Parc national des Plateaux Batéké

Description

Le Parc National des Plateaux Batéké est situé dans la Province du Haut -Ogooué dans l’extrême Sud-Est du Gabon, sur la frontière Congo-Gabon. La limite Nord est formée par les rivières Mbi et Lewou ; les limites Est, Ouest et Sud sont constituées par la frontière congolaise. Il couvre une superficie de 204 854 ha. Auparavant réserve et sanctuaire des gorilles orphelins et des derniers céphalophes de Grimm, ce site a été érigé en parc national par décret n° 604/PR/MEFEPEPN du 30 août 2002.

Le climat est équatorial de transition, chaud et humide, avec une température moyenne d’environ 23-24°. Les précipitations annuelles sont en moyenne de 2000 -2200 mm avec une grande période sèche de juillet à septembre. Le Parc National des Plateaux Batéké est une série de plateaux et de collines ondulés incisés par des vallées et des ruisseaux intermittant dont les altitudes varient de 350 m à 930 m. En amont, on trouve des canyons d’où partent de nombreux cours d’eau. L’occurrence des eaux dans les différents habitats naturels favorise de façon importante la biodiversité des espèces et des écosystèmes existant dans le Parc National des Plateaux Batéké.

La végétation est une mosaïque de savanes herbeuses et arbustives, entrecoupées des forêts-galeries humides constituées d’essences diverses. La faune est diversifiée avec 45 espèces de mammifères, 280 espèces d’avifaune, etc. Par ailleurs, deux espèces de reptiles sont endémiques à la région et leur distribution est exclusivement limitée dans cette partie du Gabon.

Essentiellement habitée aujourd’hui par une population homogène Téké, la région des plateaux Batéké se confond avec celle du Royaume Téké signalé par les explorateurs européens dès le XVe siècle. Dès cette date, il est noté une forte activité métallurgique qui date de plus de deux mille ans et qui a duré jusqu’au début du XXe siècle.

Justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle

Critère (v) : La région des Plateaux Batéké dans le Haut-Ogooué au Gabon n’a pas connu de métissage culturel que l’on observe chez les Téké de la R.D.Congo et de la République du Congo permettant ainsi de conserver l’identité culturelle unique de cette civilisation. De ce fait, les habitants de cette région restent les témoins d’une civilisation qui connaît les mutations culturelles profondes chez les mêmes populations vivant en République du Congo et de la R.D.Congo. Par ailleurs, les vestiges les plus anciens trouvés dans cette région appartiennent à l’âge de pierre récent, qui débuta il y a environ 10 000 à 12 000 ans. De plus, des traces de chasseurs-cueilleurs nomades sur les Plateaux utilisant des outils en pierre (âge de pierre, « lithique ») ont été observées de -12.000 ans à -3.000 ans. Il y a -3.000 ans (-1.000 av. J.-C.), un relatif assèchement climatique s’ajoute aux feux allumés par ces chasseurs-cueilleurs pour favoriser l’extension des savanes

Critère (vii) : Les plateaux Batéké constituent un paysage pittoresque avec de très belles perspectives : des canyons qui présentent le spectacle d’un désert dont les crêtes s’étalent dans la forêt tropicale, des savanes arbustives ou boisées, des collines ondulées à pentes moyennes qui offrent au regard un couvert végétal exceptionnellement captivant. 

Critère (viii) : Les plateaux Batéké se composent actuellement de deux couches bien distinctes, dont une supérieure et une inférieure. La couche supérieure est constituée de limons sableux ou de sable quartzeux fin, meubles, de granulométrie très homogène, de couleurs blanche, jaunâtre ou ocre pâle et exempts de toute stratification. Cette couche supérieure provient de l’altération locale des couches plus profondes, mais porte aussi les marques d’un remaniement par le vent. La couche inférieure est formée de grès datant principalement de l’Éocène. Par ailleurs, dans la plupart des sites où ils sont mis à nu ainsi que dans les amas de roches dégagés par l’érosion, on peut observer leur stratification, généralement de type entrecroisé, ce qui montre bien que ces collines sont d’anciennes crêtes fossilisées. Ces crêtes du PNPB représentent un processus géologique en activité il y a 20 à 30 millions d’années. Les sables des Plateaux Batéké représentent la marge occidentale des dépôts continentaux du Bassin du Congo. D’origine éolienne et fluviale -lacustre, ces sables du tertiaire sont très perméables et sensibles à l’érosion.

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

Lors de l’âge « néolithique », on a observé une sédentarisation des populations des plateaux et les premiers signes de poterie, d’agriculture et d’exploitation du palmier (pour l’huile, le sel, les larves, la confection de paniers et de tissus, la production de vin). Région difficilement accessible, le PNPB n’a pas subi de destructions majeures, en particulier de la part des populations dont la densité est restée inférieure à 2 Hbts / Km². Toutefois, face aux menaces telles que la pression de la chasse et la disparition de certaines espèces, le site a été déclaré « critique » par l’UICN, et fait l’objet d’études écologiques depuis 1990. Il figure parmi les 11 zones sélectionnées par les ONG internationales en 2001 pour bénéficier du soutien technique et financier majeur du projet « Congo Basin Forest Partnership» (CBFP). Cet intérêt des conservateurs pour les Plateaux Batéké a suscité de la part des autorités nationales en charge des Forêts et de l’Environnement, son élection en Parc National depuis août 2002. Actuellement, les activités de protection et de surveillance sont assurées par le ministère en charge des Eaux, des Forêts et de l’environnement.

Comparaison avec d’autres biens similaires

Les crêtes des Plateaux Batéké, associées aux savanes herbeuses, peuvent être comparées aux steppes de Mongolie en Asie centrale. Par ailleurs, ces crêtes représentent un processus géologique en activité il y a 20 à 30 millions d’années.