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Plus de 130 ministres appellent à soutenir le secteur culturel dans la réponse à la crise du COVID-19

jeudi 23 avril 2020
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Plus de 130 ministres et vice-ministres de la culture ont participé à la réunion en ligne organisée par l’UNESCO pour discuter des actions destinées à soutenir le secteur de la culture, qui fait face à des bouleversements sans précédents liés à l’impact de la pandémie du COVID-19.

Les ministres ont évoqué les effets directs de la crise actuelle sur le tourisme, les musées, la production culturelle et les artistes, ainsi que les mesures engagées pour atténuer l’impact de la crise. Ils ont réaffirmé leur engagement en faveur du dialogue intergouvernemental et de la solidarité internationale afin de renforcer et d’unir leurs efforts.

En ouvrant le débat, la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a rappelé aux participants que « nous avons besoin de la culture, donc nous devons l’aider à faire face à ce choc. Nous devons évaluer l’impact de la crise, lancer une réflexion conjointe et des initiatives coordonnées. L’UNESCO entend jouer pleinement son rôle dans ce processus, en lien avec son mandat. »

Les ministres ont souligné l’importance sociale et économique du secteur culturel dans leurs pays et rappelé le besoin urgent d’investir en faveur du secteur pendant et après la crise. Les restrictions de mobilité et les mesures de confinement que les gouvernements ont été contraints d’adopter face à la pandémie ont limité de façon drastique l’accès à la culture à court terme et – en l’absence d’une action rapide – ils pourraient fragiliser l’écosystème culturel dans son ensemble pour les générations à venir.

Les répercussions en chaîne du COVID-19 sur la culture

Une large majorité des pays ont évoqué la fermeture des sites du patrimoine mondial et des institutions culturelles et les répercussions en chaîne dans leurs pays. À ce jour, 90% des pays ont en effet partiellement ou totalement fermé leurs sites du patrimoine mondial et 128 pays ont fermé leurs institutions culturelles. Au-delà de ces fermetures, les festivals traditionnels et de nombreux évènements ont été annulés, affectant la vie culturelle des communautés et les revenus des professionnels créatifs, dont l’activité est souvent saisonnière.

Les ministres ont relevé à plusieurs reprises que les artistes et les professionnels créatifs figurent parmi les plus impactés par la crise du fait de la fragilité du secteur, composé en majorité de travailleurs indépendants et de petites et moyennes entreprises et, dans certains cas, inscrit dans l’économie informelle. Au cours de la réunion, de nombreux ministres ont souligné que l’effondrement de la vie et de la production culturelles avait un impact massif sur le secteur du tourisme – qui représente dans certains pays plus de la moitié de l’activité économique. D’après les chiffres récents du World Travel & Tourism Council (WTTC), 75 millions d’emplois dans le secteur touristique sont menacés.

La culture est une part essentielle de la solution

Plusieurs ministres ont successivement rendu hommage à leurs artistes nationaux et aux professionnels du secteur culturel, notamment les gestionnaires de sites du patrimoine, reconnaissant leur talent et leur rôle essentiel pour assurer l’accès à la culture en période de confinement, ainsi que leur engagement à sensibiliser le public aux risques liées à la pandémie à travers leurs activités. Les plateformes en ligne ont permis d’assurer la continuité de l’accès à la culture dans de nombreuses régions du monde, notamment au travers de musées, galeries ou bibliothèques virtuels. De nombreux musiciens, danseurs, professionnels de l’art visuel ou écrivains ont rendu leurs œuvres accessibles en ligne. De telles initiatives permettent également la continuité des activités d’éducation artistique. Toutefois, les plateformes numériques ne sont pas le seul support de diffusion de la culture, certaines régions ne disposant pas des équipements nécessaires. La coopération avec les stations de télévision, de radio et la presse permet également aux populations de trouver dans la culture une source de réconfort, de bien-être et de vivre ensemble durant cette période difficile.

Face au constat que le secteur culturel a été le premier affecté par la crise et, bien souvent, le dernier à recevoir un soutien financier, de nombreux ministres ont mis en avant les mécanismes d’aide financière d’urgence mis en place dans leurs pays pour sauvegarder les ressources des artistes, artisans et professionnels créatifs à court terme. Certains pays renforcent l’aide à la création au travers de commandes publiques de nouvelles œuvres, souvent adaptées aux réalités de l’environnement numérique, pour assurer une continuité de revenus et faciliter l’accès à la culture.

Bien que les pays s’inscrivent à des stades divers d’expansion de la pandémie, nombreux sont ceux qui ont déjà engagé des processus d’évaluation d’impact en vue non seulement d’estimer les répercussions à court terme mais aussi d’ancrer des stratégies à plus long terme. Pour un grand nombre de gouvernements, l’essor des technologies numériques sera un élément central de cette stratégie. Les EAU ont ainsi souligné que « nous devons commencer à discuter d’une vision holistique de l’économie culturelle numérique et planifier de soutenir certains aspects de la culture qui ne soient pas nécessairement transposables en ligne. » Pourtant, comme plusieurs ministres l’ont souligné, la culture est aussi l’expérience collective de notre humanité partagée et sera essentielle pour renouer en tout sécurité les contacts humains le temps venu.

Construire une large coalition pour soutenir l’écosystème culturel

La participation massive à la réunion témoigne d’une aspiration renouvelée à réinvestir la solidarité internationale dans le contexte actuel, un appel relayé à plusieurs reprises par les ministres. La Chine, premier pays affecté par le COVID-19, a souligné ainsi que « la culture peut – et doit – nous rassembler, renforcer l’engagement international et restaurer l’espoir et la confiance ». Plusieurs États membres ont appelé également à soutenir une plateforme de dialogue pour partager les bonnes pratiques entre les pays. D’autres ont souligné encore la nécessité de mettre en place des mécanismes financiers internationaux pour soutenir les pays les plus vulnérables dans le renforcement de leur secteur culturel. La mise en valeur des outils normatifs de l’UNESCO constitue également un objectif à long terme, la crise mettant au jour l’importance de la culture pour les sociétés, tout en soulignant sa vulnérabilité. Comme mis en avant par la République tchèque, « loin d’être un luxe, la culture est une composante essentielle des sociétés. »

De nombreux ministres ont souligné que l’impact de la crise sur le secteur culturel ne doit pas être sous-estimé et que le visage du monde sera différent une fois ces mesures exceptionnelles levées. La Suède a enjoint les ministres à « unir nos efforts pour défendre des sociétés démocratiques où les créateurs peuvent travailler dans des conditions libres, équitables et sûres, et où la liberté artistique est protégée et valorisée. » De nombreux pays ont évoqué la nécessité, à long terme, de s’adapter à la « nouvelle normalité », le Mali soulignant notamment que « la crise est une opportunité de développer une réflexion stratégique globale sur la culture ». Le Mexique a rappelé de même que « la culture nous a toujours sauvés par le passé et qu’il ne saurait en être autrement aujourd’hui. »

En clôturant le débat, le Sous-Directeur général pour la culture, Ernesto Ottone R. a rappelé qu’ « il ne peut y avoir d’avenir sans culture ». « Cette réunion a mis en avant votre engagement sans failles, a-t-il conclu. L’UNESCO continuera à vous soutenir. Nous ne pouvons remettre en cause les avancées réalisées au cours des dernières années dans le secteur de la culture. C’est la culture qui forgera notre résilience collective, c’est la culture qui renouera nos liens. »

COVID-19
réponse de l'UNESCO

De plus amples informations sur la réponse de l'UNESCO dans le domaine de la culture face au COVID-19 : voir le

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