Faites une recherche à travers les informations du Centre du patrimoine mondial.

Un déversement de pétrole préoccupant aux alentours de Rennell Est, dans les Îles Salomon au Pacifique central

lundi 4 mars 2019
access_time Lecture 4 min.
Déversement d'hydrocarbures du Solomon Trader après s'être échoué à Rennell, Îles Salomon © Australian High Commission Solomon Islands

Un déversement de pétrole s’est produit à Rennell Est, le seul site naturel du Patrimoine mondial inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Des experts australiens travaillent actuellement avec les autorités nationales pour constater l’état de la situation et réfléchir aux éventuelles mesures d’atténuation à prendre.

Le 4 février 2019, le vraquier MV Solomon Trader s'est échoué dans la baie de Kangava (île Rennell) alors qu'il chargeait du minerai de bauxite. Bien que le déversement d'hydrocarbures et l'échouement se soient produits juste à l'extérieur du bien du patrimoine mondial, un impact possible sur le site du patrimoine mondial et sur les moyens de subsistance des communautés locales inquiète.

Le Centre du patrimoine mondial est reconnaissant envers l'Australie, membre actuel du Comité du patrimoine mondial, pour son soutien constant et se réjouit de voir les Etats parties à la Convention du patrimoine mondial dans le Pacifique travailler ensemble à la conservation de notre patrimoine mondial commun.

Le Centre du patrimoine mondial est déterminé à aider les Îles Salomon et l'Australie à explorer toutes les options afin que l'entreprise, les propriétaires et les assureurs responsables rendent des comptes. Cela concerne en particulier la société minière Bintan Mining Solomon Islands Ltd and Asia Pacific Investment Development Ltd (APID), la société d'affrètement et de transport maritime South Express Ltd et la compagnie d'assurance Korea Protection and Indemnity Club (Korea P&I Club) qui ont un rôle important à jouer en attendant les conclusions des enquêtes.

"Il est de la plus haute importance que tout dommage causé au bien du patrimoine mondial et aux moyens de subsistance des communautés locales soit entièrement couvert par l'entreprise, les propriétaires et les assureurs responsables ", a déclaré Dr. Mechtild Rössler, Directrice du Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Un nombre sans cesse croissant d'entreprises, de banques et de compagnies d'assurance telles que Swiss Re, Allianz et Goldman Sachs, pour n'en citer que quelques-unes, se sont engagées à mettre en œuvre des politiques visant à garantir qu'aucun de leurs investissements ne puisse endommager les biens du patrimoine mondial. Le Conseil international des mines et des métaux (ICMM) et ses membres ont également souscrit en 2004 à l'engagement « No-Go ». Dans le cadre de cet engagement, les sociétés minières ont accepté de ne pas exploiter ou explorer à des fins minières l'intérieur des sites du patrimoine mondial, mais aussi de veiller à ce que les opérations minières adjacentes aux biens du patrimoine mondial n'aient pas d'impact sur la valeur universelle exceptionnelle pour laquelle ces biens sont inscrits et ne mettent pas l'intégrité de ces biens en péril.

Si l'évaluation et l'atténuation des impacts de la marée noire sont aujourd'hui des priorités, à long terme, le développement de moyens de subsistances durables pour et par les communautés locales est essentiel. L'exploitation forestière et l'exploitation de la bauxite sont actuellement l'une des rares sources de revenus pour les communautés locales. Le développement de l'écotourisme et des petites entreprises qui tirent profit de la conservation du site du patrimoine mondial, des connaissances traditionnelles de la communauté polynésienne et de ses valeurs culturelles est essentiel pour l'avenir. En 2018, le Comité du patrimoine mondial a appelé la communauté internationale à soutenir les Îles Salomon à développer des moyens de subsistance durables pour les communautés locales.

Rennell Est a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en 1998. Considéré comme le plus grand atoll corallien surélevé du monde, le bien inclut le Lac Tegano, un lac saumâtre parsemé de nombreux îlots calcaires robustes qui constitue l’ancien lagon de l’atoll, une couverture forestière non modifiée et diverse, et un secteur marin s'étendant jusqu'à trois milles nautiques. Ce bien a été le premier bien naturel inscrit sur la Liste du patrimoine mondial dont la propriété et la gestion sont régies par la coutume. Quelque 1 200 habitants d’origine polynésienne y vivent dans quatre villages, pratiquant des cultures de subsistance, la chasse et la pêche. 

Rennell Est a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 2013, en raison des menaces que font peser sur sa valeur universelle exceptionnelle, l’exploitation commerciale de ses forêts et l’invasion incontrôlée de rats. Le site souffre également de la surexploitation de ses ressources marines, dont nous savons peu de choses à l’heure actuelle

L'UNESCO travaille avec les autorités nationales afin d'évaluer la situation et d'identifier les meilleures mesures de mitigation à prendre.

Une mission conjointe de suivi réactif entre Centre du patrimoine mondial et UICN avait déjà prévu la visite du bien dans les mois à venir, comme l'avait demandé le Comité du patrimoine mondial en juillet 2018.


Carte du site du patrimoine mondial de Rennell Est et la baie de Kangava / Kagava adjacente où le déversement a eu lieu © UNESCO

top