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Basse vallée de l’Ouémé

Date de soumission : 16/06/2020
Critères: (v)(ix)
Catégorie : Mixte
Soumis par :
Délégation permanente du Bénin auprès de l'UNESCO
État, province ou région :
Sud-est Bénin, Département de l’Atlantique
Coordonnées N6 22 18.3 E2 25 33.5
Ref.: 6481
Avertissement

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Le contenu de chaque Liste indicative relève de la responsabilité exclusive de l'État partie concerné. La publication des Listes indicatives ne saurait être interprétée comme exprimant une prise de position de la part du Comité du patrimoine mondial, du Centre du patrimoine mondial ou du Secrétariat de l'UNESCO concernant le statut juridique d'un pays, d'un territoire, d'une ville, d'une zone ou de leurs frontières.

Les noms des biens figurent dans la langue dans laquelle les États parties les ont soumis.

Description

La « Basse vallée de l’Ouémé » est un ensemble d’écosystèmes terrestres et côtiers/marins particuliers du Dahomey Gap ayant des espèces d’intérêt et un ensemble de villages construits sur le plan d’eau (site lacustre) en des cases sur pilotis avec une architecture très originale et où habitent les communautés Tofin et Ouémè. Il s’agit de villages-refuges où s'est développée une civilisation déjà centenaire en lien avec la dimension écologique. Elle couvre la zone 1018 du site Ramsar et protège le bassin du plus important cours d’eau du Bénin ainsi que d’importantes ressources biologiques spécifiques à la partie guinéenne du Bénin. Elle fait actuellement l’objet d’une soumission au Programme sur l'Homme et la biosphère (MAB) de l'UNESCO.   

Dans les îlots semi-lacustres inondés en saison humide, les habitudes sont presque identiques pendant la crue qui dure environ 4 mois dans l'année (de la mi-août à la mi-décembre). Pendant le reste de l'année, outre la pêche, la disponibilité de la terre ferme permet de développer des activités agricoles.

Les travaux de chercheurs des différentes universités et institutions de recherche du Bénin ont trait à l’écologie de certaines espèces de la réserve, la quantification de la biodiversité et de son utilisation, la dynamique des espèces d’ichtyofaune, etc. Environ 67 espèces végétales y sont menacées dont Mansonia altissima (EN), Pterocarpus santalinoïdes (EN) ; 10 espèces sont vulnérables et 7 espèces de préoccupation mineure. La faune aviaire des zones humides du site compte environ 500 espèces dont 215 espèces d’oiseaux. Sur les 215 espèces d’oiseaux recensés, 24 sont menacées. On compte 8 espèces de primates menacées, 3 espèces de rongeurs menacées et environ 10 espèces de mammifères terrestres menacées. Parmi les mammifères aquatiques du site, figurent le lamantin Trichechus senegalensis (CR), l’hippopotame Hippotamus amphibius (VU) (fiche descriptive Ramsar, 2019 et Sinsin, 2018).

Justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle

Historiquement, l'origine du peuplement de la Basse vallée de l’Ouémé est liée aux guerres tribales et aux razzias esclavagistes du XVIII siècle. La création des villages lacustres de la Basse vallée de l’Ouémé répond à un réflexe de refuge des populations qui ont utilisé les ressources de la nature pour se protéger. Le lien de cette communauté avec certaines espèces animales et végétales est rendu sacré. Elle est de fait fonction de la conservation des paysages, des écosystèmes, des espèces et de la variation génétique, en un mot de la conservation de la biodiversité.

En harmonie avec l’environnement, les Tofin et les Ouémè ont développé les pratiques traditionnelles d’habitat, de mobilité, du commerce pour leur bien-être, bref pour un développement économique et humain durable des points de vue socioculturel et écologique.

Ce paysage culturel est représenté par une gamme d’écosystèmes spécifiques (floristique et faunique). On y rencontre les plaines alluviales et marines, les plateaux sédimentaires, le cordon littoral sableux, les fourrés, les chenaux (le chenal de Porto-Novo, le chenal de Cotonou), la lagune de Porto-Novo, la végétation flottante, la mangrove, le lac Nokoué, les mares, les marécages, le fleuve Ouémé, la rivière Sô, les prairies marécageuses, les forêts marécageuses, les forêts périodiquement inondées, les forêts ripicoles, les forêts galeries, les savanes boisées, les savanes arborées, les agroécosystèmes (champs, jachères, plantations de cocotiers, de palmiers à huile, banane, etc.), les hameaux, les villages et les villes.

Sur le plan faunistique, on distingue les mammifères, les poissons, les oiseaux et les reptiles.

L’existence des deux chenaux favorise une dynamique des espèces marines et fluviales à travers une interpénétration des eaux.  

Critère (v) : Le paysage culturel de la « Basse vallée de l’Ouémé » est un exemple exceptionnel de système de peuplement traditionnel. Ce paysage culturel est toujours vivant et dynamique, soumis à des systèmes et pratiques traditionnels du territoire résultant d’un mode de vie particulier tel qu’il se manifeste dans l’harmonie entre les Tofin, les Ouémè et les plans d’eau puis les ressources naturelles environnantes.

Critère (ix) : La Basse vallée de l’Ouémé est une zone d’importance écologique et biologique. Elle comporte dans son ensemble de communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques et marins favorisées par l’interpénétration dynamique d’eau  marine et fluviale. L’écosystème abrite des forêts sacrées et d’autres aires qui couvrent les habitats des espèces menacées, endémiques et rares.

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

Intégrité

Ce paysage culturel est un grand  réceptacle des eaux. Il résulte d’un processus naturel d’eau drainée par le fleuve Ouémé descendant du Nord Bénin vers l’Océan Atlantique. Les crues du fleuve Ouémé apportent chaque année une quantité non négligeable d’alluvions limoneuses qui contribuent non seulement à la bonne fertilité des sols mais aussi à la préservation des espèces fauniques et floristiques puis à la conservation des sites lacustres de la basse Vallée. La difficulté d’accès et les activités humaines traditionnelles ont beaucoup contribué à maintenir l’intégrité du patrimoine de la Basse vallée de l’Ouémé.

Cependant, les attributs naturels et culturels sont relativement menacés par un ensemble de facteurs environnementaux et anthropogéniques indirects et locaux comme le changement climatique et le tourisme non durable.

La richesse des sols favorable au développement d’activités agricoles axées sur la production de cultures vivrières et maraichères est responsable de la dégradation des écosystèmes. De plus, on note une forte anthropisation des territoires connexes (grosses agglomérations urbaines et rurales, grandes étendues d’agro écosystèmes, de pâturage et de carrières d’exploitation de sable et de gravillons) qui affectent la conservation des ressources biologiques.

Les installations modernes comme les bâtiments associés aux activités de l’Agence Nationale de promotion des Patrimoines et du développement du Tourisme ANPT ont eu relativement peu d’incidence, bien qu’il en subsiste un impact sur le paysage.

Authenticité

Le paysage culturel de la Basse Vallée de l’Ouémé est un réservoir des espèces fauniques et floristiques (Cercopithecus erythrogaster erythrogaster, Trichechus senegalensi, Crocodilus shucus, Philantomba walteri, Albizia ferruginea, Khaya senegalensis, Rhyzophora racemosa, Avicenia germinans etc.) grâce aux réseaux hydrographiques qui l’alimentent. On rencontre dans ce paysage la diversité biologique maintenue de manière participative avec les communautés locales.  L’ensemble lacustre de la Basse Vallée de l’Ouémé a gardé ses traits distinctifs. Les attraits de ces terroirs lacustres qui datent de la fin du XVIIe siècle s'harmonisent entre les matériaux de construction et l'environnement naturel.

Comparaison avec d’autres biens similaires

La Basse vallée de l’Ouémé, réserve de la biosphère et grand foyer culturel, se rapproche de plusieurs sites dans le monde dont « Les Ahwar du sud de l’Iraq : refuge de biodiversité et paysage relique des villes mésopotamiennes » et le Lac Tchad.

En effet, « Les Ahwar du sud de l’Iraq : refuge de biodiversité et paysage relique des villes mésopotamiennes » et la « Basse vallée de l’Ouémé » ont en commun d’être issus de l’histoire : le peuplement de la Basse vallée de l’Ouémé est lié aux guerres tribales et aux razzias esclavagistes du XVIIIème siècle et les Ahwar du sud de l’Iraq sont des vestiges de villes et d’établissements sumériens qui se sont développés en Mésopotamie méridionale entre le IVème et le IIIème millénaire. Les trois composantes culturelles du bien iraquien virent les débuts de l’écriture, connurent une architecture monumentale sous forme de ziggurats et de temple en briques crue et disposent de technologie complexes. Du côté de la Basse vallée de l’Ouémé, les populations ont développé des pratiques traditionnelles d’habitat sur pilotis, des pratiques de mobilité, de commerce pour leur bien-être et pour un développement économique et urbain durables.

La « Basse vallée de l’Ouémé » partage avec le «Lac Tchad » la particularité d’être un milieu naturel riche d’une grande diversité d’écosystèmes.  Le « Lac Tchad » présente des formations végétales qui alternent les savanes arbustives, les steppes et les zones humides qui font de ce bien une oasis d’importance pour la biodiversité notamment pour de milliers d’oiseaux sédentaires et migrateurs. L’ichtyofaune y est également riche et variée avec environ 120 espèces de poissons inventoriées. Les processus écologiques et biologiques du Lac Tchad suivent un fonctionnement naturel dont l’équilibre reste stable. L’important système hydrographique permet de maintenir de l’eau en toute saison de l’année dans certaines parties du Lac Tchad. En ce qui concerne « La Basse vallée de l’Ouémé », elle offre une grande disponibilité en ressources naturelles et fournit d’importants services écosystémiques à travers l’approvisionnement en plantes médicinales, en ressources halieutiques, en sable lagunaire, en eau pour les populations riveraines. Ainsi, la mise sous aménagement des différents sites de la Basse vallée de l’Ouémé pourrait servir de vecteur au développement d’activités écotouristiques, de conservation in situ et de développement d’activités agricoles spécifiques, de ranch faunique, d’agroforesterie, de périmètre aménagé de plantes utilitaires et d’emballage écologique, d’arboretum et de la pisciculture (trous à poissons et d’autres espèces de faune d’eau).

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