Financer les aires marines protégées grâce aux crédits de carbone bleu
Le 26 septembre 2023, les praticiens des aires marines protégées (AMP) se sont réunis en ligne avec des experts mondiaux, qui ont partagé des informations de première main sur le fonctionnement des crédits de carbone bleu, sur ce qui incite les entreprises à investir, ce à quoi ressemble un projet de carbone bleu de haute qualité, et comment évaluer la viabilité en tant que flux de financement durable à l'appui de la conservation marine.
Les sites du patrimoine mondial marin, et plus généralement les AMP, jouent un rôle important dans l'atténuation des effets du changement climatique en protégeant et en conservant les écosystèmes à carbone bleu. Les écosystèmes à carbone bleu, qui comprennent les herbiers marins, les marais salés et les mangroves, agissent comme des "puits de carbone" naturels, absorbant le dioxyde de carbone de l'atmosphère. Lorsqu'ils sont bien protégés, ils empêchent des milliards de tonnes de CO2 et d'autres émissions de gaz à effet de serre d'atteindre l'atmosphère.
Les sites du patrimoine mondial marin de l'UNESCO jouent un rôle essentiel dans la protection des écosystèmes de carbone bleu de la planète. Bien qu'ils couvrent moins de 1 % des océans de la planète, les sites du patrimoine mondial marin protègent au moins 21 % de la superficie mondiale des écosystèmes à carbone bleu.
Mais l'absence d'un soutien financier suffisant entrave souvent les efforts de conservation. Des études montrent qu'une majorité des plus de 18 000 aires marines protégées dans le monde n'atteignent pas leurs objectifs de conservation en raison d'un manque de financement adéquat.
Le financement de la conservation des AMP peut être stimulé par des stratégies de crédits de carbone bleu, dans le cadre desquelles les pays obtiennent des crédits de carbone en démontrant les avantages de la conservation et de la restauration des écosystèmes de carbone bleu en termes de carbone. Selon le Dr Whitney Johnston de Salesforce, la demande actuelle de crédits de carbone bleu de haute qualité de la part des entreprises et des investisseurs est estimée à 10 milliards de dollars américains. Mais les initiatives en matière de carbone bleu n'en sont qu'à leurs débuts. En 2022, seuls 11 projets de carbone bleu étaient enregistrés auprès du principal programme mondial de crédit carbone.
La réunion en ligne a rassemblé des acteurs de premier plan des marchés de crédits carbone, notamment Mme Liz Guinessey (Responsable de l'innovation en matière d'alimentation et de carbone bleu, Verra), Dr Paula Christina Sierra-Correa (Responsable de la recherche et de l'information marines, Institut de recherche marine et côtière en Colombie - INVEMAR), Dr Whitney Johnston (Directrice de la durabilité des océans, Salesforce) et Dr Emily Pidgeon (Vice-présidente de la science et de l'innovation océaniques, Conservation International).
Le projet de carbone bleu mis en œuvre dans l'AMP de Cìspata en Colombie a permis de mieux comprendre la viabilité des crédits de carbone bleu en tant que solution de financement durable pour la protection des AMP. Dr Paula Christina Sierra-Correa, d'INVEMAR, a expliqué comment l'initiative colombienne apporte également d'importants avantages socio-économiques à la communauté locale, au-delà des résultats immédiats en matière de conservation de la nature.
En raison de leur statut d'aires marines protégées les plus emblématiques au monde, les sites du patrimoine mondial marin de l'UNESCO sont particulièrement bien placés pour favoriser le changement et l'innovation, aider à établir des normes mondiales d'excellence en matière de conservation et servir de lueurs d'espoir dans un océan en pleine mutation.
Cette réunion en ligne a été rendue possible grâce au soutien de la Principauté de Monaco et en partenariat avec la Commission océanographique intergouvernementale de l'UNESCO (COI). La COI partage le rôle de coordinateur du Partenariat international pour le carbone bleu, qui relie les agences gouvernementales aux organisations non gouvernementales, aux organisations intergouvernementales et aux institutions de recherche du monde entier, permettant ainsi l'échange de connaissances et la mise en place de collaborations mondiales sur le carbone bleu.
Les enregistrements de la réunion en ligne sont disponibles sur demande (wh-marine@unesco.org).
