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Décision 38 COM 8B.5
Delta de l’Okavango (Botswana)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC-14/38.COM/8B et WHC-14/38.COM/INF.8B2,
  2. Inscrit le Delta de l’Okavango, Botswana, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (vii), (ix) et (x);
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Le delta de l’Okavango est un vaste cône de déjection de faible gradient ou « delta intérieur » situé au nord-ouest du Botswana. Le site comprend environ 266 165 ha de marécages permanents ainsi que jusqu’à 1 106 422  ha de prairies saisonnièrement inondées. Le bien du patrimoine mondial inscrit a une superficie de 2 023 590 ha et sa zone tampon, 2 286 630 ha. Le delta de l’Okavango est un des très rares grands systèmes de deltas intérieurs n’ayant pas de débouché dans la mer ; c’est un delta dit « endoréique » car ses eaux drainent dans les sables du désert du Kalahari. C’est le troisième plus grand cône de déjection d’Afrique et le plus grand delta endoréique du continent. En outre, il s’agit d’un système de zones humides quasi intact. Le biote, et en particulier le biote des prairies inondées, a synchronisé de façon unique sa croissance et son comportement reproducteur avec l’arrivée des crues de la saison sèche hivernale du Botswana. 

    La région fait partie du système de la vallée du rift africain et sa géologie explique la « capture » du fleuve Okavango qui a formé le delta et son vaste réseau de chenaux, marécages, prairies inondées et plaines d’inondation. L’Okavango, avec ses 1 500 km de long, est le troisième plus grand fleuve d’Afrique australe. L’histoire géomorphologique dynamique du delta a une incidence majeure sur l’hydrologie, déterminant la direction de l’écoulement des eaux, les crues et la déshydratation de vastes régions au sein du système deltaïque. Le site est un exemple exceptionnel de l’interaction entre les processus climatiques, géomorphologiques, hydrologiques et biologiques qui régissent et façonnent le système, ainsi que la manière dont les plantes et les animaux du delta de l’Okavango ont adapté leur cycle biologique au cycle annuel des pluies et des crues. La précipitation de calcite et de silice amorphe sous la surface est un processus important créateur d’îles et de gradients d’habitats soutenant un biote terrestre et aquatique divers dans une large gamme de niches écologiques. 

    Critère (vii) : Des eaux cristallines permanentes et des matières nutritives dissoutes transforment le désert du Kalahari, par ailleurs sec, en paysage pittoresque à la beauté exceptionnelle et rare, et entretiennent un écosystème composé d’habitats et d’espèces à la diversité remarquable, préservant ainsi la résilience écologique et un phénomène naturel impressionnant. La marée annuelle, qui rythme chaque année le système de la zone humide, revitalise les écosystèmes et constitue une force vive d’importance critique lorsque la saison sèche du Botswana (juin/juillet) est à son comble. Dans le bien du patrimoine mondial du delta de l’Okavango se juxtaposent de façon extraordinaire une zone humide dynamique dans un paysage aride et la transformation miraculeuse de vastes dépressions sableuses, sèches et brunes par les crues hivernales, donnant un fabuleux spectacle sauvage : d’immenses troupeaux d’éléphants d’Afrique, de buffles, de cobes lechwe rouges, de zèbres et d’autres grands animaux, s’éclaboussant, jouant et se désaltérant dans les eaux claires de l’Okavango, après avoir survécu à l’automne sec ou à de longues semaines de migration à travers le désert du Kalahari. 

    Critère (ix) : Le bien du patrimoine mondial du delta de l’Okavango est un exemple exceptionnel de la complexité, de l’interdépendance et de l’interaction des processus climatiques, géomorphologiques, hydrologiques et biologiques. La transformation continue des caractéristiques géomorphologiques telles que les îles, les chenaux, les berges de rivières, les plaines d’inondation, les lacs de bras‑mort et les lagons influence à son tour les dynamiques biologiques et non biologiques du delta, notamment les habitats des prairies de région aride et des zones boisées. Différents processus écologiques relatifs aux crues, à la formation des chenaux, au cycle des matières nutritives ainsi que les processus biologiques associés à la reproduction, la croissance, la migration, la colonisation et la succession végétale s’illustrent dans le bien. Ces processus écologiques sont une référence scientifique permettant de comparer des systèmes semblables ayant subi des impacts anthropiques dans d’autres régions et contribuent à la connaissance de l’évolution à long terme de tels systèmes de zones humides. 

    Critère (x) : Le bien du patrimoine mondial du delta de l’Okavango entretient des populations saines de certains des grands mammifères les plus en danger du monde tels que le guépard, le rhinocéros blanc et le rhinocéros noir, le lycaon et le lion, tous étant adaptés à la vie dans ce système de zones humides. Les habitats du delta sont riches en espèces avec 1 061 plantes (appartenant à 134 familles et 530 genres), 89 poissons, 64 reptiles, 482 espèces d’oiseaux et 130 espèces de mammifères. Les habitats naturels du site sont divers : cours d’eau et lagons permanents et saisonniers, marécages permanents, prairies saisonnièrement et occasionnellement inondées, forêts riveraines, zones boisées décidues sèches et communautés insulaires. Chacun de ces habitats a une composition en espèces distincte comprenant les principales classes d’organismes aquatiques, de reptiles, d’oiseaux et de mammifères. Le delta de l’Okavango est en outre reconnu comme une Zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO) et abrite 24 espèces d’oiseaux menacées au plan mondial et notamment, parmi d’autres, six espèces de vautours, le bucorve du Sud, la grue caronculée et l’aigrette vineuse. Trente-trois espèces d’oiseaux d’eau sont présentes dans le delta de l’Okavango en effectifs qui dépassent 0,5% de la population mondiale ou régionale. Enfin, le Botswana est le pays où l’on trouve la plus grande population mondiale d’éléphants, avec environ 200 000 individus. Le delta de l’Okavango est la zone critique pour la survie de l’espèce. 

    Intégrité

    Le bien couvre la majeure partie du delta, soit une vaste région de plus de 1,37 million d’hectare de zones humides considérablement non perturbées et de prairies saisonnièrement inondées. Ses dimensions sont suffisantes pour que le bien représente les principaux processus et caractéristiques biophysiques du delta et abrite ses communautés d’espèces végétales et animales. Compte tenu de ses vastes dimensions et de l’accès difficile, le delta n’a jamais fait l’objet de développement significatif et reste pratiquement intact. Le tourisme, dans le delta intérieur, est limité à de petits camps de tentes temporaires auxquels on accède en avion. Les infrastructures sont rigoureusement surveillées afin d’assurer qu’elles respectent les normes environnementales et aient le moins d’impacts écologiques possible. Mais surtout, il n’y a aucun barrage ou pompage d’eau important en amont, en Angola et en Namibie, sur les eaux qui alimentent le delta de l’Okavango ; de plus, les trois États riverains ont conclu un protocole, sous l’égide de la Commission permanente des eaux du bassin du fleuve Okavango (OKACOM), sur la gestion durable de l’ensemble du réseau hydrologique. OKACOM a soutenu officiellement l’inscription du delta de l’Okavango sur la Liste du patrimoine mondial. Il est impératif que les flux d’eau environnementaux en amont restent intacts et que l’extraction d’eau, la construction de barrages et le développement de réseaux d’irrigation agricoles n’aient aucun impact sur l’hydrologie fragile du bien. 

    La fluctuation des populations de grands animaux suscite quelques préoccupations : Le nombre d’éléphants augmente tandis que celui d’autres espèces connaîtrait des déclins marqués. Obtenues par différentes techniques d’étude et dans le cadre d’études non coordonnées entreprises par différentes institutions, les données sont variables et contribuent à transmettre une image embrouillée de la faune sauvage du delta de l’Okavango. Les autorités ont commencé à établir un système de suivi complet et intégré des espèces sauvages qui permettra de vérifier avec précision la taille et les tendances des populations pour l’ensemble du bien mais il y a encore beaucoup à faire pour y parvenir. Les causes du déclin sont attribuées à la variabilité saisonnière, au braconnage (par exemple, des girafes pour la viande) et aux clôtures vétérinaires mises en place pour gérer la santé animale et contrôler la propagation de maladies entre la faune sauvage et le bétail domestique. 

    Les activités minières, y compris la prospection, ne sont pas être autorisées dans le bien. De plus, les effets potentiels des mines, y compris des concessions à l’intérieur et en dehors de la zone tampon, doivent être soigneusement surveillés et gérés pour éviter des effets directs et indirects sur le bien, notamment la pollution de l’eau. L’État partie devrait aussi collaborer avec les États parties qui se trouvent en amont du delta pour surveiller tous les impacts, y compris ceux d’éventuelles mines de diamants en Angola, sur le flux ou la qualité de l’eau dans le delta. 

    Eléments requis en matière de protection et de gestion

    Le delta de l’Okavango comprend une mosaïque d’aires protégées. Environ 40% du bien est protégé dans la Réserve de gibier de Moremi et le reste se compose de 2 Zones de gestion des espèces sauvages et 18  Zones de chasse contrôlée, gérées par des fondations communautaires ou des concessionnaires de tourisme privés. La protection juridique relève de la loi du Botswana de 1992 sur la conservation des espèces sauvages et les parcs nationaux et de la politique connexe sur la conservation des espèces sauvages. La loi sur les terres tribales de 1968 s’applique aussi au bien et l’ensemble du bien proposé (et de la zone tampon) est une terre tribale sous régime communautaire, placée sous le contrôle du Conseil du territoire Tawana. 

    Comme noté plus haut, les causes qui sous-tendent le déclin de populations d’animaux sauvages ne sont pas claires mais l’interdiction de la chasse renforcera encore les mesures de conservation dans le bien. L’État partie est encouragé à élaborer un programme de suivi, coordonné et systématique, des espèces sauvages afin d’établir des références démographiques pour les espèces clés et de surveiller les tendances. L’on sait que les clôtures vétérinaires perturbent gravement les espèces sauvages, au niveau individuel mais aussi au niveau des populations et des espèces. Il n’y a pas de clôture vétérinaire dans la majeure partie des zones centrale et tampon du bien, ce qui a été pris en considération pour tracer les limites du site. Toutefois, c’est la Southern Buffalo Fence (clôture à buffles méridionale) qui définit la limite sud du bien du patrimoine mondial et même si des dommages ont compromis son efficacité en matière de contrôle des maladies, elle agit comme démarcation connue au plan local pour empêcher le bétail d’entrer paître dans le bien. La Northern Buffalo Fence (clôture à buffles septentrionale), également dans l’alignement de la zone tampon du bien, perturbe la connectivité, en particulier pour l’antilope rouanne et l’hippotrague noir. Il est notoire que la question des clôtures vétérinaires est sensible et pluridimensionnelle. L’État partie est encouragé à poursuivre ses efforts pour rationaliser les clôtures, et les éliminer lorsque leur efficacité en matière de contrôle des maladies est devenue discutable ou lorsqu’il est possible d’adopter des approches plus globales de la santé animale et du contrôle des maladies. 

    Il est crucial d’exercer une vigilance permanente pour garantir que les activités minières n’aient pas d’effet négatif sur le bien. Les anciens permis de prospection minière ont expiré et ne seront ni renouvelés, ni prolongés. Aucune activité extractive n’a lieu dans le bien et aucun nouveau permis ne sera accordé dans le bien. L’État partie devrait appliquer des procédures rigoureuses d’évaluation d’impact sur l’environnement pour les activités minières qui ont lieu en dehors du bien mais qui pourraient avoir des effets négatifs sur sa valeur universelle exceptionnelle, de manière à éviter ces effets.  

    Le delta est habité depuis des millénaires par des populations autochtones peu nombreuses qui vivent une existence de chasseurs-cueilleurs et dont les groupes différents adaptent leur identité culturelle et leur mode de vie à l’exploitation de ressources particulières (p. ex., la pêche ou la chasse). Ces activités de subsistance à faible impact n’ont pas eu d’effet important sur l’intégrité écologique de la région et, aujourd’hui, les établissements mixtes de peuples autochtones et de nouveaux immigrants dans la région se situent sur les franges du delta, essentiellement en dehors des limites du bien. Il est nécessaire d’accorder une attention spéciale et constante au renforcement de la reconnaissance du patrimoine culturel des habitants autochtones de la région du delta. Les efforts en cours devraient se concentrer sur la reconnaissance avisée des activités de subsistance et des droits d’accès traditionnels dans le contexte de la protection de la valeur universelle exceptionnelle du bien. Les efforts devraient être axés sur la possibilité de faire participer les peuples autochtones qui vivent dans le bien à toute communication sur le statut de patrimoine mondial du bien et ses incidences, que leur point de vue soit respecté et intégré à la planification et la mise en œuvre de la gestion, et de s’assurer qu’ils aient accès aux avantages issus du tourisme. 

    L’État partie est encouragé à traiter toute une gamme d’autres problèmes de protection et de gestion pour améliorer l’intégrité. Il s’agit de concevoir des mécanismes pour améliorer la gouvernance afin de donner les moyens aux parties prenantes de participer à la gestion du bien ; de l’élaboration d’un plan de gestion spécifique pour le bien qui soit harmonisé avec l’aménagement du paysage en général ; de garantir un personnel suffisant et de financer le renforcement des capacités du Département des parcs nationaux et de la faune sauvage ; et de mettre en place des programmes pour renforcer le contrôle et l’élimination d’espèces exotiques envahissantes dans le bien.

  4. Félicite l’État partie et les pays voisins pour les efforts qu’ils ont déployés en vue d’adopter des mesures importantes, favorables à la conservation et à la protection à long terme du bien et pour leurs réalisations en la matière ;
  5. Demande à l’État partie :
    1. de poursuivre ses efforts pour élaborer, en partenariat avec les universités, les ONG et les spécialistes de la faune sauvage, un programme de suivi, coordonné et systématique, des espèces sauvages afin d’établir des références démographiques pour les espèces clés et de surveiller les tendances à long terme,
    2. de poursuivre ses efforts pour rationaliser les clôtures vétérinaires, les éliminer lorsque leur efficacité en matière de contrôle des maladies est devenu discutable ou lorsqu’il est possible d’adopter des approches plus globales de la santé animale et du contrôle des maladies,
    3. de veiller à ce qu’aucune activité extractive ne soit autorisée dans le bien et de mettre un terme de façon permanente à toutes les concessions de prospection minière qui restent et qui devraient venir à expiration en 2014, sans permettre aucune extension du calendrier, et de ne délivrer aucune nouvelle concession dans le bien,
    4. de surveiller et de gérer avec soin les activités minières en dehors du bien de manière à éviter tout effet négatif sur celui‑ci,
    5. d’élargir et de renforcer les programmes qui autorisent l’utilisation traditionnelle des ressources comme moyen de subsistance, les droits d’accès des usagers, les droits culturels et l’accès au avantages du secteur du tourisme, dans le respect de la valeur universelle exceptionnelle du bien, et
    6. de poursuivre ses efforts pour traiter une gamme d’autres problèmes de protection et de gestion, y compris en matière de gouvernance, la responsabilisation des acteurs, de planification de la gestion, de capacité de gestion et de contrôle des espèces exotiques envahissantes
  6. Demande en outre à l’État partie de soumettre, d’ici le 1er décembre 2015, un rapport, comprenant un résumé exécutif d’une page, sur l’état de conservation du bien, y compris la confirmation des progrès sur les questions et mesures notées ci-dessus pour garantir la protection et la gestion efficace du bien, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 40e session, en 2016.
Code de la Décision
38 COM 8B.5
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial, Valeur universelle exceptionnelle
États Parties 1
Année
2014
Documents
WHC-14/38.COM/16
Rapport des décisions adoptées par le Comité du patrimoine mondial lors de sa 38e session (Doha, 2014)
Contexte de la Décision
WHC-14/38.COM/8B
WHC-14/38.COM/INF.8B2
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