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La mission de l’UNESCO fait le point sur les dommages occasionnés par la guerre au patrimoine culturel du Liban

mardi 19 septembre 2006
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Les experts* envoyés par l'UNESCO au Liban pour évaluer l'état des sites du patrimoine culturel de ce pays ont demandé des mesures d'urgence afin de remédier à la marée noire qui a touché des constructions du site de Byblos. Ils ont cependant constaté que les principaux éléments du patrimoine culturel libanais avaient été épargnés par le récent conflit. Les résultats de la mission ont été présentés ce matin, lors d'une conférence de presse à l'UNESCO, par la Sous-Directrice générale à la Culture, Françoise Rivière, et par Mounir Bouchenaki, Directeur général du Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM), qui a dirigé la mission qui s'est déroulée du 10 au 15 septembre.

Même si les dommages occasionnés au patrimoine culturel sont limités, la mission a relevé plusieurs domaines qui demandent une attention particulière afin de sauvegarder et de revitaliser ce patrimoine.

Les dégâts les plus sérieux concernent le site du patrimoine mondial de Byblos, touché par une marée noire provenant des citernes de la centrale électrique de Jiyyeh, ce qui représente un problème écologique pour une large zone de la Méditerranée orientale. Mounir Bouchenaki a souligné le besoin urgent d'un nettoyage manuel des soubassements des deux tours médiévales et des vestiges antiques situés en contrebas du tell. Il estime qu'un groupe de 25 jeunes mettrait 8 à 10 semaines pour réaliser cette tâche mais qu'il faudrait d'abord leur assurer une formation d'une semaine. Il a estimé le coût de cette opération à près de 100 000 dollars.

A Tyr, les principaux éléments de ce site inscrit sur la Liste du patrimoine mondial - l'hippodrome et l'arc de triomphe - n'ont souffert aucun dommage, a souligné Mounir Bouchenaki. Mais les fresques d'un caveau funéraire d'époque romaine se sont en partie décollées, probablement à cause des vibrations occasionnées par les bombes, et demandent une restauration urgente.

Le site de Baalbeck, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, n'a pas été endommagé par les bombardements à l'exception de la chute d'un bloc de pierre, a déclaré Mounir Bouchenaki. Dans les temples de Jupiter et Bacchus, des fissures sur les linteaux se sont probablement aggravées du fait des vibrations des bombardements et demandent à être suivies de près, a-t-il ajouté. La mission a également constaté que le souk et des maisons traditionnelles de la vieille ville de Baalbeck, qui ne figure pas sur la Liste du patrimoine mondial, ont été endommagés par des bombes.

Au Sud de Baalbeck, le site d'Anjar et ses vestiges omeyyades, figurant sur la Liste du patrimoine mondial, n'ont subi aucun dégât mais leur état de conservation laisse à désirer.

La mission a également visité la ville de Saïda et le temple voisin d'Echmoun, des sites que le Liban compte proposer pour inscription sur la Liste du patrimoine mondial, et n'a constaté aucun dommage lié à la guerre.

Mounir Bouchenaki a évoqué des mesures à long terme pour préserver le patrimoine culturel libanais : mise en place d'un équipement photogramétrique pour surveiller les fissures sur plusieurs sites ; aide à la Direction générale des antiquités du Liban afin qu'elle développe ses capacités humaines en vue d'améliorer la sauvegarde et la gestion de ses sites ; élaboration d'une carte des risques identifiant les biens culturels présentant de sérieuses faiblesses structurelles ; mise en place de mesures de consolidation des structures les plus menacées.

La Sous-Directrice générale à la Culture de l'UNESCO a insisté sur l'importance de la culture, indispensable pour assurer la cohésion sociale au Liban et évoqué le patrimoine culturel comme symbole de la diversité et de la tolérance de ce pays.

Françoise Rivière a mentionné les efforts de l'UNESCO, lors des combats, pour attirer l'attention des belligérants sur leur obligation d'épargner le patrimoine culturel, conformément à la Convention de La Haye pour la protection du patrimoine culturel en cas de conflit armé, convention dont le Liban et Israël sont Etats Parties.

Françoise Rivière a également annoncé que le Fonds du patrimoine mondial pourrait consacrer 70 000 dollars à des mesures d'urgence en faveur du patrimoine culturel libanais. Cette somme constituerait des capitaux de lancement et d'autres fonds seront mobilisés pour aider le Liban à revitaliser son secteur culturel, dans le cadre du plan global des Nations Unies pour le Liban.

L'UNESCO s'apprête également à envoyer au Liban une mission pluridisciplinaire afin d'évaluer comment l'Organisation peut contribuer à la reconstruction dans les domaines de la culture, de l'éducation, de la science et de la communication.


* Mounir Bouchenaki, Directeur général du Centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM) ; Alain Bouineau, Professeur honoraire à l'Université Jean Monnet de Saint-Etienne (France) ; Giorgio Croci, Professeur à l'Université La Sapienza, Rome (Italie) ; Véronique Dauge, Chef de l'Unité des Etats arabes, Centre du Patrimoine mondial de l'UNESCO ; Joseph Kreidi, chargé de projets Culture au bureau UNESCO de Beyrouth (Liban) ; Tamara Teneishivili, spécialiste de programme Culture au bureau UNESCO de Beyrouth.

Contact audiovisuel : Ariane Bailey, Unité photo, tél. +33 (0)1 45 68 16 86 (a.bailey@unesco.org)

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