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Paysage Culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune

Date de soumission : 31/01/2007
Critères: (ii)(iv)(v)
Catégorie : Culturel
Soumis par :
Commision Nationale des Comores
État, province ou région :
Ndzouani
Ref.: 5110
Avertissement

Les Listes indicatives des États parties sont publiées par le Centre du patrimoine mondial sur son site Internet et/ou dans les documents de travail afin de garantir la transparence et un accès aux informations et de faciliter l'harmonisation des Listes indicatives au niveau régional et sur le plan thématique.

Le contenu de chaque Liste indicative relève de la responsabilité exclusive de l'État partie concerné. La publication des Listes indicatives ne saurait être interprétée comme exprimant une prise de position de la part du Comité du patrimoine mondial, du Centre du patrimoine mondial ou du Secrétariat de l'UNESCO concernant le statut juridique d'un pays, d'un territoire, d'une ville, d'une zone ou de leurs frontières.

Les noms des biens figurent dans la langue dans laquelle les États parties les ont soumis.

Description

Le paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune est un paysage culturel évolutif vivant qui conserve un rôle social actif dans la société contemporaine, et qui demeure étroitement associé au mode de vie traditionnel des populations rurales comoriennes et dans lequel le processus évolutif continue.

La culture de plantes à parfums est une caractéristique majeure de l'exploitation économique de l'archipel des Comores et en particulier d'Anjouan. Mise en place par les colons français, la production d'huiles essentielles et de produits odorants est une culture de rente qui a fortement marqué la structure agricole de l'île, s'inscrivant durablement dans son paysage. Cela concerne en particulier la culture de l'ylang-ylang, arbre dont le cycle de production est très long, qui a marqué le paysage d'Anjouan et lui a apporté un élément de caractérisation durable. Cette activité qui occupe beaucoup l'espace et ses ressources naturelles comprend des plantations d'arbres (ylang-ylang, girofle, bigarradier, bergamotiers, etc.) ou de plantes à parfum (citronnelle, jasmin, géranium, basilic, vanille, etc.), mais également les zones forestières nécessaires à la production du bois pour la distillation, les zones de distillation (alambic) et de stockage (magasin, maison du planteur). La zone de production de plantes à parfum occupe une surface importante de l'archipel et particulièrement de l'île d'Anjouan. Elle constitue toujours une activité essentielle pour une fraction importante de la population. Elle a contribué à la réputation de l'Archipel des Comores dans le monde et représente de ce fait une œuvre combinée de la nature (pentes, forêt, eau) et des hommes (modes de culture, essences introduites) résultant en un paysage culturel original de valeur exceptionnelle et universelle.

La mise en place de ce paysage culturel et de son assise spatiale résulte, en grande partie, de l'histoire du groupe « Société Comores Bambao » dont les contours et l'étendue du domaine avaient pour limites, en 1907, l'extrémité sud-est de Jimlime et, comme ils englobaient les terrains de Gombeni, Bonali, Bambao, Dziani, Marahani, Bambao Mtruni, l'autre limite était la presqu'île de Nyumakele (voir carte en annexe). En plus du domaine de Bambao (6286 ha), la SCB poursuivit sa politique d'appropriations à Anjouan, avec la récupération des Domaines de Mpomoni (5043 ha) et de Patsy (2204 ha). Avant 1927, les surfaces des terres de la SAGC-SCB constituaient déjà plus du tiers de la superficie totale de l'archipel. Cette  concentration de la SCB sur les îles ne se réalisa pas sans problèmes, notamment à Anjouan où il ne restait plus de terres agricoles disponibles pour les villageois.

II est important de souligner l'importance que la France accordait au secteur agricole des huiles essentielles (ylang-ylang. jasmin, basilic, bigaradier...) destinées à la parfumerie de luxe. Il n'est pas exagéré de dire que l'Archipel des Comores, et particulièrement Anjouan, a aussi contribué à l'essor remarquable de l'industrie des parfums, en France. Ce pays, devenu premier producteur mondial de parfum en quantité et en qualité est resté, depuis l'introduction des plantes à parfum, le premier partenaire des planteurs installés aux Comores.

On considérera que la limite des concessions coloniales mentionnées ci-dessus pourrait constituer les limites de la zone tampon du site. La zone centrale serait constituée par les parcelles les plus représentatives de ce paysage culturel.

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

L'Etat s'engage à faire le nécessaire pour qu'au moment de l'inscription, ce site soit en conformité avec les conditions d'intégrité et d'authenticités exigés.

  1. Déclaration d'authenticité

L'Etat comorien estime que le Paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune satisfait les conditions d'authenticité dans la mesure où leurs valeurs culturelles continuent de s'exprimer, en particulier en ce qui concerne :

  • leurs usage et fonction ;
  • les traditions, techniques et systèmes de gestion de ces plantations ;
  • la situation géographique et le cadre de ces domaines ;

La protection du Paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune pourrait contribuer aux techniques modernes d'utilisation viable et de développement des terres tout en conservant un couvert de type forestier qui améliore et rappelle les valeurs naturelles du paysage forestier originel.

  1. Déclaration d'intégrité

On peut considérer qu'actuellement le Paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune :

a) possède tous les éléments nécessaires (plantations et domaines agricoles, bâtiments et installations) pour exprimer sa valeur universelle exceptionnelle et, en particulier, les éléments nécessaires à la transmission de la totalité des valeurs que représente le bien.

b) est d'une taille suffisante pour permettre une représentation complète des caractéristiques et processus qui transmettent l'importance de ce bien (la quasi totalité des plantations de ce type font partie des limites du bien proposé);

c) conserve des caractéristiques significatives en bon état ;

c) subit peu d'effets négatifs liés au développement et/ou au manque d'entretien et l'impact des processus de détérioration doit être contrôlé dans le cadre du futur plan de gestion et de développement du site ;

d) est cependant menacé par d'une part la baisse des cours des huiles essentielles concurrencées au niveau mondial par les produits de synthèse et, d'autre part par la démographie importante qui mobilise les terres pour des productions plus rémunératrices.

On peut donc considérer que les relations et les fonctions dynamiques, présentes dans le Paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune et essentielles au maintien de leur caractère distinctif, sont maintenues.

Comparaison avec d’autres biens similaires

1. Y a t-il des sites nationaux de même type susceptibles d'avoir une valeur équivalente ou supérieure et non mentionnés dans la liste indicative ?

Le paysage culturel des Plantations à Parfums des Iles de la Lune, tel que proposé pour inscription constitue l'ensemble comorien le plus représentatif de ce type de paysage.

2. Y a t-il des sites étrangers de même type déjà inscrits et susceptibles de faire « double-emploi » avec le site proposé ?

Aucun paysage culturel spécialisé dans la production de plantes à parfum n'est actuellement inscrit sur la liste du Patrimoine mondial.

Il est, par ailleurs, assez rare au niveau mondial de constater une telle densité de plantations de plantes à parfum, occupant une aussi forte proportion du sol de cette petite île. Il est donc improbable de trouver un site comparable par la taille, par la spécialisation et par l'impact paysager et humain.

L'importance des plantes à parfum dans toutes les cultures du monde n'est plus à démontrer que ce soit sur les plans esthétique, spirituel ou thérapeutique. Ce fait a été reconnu par la Convention du Patrimoine Mondial par l'inscription des itinéraires d'échange de l'encens de sa zone de production (la péninsule arabe) vers les zones d'utilisation (La route de l'encens, 1010, Oman, 2000 ; Route de l'encens, villes du Néguev, 1107, Israël, 2005).

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