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Décision 25 COM VIII.12-28
Sites du patrimoine mondial de la République démocratique du Congo (RDC)

VIII.12 Le Comité a été mis au courant des dernières informations concernant l’état de conservation de chacun de ces cinq sites et des résultats de la mission dirigée par le Directeur du Centre en RDC, du 24 novembre au 3 décembre 2001.

VIII.13 Le Parc national des Virunga a été considérablement affecté par la guerre et ses impacts dans l’Est de la RDC. Plus de 20 000 familles résident dans les secteurs central et nord du Parc et vivent de pêche et d’élevage. Des groupes de miliciens dissidents sont cachés dans la forêt des secteurs central et nord du Parc et subsistent grâce au braconnage d’animaux sauvages. On estime que plusieurs espèces essentielles de la région – dont des éléphants et des hippopotames – sont chassées régulièrement. La pêche s’intensifie dans les lacs du Parc national des Virunga. Les forêts sont déboisées pour faire place à l’agriculture et aux installations. Dans le secteur nord, le personnel de l’ICCN de Beni commence à développer ses opérations de patrouille et les gardes reçoivent maintenant leur salaire assuré par le projet UNNESCO/RDC/UNF. L’état de conservation dans le secteur central est très préoccupant car le personnel ne peut y pénétrer pour y patrouiller régulièrement et y effectuer des rondes. Le secteur sud des Virunga est relativement stable et fait l’objet de patrouilles régulières. La population de gorilles de montagne est stable dans ce secteur et est passée de 325 à 355 spécimens en dix ans. Les membres du personnel des aires protégées de la partie sud des Virunga coopèrent avec leurs homologues d’Ouganda et du Rwanda sous l’égide du Programme international de conservation des gorilles (IGCP). Les secteurs nord, centre et sud sont sous l’autorité de deux gouvernements rebelles séparés. Le personnel de l’ICCN dans ces deux territoires développe peu à peu les contacts et la collaboration mutuelle pour mettre en œuvre les activités prévues au Projet UNESCO/RDC/UNF.

VIII.14 Les gardes du Parc national de la Garamba n’ont pu recevoir leur salaire mensuel prévu au Projet UNESCO/RDC/UNF par suite de malentendus entre le responsable de la conservation de la Garamba et l’ONG partenaire – l’International Rhino Foundation (IRF). Ces problèmes ont été débattus par les deux parties, en présence d’autres membres du personnel de l’ICCN de Kinshasa et de la région de Beni/Bunia tenue par les rebelles, lors d’une réunion à Nairobi juste avant la mission dirigée par le Directeur du Centre. On devrait maintenant pouvoir régler les salaires du personnel de la Garamba sans problème. Malgré ces difficultés d’exécution du Projet UNESCO/RDC/UNF, les gardes continuent à effectuer régulièrement leurs patrouilles et leur surveillance. La population de rhinocéros blancs du Nord continue de se stabiliser à une trentaine de spécimens.

VIII.15 Le Parc national de Kahuzi-Biega est peut-être le plus menacé des cinq sites malgré la présence permanente de personnel financé au titre du projet de la GTZ allemande qui paye les responsables de la conservation et autre personnel qualifié ; les gardes et les ouvriers agricoles reçoivent des paiements au titre du Projet UNESCO/RDC/UNF. Le personnel n’a accès qu’à 10 % de la zone ; la majorité du secteur des basses terres (90 % de la superficie totale du Parc) est inaccessible à cause de la présence de groupes armés rebelles. L’exploitation minière du coltan continuait à prévaloir au moment de la vingt-cinquième session du Bureau en juin 2001 mais s’est ralentie depuis à cause de la brusque baisse du prix du coltan. Les mineurs qui campaient dans le Parc sont cependant restés et subsistent grâce au braconnage et à l’exploitation de l’or. Le personnel du Parc et le personnel détaché par le projet de la GTZ ont rencontré à plusieurs reprises des groupes armés le long des limites du secteur inaccessible et ont pu entamer des négociations informelles avec eux pour leur demander leur appui pour protéger la faune sauvage. La tâche est cependant compliquée du fait que le personnel du site n’est pas armé. Les chefs du gouvernement rebelle de Goma ont convenu d’envisager de fournir des armes et des munitions au personnel et l’évolution de la situation à cet égard sera suivie au cours des prochains mois.

VIII.16 Dans la Réserve de faune à okapis, les gardes et les ouvriers agricoles ont été payés rétroactivement sous le projet UNESCO/RDC/UNF depuis octobre 2000 et l’ONG partenaire qui soutient le Projet en effectuant les paiements sur place – Gilman International Conservation (GIC) – a continué de payer d’autres cadres comme les responsables de la conservation. Le moral du personnel est donc bien meilleur. Un tiers de la zone reste cependant inaccessible, ce qui est déjà mieux que l’année dernière où plus de la moitié de la superficie de la Réserve était inaccessible au personnel. La coopération entre le personnel et les autorités militaires s’améliore et l’équipe de la mission a rencontré le Gouverneur responsable de la zone qui s’est engagé à visiter à la visiter pour dialoguer avec les groupes militaires et les communautés locales pour continuer à améliorer la conservation du site. Le responsable de la conservation de la Réserve a informé la mission qu’après une longue période, on n’avait pas signalé de cas de braconnage d’éléphants au mois d’octobre 2001. A court et à moyen terme, ce site a le meilleur potentiel de récupération des cinq sites de RDC, sous réserve d’un maintien des tendances actuelles.

VIII.17 Le Parc national de la Salonga, d’une superficie de 36 000 km², est le seul site sous la responsabilité directe de l’ICCN de Kinshasa, bien que 20 % de la zone du secteur sud-est soient contrôlés par les autorités rebelles de Goma. L’ONG partenaire, la Zoological Society of Milwaukee (ZSM) a recruté du personnel local obligé de franchir de longues distances et qui ne peut accéder que difficilement au site pour payer les gardes, les ouvriers agricoles et le reste du personnel grâce à des fonds disponibles au titre du Projet UNNESCO/RDC/UNF. Le braconnage continue sur le site. Le personnel est beaucoup trop réduit pour cette immense zone très difficile d’accès. L’ICCN de Kinshasa devrait être plus capable de gérer cette zone protégée ainsi que d’autres sous son autorité lorsqu’un projet de la GTZ, temporairement suspendu en juin 2001, sera sans doute relancé en janvier 2002. Ce projet de la GTZ pourrait se traduire par une reprise des paiements à plusieurs membres du personnel de l’ICCN-Kinshasa et répondre à d’autres besoins essentiels comme des véhicules et des indemnités de voyage qui permettraient à l’ICCN de mieux protéger la Salonga et d’autres aires protégées sous sa supervision directe.

VIII.18 La mission dirigée par le Directeur du Centre a visité Kinshasa ainsi que Goma, Beni et Bunia où siègent maintenant les gouvernements rebelles dans l’Est de la RDC. La mission a rencontré des membres du personnel de l’ICCN dans ces différents lieux, ainsi que des décideurs, dont les chefs de l’administration rebelle à Goma, Beni et Bunia. Le Directeur et son équipe ont rencontré des représentants du personnel des cinq sites du patrimoine mondial et ils ont visité un poste de garde à la limite sud-ouest des Virunga. La visite de reconnaissance de la mission dans la partie est de la RDC a suivi un itinéraire sud-nord le long de la limite ouest du Parc national des Virunga qui a fourni une vue d’ensemble de l’état du site.

VIII.19 La Society for Conservation Biology (SCB) des États-Unis d’Amérique a salué le dévouement des gardes des aires protégées de la RDC. Le Directeur général de l’ICCN-Kinshasa a accepté de recevoir une distinction au nom des gardes de la RDC lors d’une cérémonie à Hawaï en juin 2001. La contribution en espèces d’environ 5 000 dollars offerte par les membres de la SCB a été utilisée pour acheter des médailles à tous les gardes et ouvriers agricoles (environ 1 000 personnes) des cinq sites du patrimoine mondial. Le Directeur a remis des médailles à des représentants de chaque site lors de brèves cérémonies qui ont eu lieu pendant la mission. Une partie des 5 000 dollars réunis servira à verser de petites compensations financières aux veuves des gardes décédés en service.

VIII.20 Conformément à la demande de la vingt-cinquième session du Bureau, un rapport détaillé (en anglais et français) sur l’avancement du Projet UNESCO/RDC/UNF-UNFIP est présenté sous la cote WHC-01/CONF.208/INF.4. Le Ministre de l’Environnement de la RDC à Kinshasa a surnommé ce projet le « projet de l’espoir » car il s’est concrétisé alors qu’aucun bailleur de fonds ne voulait accorder son appui au personnel des cinq sites du patrimoine mondial. En l’absence de paiements mensuels de soutien aux gardes, de formation, de suivi et d’équipement et autres indemnités fournis dans le cadre du Projet, beaucoup de membres du personnel auraient déserté le Parc.

VIII.21 Les responsables de l’ICCN à Kinshasa et dans les régions rebelles de Goma, Beni et Bunia ont également favorablement accueilli le projet financé par le Gouvernement belge destiné à aider les communautés locales à travailler avec le personnel à la conservation des sites du patrimoine mondial. Cet aspect du programme de conservation n’avait pas été convenablement financé dans le cadre du Projet UNESCO/RDC/UNF. La contribution belge de 300 000 euros sur une période 4 ans recoupant celle du Projet UNESCO/RDC/UNF est donc considérée comme essentielle pour assurer le succès des efforts d’ensemble destinés à maintenir l’état de conservation des cinq sites. Le premier atelier de planification pour définir les activités d’appui communautaire individualisées selon les sites à organiser dans le cadre du Projet UNESCO/Gouvernement belge a été prévu pour la mi-février 2001 ; il se tiendra à Beni, à la limite du secteur nord du Parc national des Virunga. Cet atelier sera organisé par une ONG locale travaillant dans le Parc et aux alentours et qui a été créée et aidée par le Programme régional du WWF pour l’Afrique de l’Est.

VIII.22 Le Comité a été informé de l’important appui logistique et autre fourni par la mission de l’Organisation des Nations Unies au Congo (MONUC) à la fois pour épauler les voyages de l’équipe de la mission et pour aider des partenaires comme la ZSM à distribuer les paiements sous le projet UNESCO/RDC/UNF au personnel du Parc national de la Salonga. La MONUC dispose de personnel à Kinshasa, à Goma, à Beni et Bunia et ailleurs en RDC. Elle assure des vols réguliers entre ces destinations, vols gratuits autorisés à d’autres membres du personnel des Nations Unies, aux ONG partenaires et homologues en RDC. La MONUC, d’autres agences des Nations Unies, des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux et un nombre de plus en plus important de professionnels de la conservation qui arrivent dans le pays avec la lente instauration du processus de paix dans le cadre des accords de Lusaka pourraient être appelés à jouer un rôle essentiel pour restaurer l’état de conservation des sites du patrimoine mondial de la RDC.

VIII.23 A long terme, le retour de la paix et de la stabilité est essentiel à la conservation des sites du patrimoine mondial et d’autres aires et habitats protégés de RDC. Le Centre va essayer de trouver des contreparties aux ressources fournies par l’UNF, le Gouvernement belge et d’autres bailleurs de fonds pour mettre au point des solutions de développement durable dans des zones limitrophes des cinq sites afin de limiter les pressions sur les ressources dans le périmètre de ces sites. Alors que la démilitarisation des Parcs et le désarmement des milices rebelles qui se cachent dans les aires protégées, y compris dans les sites du patrimoine mondial, risquent de s’avérer difficiles, des représentants de plusieurs organisations partenaires et de la RDC et des forces militaires rebelles estiment que ces groupes armés comprennent des déserteurs et des jeunes qui accepteraient un retour à la vie civile si on leur offrait d’autres possibilités de subsistance.

VIII.24 Le Comité a été satisfait de noter que le Directeur général de l’UNESCO, conformément au souhait du Comité exprimé à plusieurs de ses précédentes sessions, a accepté de diriger une mission à Kinshasa (RDC), Kampala (Ouganda) et Kigali (Rwanda) à la fin de mars 2002. La mission dirigée par le Directeur du Centre a informé toutes les personnalités importantes rencontrées, y compris les responsables de la MONUC et d’autres organismes des Nations Unies en RDC, de la visite du Directeur général en RDC. Plusieurs personnes rencontrées ont exprimé l’espoir que la visite du Directeur général dans ces trois capitales pourrait servir de base à la coopération parmi les trois pays pour la conservation de la biodiversité, y compris celle d’importantes espèces menacées comme le gorille de montagne et le gorille de plaine de l’Est. Au fur et à mesure de l’application des accords de paix de Lusaka, on peut imaginer des solutions de collaboration officielle entre la RDC, l’Ouganda, et le Rwanda pour la préservation du gorille de montagne et de plaine dans les écosystèmes communs aux trois pays.

VIII.25 Le Comité a appris que le Centre, encouragé par le Directeur général adjoint de l’UNESCO, a lancé une étude de l’habitat du gorille en tant qu’activité pilote de l’Initiative UNESCO-ASE (Agence spatiale européenne) dans le but de démontrer l’utilité des images satellites et autres technologies embarquées dans l’espace pour surveiller l’état de conservation des sites. Cette initiative permettra d’obtenir des informations à jour sur les modification de l’utilisation des terres à l’intérieur et autour des deux sites importants pour l’habitat des gorilles de montagne dans les Virunga et des gorilles de plaine de l’Est à Kahuzi-Biega. Des études semblables sur l’habitat d’autres singes, comme le chimpanzé et le bonobo que l’on trouve à la Salonga, sont également prévues dans le cadre des contributions de l’UNESCO au « Great Apes Survival Project » (GRASP) que vient de lancer le PNUE.

VIII.26 Le Comité a noté avec satisfaction les résultats de la mission dirigée par le Directeur du Centre mais il s’est déclaré sérieusement préoccupé des différentes menaces à l’intégrité des cinq sites du patrimoine mondial de RDC. Plusieurs délégués ont salué les efforts de l’équipe de la mission pour visiter une région troublée avec des risques pour la sécurité afin de faire avancer la cause de la conservation du patrimoine mondial. Le Comité a lancé un appel à la communauté internationale pour se montrer à la hauteur de l’esprit et de l’idéal de coopération internationale promu par la Convention du patrimoine mondial et pour intervenir de toutes les manières possibles pour aider l’ICCN, le personnel des sites, les ONG partenaires et autres acteurs en vue de protéger et préserver les sites du patrimoine mondial de RDC. Le Comité a chaleureusement félicité les Gouvernements de la Belgique et de l’Allemagne et d’autres bailleurs de fonds comme l’UNF et les ONG partenaires du Projet UNESCO/RDC/UNF pour l’appui essentiel qu’ils fournissent déjà pour la conservation des cinq sites. Le Comité a favorablement accueilli l’occasion d’un étroite collaboration avec la MONUC et d’autres organismes des Nations Unies dans l’exécution d’activités et de missions d’appui à la conservation.

VIII.27 Le Comité a vivement engagé le Centre à travailler en liaison avec toutes les unités concernées à l’UNESCO pour garantir une exécution effective des projets financés par l’UNF et la Belgique en limitant le plus possible les délais administratifs et autres. Le Comité a demandé au Centre, à l’UICN et autres partenaires de développer la recherche de projets et de programmes qui fournissent de nouvelles solutions de subsistance pour les communautés habitant dans des endroits proches des sites du patrimoine mondial. Ces nouvelles possibilités de subsistance pourraient aussi avoir un rôle pour attirer des membres de groupes armés qui se cachent dans les sites du patrimoine mondial afin de les réintégrer dans la vie civile. Le Comité a souligné la nécessité d’étudier la faisabilité d’une mise en place de mécanismes de financement à long terme de la conservation en RDC, un des principaux objectifs du Projet UNESCO/RDC/UNF. Le Comité a remercié le Directeur général de l’UNESCO d’accepter de diriger une mission en RDC, au Rwanda et en Ouganda et il l’a invité à envisager de débattre d’un programme de coopération avec les trois pays pour la conservation du patrimoine mondial comme élément important de la mise en œuvre d’activités dans le cadre de l’accord de paix de Lusaka.

VIII.28 Le Comité a demandé que le Centre et l’UICN travaillent ensemble avec tous les partenaires concernés pour préparer une stratégie intégrée à long terme pour la conservation du patrimoine mondial de RDC – stratégie qui comprendrait des aspects économiques, sociaux, d’instauration de la paix et de renforcement des capacités et autres éléments pertinents. Le Comité a reconnu la nécessité d’enseigner aux jeunes et à d’autres groupes cibles l’importance de la conservation du patrimoine mondial en utilisant la culture du peuple congolais, et en particulier sa musique et ses chansons pour lui inculquer et lui transmettre les valeurs de la conservation. Le Comité a décidé de maintenir les cinq sites sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Le Comité a remercié le Secrétariat de son profond engagement pour avoir entrepris cette mission dans des circonstances difficiles.

Documents
WHC-01/CONF.208/24
Rapport du vingt-cinquième session du Comité du patrimoine mondial (Helsinki, Finlande, 11-16 décembre 2001)
Contexte de la Décision
WHC-01/CONF.208/9
WHC-01/CONF.208/INF.4
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