L’intégration des valeurs du patrimoine urbain culturel et naturel dans les processus de développement urbain 

L’intégration des valeurs du patrimoine urbain culturel et naturel dans les processus de développement urbain 

Lors de l’importante révision de son Plan Local d’Urbanisme, en 2019, la Métropole de Lyon a renforcé la prise en compte de son patrimoine paysager, naturel et culturel dans cet outil de gestion. Avec cette révision, la ville se prépare pour gérer son patrimoine et trouver un équilibre entre développement urbain et conservation.

Objectifs

La révision du plan répond aux 4 orientations qu’elle se fixait :  

• Le défi métropolitain : faire du centre-ville le cœur d’une Métropole rayonnante et compétitive et préparer les conditions pour les projets d’envergure de demain, qui se déploieront aux portes du centre-ville.
• Le défi économique : garantir un développement diversifié et des activités au service de la ville et des habitants.
• Le défi de la solidarité et de l'habitat : prévoir une offre conséquente, équilibrée et solidaire, de logements en neuf et en réhabilitation, à destination de tous les publics, et organiser le développement urbain mixte et résidentiel autour des transports collectifs.
• Le défi environnemental et du cadre de vie : faire du centre historique un lieu de vie agréable et respectueux de la singularité des quartiers, et développer un centre-ville accessible et agréable pour tous, offrant des espaces de nature.

Principles

Il s’agit d’amplifier le rayonnement patrimonial du cœur de l’agglomération en valorisant le patrimoine culturel de la Métropole, en poursuivant des projets de reconversion dans une dynamique de réinterprétation contemporaine et de mise en valeur (à l’instar des anciennes prisons de Lyon ou du projet de reconversion de l'Hôtel Dieu) et en donnant un second souffle aux espaces publics de la Presqu’île. 

Pour faire de la Ville un lieu de vie agréable et respectueux de la singularité des quartiers, la recherche de densité s’appuiera sur les qualités existantes des quartiers, en respectant toute leur diversité et leurs identités : éléments de patrimoine bâti et paysager, qualités végétales, caractéristiques spécifiques selon les périodes et les typologies patrimoniales des quartiers. 

Sur la Métropole de Lyon, l’approche des trames verte et bleue est développée depuis les années 90. Couvrant près de la moitié du territoire grand lyonnais, elles sont constituées d’espaces formant un réseau jusqu’au cœur de la ville à forte densité : terres agricoles, forêts et boisements, prés, espaces aquatiques, parcs urbains, grandes propriétés entourées d’un parc paysager, espaces aménagés ou préservés par les politiques d’urbanisme, secteurs de risques naturels… L’élément commun à tous ces lieux très différents est leur caractère végétal et/ou aquatique dominant. Celui-ci est autant un héritage, que le fruit de la volonté de préserver un cadre de vie équilibré ou une ressource (eau, biodiversité, alimentation…). 

"Les espaces verts urbains sont considérés comme un moyen approprié de réduire les effets d'îlots de chaleur urbains et de fournir un confort aux occupants à proximité. En plus de refroidir l'espace proprement dit, les espaces verts urbains sont également capables d'influencer la zone environnante, et ce phénomène est appelé l'urbain. effet de refroidissement des espaces verts. "

F. Aram F, E. Higueras García, E. Solgi, S. Mansournia, 2019, Urban green space cooling effect in cities. 

Outils développés

Pour intégrer ces valeurs et les rendre opérationnelles, le document d’urbanisme est basé sur des volets thématiques. Les mécanismes et les outils développés sont :

Ces dernières années, leur approche a évolué sur deux aspects. D’une part, l’attention de plus en plus grande portée à la biodiversité a entraîné une reconnaissance progressive du rôle d’écosystèmes des espaces. D’autre part, la place de l’eau y est plus affirmée, mieux connue. Ces évolutions ont contribué à conforter le rôle fondamental que joue cette trame dans l’organisation et la vie des territoires, tant pour ses qualités paysagères et récréatives qu’écologiques et nourricières.  

Le plan vert s’appuie notamment sur la préservation des boisements et espaces de nature, la création de continuités vertes, l’ouverture de cheminements verts, la mise en place d’espaces de pleine terre dans les nouveaux projets… Des connaissances de plus en plus fines permettent de définir une protection, une gestion et une mise en valeur plus adaptées et qui ne se limitent pas aux frontières du territoire grand lyonnais mais s’inscrivent dans le prolongement des grandes entités naturelles.

"Le confort thermique humain dépend principalement de la température ambiante, de l'humidité relative et de l'étendue de l'exposition au rayonnement solaire. Les preuves indiquent que l'ombre des arbres améliore le confort thermique dans les zones urbaines. Ainsi, l'accès aux zones boisées, y compris les parcs et jardins arborés, pourrait aider à réduire stress thermique où [l'îlot de chaleur urbain] pendant la journée est un risque pour la santé publique. »

Knight, T., Price, S., Bowler, D. et al. How effective is ‘greening’ of urban areas in reducing human exposure to ground-level ozone concentrations, UV exposure and the ‘urban heat island effect’? An updated systematic review. Environ Evid 10, 12 (2021).

Pour répondre à ses objectifs, économique, en matière d’habitat et de développement durable, la Métropole a méné une réflexion approfondie sur la qualité des tissus urbains existants ou en reconversion, afin de permettre l'adaptation de la Ville aux enjeux contemporains. Cette approche, basée sur une analyse typo-morphologique des tissus urbains et sur leurs qualités paysagères et patrimoniales, a permis de trouver et intégrer les espaces et modes de densification de la Ville permettant de répondre à ses besoins d’extension. Dans ce cadre les qualités paysagères, architecturales et urbaines recensées ont permis d’impulser un développement qualitatif de la Ville basé sur la préservation et la mise en valeur de ces éléments, agissant comme des repères et des moteurs de cette qualité.

Les ensembles bâtis du patrimoine quotidien témoignent de l’histoire d’un territoire, de son développement et de ses transformations. L’enjeu de sa révélation est donc primordial, d’autant qu’il souffre d’une grande fragilité, due à son caractère ordinaire, mais également à la pression de contextes urbains en forte mutation. À ce titre, le PLU-H détermine des périmètres d’intérêt patrimonial, à la fois une règle et des outils d’information et de dialogue entre la collectivité et les porteurs de projet.

Dans ces périmètres, la collectivité souhaite sensibiliser toute intervention au respect de l’identité des quartiers, pour promouvoir une stratification du paysage urbain tout en conciliant innovation, créativité et respect de la ville existante. Chacun de ces périmètres d’intérêt patrimonial (PIP) et éléments bâtis patrimoniaux (EBP) fait l’objet d’une fiche d’identification. Celle-ci précise les caractéristiques essentielles qui fondent l’intérêt patrimonial de ces ensembles. Elle comporte également des prescriptions visant à guider tout projet, pour concourir à mettre en valeur et révéler les caractéristiques patrimoniales de l’ensemble identifié. 

Le site inscrit sur la liste du patrimoine mondial a vu sa protection et sa prise en compte largement affirmées lors de cette révision. Cette prise en compte a porté sur le bien lui-même ainsi que sur sa zone tampon (l’ensemble représente une superficie de 750 hectares). Cet outil a pour fonction d’avoir une approche urbaine et paysagère à l’échelle de l’ensemble du périmètre. Précédemment celui-ci était abordé au niveau de chacun des six arrondissements avec des outils spécifiques.

Ce plan a une vocation généraliste et de mise en cohérence. Il est détaillé par les Sites Patrimoniaux Remarquables qui traitent les différents ensembles urbains avec leurs particularités.

En complément de ces actions de planification et de réglamentation, la Ville et la Métropole ont développé un atlas historique en collaboration avec Bernard Gauthiez, Professeur Emérite à l’Université Lumière, l’agence d’urbanisme de la Métropole et le service archéologique. Celui-ci, à visée pédagogique et opérationnelle, donne une définition, à travers des démarches diachronique et synchronique, du Paysage Urbain Historique de la Ville. Il a montré la puissance de cette approche pour la connaissance du territoire, la reconnaissance de ses qualités et la mise en place de procédures de gestion et de développement adaptées. Il devrait servir dans le futur à intégrer cet outil dans la démarche de planification des collectivités en l’enrichissant de la perception et de la connaissance de ses habitants et usagers.

En intégrant des valeurs patrimoniales culturelles et naturelles dans ses outils d'urbanisme, la ville de Lyon vise à valoriser l'habitabilité et le caractère patrimonial de la ville. Dans le même temps, le nouveau plan d'urbanisme considère la ville historique comme un modèle d'apprentissage et d'influence pour le développement moderne de la métropole, sur la base d'une étude approfondie des caractéristiques du paysage urbain historique.

Source : M. Philippe Lamy, Pole patrimoine et ravalement, Mairie de Lyon, 2021, Conférence en ligne UNESCO-UpM « Vivre avec le patrimoine mondial : réutilisation adaptative et régénération dans la région euro-méditerranéenne » (17 et 18 mai 2021)