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Etudes de cas liées au changement climatique

Prévention des impacts liés au climat dans la zone archéologique de Chan Chan (Pérou)

Après que Chan Chan ait été placée sur la liste du patrimoine mondial en péril, un plan pour la réduction des risques de catastrophes a été développé et intégré avec les mécanismes de gestion du patrimoine. Le plan a permis la mise en place d’importantes stratégies d’adaptation au changement climatique et de conservation du patrimoine sur le long terme.

About Chan Chan Archaeological Zone

Située sur la côte nord de l’actuelle Pérou, environ 480 km u nord du Lima dans la vallée de Moche, entre l’océan pacifique et la ville de Trujillo, le site patrimoine mondial “Zone archéologique de Chan Chan”, capitale de l’ancien royaume chimu, est l’un des plus grandes et plus importantes villes à l’architecture en terre de l’Amérique précolombienne. Le bien est inscrit sur la liste du patrimoine mondial en 1986 suivant les critères (i) et (iii) (i) (iii).

“La valeur universelle exceptionnelle de Chan Chan réside dans l’importance des vestiges de cette ville immense, hiérarchisée dans sa planification, avec ses systèmes industriels, agricole et de gestion de l’eau pour subvenir à ses besoins. La zone monumentale d’environ six kilomètres carrés au cœur de la cité qui s’étendait alors sur vingt kilomètres carrés, comprend neuf grands ensembles rectangulaires (‘citadelles’ ou ‘palais’) délimités par d’épaisses et hautes murailles en terre. À l’intérieur de ces unités se dressent des bâtiments autour d’espaces libres : des temples, des habitations, des entrepôts, mais aussi des réservoirs et des plateformes funéraires. Les murs en pisé des édifices étaient souvent décorés de frises représentant des motifs abstraits et des sujets anthropomorphiques et zoomorphiques. Autour de ces neuf ensembles étaient aménagés trente-deux enclos semi-monumentaux et quatre secteurs de production consacrés aux activités de tissage, de travail du bois et des métaux. De vastes terres agricoles et les vestiges d’un réseau d’irrigation ont été découverts plus au nord, à l’est et à l’ouest de la ville. Les rivières Moche et Chicama alimentaient alors un système d’irrigation complexe au moyen d’un canal de 80 kilomètres de long qui desservait la région de Chan Chan à l’apogée de la civilisation Chimú.”

Le bien est placé sur la liste du patrimoine mondial en péril en 1986 en raison de l’état de conservation précaire de son architecture en terre et de sa vulnérabilité face aux conditions climatiques extrêmes dues au phénomène El Niño - oscillation australe (ENSO). En outre, les ruines étaient menacées par le pillage endémique des vestiges archéologiques et par le projet de construction d’une route qui traverse le site. Depuis son inscription, diverses mesures ont été prises afin de parvenir à l’état de conservation souhaité pour retirer le bien de la Liste du patrimoine mondial en péril, notamment par la mise en œuvre de mesures correctives et l’élaboration d’un plan de gestion d’urgence et de préparation aux risques.

Chan Chan, Perú © Carlos Adampol Galindo, CC BY-SA 2.0, via Flickr
 
Chan Chan, Perú © Carlos Adampol Galindo, CC BY-SA 2.0, via Flickr
 
Adobe detail at Chan Chan © Kevstan, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Impacts du changement climatique

Les précipitations intenses endommagent la base des structures architecturales en terre. Cela entraîne une plus grande humidité dans les parties inférieures des bâtiments et, par conséquent, une augmentation de la contamination saline des structures ainsi que la croissance de végétation telle que des roseaux et des nénuphars dans les huachaques situés en bas.

En août 2000, une enquête de surveillance des soixante-huit puits a révélé une augmentation progressive du niveau des eaux. Ce phénomène était dû à l'effet combiné des changements dans le système d’irrigation pour les monocultures intensives dans la région et à la réduction de l'utilisation de l'eau, car la population locale obtenait de l'eau douce à partir d'un nouveau système. Le changement climatique constitue un facteur de pression supplémentaire pour ce site. Les précipitations intenses suite aux évènements d’ El Niño ont également contribué de manière significative à l'augmentation du niveau des eaux souterraines. (1),(2)

Solutions et stratégies d’action pour le climat

Le ministère de la culture au Pérou (MC), par le biais son bureau décentralisé dans le département de La Libertad, est l’organisme principal en charge de la conservation et la protection de Chan Chan. Il collabore avec les autorités aux niveaux national, régional et municipal pour mettre en œuvre des actions, concernant principalement l’occupation illégale du bien. Ce dernier est protégé par des lois et décrets nationaux.

Suite à l’inscription de Chan Chan sur la liste du patrimoine mondial en péril, un schéma directeur a été élaboré avec le soutien du Fonds du patrimoine mondial et la formation en matière de conservation et de gestion a évolué.

  • Le premier cours panaméricain sur la conservation et la gestion de l’architecture de terre et le patrimoine archéologique, qui contribue directement à la préservation et à la planification de la gestion du site, s'est tenu à Chan Chan en 1996. Organisé conjointement par le gouvernement du Pérou, le Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM), le centre international de la construction en terre (CRATerre-ENSAG) et l’institut de conservation Getty (CGI).
  • En September 1997, un fond d’assistance d’urgence de 50,000 USD est alloué par le biais du Fonds du patrimoine mondial pour mettre en place des mesures immédiates pour protéger les parties les plus significatives et vulnérables de Chan Chan contre les impacts dévastateurs du phénomène El Niño. Une adaptation à long-terme des fondations et des structures du bâtiment principal et l’architecture entourant le Huachaque du palais Tschudi. Ces travaux sont réalisés en combinant l’utilisation des matériaux locaux et techniques traditionnelles ainsi que des techniques d’ingénierie modernes.
  • • De plus, depuis 1999, des mesures correctives ont été mises en place pour faire face aux menaces découlant de la montée du niveau de la nappe phréatique du site. Le plan d’action comprenait l’entretien des canalisations qui contrôlent le niveau de la nappe phréatique, stabilisation des murs périphériques des palais et des plateformes funéraires, contrôle de la végétation, entretien des domaines d'utilisation publique, la documentation architecturale pour la conservation et la gestion, le renforcement des capacités des artisans locaux et des mesures de sensibilisation à l'attention des étudiants et de la communauté locale.
  • • Approuvé en 2000, le premier plan de gestion a été mis à jour et révisé au fur et à mesure de l'émergence de nouvelles conditions et de l'achèvement des actions prescrites. La mise en œuvre du plan d’action a principalement impliqué l’entretien des canalisations qui contrôlent le niveau des nappes phréatiques, stabilisation des murs périphériques des palais et des plateformes funéraires, contrôle de la végétation, entretien des domaines d'utilisation publique, la documentation architecturale pour la conservation et la gestion, le renforcement des capacités des artisans locaux et des mesures de sensibilisation à l'attention des étudiants et de la communauté locale.

La continuité de la mise en œuvre des actions s’est améliorée avec la création, en 2006, de l’Unité d’application 110 et l’allocation continue de fonds pour l’implantation du plan de gestion. Cependant, pour relever les défis que rencontre le bien, il faut assurer d’urgence le fonctionnement de l’ensemble d’un système de gestion participative adéquat et faire en sorte que les ressources humaines et financières soient suffisantes pour permettre l’application durable des politiques de conservation, de protection et de gestion de l’usage publique. Un bon plan de gestion des risques s’impose également pour juguler les menaces sociales et naturelles pour le bien.

Durant le programme ENSO lancé par le ministère de la culture en 2014, des mesures préventives ont été mises en place avec succès dans l’optique de minimiser les conséquences du phénomène El Niño. Celles-ci comprenaient l’entretien général des sites concernés, la protection et la stabilisation des murs, l’installation d’une toiture (4,270m2) à Chan Chan et des panneaux d’information sur l’ensemble du patrimoine pour son identification et sa protection. En outre, un traitement des eaux de ruissellement et des poursuites a été effectué dans les zones accidentées afin de canaliser l’eau qui provient des collines par le biais de son conduit naturel et éviter ainsi d’affecter les sites archéologiques. Le travail de prévention a été mis en œuvre grâce à la participation de plus de 400 travailleurs, ce qui a également permis de sensibiliser les habitants de la périphérie à la préservation de leur patrimoine.

Murs de Chan Chan © Robert Nunn, CC BY-SA 2.0, via Flickr
 

Le ministère de la culture a investi, au total, un budget de plus de 22 millions 500 mille soles dans la protection de 13 sites archéologiques de cette région. (3)

https://www.unesco.org/en/articles/recovery-perus-culture-sector-following-recent-floods-caused-el-nino. (4)

Chan Chan, Perú © Carlos Adampol Galindo, CC BY-SA 2.0, via Flickr
 
“Grâce au centre panaméricain pour la conservation du patrimoine mondial, dans le cadre du projet spécial de l’ensemble archéologique de Chan Chan, le ministère de la culture continue de mener des programmes de recherche pour l’identification des matériaux de construction archéologique et moderne liés aux travaux de conservation des projets réalisés en 2019. Cela est complété par des études expérimentales ayant pour but l’amélioration de la résistance et des propriétés physiques des matériaux utilisés dans ces travaux, le suivi des paramètres environnementaux (comportement météorologique), le relevé volumétrique des bâtiments avec des technologies avancées, l’observation et le contrôle du niveau de l’eau ainsi qu’un diagnostic pour la prévention des pluies. Le ministère dispose également d’un nouveau matériel pour l’analyse physique et mécanique, ce qui favorise la mise en place du laboratoire. L’ensemble de ces activités contribue à la conservation des attributs physiques du site” (5)

En 2021, le comité du patrimoine mondial et les organisations consultatives ont reconnu que de nombreuses activités liées à l’entretien, à la sensibilisation et à la communication ont été réalisées en 2019, en collaboration avec les établissements d’enseignement et les communautés locales bien que le plan d’utilisation publique n’ait pas encore été approuvé. Le comité a également salué les activités de recherche et de suivi du centre panaméricain de conservation des sites patrimoniaux en terre (PCCEHS) liées à la recherche scientifique des matériaux et techniques de construction, au suivi des conditions environnementales et de l'état de conservation à l'aide, par exemple, de systèmes d'aéronefs télépilotés (RPAS) et de scanners laser.

Toutefois, pour retirer le site de la liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR), deux composantes essentielles du programme des mesures correctives devraient être prises, à savoir la délimitation et la réglementation de la zone tampon et l’application de la loi pour les occupations illégales. (6)

Sources:

  1. 1. Cas d’études sur le changement climatique et le patrimoine mondial, UNESCO, 2007.
  2. 2. Synthèse pour les décideurs, IPCC, 2001.
  3. Ministerio de Cultura invirtió más de S/.6 millones en la protección de 13 sitios arqueológicos de La Libertad ante El Niño, Unique digital platform of the Peruvian State.
  4. Recovery of Peru’s Culture Sector following the Recent Floods caused by El Niño, UNESCO, 2017.
  5. 5. Site archéologique de Chan: Rapport annuel sur la conservation du patrimoine mondial, République du Pérou, 2019.
  6. UNESCO World Heritage Committee, Decision - 44 COM 7A.37.
  7. 7. Rapport sur l’état de conservation de Chan Chan, site du patrimoine mondial, 2019.
  8. Etat de conservation, Chan Chan site du patrimoine mondial.

Contribution aux objectifs de développement durable

Comment ce cas d’étude contribue-t-il aux objectifs du développement durable, à lutter contre le changement climatique et à la conservation du patrimoine?

© Carlos Adampol Galindo, CC BY-ND 2.0, via Flickr

Développement durable

L'initiative contribue au développement durable en répondant aux Objectifs de Développement Durable suivants:

Objectif 11. Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables.

Cible 11.4: l'initiative a pour but de renforcer les efforts de protection et de préservation du patrimoine culturel mondial.

Objectif 13. Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions

Cible 13.1: l’initiative a pour but de enforcer, dans tous les pays, la résilience et les capacités d’adaptation face aux aléas climatiques et aux catastrophes naturelles liées au climat.



Remarque : Les impacts potentiels décrits des projets sont uniquement à titre indicatif et basés sur les informations soumises et disponibles. Le Centre du patrimoine mondial ne procède pas à une vérification indépendante des projets et de leurs impacts.


Changement climatique

La zone archéologique de Chan Chan est vulnérable face aux changements et évènements climatiques extrêmes causés par le phénomène El Niño qui affecte la côte nord du Pérou. Ces structures en terre sont particulièrement fragiles et se détériorent rapidement à cause de l’érosion naturelle lorsqu’elles sont exposées à l’environnement, et nécessitent ainsi des efforts de conservation continus et des mesures complémentaires importantes. L’érosion rapide et inévitable des vestiges constitue un obstacle à la connaissance approfondie du site. De nombreuses structures excavées et étudiées par le passé ont connu une détérioration significative.

  • Elaboration des plans de réduction des risques de catastrophe intégrés aux cadres de gestion du patrimoine.
  • Actions préventives face aux catastrophes climatiques prévues.
  • Les processus du patrimoine mondial, le suivi et l'assistance internationale peuvent soutenir la résilience et la préparation.

En savoir plus

En savoir plus sur les détails de l'étude de cas et les parties prenantes impliquées.

© Carlos Adampol Galindo, CC BY-SA 2.0, via Flickr

Pour plus d'informations


Contact

Direction décentralisée de la culture de La Libertad:

Projet spécial du complexe archéologique de Chan Chan

Credits
© UNESCO, 2022. Project team: Jyoti Hosagrahar, Alba Zamarbide, Carlota Marijuán Rodríguez, Altynay Dyussekova, Mirna Ashraf Ali.
Image de couverture: AlisonRuthHughes, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Attention : Les études de cas sur cette plateforme concernent pratiques de protection du patrimoine en sites du patrimoine mondial et au-delà. La publication des cas d’étude sur ce site web n’implique pas l’inclusion du site dans la liste du patrimoine mondial ou dans un des programmes thématiques. Les pratiques partagées ne sont pas évaluées de quelque façon par le Centre du patrimoine mondial ou présentées ici comme pratiques exemplaires, ni elles représentent solutions complètes pour les problèmes de gestion du patrimoine. Les points de vue exprimés par les experts et les gestionnaires des sites sont personnels et ne reflètent pas nécessairement les vues du Centre du patrimoine mondial. Les pratiques et visions partagées ici sont comprises pour donner un aperçu et élargir le dialogue sur la conservation du patrimoine afin de poursuivre la gestion du patrimoine urbain en général.

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