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Décision 44 COM 8B.16
Les grandes villes d’eaux d’Europe (Allemagne Autriche, Belgique, France, Italie, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, Tchéquie)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/21/44.COM/8B et WHC/21/44.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit Les grandes villes d’eaux d’Europe, Allemagne Autriche, Belgique, France, Italie, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, Tchéquie, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (ii) et (iii);
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle suivant :

    Brève synthèse

    Les grandes villes d’eaux d’Europe apportent un témoignage exceptionnel sur le phénomène du thermalisme européen qui connut son apogée entre 1700 environ et les années 1930. Ce bien en série transnational comprend onze villes d’eaux situées dans sept pays : Bad Ems, Baden-Baden, Bad Kissingen (Allemagne) ; Baden bei Wien (Autriche) ; Spa (Belgique) ; Vichy (France) ; Montecatini Terme (Italie) ; Ville de Bath (Royaume-Uni) ; Františkovy Lázně, Karlovy Vary, Mariánské Lázně (Tchéquie). La série présente les villes d’eaux les plus à la mode, les plus dynamiques et les plus internationales parmi les centaines qui ont contribué au phénomène du thermalisme européen.

    Bien que chaque ville d’eaux soit différente, toutes les villes se sont développées autour de sources d’eau minérale, qui ont été le catalyseur d’un modèle d’organisation spatiale dédié aux fonctions curatives, thérapeutiques, récréatives et sociales. Les ensembles de bâtiments thermaux comprennent des bains, salles de pompage, halls de sources, équipements de traitements et colonnades conçus pour exploiter les ressources en eau et permettre de les utiliser pour les bains et les cures d’eau thermale. La cure consistant à « prendre les eaux » de manière interne et externe était complétée par des activités physiques et sociales nécessitant des installations pour les visiteurs, telles que des salons de réunion, des casinos, des théâtres, des hôtels, des villas et des infrastructures connexes (des systèmes de canalisation d’eau et de production de sel aux chemins de fer et aux funiculaires). Tous sont intégrés dans un contexte urbain global qui comprend un environnement récréatif et thérapeutique soigneusement géré, composé de parcs, de jardins, de promenades, d’installations sportives et de forêts. Les bâtiments et les espaces communiquent visuellement et physiquement avec les paysages environnants, qui sont utilisés régulièrement pour l’exercice physique en complément de la cure et pour la relaxation et le bien-être.

    Critère (ii) : Les grandes villes d’eaux d’Europe présentent un important échange d’idées innovantes qui ont influencé le développement de la médecine, de la balnéothérapie et des activités de loisirs entre 1700 environ et les années 1930. Cet échange s’exprime matériellement par une typologie urbaine centrée sur les sources minérales naturelles et consacrée à la santé et aux loisirs. Ces idées ont influencé la popularité et le développement des villes d’eaux et de la balnéothérapie à travers toute l’Europe et dans d’autres parties du monde.

    Les grandes villes d’eaux d’Europe sont devenues des centres d’expérimentation qui sont restés au niveau de leurs concurrents en s’adaptant à l’évolution des goûts, des sensibilités et des exigences des visiteurs. Outre les médecins, les principaux prescripteurs étaient les architectes, les concepteurs et les jardiniers qui ont créé les environnements construits et « naturels » encadrant la vie en station thermale. En conséquence, le bien présente des exemples importants d’architecture thermale tels que les salles de cure, « kurhaus » et « kursaal », les salles de pompage, les halls des sources (« trinkhalle »), les colonnades et les galeries conçues pour exploiter les ressources naturelles en eau minérale et permettre de les utiliser pour les bains et les cures d’eau thermale. 

    Critère (iii) : Les grandes villes d’eaux d’Europe constituent un témoignage exceptionnel sur le phénomène thermal européen, qui trouve ses racines dans l’Antiquité, mais qui a connu son apogée entre 1700 environ et les années 1930. « Prendre les eaux », que ce soit de manière externe (par le bain) ou interne (par la boisson et l’inhalation), impliquait un programme quotidien très structuré, en association avec des aspects médicaux et de loisirs, notamment des divertissements et des activités sociales (par exemple le jeu, le théâtre, la musique, la danse), ainsi que la pratique d’un exercice physique en plein air dans un environnement thermal thérapeutique.

    Ces paramètres ont directement influencé la configuration spatiale des villes d’eaux ainsi que la forme et la fonction des bâtiments thermaux ou « architecture thermale ». Les parcs urbains et les promenades permettaient aux curistes « de voir et d’être vus » par les autres.

    Intégrité

    Les onze éléments constitutifs qui composent le bien en série représentent les exemples les plus exceptionnels des villes d’eaux européennes. Tous les éléments constitutifs partagent un ensemble de caractéristiques déterminantes constituées pendant la phase la plus créative de la culture du thermalisme, de son histoire et de son développement, de sa période d’apogée qui s’étend d’environ 1700 aux années 1930. Chacun des éléments constitutifs continue à fonctionner dans le but pour lequel il a été développé à l’origine.

    La série illustre les principales phases du développement du phénomène thermal, depuis les villes d’eaux les plus emblématiques du XVIIIe siècle en passant par les villes d’eaux modèles du XIXe siècle, jusqu’aux villes qui témoignent des dernières phases du phénomène au début du XXe siècle.

    Les limites sont déterminées en fonction de la cartographie des attributs qui transmettent la valeur universelle exceptionnelle, à savoir : les structures et bâtiments thermaux les plus importants utilisés pour les activités liées au thermalisme ; les installations et bâtiments sociaux utilisés pour les loisirs et le bien-être ; les hébergements ; les infrastructures thermales connexes ; le paysage thermal thérapeutique et récréatif environnant. Les zones tampons sont délimitées pour protéger à la fois les bassins versants des sources et les cadres importants.

    Tous les éléments constitutifs et leurs composantes sont généralement en bon état. Si des composantes ont besoin de travaux de restauration, ceux-ci sont planifiés ou bien en attente d’autres utilisations, leur état de conservation actuel étant maintenu. La nécessité de moderniser et de réaménager les constructions afin de suivre l’évolution des normes de services, d’hygiène et des nouvelles technologies des stations thermales peut créer des tensions avec leur conservation en tant que bâtiments historiques et doit être traitée avec soin. Les défis de la réutilisation adaptative et de la modernisation technique des structures industrielles posent des problèmes similaires.

    Authenticité

    Le bien répond aux conditions d’authenticité en termes de forme et de conception, de matériaux et de substance, d’usage et de fonction, de traditions, de situation et de cadre.

    Tous les éléments constitutifs expriment la valeur universelle exceptionnelle du bien à travers une série d’attributs communs et hautement authentiques : les sources minérales, d’une grande diversité, qui conservent leurs qualités physiques naturelles, notamment leur substance, leur situation et leur cadre ; une disposition spatiale claire et très lisible et une situation et un cadre bien entretenus qui se combinent pour préserver un esprit et une impression durables ; l’architecture thermale, qui reste authentique dans sa forme et sa conception, ses matériaux d’origine et sa substance, même si certains bâtiments ont connu un changement d’utilisation ; le paysage thérapeutique thermal, qui conserve sa forme, sa conception et sa fonction, et qui continue d’être utilisé aux fins pour lesquelles il a été conçu ; l’infrastructure thermale, dont une grande partie est d’origine ou a évolué selon des principes d’origine et reste en usage ; la continuité de l’usage et de la fonction des stations thermales malgré la nécessité de répondre aux normes actuelles.

    La véracité et l’expression crédible des attributs exprimés dans les structures qui datent de 1700 environ aux années 1930, la période principale de contribution à la valeur universelle exceptionnelle, sont aussi démontrées par des travaux de conservation considérables et continus qui s’appuient sur de vastes collections archivistiques de plans, de documents, de publications et de photographies conservées au sein de chaque élément constitutif.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    La responsabilité de la protection et de la gestion de chacun des onze éléments constitutifs du bien repose sur le gouvernement national/régional et les autorités locales de l’État partie concerné (dans le cas de l’Allemagne, elle repose sur le gouvernement du Land et sur les autorités locales de cet État partie). Chaque élément constitutif est protégé par la législation et les règlements d’urbanisme applicables au niveau de l’État partie ou de la province concernée, ainsi que par le mode de propriété majoritairement public ou caritatif des principaux bâtiments et des paysages. Chaque élément constitutif dispose d’un gestionnaire ou d’un coordonnateur et d’un plan de gestion local en place conforme au plan de gestion global du bien.

    Un système de gestion global couvrant l’ensemble du bien a été établi, avec un plan de gestion du bien et un plan d’action approuvés par toutes les parties prenantes. Un Comité intergouvernemental, composé de correspondants nationaux du patrimoine mondial et/ou d’un représentant de la plus haute autorité de protection des monuments ou du patrimoine, assure le suivi des questions relatives au bien. Un Conseil de gestion des grandes villes d’eaux (CGGVE), composé des maires des onze éléments constitutifs, est responsable de la coordination opérationnelle et de la gestion globale du bien, en étroite consultation avec le Comité intergouvernemental. Le Conseil établit et gère le budget des fonctions générales de gestion, examine et contrôle le plan d’action, approuve et publie un rapport annuel, engage le Secrétariat et dirige d’autres activités pour l’ensemble du bien.

    Le Groupe des gestionnaires de site comprend les gestionnaires de site de chaque élément constitutif, le Secrétariat et les éventuels conseillers spécialisés. Le Groupe des gestionnaires de sites est essentiellement un groupe d’experts chargé de débattre et d’échanger des expériences et de conseiller le CGGVE sur les questions de gestion pertinentes. La structure internationale est soutenue et assistée par un Secrétariat financé conjointement par tous les éléments constitutifs.

    Une préoccupation importante sera de continuer à développer la coopération et la collaboration entre les différents éléments constitutifs et de veiller à ce que le bien dans son ensemble soit géré efficacement et à ce que le système de gestion global soit doté de ressources suffisantes. La pression du développement peut être un problème, car il s’agit de villes vivantes qui devront continuer à s’adapter et à évoluer pour conserver leur rôle de villes d’eaux. Gérer le tourisme de manière à ce qu’il soit réellement durable peut aussi devenir un défi. Une approche de gestion au niveau du paysage, qui prenne en compte la relation entre chaque élément constitutif, sa zone tampon et le cadre environnant est également nécessaire pour maintenir les vues vers et depuis le paysage pittoresque plus large. 

  4. Recommande que les États parties prenne en considération les points suivants, en soumettant une modification mineure des limites :
    1. ajuster les limites du bien dans les zones de Mitterberg et Badener Berg à Baden bei Wien et étendre la zone de protection dans le cadre du plan de construction afin d’inclure l’ensemble du bien dans cet élément constitutif,
    2. ajuster le tracé des limites de l’élément constitutif le long des rues de Montecatini Terme afin d’inclure les immeubles situés de l’autre côté de la rue et étendre le statut de protection à l’ensemble de l’élément constitutif,
    3. étendre la partie nord de la zone tampon de Karlovy Vary afin d’assurer une protection appropriée contre tout développement futur, en particulier d’un point de vue visuel,
    4. étendre la zone tampon autour de la gare ferroviaire de Vichy, en tenant compte des périmètres protégés des environs des monuments historiques existants ;
  5. Recommande également que les États parties prenne en considération les points suivants :
    1. confirmer que les éléments constitutifs de Bad Ems et Bad Kissingen sont légalement protégés dans leur intégralité en tant que zones de conservation urbaine,
    2. étendre la ZPU de Spa afin de couvrir la totalité du bien du patrimoine mondial dans cet élément constitutif,
    3. approuver et mettre en œuvre officiellement les plans de gestion locaux pour les trois éléments constitutifs tchèques et veiller à leur articulation avec les documents de planification existants,
    4. mettre en œuvre les plans de gestion locaux à Vichy et Bad Ems,
    5. réviser le plan de gestion de la Ville de Bath de sorte que, lors de sa quatrième phase, il prenne en compte à la fois son inscription sur la Liste du patrimoine mondial per se et son inscription en tant que l’un des éléments constitutifs des grandes villes d’eaux d’Europe,
    6. nommer des gestionnaires de site pour tous les éléments constitutifs qui ne l’ont pas encore fait et veiller à ce que leur rôle soit clair et adapté aux besoins de la gestion d’un bien du patrimoine mondial,
    7. étendre et détailler davantage le programme de suivi pour l’ensemble du bien,
    8. introduire des procédures d’étude d’impact sur le patrimoine dans le système de gestion de chaque élément constitutif afin de traiter les impacts potentiels de projets de développement,
    9. examiner comment le rôle du Conseil de gestion des grandes villes d’eaux pourrait être affiné afin de permettre à tous les États parties d’appréhender globalement les projets de développement majeurs dans tous les éléments constitutifs, par rapport à leurs impacts cumulés potentiels sur le bien dans son ensemble ;
  6. Demande aux États parties de soumettre au Centre du patrimoine mondial d’ici le 1er décembre 2022 un rapport sur la mise en œuvre des recommandations susmentionnées pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46e session ;
  7. Décide que le nom du bien en anglais soit modifié pour devenir « The Great Spa Towns of Europe ».
Documents
WHC/21/44.COM/18
Rapport des décisions adoptées lors de la 44e session étendue du Comité du patrimoine mondial
Contexte de la Décision
WHC-21/44.COM/8B
WHC-21/44.COM/INF.8B1
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