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La forêt et les campements résidentiels de référence pygmée AKA de la République Centrafricaine

Date de soumission : 11/04/2006
Critères: (x)
Catégorie : Mixte
Soumis par :
Direction du Patrimoine Culturel, Bangui, République Centrafricaine
État, province ou région :
Préfecture de Lobaye
Sous-préfecture de Mongoumba et de Mbaîki
Coordonnées N 03° 31’ 98’’, E 18° 35’ 69’’
Ref.: 4012
Avertissement

Les Listes indicatives des États parties sont publiées par le Centre du patrimoine mondial sur son site Internet et/ou dans les documents de travail afin de garantir la transparence et un accès aux informations et de faciliter l'harmonisation des Listes indicatives au niveau régional et sur le plan thématique.

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Les noms des biens figurent dans la langue dans laquelle les États parties les ont soumis.

Description

La forêt de Mongoumba

C'est une forêt semi-caducifoliée typique à Terminalia superba et Tryplochyton scleroxylon qui marque sa spécificité par rapport autres types de sylves centrafricaines. En plus des essences non-ligneuses composées de jeunes plantes en attente d'une éclaircie pour se développer, on remarque une abondante flore herbacée dont une grande variété de marantacée qui est utilisée dans la construction des huttes Aka. Cette forêt est aussi le garde-manger de cette population qui puise l'essentiel de sa subsistance (chenille, petit ou grand mammifère, champignon...). Cette « mère nourricière » qu'est la forêt offre des produits saisonniers qui sont cueillis pour les besoins de l'immédiat en respectant l'équilibre de l'environnement.

Les Pygmées Aka

Les pygmées Aka sont considérés comme les tous premiers habitants de la République Centrafricaine. Ils parcouraient la grande forêt équatoriale du sud-ouest de ce pays au gré des saisons à la recherche de gibiers, des champignons, des racines comestibles etc. et notamment se livraient à la chasse à l'éléphant. Ils établissaient à l'occasion de ces activités de subsistance des campements temporaires. Au fur et à mesure de leur évolution, les pygmées Aka ont su développer au sein de ces campements bien que temporaires, des savoirs, savoir-faire et savoir-être exemplaires, notamment sur le plan de la  chasse, de la pharmacopée, de la danse et de la musique.

L'introduction des autres entités ethniques dites « les grands voisins » ; Gbaka, Mbati et Mondjombo dans cette région au 19ème  siècle et l'arrivée des colons dont les principales activités tournaient autour de l'exploitation agricole et forestière (le caoutchouc,  le café et le bois...), ont contribué significativement à réduire la mobilité de cette population autochtone sur tout cet espace forestier, jadis propriété naturelle des pygmées Aka.  Ces contraintes les ont obligé à se replier en forêt profonde pour y établir désormais des campements plus ou moins fixes.

Les campements résidentiels de référence pygmée Aka  sont localisés dans la préfecture de la Lobaye, dans le sud-ouest de la République Centrafricaine. Il s'agit d'une série de quelques dix huit (18) campements fixes, comprenant entre quinze (15) et vingt (20) habitations de type vernaculaire, construites de matériaux locaux non durables ou semi durables, mais dont on pourra renouveler en toute saison du fait de l'abondance et de la proximité des matériaux, ainsi que des savoir-faire. Chaque campement occupe une superficie moyenne d'environ 60 m2. Les campements sont pour la plupart du temps en pleine zone forestière et assez éloignés des villages des « grands voisins majoritaires» que sont les Gbaka, Mbati, Mondjombo etc. Les habitations qui composent le campement sont implantées sur un espace circulaire défriché dans la forêt. Elles sont aussi disposées de manière circulaire, la façade postérieure adossée à la forêt et la façade principale orientée vers la place centrale du campement, qui est assez dégagée pour accueillir les différents  événements et manifestations communautaires. Chacun des campements retenus comprend en moyenne entre 30 à 90 habitants.

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

Les campements pygmées Aka et les habitations qui les composent sont uniques en leur genre tant du point de vue de leur architecture vernaculaire, que de la fonctionnalité de l'ensemble.

S'agissant de l'intégrité, elle se justifie amplement dès lors que les matériaux sont perpétuellement renouvelables et disponibles, de même que les détenteurs des savoirs et savoir-faire  sont encore vivants dans les campements.

L'authenticité de ces campements réside du fait que ce sont les femmes Aka qui construisent les huttes et transmettent ainsi les techniques de génération en génération.

Comparaison avec d’autres biens similaires

La comparaison des campements résiduels pygmées Aka est presque impossible de part l'originalité des matériaux de construction, de l'architecture et même du savoir et savoir-faire. Toutefois, un rapprochement peut s'opérer vers les campements Mbororo de la République Centrafricaine et des Inuits (esquimaux en Groëland).

Les premiers construisent des huttes qui sont préfabriquées avec des végétaux. Elles sont démontées et transportées selon les besoins. Les seconds établissent des ‘'huttes'' avec de la neige (igloo) pendant l'hiver. Ces deux modes d'habitations sont complètement différents. Les constructions pygmées Aka restent de ce fait un produit de savoir-faire exceptionnel.

La justification fondamentale de l'inscription des « Campements résidentiels de référence pygmée Aka de Centrafrique », réside dans le fait qu'aujourd'hui, la communauté internationale est unanime pour reconnaître une valeur universelle exceptionnelle aux « Traditions Orales des Pygmées Aka de Centrafrique », proclamées patrimoine Mondial Oral et Immatériel en novembre 2003.

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