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Les Alpes de la Méditerranée (Italy)

Date of Submission: 31/01/2017
Criteria: (viii)
Category: Natural
Submitted by:
Délégation permanente de l'Italie auprès de l'UNESCO
State, Province or Region:
Régions Piémont et Ligurie, Province di Cuneo et d'Imperia
Coordinates: 7.230678 44.270247
Ref.: 6181
Transnational
Other States Parties participating
France
Monaco
Disclaimer

The Tentative Lists of States Parties are published by the World Heritage Centre at its website and/or in working documents in order to ensure transparency, access to information and to facilitate harmonization of Tentative Lists at regional and thematic levels.

The sole responsibility for the content of each Tentative List lies with the State Party concerned. The publication of the Tentative Lists does not imply the expression of any opinion whatsoever of the World Heritage Committee or of the World Heritage Centre or of the Secretariat of UNESCO concerning the legal status of any country, territory, city or area or of its boundaries.

Property names are listed in the language in which they have been submitted by the State Party

Description

Le site objet de la candidature, s’étend sur une superficie de 211 577 ha. C’est un site transfrontalier, sériel, axé sur les valeurs géologiques (critère viii) et constitué par un périmètre à la fois terrestre et marin appartenant à 3 États : Monaco, Italie et France. L’État monégasque est concerné par une emprise marine.

Ce site transfrontalier est situé au sud de la chaîne alpine, entre les Départements des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence dans le sud-est de la France et les Régions du Piémont et de la Ligurie dans le nord-ouest de l’Italie. C’est un espace préservé qui englobe des zones naturelles protégées limitrophes telles que le Parc Européen Alpi Marittime/Mercantour, le Parc Alpi Liguri, les sites d’intérêt communautaire de la Province d’Imperia et du Département des Alpes-Maritimes, ainsi qu’un domaine marin englobant une vaste portion de la marge continentale entre Villefranche sur Mer, Monaco et Vintimille.

Les origines géologiques de la région remontent à 400 millions d’années ; le site montre, au sein d’un même lieu et d’une manière claire, la formation de deux chaines de montagnes (Varisque et Alpine)  auxquelles se superpose, vers -30 millions d’années, le phénomène tectonique de l’ouverture de la Méditerranée Occidentale. Ce dernier phénomène tectonique conduit à la rupture transversale d’une chaîne de montagnes encore jeune, les Alpes occidentales, par l’ouverture d’un bassin océanique : la Méditerranée occidentale.

Or, depuis l’avènement de la « tectonique des plaques » comme modèle explicatif de l’évolution donc de l’histoire de la planète Terre, les géologues ont démontré que la majeure partie des chaînes de montagnes (1) résulte de la fermeture d’un ancien océan et (2) s’érode et disparaît progressivement pour laisser la place à un continent stable. Par rapport à ce « schéma » général du fonctionnement de la Terre, Les Alpes de la Méditerranée constituent le site le plus exemplaire de la déchirure d’un massif montagneux encore en construction par l’ouverture d’un océan qui lui est postérieur. La déchirure transversale du plus grand massif montagneux européen offre ainsi une topographie spectaculaire et un dénivelé continu de près de 6000m depuis les sommets de l’Argentera-Mercantour à 3300 m aux fonds marins de la Méditerranée occidentale à -2500 m. 

La déchirure transversale des Alpes, dont les attributs géologiques sont observables en mer tout au long de la marge continentale ligure, fait suite à deux évènements successifs de construction de chaines de montagnes (le cycle varisque et le cycle alpin), dont les attributs géologiques sont visibles à terre. Le site proposé est donc également exceptionnel car il inclut sur une surface réduite, à l’interface terre/mer, de spectaculaires témoins géologiques de trois cycles tectoniques (cycles dits  « de Wilson ») successifs.

Le site étant très facile d’accès au grand public, il est possible d’observer une grande diversité de roches et de structures de déformation qui constituent un extraordinaire témoignage pour la science et pour sa transmission au grand public.

Name(s) of the component part(s)

- Aree protette della Alpi Marittime
- Parco delle Alpi Liguri
- Sti Natura 2000 IT 1315717 M. Grammondo e IT 1315714 M. Abellio
- Porzione mare territoriale de fronte a Ventimiglia

Description of the component part(s)

Le territoire  des « Alpes de la Méditerranée » abrite une histoire géologique unique à fort gradient altitudinal dont la valeur exceptionnelle s’étend sur huit espaces en séries.

Ces 8 domaines renferment les différents attributs qui déclinent l’histoire géologique et l’originalité de la valeur universelle exceptionnelle.

La zone 1 - Argentera-Mercantour : C’est la mémoire, dans les Alpes maritimes, du cycle géologique le plus ancien (« cycle Varisque » entre -400 et – 290 Millions d’années) à l’origine de la plus grande chaîne de montagnes que la Terre ait jamais connu.

 Cette zone s’étendant sur 98 034 ha, correspond essentiellement au Parc Européen Alpi Marittime/Mercantour constitué par :

  • Le Parco naturale delle Alpi Marittime + Natura 2000 italienne adjacente, largement dominés par les habitats rocheux, environ 47% de leur surface.
  • Le Parc national du Mercantour dont 62 660 ha sont en « zone cœur » du Bien c'est-à-dire sous statut spécial de protection. Il partage 33 km de frontière commune avec le Parco Alpi Marittime. Il présente deux grands massifs séparés par l'axe de la Tinée : au nord-ouest de cet axe un massif calcaire ou schisteux, au sud-est le massif cristallin partagé avec l'Argentera.
La zone 2 - Daluis : C’est une réserve géologique déjà identifiée qui montre les témoins de la transition (entre -290 et -235 Ma) entre le cycle ancien (Varisque) et la formation de la future chaîne des Alpes avec des sédiments qui résultent de l’érosion de la chaîne géante. La superficie est de 1 112 ha.

La zone 3 - Marguareis-Toraggio : Elle montre des roches et des structures qui décrivent la genèse des Alpes, depuis un océan jusqu’à une chaîne de collision. C’est le cycle alpin sensu-stricto (entre – 230 et -28 Ma).

Cette zone de 22 516 ha couvre les parcs naturels régionaux du Marguareis, Alpi-Ligurie et une partie du parc Alpi-Marittime ainsi qu’une zone Natura 2000 italienne et française et une petite réserve biologique française de l’ONF.

  • Le Parc du Marguareis couvre une superficie de 5 262 ha en zone cœur du Bien et abrite le système karstique le plus important des Alpes du Piémont, avec plus de 150 km de grottes.
  • Le Parco delle Alpi Liguri couvre une superficie de 6 041 ha. Il est caractérisé par un environnement de haute montagne, à proximité de la mer : les massifs du Monte Saccarello, Monte Toraggio, Monte Abellio et du Monte Pietravecchia, dotés de structures de déformation alpine très spectaculaires.
La zone 4 - Peira-Cava : C’est le lieu historique de définition de la « séquence de Bouma » (du nom du grand géologue néerlandais qui l’a identifiée) qui sert de série sédimentaire de référence mondiale pour la définition des bassins sédimentaires marqueurs de la collision alpine.

Cette zone située sur la commune de Lucéram couvre une superficie de 478 ha et fait l’objet d’un arrêté de géotope en cours.

La zone 5 - Ours-Grammondo : Elle contient les structures tectoniques alpines ré-activées et déformées  pendant le début de l’histoire de la Méditerranée occidentale  (il y a -28 Ma). Les Alpes maritimes sont le seul lieu de toute la chaîne alpine au sein duquel les structures alpines sont ainsi  déformées et donc réorientées à cause de l’ouverture de la Méditerranée.

Elles comprennent les zones Natura 2000 du Careï et du Mont Grammondo qui couvrent une superficie de 5 452 ha. 

La zone 6 - Cap Ferrat-Canyon de la Roya : C’est la Méditerranée (océan liguro-provençal) avec ses 3 zones tampons (Roquebrune Cap-Martin, Cap d’Ail, Villefranche) qui font le lien terre/mer et qui renferment les attributs démontrant la lacération transversale des Alpes par un jeune bassin océanique (entre – 28 Ma et l’actuel). Elle comprend les zones Natura 2000 marines du Cap Ferrat et de Roquebrune Cap-Martin et les eaux territoriales françaises, italiennes et monégasques de ce secteur s’étendant sur  83 083 ha.

La zone 7 - La Grande Corniche : Elle contient les attributs qui démontrent l’inversion de la marge océanique liguro-provençale et donc la fermeture future de la Méditerranée en réponse à la cinématique Afrique-Europe. C ‘est un nouveau cycle géodynamique qui s’annonce.

Cette zone comprend le site Natura 2000 de la Grande Corniche qui s’étend sur 724 ha.

La zone 8 - Peille 
: Elle correspond à la faille active de Peille-Laghet. C‘est la structure tectonique (et sismique) la plus connue aujourd’hui dans les Alpes maritimes. Cette zone, toute petite, démontre que les Alpes sont toujours actives et qu’elles ont donc été découpées avant la fin de leur « cycle de vie ».

Située en partie sur les communes de Peille et de Peillon, elle occupe une  superficie de 179 ha et fait l’objet d’un arrêté de géotope en cours.

Justification of Outstanding Universal Value

Le Bien proposé a une valeur universelle dans la mesure où il modifie la compréhension qu’ont les géologues de l’histoire et du fonctionnement géodynamique de la planète Terre. En effet, de façon générale, les bassins océaniques s’ouvrent sur des continents pénéplanés, c’est à dire sur d’anciennes chaines de montagnes totalement érodées. Or les « Alpes de la Méditerranée » présentent un exemple unique, d’une chaîne non encore érodée (les Alpes), toujours active, qui est sectionnée transversalement par l’ouverture postérieure d’un bassin océanique (la Méditerranée occidentale). Cet exemple permet de compléter la vision générale du fonctionnement de la dynamique terrestre. Il est un témoin exceptionnel de la tectonique mondiale dans la mesure où il améliore de façon significative notre compréhension de l’histoire de la Terre.

Le Bien proposé est également exceptionnel et unique car il offre sur un seul territoire de dimensions réduites, la réunion d’attributs géologiques résultant de la succession de trois cycles géodynamiques « dit de Wilson » témoignant d’une l’histoire géotectonique continue, au cours des derniers 400 millions d’années.

En effet, toutes les chaînes de montagnes comportent des témoins de tout ou partie d’un cycle de Wilson. Les Alpes occidentales offrent quant à elles, des témoins de deux cycles géologiques successifs (le cycle varisque et le cycle alpin). Mais seule la bordure maritime des Alpes se caractérise par l’enregistrement de trois cycles successifs.

Critère (viii) : Le bien proposé est exceptionnel en tout premier lieu car il permet d’accéder à un exemple unique d’une chaîne de montagnes, non encore effondrée ni érodée, mais sectionnée transversalement par l’ouverture d’un bassin océanique récent.

En effet, vers -30 Ma l’évolution géologique des Alpes de la Méditerranée a conduit à la rupture de la partie méridionale des Alpes occidentales, chaîne encore active, suivie de l’ouverture (vers –20Ma) d’un petit bassin océanique : la Méditerranée occidentale.

En découpant rapidement (en moins de 10 Ma) la chaîne, cette ouverture océanique a créé une physiographie singulière (forme particulière en surface) avec un dénivelé altitudinal de prés de 6000 mètres en moins de 70 kilomètres. Les sommets du massif de l’Argentera-Mercantour, qui culminent à 3297 mètres, passent, sans plaine côtière ni plateau continental, aux fonds abyssaux du bassin liguro-provençal qui se situent aux alentours de – 2500 mètres.

Les Alpes de la Méditerranée offrent l’opportunité d’observer les effets d’une ouverture océanique réalisée aux dépends d’une chaîne active et complètent notre compréhension du cycle naturel universel de formation et destruction des chaines de montagnes.

Le Bien proposé est également exceptionnel car il inclut sur une surface réduite, et donc sur de courtes distances, des témoins géologiques de trois évolutions géodynamiques successives s’étendant sur une durée de plus de 400 Ma. Ainsi, les affleurements géologiques (paysages, roches, structures) visibles ou décelables tout au long de ces 6000 mètres de dénivelé constituent, pour la science et sa transmission au grand public, un témoignage extraordinaire et continu de l’histoire géologique de cette région au cours des derniers 400 Millions d’années.

Enfin, il est important de souligner le remarquable niveau de connaissances scientifique disponible aujourd’hui sur l’évolution géodynamique du bien proposé qui permet d’une part d’asseoir scientifiquement sa valeur universelle exceptionnelle et d’autre part de garantir sa transmission au grand public ouvert à la culture scientifique.

Statements of authenticity and/or integrity

Le Bien “Alpes de la Méditerranée” satisfait les conditions d’intégrité d’un Bien naturel prescrit par les « Orientations pour la mise en œuvre de la Convention sur le Patrimoine Mondial ».

Le Bien « Les Alpes de la Méditerranée » est proposé en série, composé d’éléments distincts mais connectés entre eux de manière à construire un Bien unique. Ces éléments  offrent l’opportunité d’observer les effets d’une ouverture océanique réalisée aux dépends d’une jeune chaîne active.

Le Bien en série proposé contient tous les éléments clés interdépendants de cette succession géologique. Il offre un témoignage extraordinaire et continu de l’histoire géologique des Alpes Maritimes et Ligures au cours des derniers 400 Millions d’années.

Les divers éléments qui constituent le Bien en série ont été définis et choisis pour représenter de la manière la plus complète possible, la succession des évènements géologiques qui ont façonné ces terres.

Les huit éléments sont ainsi connectés entre eux par de claires relations (géodynamiques, tectoniques, stratigraphiques et géomorphologiques)  qui en font un témoin de processus géologiques exceptionnels qui comblent donc une lacune importante dans la compréhension de l’histoire géodynamique de la Terre.

Le relief en résultant est singulier, dans une aire relativement restreinte, au sein de laquelle les Alpes rencontrent la Méditerranée. Il est possible de passer d’environnements de haute altitude à des fonds océaniques avec un dénivelé de plus de 6000m. La géodiversité et les formes de relief sont liées à un environnement de qualité très élevée. Dans ce contexte, les processus biologiques évolutifs ont agi dans le passé, et demeurent encore efficaces de nos jours. Ils sont à l’origine d’une grande biodiversité et d’écosystèmes spécifiques.

Les frontières du Bien ont été spécifiquement  définies en tenant compte de la valeur géologique,  de l’intégrité environnementale et du niveau de protection et de gestion. Elles incluent tous les territoires  nécessaires à la pleine démonstration de la Valeur Universelle Exceptionnelle.  

La quasi-totalité du Bien candidat est caractérisée par des niveaux de haute naturalité : les sites Argentera-Mercantour, Marguareis-Toraggio, Daluis, Peira-Cava, sont des aires montagneuses, majoritairement inhabitées, avec très peu d’infrastructures.

Dans les zones voisines  des sites Ours-Grammondo, Peille et  La Grande Corniche,  la présence d’habitations et d’infrastructures est significative  mais absolument  pas impactante d’un point de vue géologique.

L‘exceptionnalité des processus géologiques et leur continuité  ont justifié l’intégration d’un important domaine  marin (Cap Ferrat- Canyon Roya), englobant des zones Natura 2000 et des portions d’aires marines protégées (Zone RAMOGE, Sanctuaire PELAGOS), où existent des pressions humaines, mais ces dernières ne sont pas une menace pour le Bien géologique.

Justification of the selection of the component part(s) in relation to the future nomination as a whole

Les 8 domaines qui sont les éléments constitutifs du Bien proposé sont complémentaires pour en illustrer la spécificité et l’universalité, et en particulier :

  • Le nombre de régimes géodynamiques que le Bien permet d’illustrer.
  • La mémoire géologique de plusieurs cycles géodynamiques.
  • Des attributs tectoniques qui couvrent une période étendue du temps géologique.
  • La richesse de la diversité des structures tectoniques observables sur le Bien.
  • La grande variété des roches dont la genèse peut être illustrée par le Bien.
  • Les relations entre le domaine continental du Bien et le bassin océanique qui le lacère.
  • L’intégration des attributs géologiques marins et terrestres qui fournit une remarquable démonstration du principe d’actualisme.
  • A terre, les excellentes conditions de visibilité, d’observations et d’accès aux attributs du site.

La sélection au sein du territoire des 8 domaines est confortée par la haute  protection environnementale existante sur chacun de ces sites. Les  systèmes de gestion  propres à chacun des sites  seront intégrés  dans une gestion globale transfrontalière.

Comparison with other similar properties

Choix des sites à comparer :

C’est clairement sur le thème « Tectonic and structural features » qu’est fondée la V.U.E. du Bien proposé. C‘est donc ce thème qui est le fondement de l’analyse comparative effectuée.

L’analyse comparative du Bien en séries  que nous proposons a donc été menée en premier lieu avec les 5 sites déjà inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial au titre de la tectonique à savoir :

  • Gros Morne National Park, Canada (inscription en 1987).
  • Macquarie Island, Australie (inscription en 1997).
  • Three Parallel Rivers of Yunnan, Chine (inscription en 2003).
  • Arena-Sardona, Suisse (inscription en 2008).
  • Danxia de Chine, Chine (inscription en 2010).

Au-delà de ces cinq sites, le site proposé étant localisé dans la chaîne des Alpes, une comparaison avec des sites remarquables de la chaîne alpine a été réalisée. Sept sites alpins déjà inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial ou placés en liste indicative ont fait l’objet d’une comparaison détaillée.

Par ailleurs, comme l’exception des Alpes de la Méditerranée réside dans son histoire géodynamique singulière, à savoir l’ouverture d’un bassin océanique au sein d’une chaîne encore jeune, et le bassin de la Méditerranée occidentale qui affecte les Alpes du sud, la Corse, les Pyrénées orientales, les cordillères Bétiques, Rifaines et Kabyles étant l’exemple type d’un tel contexte, la comparaison a été faite entre ces  six chaînes de montagne méditerranéennes.

De plus il existe également des chaînes récentes en Méditerranée orientale. L’analyse comparative a donc été menée aussi avec ces chaînes.

Il existe aussi sur le pourtour du Pacifique des chaînes dont l’évolution géodynamique est en relation avec celle de la fosse océanique adjacente. Elles ont été elles aussi comparées au Bien proposé.

Enfin, certaines chaînes littorales montrent des évolutions ou des structures tectoniques parfois comparables à celles du Bien proposé. C’est le cas du Caucase ou des Calédonides qui ont donc fait l’objet d’une analyse comparative.

Résultats de l’analyse comparative :
Comparaison avec les cinq sites inscrits au titre de la tectonique :

L’analyse comparative met clairement en évidence la singularité et le caractère exceptionnel du site des « Alpes de la Méditerranée » :

  • C‘est le seul exemple d’une chaîne active, peu érodée, découpée transversalement par un bassin océanique récent.
  • C’est le seul site à montrer des attributs tectoniques marqueurs de trois cycles géodynamiques successifs.
  • C’est le seul site à montrer une très grande diversité de structures tectoniques et de processus de formation de roches qui sont autant d’indicateurs pour expliquer l’évolution de la planète Terre.
  • C‘est le site pour lequel les attributs géologiques couvrent la période d’activité la plus étendue.

Comme pour  trois des sites déjà inscrits, les conditions d’affleurement et d’observation des objets géologiques dans le site des « Alpes de la Méditerranée » sont exceptionnels, et l’accessibilité du site est facile. Enfin, comme pour  trois des sites inscrits, l’activité scientifique internationale y est forte, les connaissances y sont donc renouvelées et offrent une garantie de qualité de l’information transmise au « grand public ».

Comparaison avec des sites remarquables de la chaîne alpine :

Dans les Alpes, sept  sites sont déjà identifiés comme remarquables, sur la base, au moins en partie, de leurs caractéristiques géologiques par les instances internationales : Le Monte San Giorgio ;  l’ensemble Jungfrau-Altesch-Bietschorn ; les Dolomites ; les Grottes de Škocjan ; le Mont Blanc ; les Hohe Tauern ; le massif de Durmitor.

Par rapport à ces sept sites alpins, l’analyse comparative met en évidence que les Alpes de la Méditerranée sont :

  • Le seul exemple d’un massif alpin lacéré transversalement par un bassin océanique récent.
  • Le seul site à montrer des attributs tectoniques marqueurs de trois cycles géodynamiques successifs.
  • Le site pour lequel les attributs géologiques couvrent la période d’activité la plus étendue.

Comparaison avec les sites du bassin de la Méditerranée occidentale :

Six chaînes à la périphérie de la Méditerranée occidentale ont été analysées dans le cadre de l’analyse comparative : La chaîne des Apennins en Italie, la Corse, la chaîne des Pyrénées à la frontière franco-espagnole, les cordillères Bétiques au sud de l’Espagne, la chaîne du Rif au nord du Maroc, les cordillères Kabyles au nord de l’Algérie

Dans toutes ces chaînes, la topographie est accidentée, les morphologies  de type alpin sont fréquentes et évoluent vers des conditions de moyenne montagne à l’échelle régionale. Les conditions d’exposition des structures tectoniques et des roches sont souvent de très bonne qualité. La visibilité des attributs est de ce fait très bonne. Les conditions d’accès aux sites en montagne comme sur le littoral sont bonnes, à l’exception des cordillères Rifaines et plus encore Kabyles pour lesquelles les conditions de sécurité méritent d’être sérieusement discutées au cas par cas. Enfin, sur tous ces domaines, l’activité scientifique internationale est très soutenue.

L’analyse comparative met en évidence les nombreuses similitudes en termes de marqueurs tectoniques et géodynamiques entre les différents sites. Cela reflète leur histoire en grande partie commune.

Cependant, les Alpes de la Méditerranée et la Corse sont les sites au sein desquels les trois cycles géodynamiques sont les plus lisibles à partir des différentes roches et des structures géologiques.

Pour ce qui est de la lacération de la chaîne non érodée par un océan plus récent, la section est transversale pour les Alpes de la Méditerranée et les Pyrénées, elle est parallèle pour les Apennins, les cordillères Bético-Rifo-Kabyles et la Corse Alpine et elle est oblique pour la Corse Varisque.

Seules les Alpes de la Méditerranée et la Corse occidentale montrent une transition abrupte entre continent et océan. Pour tous les autres sites cette transition est progressive.

Enfin, si les Alpes de la Méditerranée et la Corse sont les sites au sein desquels le plus grand nombre de cycles géodynamiques sont  lisibles, les attributs du cycle varisque sont néanmoins plus nombreux et diversifiés dans les Alpes de la Méditerranée qu’en Corse. Ainsi c’est dans les Alpes de la Méditerranée que les indicateurs géologiques couvrent la période d’activité tectonique la plus longue.

Comparaison avec les chaines récentes de Méditerranée orientale :

L’analyse de l’histoire géologique de la Méditerranée dans son ensemble montre une grande différence  entre les domaines occidentaux et orientaux. En Méditerranée occidentale, les chaînes récentes sont à proximité d’un bassin océanique postérieur à leur formation. En Méditerranée orientale, c’est la situation inverse qui est observée. Les chaînes comme  les Hellénides (Grèce) ou les Taurides (Turquie) sont proches d’un bassin océanique antérieur à leur formation. Ces bassins sont considérés comme des « reliques » d’un vieil océan  (Téthys) dont la fermeture a donné naissance aux chaînes récentes.

La différence, sur la base du critère « tectonique » est donc considérable entre les Alpes de la Méditerranée et les chaînes récentes de Méditerranée orientale.

Comparaison avec les chaînes péri-Pacifique :

Sur le pourtour du Pacifique, les chaînes de montagnes sont des chaînes de subduction (cordillères nord et sud Américaines, Japon). Leur édification est liée au processus de disparition du plancher océanique dans la zone de subduction ; ces chaînes sont ainsi localisées à la limite de la marge continentale d’une plaque .

 Dans aucun de ces sites péri-Pacifique, il n’y a rupture de la structure de la chaîne de montagnes par l’ouverture d’un bassin océanique plus récent. Il s’agit donc de chaines à l’interface continent / océan dont les structures et les évolutions sont totalement différentes de celles identifiées dans les Alpes de la Méditerranée.

Cette différence majeure est illustrée de façon éclatante par l’analyse des caractéristiques géologiques du Lorentz National Park qui est un site localisé en Papouasie et qui est inscrit, depuis 1999, sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO au titre du critère (viii), avec la géomorphologie comme thème principal et la tectonique comme thème secondaire pour la V.U.E. La transition continent-bassin marin y est très progressive avec le développement d’une plaine très importante. A aucun endroit la chaîne de ce site n’est lacérée par un bassin océanique plus récent.

Comparaison avec des chaînes de collision littorales :

Deux chaines de collision, remarquables par leurs évolutions tectoniques et leur situation à l’interface Terre/Mer ont fait l’objet d’une analyse comparative détaillée : Le Caucase et les Calédonides.

Le Caucase est un ensemble de chaînes de montagnes situé au sud d’une plaque continentale (craton est-européen) et qui occupe une position originale entre la Mer Noire et la Mer Caspienne. Il représente le segment oriental de l’édifice alpin et résulte de la convergence entre les plaques Eurasie, Arabie et une micro-plaque Anatolienne. Il existe des différences de premier ordre entre Caucase et Alpes : un seul cycle géodynamique est identifié dans le premier, alors que  trois cycles sont reconnus dans les Alpes de la Méditerranée. En outre, si les structures tectoniques sont comparables, leurs contextes de formation diffèrent notablement. Enfin et surtout, le bassin océanique qui borde le Caucase est plus ancien que la chaîne de collision, c’est l’inverse dans le cas des Alpes de la Méditerranée.

La chaîne des Calédonides est, comme les Alpes sud-occidentales, une chaîne de montagnes fragmentée par l’ouverture d’un domaine océanique plus récent. A la différence des Alpes de la Méditerranée découpées transversalement avant d’avoir été érodées, les Calédonides ont été largement érodées entre le Carbonifère et le Jurassique. La transition océan-continent montre, dès lors, une topographie typique d’une marge passive avec le développement d’un plateau continental et  un passage progressif du continent au bassin océanique et non pas brutal, avec une très forte pente, comme cela est observé dans le site des Alpes de la Méditerranée.

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