF.8B1,

2. Inscrit les Sites culturels d'Al Aïn (Hafit, Hili, Bidaa Bint Saud et les oasis), Émirats arabes unis, sur la Liste du patrimoine mondial, sur la base des critères (iii), (iv) et (v);

3. Prend note de la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle provisoire suivante:

Brève synthèse

Situés dans la ville d'Al Ain, dans la partie est de l'Émirat d'Abu Dhabi, dans les Émirats arabes unis, les Sites culturels d'Al Ain comprennent l'ensemble d'Hafit, l'ensemble d'Hili, le site de Bidaa Bint Saud et les oasis (l'oasis d'Al Ain, Mutared, Mauwaji, Hili, Jimi et Qattara) répartis à l'intérieur de la ville. Les sites sont évocateurs des cultures Hili, Hafit (les deux types de sites) et Umn an-Nar. Ils sont tous situés dans un paysage caractéristique mélangeant oasis, déserts et montagnes et sont les témoins d'une tradition culturelle unique qui s'est développée au carrefour des anciennes routes entre ce qui est aujourd'hui Oman, l'Arabie Saoudite et les lieux de peuplement le long de la côte des Émirats arabes unis. Ces sites culturels sont les représentants encore présents d'une culture disparue qui s'est développée et s'est exprimée au moyen de développements technologiques assez spécifiques tels que les falajs et leur système de gestion associé, de traditions architecturales spécifiques telles que les fortifications circulaires de Hili 8 et de traditions funéraires telles qu'en témoignent, entre autres, l'architecture d'Hafit, la Grande tombe de Hili et la Tombe N.

Critère (iii) : Les Sites culturels d'Al Ain retracent l'évolution de la société dans cette partie du monde, depuis les groupes nomades de chasseurs-cueilleurs du néolithique (du 6e au 4e millénaire avant JC, à Al Ain) avec des vestiges découverts le long de la crête est du Djebel Hafit, jusqu'à des communautés agricoles de petite taille (3e millénaire avant JC, âge de bronze) qui pratiquaient une culture d'irrigation par des puits sur des terrains de taille limitée et vivaient dans des sites circulaires fortifiés et enfin des communautés pratiquant une agriculture d'oasis plus étendue (de la fin du second au premier millénaire avant JC, à Hili 2, 14 et 17) sur des terres plus vastes qui ont évolué au fil des inventions successives du système des falajs et de leur structure complexe de gestion. L'établissement présent sur le territoire du Parc archéologique d'Hili, datant de l'âge de fer, avec son architecture fortifiée spécifique et ses tombeaux circulaires, comprend un des plus anciens systèmes d'irrigation falaj existant au monde. L'édifice public appelé Beit al Falaj présente un bon aperçu de ce système complexe qui, défiant l'environnement, a permis de développer toute une série d'œuvres architecturales défensives tout à fait remarquables et a généré une énigmatique tradition funéraire représentative de traditions et de rituels funéraires collectifs hautement sophistiquée. Le Grand tombeau situé à Hili, le plus grand et le plus réputé des tombeaux funéraires de la période Umn an-Nar présents sur le territoire des Émirats arabes unis et du Sultanat d'Oman (entre 2.500 et 2.000 avant JC) n'est qu'un exemple de ce répertoire unique et autochtone d'architecture funéraire. Des cairns circulaires, caractéristiques de l'archéologie Hafit, sont des tombeaux construits dans lesquels on trouve des objets importés, preuves de l'existence d'un commerce avec les lointaines civilisations de Mésopotamie. Parmi ceux-ci, on a trouvé des poteries peintes et des perles datant de la période Ubaid/Jemdet Nasr.  Des documents écrits et la présence d'objets en cuivre dans certains de ces tombeaux attestent du fait que l'ancienne Magan (zone recouvrant les Émirats arabes unis et le Sultanat d'Oman actuels) était la zone de production d'une grande partie du cuivre utilisé en Mésopotamie.

Critère (iv) : Chacun des sites culturels d'Al Ain offre un exemple exceptionnel d'un type de bâtiment ou d'édifice, d'un ensemble architectural ou technologique ou d'un paysage: Hili est emblématique de l'invention du système des falaj au cours de la période de l'âge de fer, un important saut technologique entre l'agriculture à petite échelle de l'âge de bronze, basée sur une irrigation à partir d'un puits sous-terrain et le système d'irrigation de grande envergure typique de l'âge de fer utilisant un réseau de canaux puisant l'eau dans un aquifère éloigné. Cette évolution s'est illustrée par la transition entre les tours circulaires autonomes de petite taille autour d'un puits central, typiques de l'âge de bronze (Hili 1, 8 et 10)  et des installations réparties sur une plus grande échelle, protégées par des murs épais et des tours d'angle à vocation défensive (Hili 14). Des villages sont également apparus dans et autour des oasis comme à Hili 2. Les morts étaient enterrés dans des tombeaux funéraires collectifs de différentes tailles et de divers types, mais l'exemple le plus spectaculaire est le Grand tombeau datant de l'âge de bronze, situé à Hili. L'ensemble d'Hafit présente toute une série de caractéristiques archéologiques uniques, notamment des campements préhistoriques dans le désert, des cairns datant de la fin du 4e millénaire et du 3e millénaire, un système de falajs datant de la période islamique ainsi que le fort et l'oasis associés à ce système. Ces caractéristiques attestent toutes d'un modèle culturel qui a brillamment survécu au cours de plusieurs millénaires en s'adaptant aux spécificités de l'environnement naturel. Le site de Bidaa Bint Saud, avec ses tombes de type Hafit, datant de l'âge de bronze, son système de falajs datant de l'âge de fer et son bâtiment administratif de gestion de l'eau datant également de l'âge de fer, le tout au carrefour d'anciennes routes commerciales, témoigne d'une avancée majeure dans le développement humain et culturel rendue possible par l'invention du système des falajs. Les oasis présentent des zones agricoles continuellement exploitées, sous la forme de petites terres enchevêtrées, irriguées par un système complexe de falajs, associé à un ensemble architectural de bâtiments historiques dans lesquels les habitants vivaient, récoltaient leur production, entreposaient les surplus, faisaient du commerce et défendaient leurs ressources en eau et en nourriture contre les attaquants extérieurs.

Critère (v) : Les oasis d'Al Ain, dont les racines remontent à des cultures datant de l'âge de bronze et de l'âge de fer, représentent cette interaction humaine exceptionnelle tant traditionnelle qu'ininterrompue avec un environnement désertique aride, rassemblant les ressources de la terre afin de permettre la croissance et le développement d'une culture spécifique à l'oasis avec des réalisations uniques dans les domaines de l'agriculture, de la technologie et de l'architecture et une organisation socio-administrative reflétant les structures tribales qui tournent autour des concepts d'unité et de tout liés par un seul destin, partageant les ressources, la sécurité et l'identité, tant dans la vie que dans la mort. Il s'agit là exactement du modèle d'établissement humain, de l'utilisation des terres, de l'interaction de l'homme avec l'environnement et de la croyance en un destin collectif après la vie qui sont des évocations de millénaires d'évolution ininterrompue.

Intégrité

Les sites culturels d'Al Ain, d'Hili, de Bidaa Bint Saud et des zones des oasis couvrent un territoire d'une surface suffisante et présentent des éléments et des attributs exprimant la valeur universelle exceptionnelle du bien. Les sites constituent une représentation globale d'une culture unique du sud est de l'Arabie regroupant les nécropoles des âges de bronze et de fer (ensemble d'Hafit, ensemble d'Hili et Bidaa Bint Saud), les établissements humains associés à ces tombeaux (ensemble d'Hili), une tradition agricole ayant évolué, basée sur l'invention du système des falajs et son système de gestion administrative complexe (falajs présentés au Parc archéologique d'Hili, Bidaa Bint Saud et zones des oasis), et enfin, des preuves de l'existence d'un commerce international, avéré par la présence d'objets importés, et d'une activité d'exportation vers les principales cultures de l''Ancien Monde présentes dans la région. Les limites du bien ont été définies de façon à englober les principales zones physiques reflétant ses valeurs, au moyen de formes compactes et contigües. Le résultat est une série de sites reliés entre eux par leurs attributs et leur proximité dans le cadre du paysage d'Al Ain mais entourés par le tissu contemporain de la ville moderne et animée d'Al Ain. Les sites archéologiques intacts et les oasis persistent au cœur du tissu urbain comme un symbole de vie dans le passé et de la capacité de l'homme à s'établir et à s'adapter au très difficile environnement désertique. Ils pourraient être l'objet de menaces liées à l'empiétement urbain si des dispositions pour leur protection n'étaient pas prises.

Authenticité

Malgré le rapide rythme de développement que connaissent les Émirats arabes unis, les Sites culturels d'Al Ain sont arrivés à conserver un haut degré d'authenticité. Vue de loin, la ville d'Al Ain conserve son cadre environnemental unique fait d'une luxuriante voûte de palmiers et d'autres arbres autochtones, de dunes et de crêtes montagneuses qui constituent le cadre naturel du bien. L'application d'une réglementation stricte sur la hauteur des bâtiments dans la ville d'Al Ain préserve les vues et perspectives visuelles depuis et vers les composantes du bien en série. Les Sites culturels d'Al Ain sont très bien classés selon les critères pris en compte par le Document de Nara sur l'authenticité, tant en termes de forme et de conception, d'usage et de fonction, de tradition et de techniques, de localisation et de cadre que d'esprit et d'âme. L'authenticité des matériaux et des substances utilisés est grande mais les matériaux d'origine utilisés (maçonnerie et finitions en terre, troncs et feuilles de palmiers) sont fragiles, nécessitant un entretien constant et des réparations. Quelques travaux de restauration ont été entrepris dans une partie des bâtiments historiques des oasis d'Al Ain par l'ancien Service des antiquités dans les années 80 et 90. Ces travaux ont permis de conserver la forme des structures mais ont conduit à une perte du tissu authentique et d'éléments architecturaux. Ces travaux de restauration sont désormais repris afin de corriger les erreurs tandis que les bâtiments n'ayant pas encore fait l'objet de restauration le sont désormais au moyen de méthodes précises garantissant une documentation appropriée et une intervention minimale sur le tissu authentique.

Mesures de protection et de gestion

La protection du bien est assurée par de nombreux accords sectoriels qui reflètent la complexité de la définition du bien. La Stratégie de gestion du patrimoine culturel d'Abu Dhabi, mise en place en 2005 par des experts de l'UNESCO, constitue le cadre de gestion de référence pour les Sites culturels d'Al Ain. Il inclut un plan de mise en œuvre, composé lui-même de 19 plans d'action, certains d'entre eux étant désormais achevés, qui renseignent le Plan stratégique d'entité établi par l'Autorité d'Abu Dhabi pour la Culture et le Patrimoine (Abu Dhabi Authority for Culture and Heritage-ADACH). Ce plan stratégique est un document régulièrement actualisé dont le volet 2010-2014 est désormais achevé. La stratégie de l'UNESCO est actuellement examinée et actualisée afin d'incorporer des plans de gestion spécifiques et d'autres projets pour des sites particuliers. Les diverses composantes du bien relèvent de deux types de propriété: elles peuvent être propriété de l'Émirat d'Abu Dhabi en ce qui concerne les musées et les forts, ou bien, elles peuvent appartenir à des propriétaires privés en ce qui concerne la plus grande partie des oasis et autres bâtiments. Le droit de propriété des biens détenus par l'Émirat d'Abu Dhabi est exercé par l'ADACH. La propriété est protégée de façon légale par la Loi d'établissement de l'ADACH de 2005 et les Lois de protection des oasis de 2004 et 2005 ainsi que par la Loi sur l'archéologie et les fouilles de 1970. La réglementation sur la construction du Service de la planification urbaine de la Municipalité d'Al Ain interdit la construction de nouveaux bâtiments de plus de quatre étages et d'une hauteur supérieure à vingt mètres. Les sites situés sur le territoire du bien et de ses zones tampons sont enregistrés à l'inventaire réalisé par l'ADACH qui administre également l'Étude préliminaire culturelle qui est la partie de l'évaluation d'impact environnemental liée au patrimoine culturel. Deux projets de loi, un au niveau de l'Émirat, sur la protection, la conservation et la gestion des biens culturels, l'autre au niveau fédéral, sur la protection des ressources archéologiques, sont actuellement à l'étape finale de l'examen par les agences gouvernementales. Ces lois amélioreront le cadre légal actuel de protection des sites.

4. Recommande que l'État partie considère les points suivants:

a) clarifier la situation de la propriété publique au sein du bien, pour les parcs et pour les tombes extérieures aux parcs notamment, ainsi que pour la propriété privée immobilière et foncière au sein du bien,

b) promulguer la nouvelle loi pour la protection, la conservation, la gestion et la promotion du patrimoine culturel et confirmer la préparation d'une loi sur la protection des ressources hydrologiques du système traditionnel des aflaj,

c) poursuivre et développer les études visant à expliciter les questions d'authenticité et d'intégrité des restaurations des tombes protohistoriques et des constructions en briques de terre crue effectuées antérieurement aux années 2000,

d) d'étendre le suivi systématique au tourisme,

e) mieux distinguer les espaces archéologiques et les espaces de loisir dans le Parc archéologique de Hili,

f) effectuer un balisage des biens et des zones tampons pour les territoires ouverts.

Code de la Décision
35 COM 8B.24
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Année
2011
Documents
WHC-11/35.COM/20
Décisions adoptées par le Comité du patrimoine mondial à sa 35e session (UNESCO, 2011)
Contexte de la Décision
WHC-11/35.COM/8B
WHC-11/35.COM/INF.8B1
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