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Cinq ans de conflit : l’état du patrimoine culturel dans l’Ancienne ville d’Alep

L'UNESCO et l'Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR) publient le premier état des lieux exhaustif des dommages causés pendant des années de conflit armé en République arabe syrienne au site de l'ancienne ville d'Alep, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial.

Intitulée Five Years of Conflict: The State of Cultural Heritage in the Ancient City of Aleppo [Cinq ans de conflit : l’état du patrimoine culturel dans l’Ancienne ville d’Alep], cette publication montre que plus de 10 % des bâtiments historiques d'Alep ont été détruits et que plus de la moitié des bâtiments évalués ont subi des dommages modérés ou graves. Il fournit une évaluation de 518 biens, notamment de la Citadelle et de la Grande mosquée (Mosquée des Omeyyad), et de certains des édifices emblématiques de la ville dont les origines remontent au 2e millénaire avant notre ère.

La publication, disponible en anglais, a été rédigée en partenariat avec l'organisation Archéologie en danger au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (EAMENA), basée au Royaume-Uni. Il fournit une base technique solide dans la perspective de la restauration et de la réhabilitation de la ville.

A partir d’images satellites et en s’appuyant sur une méthodologie scientifique, les experts du patrimoine culturel de l'UNESCO ont travaillé en étroite collaboration avec les analystes d'images de l'UNITAR-UNOSAT, ainsi qu'avec des historiens, des architectes et des archéologues, pour déterminer les dommages causés à la ville. L’utilisation d’images satellites leur a permis de dresser un état des lieux de zones normalement inaccessibles.

« La culture et le patrimoine culturel sont de puissants leviers pour relever les défis du redressement et de la réconciliation dans les villes dévastées par les conflits armés », a déclaré Ernesto Ottone R., Sous-Directeur général de l'UNESCO pour la culture. « Le dialogue, le respect de la diversité culturelle et un sentiment d’appropriation de la part des communautés, aident les villes à se relever des traumatismes de la guerre et à assurer une paix durable ».

L'Ancienne ville d'Alep est l'un des six sites syriens du patrimoine mondial qui ont été inscrits en 2013 sur la Liste du patrimoine mondial en péril de l'UNESCO. L'Organisation dirige les efforts internationaux pour protéger et restaurer le patrimoine culturel. Dans ce contexte, une deuxième publication évaluant l'état de tous les biens syriens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial ainsi que sur la Liste indicative du pays, sera publiée en 2019.

La publication Five Years of Conflict: The State of Cultural Heritage in the Ancient City of Aleppo a vu le jour grâce au financement du ministère des Affaires étrangères de Norvège et du Fonds d'urgence pour le patrimoine de l'UNESCO. Les éditions arabe et française seront disponibles en début d'année prochaine.

Dates
Date de début : lundi 17 décembre 2018
Date de fin : lundi 17 décembre 2018
Décisions / Résolutions (2)
Code : 42COM 7A.30

Note : les rapports suivants sur les biens de la République arabe syrienne sont à lire en conjonction avec le point 36.


Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7A.Add,
  2. Rappelant les décisions 41 COM 7A.44 et 41 COM 7A.50, adoptées à sa 41esession (Cracovie, 2017),
  3. Prenant en compte la décision 42 COM 7A.36 sur les biens du patrimoine mondial de la République arabe syrienne,
  4. Exprime sa grande préoccupation quant aux conséquences négatives du conflit armé, quant à la crise humanitaire et aux destructions irréversibles qui en ont résulté au sein du bien, y compris des destructions de quartiers entiers ;
  5. Rappelle sa demande visant à ce que les actions humanitaires et sécuritaires soient menées en coordination avec les parties prenantes du patrimoine culturel afin d’éviter tout dommage irréversible supplémentaire sur le bien, et de faciliter les mesures d’urgence sur son patrimoine culturel ;
  6. Réitère sa profonde préoccupation quant à l’instabilité des édifices situés au sein du bien et prie instamment l’État partie de mener une évaluation détaillée des risques et des travaux de consolidation d’urgence pour les structures concernées afin de garantir la sécurité des habitants ;
  7. Note les efforts mobilisés par l’État partie pour le redressement d’Alep depuis décembre 2016 et l’encourage à poursuivre ses efforts en matière de documentation, d’évaluation des dommages et d’interventions d’urgence malgré la situation extrêmement difficile ;
  8. Encourage également l’État partie à mettre en œuvre les actions adoptées lors de la réunion de coordination technique organisée en mars 2017 par l’UNESCO et d’accorder un temps suffisant pour l’élaboration de plans stratégiques intégrés en vue de la réhabilitation et de la revitalisation du bien dans son contexte urbain élargi, conformément à la Recommandation concernant le paysage urbain historique (UNESCO, 2011) et en concertation avec le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives ;
  9. Invite tous les États membres de l’UNESCO à soutenir les mesures de sauvegarde d’urgence, y compris par le biais du Fonds d’urgence du patrimoine de l’UNESCO ;
  10. Demande que la mission invitée de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/ICCROM soit menée, dès que la situation sécuritaire le permettra, pour procéder à une évaluation d’ensemble de l’état de conservation du bien et identifier les mesures nécessaires visant à enrayer les dégradations et garantir la conservation et la protection du bien ;
  11. Encourage en outre l’État partie à finaliser la proposition de modification mineure des limites pour le bien et de la soumettre au Centre du patrimoine mondial d’ici le 1er février 2019, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019 ;
  12. Demande également à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019 ;
  13. Décide de maintenir l’Ancienne ville d’Alep (République arabe syrienne) sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

En savoir plus sur la décision
Code : 42COM 7A.36

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7A.Add,
  2. Rappelant la décision 41 COM 7A.50, adoptée à sa 41e session (Cracovie, 2017),
  3. Déplore la situation de conflit qui règne dans le pays, la perte de vies humaines et la dégradation des conditions humanitaires ;
  4. Prenant note des rapports fournis par l’État partie sur l’état de conservation des six biens du patrimoine mondial syrien et des sites inscrits sur la Liste indicative syrienne, félicite la Direction générale des Antiquités et des Musées (DGAM) et tous les professionnels du patrimoine et les communautés locales en Syrie qui œuvrent au suivi et à la protection du patrimoine culturel, pour leurs efforts soutenus dans des conditions extrêmement difficiles, mais exprime sa plus vive préoccupation devant les dommages subis et les menaces auxquelles sont exposés ces biens et le patrimoine culturel en général ;
  5. Prie instamment toutes les parties liées à la situation en Syrie de s’abstenir de toute action susceptible de causer de nouveaux dégâts au patrimoine culturel du pays et de s’acquitter de leurs obligations conformément au droit international et, en particulier, à la résolution 2347 du Conseil de sécurité des Nations Unies de mars 2017, en prenant toutes les mesures possibles pour protéger ce patrimoine, y compris en mettant fin à tous les préjudices résultant de la prise pour cible de biens du patrimoine mondial, de sites inclus dans la Liste indicative et d’autres sites du patrimoine culturel ;
  6. Prie aussi instamment l’État partie à adopter des mesures pour l’évacuation des biens du patrimoine mondial aujourd’hui utilisés à des fins militaires ;
  7. Prie en outre instamment l’État partie et la communauté internationale à inclure les mesures de rétablissement à l’intérieur des sites dans la réponse globale en termes humanitaires, de sécurité et de consolidation de la paix ;
  8. Prie par ailleurs instamment l’État partie à sauvegarder les biens endommagés à travers des interventions minimales de première nécessité pour empêcher le vol, les éboulements et la dégradation naturelle, et à s’abstenir d’entreprendre tous travaux de conservation et de restauration avant que la situation permette l’élaboration de stratégies de conservation d’ensemble et d’actions qui répondent aux normes internationales en pleine concertation avec le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives ;
  9. Lance un appel à tous les États membres de l’UNESCO pour qu’ils coopèrent à la lutte contre le trafic illicite du patrimoine culturel provenant de la Syrie, en vertu de la résolution 2199 de février 2015 du Conseil de sécurité des Nations Unies, et qu’ils s’engagent dans la protection du patrimoine culturel en cas de conflit armé en vertu de la résolution 2347 de mars 2017 du Conseil de sécurité des Nations Unies, et réitère sa suggestion à l’État partie d’envisager la ratification du deuxième Protocole (1999) à la Convention de La Haye de 1954 pour la protection du patrimoine culturel en cas de conflit armé ;
  10. Demande à l’État partie de poursuivre la documentation systématique de tous les dommages subis par les biens du patrimoine mondial, dès que les conditions le permettent, et de mettre en œuvre toutes les mesures d’atténuation des risques possibles, de donner des informations sur l’élaboration de l’État de conservation souhaité en vue du retrait des biens de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR) et l’identification des mesures correctives pour les six biens ;
  11. Appelle la communauté internationale à apporter son soutien accru à la sauvegarde du patrimoine culturel syrien au moyen de fonds réservés ou de la contribution au Fonds d’urgence de l’UNESCO pour le patrimoine ;
  12. Appelle également les spécialistes internationaux et nationaux du patrimoine culturel à s’unir en faveur de la sauvegarde du patrimoine culturel de la Syrie et à poursuivre leurs initiatives actuelles en coordination avec l’UNESCO ;
  13. Demande également à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation des biens et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019.

En savoir plus sur la décision
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