Faites une recherche à travers les informations du Centre du patrimoine mondial.

Administration
Assistance internationale
Budget
Communauté
Communication
Conservation
Convention du patrimoine mondial
Credibilité de la Liste du ...
Inscriptions sur la Liste du ...
Liste du patrimoine mondial en péril
Listes indicatives
Mécanisme de suivi renforcé
Méthodes et outils de travail
Orientations
Partenariats
Rapport périodique
Rapports
Renforcement des capacités
Valeur universelle exceptionnelle








Décision 40 COM 8B.32
Examen des propositions d'inscription de biens cuturels sur la Liste du patrimoine mondial

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/16/40.COM/8B et WHC/16/40.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit le Chantier naval d’Antigua et sites archéologiques associés, Antigua-et-Barbuda, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (ii) et (iv) ;
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Le chantier naval d’Antigua et ses sites archéologiques associés consistent en un groupe de structures navales de l’époque georgienne, entouré par une enceinte fortifiée, sur un site naturel constitué d’une série de baies profondes entourées de hautes terres sur lesquelles des ouvrages défensifs furent édifiés. Le chantier naval et ses installations associées furent construits à une époque où les nations européennes s’affrontaient pour la suprématie sur les mers et pour obtenir le contrôle sur les îles des Caraïbes orientales aux productions sucrières lucratives. Avec son chantier naval en première ligne, Antigua donna à la marine britannique un avantage stratégique sur ses rivaux à un moment crucial de l’histoire.

    La construction et l’exploitation du chantier naval d’Antigua furent rendues possibles par le travail et les capacités des Africains asservis, dont la contribution fut cruciale pour l’installation des équipements et, plus généralement, pour le développement de l’Empire britannique, son commerce et son industrialisation.

    Critère (ii) : Le chantier naval d’Antigua avec ses sites archéologiques associés présente un important échange d’influences pendant une période donnée dans les Caraïbes et entre cette région et le reste du Commonwealth, portant sur des développements en matière d’architecture, de technologie et d’exploitation des caractéristiques topographiques naturelles pour des objectifs militaires stratégiques. Les Africains asservis travaillèrent dur dans la marine et l’armée britannique et firent fonctionner les équipements qui étaient essentiels au développement de l’Empire britannique, de son commerce et de son industrialisation. Les bâtiments de la période georgienne et les vestiges et structures archéologiques témoignent de leurs efforts et continuent d’influencer le développement architectural, économique et social de leurs descendants.

    Le chantier naval d’Antigua montre exceptionnellement comment les prototypes de construction de l’Amirauté britannique furent adaptés pour faire face à des extrêmes climatiques, et les leçons tirées dans les Caraïbes de l’édification de ces bâtiments ont été appliquées par la suite avec succès dans d’autres colonies. Parmi les témoins les plus importants de ces échanges, Clarence House illustre comment l’architecture georgienne anglaise fut modifiée pour convenir au climat tropical chaud et pour contrer les menaces de maladie, et l’émergence d’une architecture georgienne caribéenne coloniale ; le quartier des officiers et la maison des officiers supérieurs  démontrent comment les formes des bâtiments furent adaptées par l’ajout de caractéristiques telles que les volets contre les tempêtes et les vérandas pour s’adapter au climat tropical des Caraïbes. Peu d’autres sites présentent aussi clairement que le chantier naval d’Antigua cette transition entre des prototypes britanniques et l’utilisation de formes de constructions coloniales.

    Critère (iv) : Le chantier naval d’Antigua et les sites archéologiques associés ont été prévus et construits en exploitant les attributs naturels de la zone (les eaux profondes d’English Harbour, la série de collines protégeant la baie, le contour découpé de la côte et l’entrée étroite du port) à une période où les puissances européennes étaient en guerre pour étendre leur sphère d’influence dans les Caraïbes. Dans son ensemble, le bien représente un exemple exceptionnel d’installation navale de l’époque géorgienne dans le contexte caribéen.

    Le chantier naval d’Antigua et les sites archéologiques associés démontrent le processus de colonisation et la diffusion mondiale des idées, des formes de construction et des technologies par une puissance navale au XVIIIe siècle, ainsi que l’exploitation de caractéristiques géomorphologiques favorables pour la construction et la défense d’un ensemble stratégique.

    Intégrité

    La zone inscrite (255 ha) coïncide avec les anciennes installations du chantier naval et ses anciens ouvrages défensifs associés, utilisés sans interruption depuis 1725. Le chantier naval, en partie entouré de murs, comprend un nombre important de bâtiments historiques, tandis que les ouvrages défensifs comprennent plusieurs structures actuellement réduites à des vestiges archéologiques. Le bien conserve son intégrité visuelle et la dynamique et les liens visuels entre l’élément du chantier naval (au niveau de la mer) et les anciennes structures militaires (dans les collines environnantes) sont encore reconnaissables. La plupart des bâtiments du chantier naval ont été restaurés/réparés relativement récemment ou le seront dans un avenir proche. En revanche, les sites archéologiques et les vestiges des ensembles militaires qui entourent le chantier naval présentent un état de conservation inégal qui bénéficiera d’une stratégie de conservation basée sur l’adoption d’une approche d’intervention minimale.

    Authenticité

    Le chantier naval est situé dans son lieu et son environnement d’origine. Les bâtiments qu’il comprend ont tous été construits initialement entre le XVIIIe et le XIXe siècle, et conservent leur forme et leur conception originelles. La plupart d’entre eux gardent même leur usage et leur fonction et ceux pour lesquels ce n’est pas le cas sont utilisés pour des fonctions similaires et/ou compatibles. L’authenticité du bien en termes de matériaux, de techniques artisanales et de conception bénéficiera d’une coopération continue entre des architectes de la conservation, les historiens de l’architecture et les archéologues pour la conception de programmes de conservation, de projets et de travaux. Les vestiges archéologiques sont encore insérés dans un environnement comparable à celui d’origine ; de nombreuses fortifications et installations auxiliaires conservent leurs matériaux d’origine et leurs relations visuelles. Leur forme et leur conception n’ont pas été altérées et peuvent être appréciées à travers l’archéologie, la recherche historique, la consolidation, la stabilisation et l’interprétation. Le potentiel informatif des vestiges archéologiques est dans l’ensemble conservé, toutefois des stratégies de protection et d’entretien devraient être mises en place afin d’éviter toute perte supplémentaire de substance historique.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Le chantier naval d’Antigua et les sites archéologiques associés sont protégés en tant que parc national depuis 1984 par la loi sur les parcs nationaux et géré par l’Autorité des parcs nationaux (NPA). D’autres moyens de protection légale sont obtenus par le nouveau « projet de loi sur la gestion de l’environnement » récemment approuvé (2015), la future nouvelle « loi sur le patrimoine », la « loi de planification physique » (2003) et le « Plan d’aménagement physique ou d’occupation des sols d’Antigua-et-Barbuda », qui définit et établit un zonage pour l’occupation appropriée des sols. Les orientations pour la construction ont été conçues afin de guider les interventions de conservation sur les bâtiments historiques et les vestiges archéologiques et d’établir des normes pour la nouvelle architecture ; des normes élevées portant sur le patrimoine culturel subaquatique potentiel du chantier naval sont également nécessaires.

    Le système repose sur le plan de gestion et d’aménagement des parcs nationaux qui est préparé spécifiquement selon les dispositions de la sous-section 10(2) de la loi sur les parcs nationaux d’Antigua-et-Barbuda (1984). Le plan de gestion, avec ses objectifs et ses instruments opérationnels (plan de zonage de l’occupation des sols, plan d’action, plan de conservation, plan marketing, orientations, etc.) forme un cadre de gestion intégré qui doit être centré sur la valeur universelle exceptionnelle du « chantier naval d’Antigua et les sites archéologiques associés » afin de garantir sa gestion efficace en tant que bien du patrimoine mondial.

  4. Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
    1. approuver la révision du plan de zonage de l’occupation des sols tel qu’illustré sur la carte soumise avec les informations complémentaires fournies en février 2016 afin qu’il soit en accord avec le principal objectif de sauvegarder la valeur universelle exceptionnelle du bien et les attributs qui la soutiennent,
    2. finaliser la révision du plan de gestion afin de le centrer sur le soutien de la valeur universelle exceptionnelle du bien et de garantir qu’il soit complété par :
      1. des orientations révisées pour la construction, en vue de la conservation des structures bâties et archéologiques et de nouvelles conceptions compatibles qui aideraient à la gestion efficace du bien et de ses valeurs,
      2. une démarche d’évaluation d’impact sur le patrimoine pour tous les projets de développement concernant le bien et sa zone tampon,
      3. une étude scientifique pour évaluer la capacité d’accueil du bien par rapport au tourisme et à ses contraintes, et une stratégie pour le tourisme et les visiteurs,
      4. un programme d’interprétation pour les structures restaurées avec une meilleure signalétique,
      5. un système de suivi amélioré avec des indicateurs appropriés ;
    3. approuver et appliquer la nouvelle loi sur le patrimoine dans les plus brefs délais,
    4. achever le programme de conservation et d’entretien global pour les structures et les vestiges archéologiques, en tenant compte de la contribution spécifique de chacune des ressources patrimoniales pour transmettre la valeur universelle exceptionnelle du bien, et le compléter avec une documentation technique graphique des structures archéologiques / historiques présentes dans le bien, pour servir de données de base ;
  5. Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial d’ici 1er décembre 2017 un rapport complet et actualisé sur la mise en œuvre des recommandations susmentionnées pour examen par l’ICOMOS.
Code de la Décision
40 COM 8B.32
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
Année
2016
Documents
WHC/16/40.COM/19
Rapport des décisions adoptées lors de la 40e session du Comité du patrimoine mondial (Istanbul/UNESCO, 2016)
Contexte de la Décision
WHC-16/40.COM/8B
WHC-16/40.COM/INF.8B1
top