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Le site archeologique de Nahr el-Kalb

Date of Submission: 11/07/2019
Criteria: (iii)(vi)
Category: Cultural
Submitted by:
Délégation permanente du Liban auprès de l'UNESCO
State, Province or Region:
Liban-Mont Liban Nord
Ref.: 6433
Disclaimer

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Property names are listed in the language in which they have been submitted by the State Party

Description

Le site archéologique de Nahr el Kalb est situé à 15km au nord de Beyrouth. Il a été classé par les décrets : No 166/ L.R. du Novembre 1933 et No 225 du 28 Septembre 1934 sur la liste nationale des monuments historiques. En 2005, ce site a été inscrit sur le Registre de la Mémoire du Monde.

Le cap de Nahr el Kalb a été considéré depuis l’antiquité comme un obstacle naturel sur la côte libanaise constituant ainsi, un point stratégique. En effet, la difficulté du passage expliquera la présence des premiers reliefs sculptés par les premiers conquérants en l’honneur de leur gloire et afin d’assurer leur légitimité du pouvoir. Le facteur de répétition sur ce promontoire s’est poursuit jusqu’à l’époque moderne et contemporaine. Ces reliefs, au-delà de leur contexte historique fournissent des données de valeurs au niveau géomorphologie, archéologie et épigraphie.

Le site archéologique de Nahr el Kalb est un lieu unique qui conserve des témoins épigraphiques et iconographiques gravés sur les rochers des promontoires flanquant le fleuve de Nahr el Kalb. Il comprend 22 stèles, reliefs et inscriptions commémoratives datant du IIe millénaire av. JC (XIIIe siècle av. JC) jusqu’au IIe millénaire ap. JC (XXe siècle de notre ère).

Le Liban étant un carrefour de trois continents et un point de rencontre entre civilisations ; le site de Nahr el Kalb, entre autre, regroupe des témoins de certains évènements marquants de la région depuis la Préhistoire jusqu’à nos jours :

  • Des outils lithiques associés à des dents humaines remontant au Paléolithique Moyen (Levallois) ont été retrouvés dans une grotte du promontoire. Ces derniers témoignent de la plus ancienne occupation du site.
  • Trois reliefs égyptiens du XIIIe siècle av. JC qui donnent une définition du contexte géopolitique du Levant au IIe millénaire av. JC. :
  • Relief du pharaon Ramsès II
  • Relief du pharaon Ramsès II
  • Relief égyptien disparu supplanté par l’inscription de Napoléon III
  • Cinq reliefs assyriens qui exposent la politique expansionniste des rois assyriens sur les rives de la méditerranée (les souverains assyriens, roi Assarhaddon)
  • Fragment d’une inscription néo-babylonienne (605-562 av. JC)
  • Inscription de Nabuchodonosor II (néo-babylonienne)
  • Trois inscriptions de l’antiquité classique gravées:
  • Inscription au nom du gouverneur Proculus (382-383 ap. J.C.)
  • Inscription Grecque
  • Inscription de l’empereur Caracalla (211-217 ap.J.C)
  • Inscription Mamelouke de Nahr el Kalb attribué au Sultan Barqûq (1382-1399).
  • Des inscriptions commémorant des évènements entre 1860 et l’an 2000 sont venues se placer comme sous l’effet d’un mimétisme à côté des reliefs de l’antiquité ; évoquant de même les occupations et les interventions perpétuelles.
  • Inscription au nom de l’empereur Napoléon III (1860-1861) : la stèle dite de Napoléon III et qui a malheureusement effacé une stèle plus ancienne égyptienne
  • Inscription commémorant la prise de Damas, Homs, Alep (octobre 1918)
  • Inscription commémorant l’occupation de Beyrouth et de Tripoli (octobre 1918)
  • Stèles du pont ottoman A-B
  • Inscription au nom du Général Gouraud (25 juillet 1920)
  • Inscription commémorant la prise de Damour et de Damas (juin-juillet 1941)
  • Stèle du chemin de fer (20 décembre 1942)
  • Stèle de la libération du Sud Liban (24 mai 2000)
  • Stèle du départ de la puissance mandataire (1946)

En plus des diverses stèles et inscriptions, d’autres vestiges historiques et archéologiques font partie de ce promontoire commémoratif :

  • Monument aux morts de l’armée française (1919-1927): Ce monument se trouvait sur l’avenue des Français à Ras Beyrouth et fut déplacé et remonté à Nahr el Kalb en 1960.
  • Pont arabe : Construit par le Sultan Mamelouk Saif el Din Barqouq, fondateur de la dynastie Circassienne, il a été reconstruit à plusieurs reprises. Sa dernière restauration daterait de l’époque de l’Emir Chéhab II (1809). Il est malheureusement aujourd’hui privatisé et sert d’entrée à un restaurant arabe.
  • Piédestal du chien : L’origine du nom de cette vallée dans l’antiquité est « fleuve de Lycus » traduit en « Fleuve du chien » qui selon les légendes fait référence à un chien qui hurlait à l’annonce de nouveaux envahisseurs. Ce qui justifierait la présence préalable d’un piédestal qui portait la statue d’un chien et qui fut par la suite détruite par les Turcs. D'autres légendes, plus anciennes, feraient référence au fameux sphinx du mythe d’Œdipe qui n’hésitait pas à tuer les malheureux voyageurs ne répondant pas correctement à ses énigmes.

A travers les âges, les divers projets de réhabilitation ont modifié l’aspect du site. Toutefois afin de protéger ces stèles, la Direction Générale des Antiquités s’est fixé un but de classer la région en zone non aedificandi. C’est alors qu’en 2003, un projet de réhabilitation financé par la Fondation Nationale du Patrimoine a été mis à jour. Les travaux exécutés comprenaient :

  • Nettoyage des stèles
  • Aménagement de sentiers
  • Clôture d’une partie du site
  • Installation des panneaux signalétiques et explicatifs.

Afin de poursuivre les travaux de réhabilitation et d’entretien du site, un plan de gestion a été élaboré par la Direction Générale des Antiquités, ce dernier comprend entre autre :

  • Eclairage de l’ensemble du site
  • Conversion de la bifurcation actuelle du tunnel
  • Aménagement d’une zone de stationnement
  • Acquisition et restauration de la maison située sur le lot 76 de la région de Zouk Al Khrab en vue de la transformer en musée.

Justification of Outstanding Universal Value

Ces reliefs, inscriptions et stèles commémoratives, témoignent de circonstances diverses et d’époques différentes depuis la Haute Antiquité jusqu’à présent. Ces derniers, localisés sur un même promontoire se caractérisent par leur diversité: temporelle, d’exécution (matériels et techniques), d’inscriptions et iconographies, d’écritures (hiéroglyphe, cunéiforme, alphabétique), de langues (égyptien, néo-assyrien, néo-babylonien, latin, grec, arabe, français, anglais et turc) et de fonction.

Critère (iii) : Le promontoire de Nahr el-Kalb est un lieu unique qui conserve sur ses massifs rocheux des témoins épigraphiques et iconographiques avec les noms, les titres et parfois les effigies des souverains différents : Egyptiens, Assyriens, Néo-babyloniens, Grecs, Romains et Mamelouks. Cette tradition a persisté au XIXème et XXème siècles où des inscriptions témoignant des évènements de l’histoire contemporaine du Liban et de la région ont été placés à côté des reliefs de l’Antiquité témoignant toujours des occupations et interventions perpétuelles.

Critère (vi) : Moulakis: « Ce n’est pas simplement un espace géographique, mais plutôt un espace observé  qui délivre des messages esthétiques culturels et sociaux. » 

Statements of authenticity and/or integrity

Malgré leur exposition aux intempéries et les divers évènements (guerres, travaux d’aménagement du territoire et de constructions) qui ont altéré maints paysages au Liban, les stèles de Nahr el-Kalb ont gardé leur authenticité et demeurent jusqu’à nos jour un témoin fondamental de l’histoire de la région et de l’humanité.

Ces stèles écrites en plusieurs langues, témoignent de l’histoire ancienne, moderne et contemporaine du Liban depuis la Haute Antiquité jusqu’à présent ; ainsi que des relations Orient- Occident.

Comparison with other similar properties

De nombreux biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial ou sur les listes indicatives comportent des stèles et des inscriptions témoignant d’époques et de cultures diverses. Ces listes comportent ainsi de nombreux sites rupestres avec une diversité de motifs décoratifs et d’inscriptions iconographiques.

Comme le promontoire de Nahr el kalb, certains de ces sites sont situés à des carrefours de circulation ou à des points stratégiques de passage. C’est le cas en particulier de Behistun en Iran, inscrit sur la liste du patrimoine mondial qui se trouve sur l’ancienne route marchande reliant le haut plateau iranien à la Mésopotamie et possède des vestiges de l’époque préhistorique aux périodes mède, achéménide, sassanide et ilkhanide. Le monument principal de ce site archéologique est un bas-relief et une inscription cunéiforme en trois langues retraçant l’histoire des batailles que Darius a dû livrer en 521 - 520 avant JC contre les gouverneurs qui tentèrent de diviser l’empire fondé par Cyrus.

C’est également le cas des Grottes de Mogao en Chine, situées en un point stratégique de la Route de la soie, à un carrefour de circulation des richesses et des influences religieuses, intellectuelles et culturelles. Inscrites sur la Liste du patrimoine mondial de l’humanité, ces grottes reflètent un millénaire d'art bouddhique et comportent des statues, des peintures murales et des inscriptions illustrant les échanges culturels qui ponctuèrent la Route de la Soie.

Mais le site archéologique de Nahr el Kalb reste unique en ce qu’il regroupe, sur un même lieu, un grand nombre de stèles, reliefs et inscriptions commémoratives datant du IIe millénaire av. JC (XIIIe siècle av. JC) jusqu’au IIe millénaire ap. JC (XXe siècle de notre ère).

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