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Comment les sites du patrimoine mondial marin gèrent avec succès les espèces exotiques envahissantes

mercredi 16 juin 2021
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Un plongeur avec un poisson-lion, ou rascasse volante, une espèce envahissante venimeuse © Drew McArthur / Shutterstock.com

Le 20 mai 2021, des experts en espèces exotiques envahissantes et des équipes de gestion locales des 50 sites du patrimoine mondial marin de l'UNESCO se sont réunis en ligne pour partager les leçons apprises en matière de prévention et d'éradication des espèces envahissantes.

Selon les derniers résultats de l’Horizon du patrimoine mondial de l'UICN publiés en 2020, 75 % des 50 sites du patrimoine mondial marin de l'UNESCO sont menacés par des espèces exotiques envahissantes. Lorsque des espèces sont introduites dans les écosystèmes marins, elles peuvent rapidement proliférer, provoquant souvent des changements drastiques de l'habitat et réduisant la biodiversité endémique dans le processus. Les effets se produisent à la fois sur les zones terrestres et marines des sites du patrimoine mondial, avec des liens croissants entre les deux.

Étant donné la forte probabilité d'impacts sur la valeur universelle exceptionnelle des sites et sur les communautés qui en dépendent, les sites du patrimoine mondial marin investissent de plus en plus dans des protocoles de biosécurité de pointe et lancent d'ambitieuses campagnes d'éradication.  

Dans le site du patrimoine mondial du Réseau de réserves du récif de la barrière du Belize (Belize), où le poission-lion a un appétit féroce pour les poissons juvéniles et où ses épines venimeuses le protègent de presque tous les prédateurs, des plans d'action spécifiques ont été élaborés pour contrôler la population. Ces mesures comprennent des incitations commerciales, telles que des plats à base de rascasse volante, présentés comme un mets délicat dans les restaurants locaux, ou encore des bijoux fabriqués à partir d'épines de poisson-lion.

Dans le site du patrimoine mondial des Îles Galápagos (Équateur), les scientifiques ont mis en place un mécanisme sophistiqué pour surveiller les éventuelles espèces marines envahissantes. Les données ainsi obtenues permettent d'orienter les mesures de gestion et la coopération dans la région, qui abrite plusieurs sites marins inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO. Une équipe spécialisée de plongeurs et d'agents de biosécurité vérifie la présence de salissures sur la coque des navires entrants, et les navires sont renvoyés si leur coque n'est pas propre. Des protocoles d'inspection de la coque et des exigences en matière de salissures biologiques similaires sont en place à Papahānaumokuākea (États-Unis d’Amérique).

La stratégie de biosécurité appliquée dans les Terres et mers australes françaises (France) s'articule autour de trois piliers, à savoir la biosécurité, la détection précoce et l'éradication. Les zones situées à proximité des stations scientifiques sur les îles éloignées font l'objet d'une surveillance attentive pour détecter d'éventuelles introductions avant qu'elles ne deviennent trop difficiles ou trop coûteuses à éradiquer. Plusieurs mammifères introduits ont déjà été éradiqués, et un plan majeur est actuellement en cours d'élaboration pour éradiquer simultanément les rats, les chats, les souris et les lapins qui ont causé l'érosion et la modification de l'habitat.

La réunion en ligne a réuni des experts mondiaux des espèces exotiques envahissantes, le professeur James Russell de l'université d'Auckland et le Dr Nick Holmes de The Nature Conservancy, ainsi que des gestionnaires et des équipes scientifiques des 50 sites du patrimoine mondial marin. Cette réunion en ligne était la cinquième session organisée sur la nouvelle plateforme d’échanges numériques lancée par le Programme marin du Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO en avril 2020. Ces réunions constituent une plateforme en ligne exclusive où les gestionnaires des 50 sites du patrimoine mondial marin se rencontrent et partagent leurs succès dans la résolution des principaux défis de conservation.

En raison de leur statut d’aires marines protégées les plus emblématiques au monde, les sites du patrimoine mondial marin occupent une position unique pour stimuler le changement et l'innovation, établir de nouvelles normes mondiales d'excellence en matière de conservation et de s’ériger en tant que lueurs d'espoir dans un océan en mutation. Ces réunions en ligne sont rendues possibles grâce au soutien de l'Office français de la biodiversité et de la Fondation pour la Grande Barrière de corail (Great Barrier Reef Foundation). La participation est possible uniquement sur invitation.

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