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Le Centre du patrimoine mondial et l’IUCN demandent la relocalisation de la centrale thermique au charbon Rampal, une menace sérieuse pour les Sundarbans

mardi 18 octobre 2016
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Le tigre du Bengale © shutterstock | dangdumrong

La Réserve forestière des Sundarbans, située au Bangladesh, est l’une des plus grandes forêts de mangrove au monde. Habitat naturel du fameux tigre du Bengale, elle est également un sanctuaire protégé pour les dauphins, les tortues et les oiseaux. Des millions de personnes dépendent aujourd’hui de ce dédale labyrinthique de rivières et de platins pour se nourrir, se loger et se protéger des inondations.

Les Sundarbans ont été inscrits sur la Liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1997 et s’apprêtent à célébrer leur 20ème anniversaire l’an prochain. En mars dernier, le Centre du patrimoine mondial et l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) ont conduit une mission conjointe de suivi réactif pour évaluer l’état général de conservation de ce site iconique. Cette mission avait été demandée par le Comité du patrimoine mondial lors de sa session de 2015, à Bonn.

La mission a été chargée d'examiner les impacts potentiels de la construction de la centrale thermique au charbon Rampal à proximité immédiate du site, de gérer les risques liés au changement climatique, et d’évaluer le système de gestion globale des Sundarbans, y compris des dispositions  à prendre pour accroitre la sécurité maritime. L’équipe a visité le site envisagé pour la construction de la centrale thermique Rampal, ainsi que les emplacements de l’accident d’un navire pétrolier en 2015 et d'un déversement de pétrole en 2016.  La mission comportait des réunions avec les ministères clés, des représentants de l'industrie, les autorités portuaires, ainsi qu’un petit nombre de chercheurs et de membres des communautés locales.

Cette semaine, le Centre du patrimoine mondial et l'UICN ont publié un rapport sur la mission. Le rapport conclut que le projet de développement de la centrale thermique au charbon Rampal, une usine de super-puissance thermique de 1320 mégawatts située à seulement 65 kilomètres de la propriété du Patrimoine mondial, constitue une menace sérieuse. L'équipe de la mission a identifié quatre problèmes clés liés à la construction de cette usine : la pollution des voies aériennes par la cendre de charbon, la pollution des eaux par le rejet des eaux usées et des suies, l’augmentation de la navigation et du dragage et l’incidence cumulative des infrastructures de développement industriel et connexe. La mission recommande que le projet de développement de la centrale thermique Rampal soit annulé et transféré à un emplacement plus approprié.

Le rapport a également conclu que le débit d'eau douce dans les Sundarbans a été considérablement réduit, ce qui entraîne une augmentation substantielle de l'envasement et de la salinité qui menacent l'équilibre global de l'écosystème. Elle a en outre constaté que le site n'a pas une évaluation claire et complète des effets combinés de l'aménagement côtier. Le rapport recommande des mesures immédiates pour assurer un afflux d’eau douce adéquat vers le site, et appelle à un nouveau plan de gestion intégrée prenant en compte la capacité porteuse de ce fragile écosystème et pouvant assurer un équilibre durable entre son développement socio-économique et sa conservation.

L'État partie du Bangladesh a été prié de fournir un rapport d’étape au Centre du patrimoine mondial, d'ici le 1er Décembre 2016, incluant un résumé d’une page minimum sur l'état de conservation du bien. Il sera examiné par le Comité du patrimoine mondial à sa 41e session en 2017 en vue d'une éventuelle inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

Pour lire le rapport complet de la mission aux Sundarbans sur le site du Patrimoine mondial, cliquez ici.

mardi 18 octobre 2016
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États parties 1
Régions 1
Asie et Pacifique
Réunions statutaires 1
Biens du patrimoine mondial 1
Décisions (1)
Code : 39COM 7B.8

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC-15/39.COM/7B,
  2. Rappelant la décision 38 COM 7B.64, adoptée à sa 38e session (Doha, 2014),
  3. Note que l’Évaluation d’impact environnemental (EIE) réalisée pour le dragage de la rivière Passur, adjacente au bien, ne comprenait pas d’évaluation spécifique des impacts potentiels sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien et demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial une évaluation des impacts potentiels sur la VUE, conformément à la Note de conseil de l’UICN pour toute évaluation d’impact environnemental appliquée au patrimoine mondial, et de veiller à ne mener aucune activité avant que l’EIE révisée ne soit soumise au Centre du patrimoine mondial et examinée par l’UICN ;
  4. Réitère sa demande à l’État partie d’entreprendre une Évaluation stratégique environnementale (ESE) complète afin de mesurer les impacts indirects et cumulatifs des centrales et d’autres aménagements à proximité du bien, y compris une évaluation spécifique des impacts potentiels sur sa VUE ;
  5. Demande également à l’État partie d’apporter des précisions sur les mesures d’atténuation prises pour le projet de centrale, qui devraient pleinement tenir compte des résultats de l’ESE ;
  6. Regrette que les données de suivi écologique du bien requises par le Comité dans la décision 35 COM 7B.11 n’aient pas été communiquées et prie instamment l’État partie de soumettre sans tarder les résultats du programme de suivi écologique du bien au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’UICN, en veillant à ce que l’impact du changement climatique sur la VUE soit documenté, comme initialement demandé dans la décision 33 COM 7B.12 ;
  7. Demande en outre à l’État partie de continuer à surveiller les effets du déversement pétrolier de décembre 2014 sur le milieu aquatique et de prendre des mesures pour éviter de tels accidents, en tirant les enseignements de l’expérience de manière à renforcer son niveau de préparation et sa capacité d’intervention en cas de marée noire, en particulier avec l’augmentation prévisible de la navigation fluviale liée aux aménagements de la centrale en amont ;
  8. Demande par ailleurs à l’État partie d’inviter une mission conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN de suivi réactif sur le terrain afin d’examiner l’état de conservation du bien et les impacts potentiels de l’aménagement de la centrale thermique et du dragage de la rivière Passur ;
  9. Demande de plus à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er décembre 2016, un rapport actualisé, incluant un résumé analytique d’une page, sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 41e session en 2017.

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