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Sauvegarde d’une tradition culturelle vivante à Muzibu-Azaala-Mpanga, patrimoine mondial en péril

Des jeunes préparent les matérieaux de construction traditionnels qui vont être utilisés pour la reconstruction © UNESCO | Masakazu Shibata
mardi 27 mai 2014
access_time Lecture 7 min.

Le royaume du Buganda, jadis le plus grand royaume traditionnel d’Afrique de l’Est, témoigne avec éloquence des traditions culturelles vivantes de la société actuelle d’Ouganda. L’ancien palais des Kabakas (rois) du Buganda, construit en 1882 et par la suite transformé en cimetière royal connu sous le nom de Muzibu-Azaala-Mpanga, est au cœur de cet héritage. Les Tombes des rois du Buganda sont un lieu où les liens avec le monde des esprits sont maintenus, un lieu où le Kabaka et ses représentants accomplissent fréquemment des rites importants de la culture du Buganda, avec le soutien des populations locales.

A la suite d’un incendie en 2010 qui a totalement ravagé la structure principale du Muzibu-Azaala-Mpanga et mené à son inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril, l’UNESCO a mobilisé la communauté internationale pour la sauvegarde et la reconstruction des éléments à la fois matériels et immatériels de cet héritage culturel unique à valeur universelle exceptionnelle.

En plus des fonds d’urgence d’assistance internationale du Fonds du patrimoine mondial de l’UNESCO, le site a également reçu une contribution significative du Gouvernement du Japon à travers le Fonds-en-dépôt japonais (J-FIT) pour l’UNESCO. Le Gouvernement d’Ouganda et le royaume du Buganda ont aussi lancé une campagne de mobilisation des ressources pour sa reconstruction.

 Ces subventions et la mise en place d’un partenariat tripartite ont non seulement permis d’élaborer un plan directeur ainsi qu’un plan d’atténuation des catastrophes – au cœur du processus de reconstruction –, mais également une stratégie globale de renforcement des capacités. Cette dernière comprend la recherche et la promotion de pratiques durables et de connaissances liées à l’architecture traditionnelle, mais aussi un programme de sensibilisation du public aux valeurs universelles et à la protection du patrimoine culturel.

Organisé conjointement avec le Bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Est et la Commission nationale d’Ouganda auprès de l’UNESCO, le Gouvernement du Japon, le Gouvernement d’Ouganda et le Royaume de Buganda, le lancement du projet de reconstruction de Muzibu-Azaala-Mpanga a été célébré le 13 mai 2014 en présence d’une communauté de pratiquants.

Le moment fort de ce lancement a été un rituel de bienvenue et de purification réalisé par la gardienne traditionnelle du site. Une demande spéciale a été formulée aux esprits des rois pour autoriser les membres de la mission technique consultative japonaise de l’UNESCO et les personnalités conviées d’entrer dans le sanctuaire. La cérémonie d’initiation a ensuite continué avec la distribution de grains de café. Symboles d’amitié, les grains sont séparés puis avalés par deux amis, représentant l’unité tout en visant à assurer le bien-être des invités ainsi que le succès du projet de reconstruction. Suite à ce rituel, une visite guidée a pu être menée par l’architecte de l’UNESCO en charge du projet, M. Jonathan Nsubuga, pour mesurer les progrès de la reconstruction.

Des matériaux contemporains ont été ajoutés pour la première fois au site lors de sa dernière rénovation par le roi Mutesa II de Buganda en 1938 afin de sauver le toit de chaume qui risquait de s’effondrer et d’améliorer les conditions de gestion du lieu. La phase de reconstruction actuelle utilise à la fois des matériaux traditionnels et contemporains, suivant le modèle de rénovation de 1938.

Mme Rose Mwanja, Commissaire des musées et des monuments et Représentante du Secrétaire permanent du Ministère du Tourisme, de la Faune et du Patrimoine, a noté que « l’authenticité des Tombes des rois du Buganda à Kasubi transparaît dans la continuité des pratiques traditionnelles et culturelles associées au site, » avant d’ajouter que d’autres rituels sont en cours pour débuter le processus de reconstruction de la toiture.

S.Exc. M. Junzo Fujita, Ambassadeur du Japon en Ouganda, a réitéré l’engagement continu de son pays à soutenir les « ressources humaines nécessaires au maintien d’une telle architecture traditionnelle, » évoquant ainsi les aspects culturels immatériels de Muzibu-Azaala-Mpanga. Les contributions du Japon au projet ne consistent pas seulement en une assistance financière, mais également en une coopération technique dans les domaines de connaissances associés à l’architecture traditionnelle et à la gestion de ses ressources, en plus de mesures d’atténuation des catastrophes indispensables à la conservation et à la préservation du patrimoine culturel.

M. Lazare Eloundou Assomo, Directeur du Bureau de l’UNESCO au Mali et précédemment Chef de l’Unité Afrique au Centre du patrimoine mondial, a souligné le fait que « le projet de reconstruction a gagné en complexité, » notamment après l’assemblage de la structure intérieure. Il a encouragé l’ensemble des acteurs sur le terrain à assurer une meilleure coordination dans la conduite de ce projet de reconstruction qui représente de façon intrinsèque « la conservation et la continuation de l’intégrité et de l’authenticité de ses attributs matériels et immatériels. »

Ssebuyungo Christopher est un volontaire UNESCO pour le patrimoine mondial de la région qui participe depuis 2012 à une série d’actions en faveur de la conservation du site et des écoles alentours. Cette journée a été l’occasion pour lui de revenir sur son expérience de volontaire, « un moyen d’exprimer ma contribution à la conservation de sites du patrimoine pour la communauté : je profite de cette opportunité pour rencontrer des gens, non seulement pour en apprendre plus sur notre propre culture, mais aussi sur d’autres et de partager ce que j’ai appris avec ceux qui m’entourent. »

L’UNESCO est convaincue qu’aucun développement ne peut être durable sans une forte composante culturelle. La diversité culturelle est une force motrice du développement, non seulement en ce qui concerne la croissance économique, mais aussi comme moyen de mener une vie intellectuelle, affective, morale et spirituelle plus satisfaisante afin de contribuer à la cohésion sociale et à la paix. L’UNESCO et ses partenaires soutiennent l’identification, la protection et la préservation du patrimoine culturel à travers le monde considéré comme ayant une valeur exceptionnelle pour l'humanité.

mardi 27 mai 2014
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