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Les gravures rupestres du Sahel burkinabè : Pobé-Mengao, Arbinda et Markoye

Date of Submission: 24/01/2012
Criteria: (ii)(iii)
Category: Cultural
Submitted by:
Ministère de la Culture et du Tourisme
State, Province or Region:
Pobé-Mengao, Sahel, province de Soum Aribinda, Sahel, province de Soum Markoye, Sorbaia (Nord), Sahel, province d'Oudalan Markoye, Tondo Banda (Sud), Sahel, province d'Oudalan
Ref.: 5657
Disclaimer

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Property names are listed in the language in which they have been submitted by the State Party

Description

Pobé-Mengao   N13. 87864 W 001.74810

Aribinda N14.22036 E 000.86329

Markoye  N14 39.822 E00 03.515  

Sorbaia  (Nord)       

Markoye  N14 36.068 E00 04.458
Tondo Banda (Sud)

Ces ensembles de sites se situent dans le Sahel burkinabè, zone frontalière au Mali et au Niger. On y trouve un continuum de sites où l’art pariétal est dominant avec un fonds iconographique et une technique de travail quasiment similaires. Au Burkina, l’art rupestre a deux composantes à savoir, les gravures et les peintures.

Les gravures sont des œuvres réalisées par abrasion sur des parois rocheuses. Elles constituent la composante la plus importante de l’art rupestre dans notre pays et forment deux ensembles régionaux, l’un au nord et l’autre au sud. Le premier ensemble situé au nord comprend les sites de Pobé-Mengao, d’Arbinda et de Markoye et le second ensemble se trouve à l’ouest du Burkina Faso, représenté par les sites de Borodougou, Wimpéa et Dramandougou. Au niveau du premier ensemble, les thèmes dominants sont ceux se référant au domaine animalier et végétal avec quelques incursions dans les figures géométriques abstraites. Par contre au niveau du second ensemble, les représentations abstraites sont plus nombreuses que les motifs floraux et animaliers et ont été réalisées par poinçonnage avec des lignes continues ou discontinues.

Les gravures ont, pour tous les sites du Sahel burkinabè, été réalisées sur les formations rocheuses selon la technique du piquetage et du bouchardage. Hormis Markoye, les réalisations artistiques sur la pierre se trouvent sur des parois rocheuses situées en hauteur et difficiles d’accès. Toute chose qui a concouru à la préservation de leur intégrité.

A Pobé-Mengao, les gravures rupestres s’étendent sur une superficie d’au moins 2 kms (selon les travaux du docteur Millogo Kalo Antoine, 2001). Les datations au carbone 14 font remonter leur âge à une période antérieure au XIIème siècle ap JC. Ce vaste ensemble comprend des restes d’habitation, des lieux d’inhumation, des meules de jeu (« waré ») et des lithophones.

Ce site de gravures rupestres est composé de 04 blocs :

- Bloc1: N.13. 87909°/W 001.74636.

- Bloc2: N.13. 87910° / W 001.74656°

- Bloc3: N.13. 87873° / W 001.74746°

- Bloc4: à l’extrémité sud

De façon générale, les motifs évoquent des scènes de chasse (cavaliers, guerriers), des formes humaines diverses et des animaux. Sur un bloc oblong d’une longueur d’environ 3 mètres, d’une largeur d’environ 1,5 mètres et d’une hauteur d’environ 1,5 mètre, on note la présence d’un lithopone qui produit le son par percussion d’une pierre contre la paroi du bloc. Les travaux, à l’heure actuelle, rapprochent les gravures de Pobé-Mengao à celles connues à Aribinda. Dans les deux régions, le thème du cavalier est prépondérant.

Si par endroits, certains motifs sont suffisamment visibles et bien conservés. Ailleurs (bloc4), ils sont érodés et quasiment illisibles.

Dans la commune de Aribinda, les motifs sont repartis sur les sites de Kourou, Wassa et Wondo. Les motifs renvoient généralement à des représentations humaines, animalières (chevaux, autruche, outardes…) et géométriques telles que les lances à pointe triangulaire. Ces lances sont tenues par des individus et terminées par un long manche. Les pointes des lances sont striées de traits horizontaux leur octroyant l’aspect de larges feuilles. Les motifs humains renvoient à l’association homme-animal avec une prédominance des cavaliers portant des coiffures hérissées comme à Pobé-Mengao. Les gravures sont souvent localisées à la périphérie des zones d’habitation.

Quant aux vestiges des habitations, ce sont aujourd’hui des amas éparses de blocs de granit (galets) ayant autrefois servi à la construction de cases rondes aujourd’hui disparues. Les contours des cases sont perceptibles jusqu’alors (plus de 5), ainsi que des meules dormantes et des tertres anthropiques. L’âge approximatif d’occupation des lieux est estimé au XIVème siècle ap JC.

A Markoye, les gravures sont localisées sur les sites de Sorbaïa, Tondo Banda et de Béribéra. Ces sites de gravures ont fait l’objet d’études antérieures par des équipes de chercheurs. Les gravures rupestres de Markoye se répartissent sur les affleurements rocheux qui s’étendent à l’est du village. Ces affleurements s’élèvent du nord au sud où ils constituent de véritables chaos de blocs de tailles parfois impressionnantes.

Daté approximativement entre 620 et 1212 après JC, de façon générale, le fonds iconographique évoque des thèmes récurrents se référant à des motifs circulaires pourvus de décors internes très divers. Les concentrations des gravures, de même que les thématiques développées permettent de distinguer trois principales zones :

1. Une zone nord centrée sur les affleurements de Sorbaia s’élevant peu au-dessus du sol. Les thèmes développés sont très abstraits et évoquent plutôt le monde végétal. On y note la présence de figures géométriques (les spirales), et des reptiles (lézards, tortues) ;

2. Une zone médiane, constituée du secteur de Tondiédo où dominent plutôt des figures géométriques ;

3. Une zone méridionale, la plus élevée et avec les plus gros blocs, connait des concentrations autour de Tondo Loko et Tondo Banda. Ce secteur sud voit se développer surtout la thématique animalière. On peut identifier d’une part des montures avec leurs cavaliers et d’autre part des animaux sauvages, comme les antilopes et des oiseaux (Autriche, outardes). Ce secteur laisse également voir une prolifération de figures géométriques (cercles), compartimentées par des « croix ». A ces figures dominantes, sont associés des éléments anthropomorphes, des empreintes de pieds, des armes, des sandales.

Ainsi de façon générale, on note l’absence remarquable de bovidés. Il y a par contre un foisonnement de chevaux et autres quadrupèdes, des antilopes, des lévriers, des cavaliers dressés sur leurs montures, des oiseaux sauvages tels que l’autruche les outardes, ainsi que d’autres motifs abstraits divers. On note aussi une abondance de motifs que les archéologues décryptent comme étant des carapaces de tortues.

Justification of Outstanding Universal Value

L’évolution humaine est jalonnée de nombreux témoignages de l’action de l’homme sur la nature, actions pouvant relever du domaine de la pensée et de la métaphysique. Parmi ces témoins, nous avons des représentations sur certains supports dont les parois rocheuses. Cette expression de l’art rupestre est florissante surtout à partir du Paléolithique supérieur.

Les œuvres réalisées sur l’actuel territoire du Burkina Faso sont, certes moins spectaculaires que celles découvertes par exemple dans les Grottes du sud de la France, ou les peintures du Tassili etc., mais elles sont des témoins d’expression de certaines populations qui ont occupé ces espaces et auxquelles il convient de porter une attention particulière.

Les premières mentions de l’art rupestre au Burkina Faso sont l’œuvre de Jean Rouch, qui présente des gravures à Pobé Mengao et Arbinda dans la province du Soum. Ensuite Andah Bassey évoque des peintures à Kawara, près de Sindou,  dans la province de la Léraba. Dans les années 1980, Georges DUPRE et Dominique Guiopt font un inventaire assez complet des gravures d’Arbinda. Enfin, à partir de 1997, une équipe Franco-Burkinabè initie des travaux dans la région de Markoye où des gravures venaient d’être découvertes.

-      critère ii : les sites de gravures rupestres du Sahel burkinabè–de Pobé-Mengao à Markoye- sont de véritables témoins d’un échange culturel qui a marqué l’histoire de la région. Le rapprochement des motifs avec ceux connus dans le Sahara lybico-berbère ou dans la sphère d’habitation des Dogons est révélateur des différentes influences artistiques, donc des rencontres qui ont émaillée l’histoire des populations de cette zone ;

critère iii : Le fonds iconographique est un exemple unique d’une tradition artistique disparue et qui mérite d’être conservée sous peine de disparaître sous les coups récurrents des menaces anthropiques et climatiques qui affectent déjà les différents supports. Les motifs dessinés sur la pierre donnent une somme importante d’informations sur l’organisation de la vie des populations qui occupaient ces espaces ainsi que la faune et la flore de l’époque.

Statements of authenticity and/or integrity

La plupart des sites ci-dessus cités se caractérisent par leur intégrité physique et leur authenticité. Les motifs sont visibles et ont fait dans de nombreux cas l’objet d’études scientifiques et de relevés par des chercheurs. La pollution humaine est minime sur ces sites qui, du fait de leur accès difficile, ont gardé leur intégrité.

Le fonds iconographique des gravures du Sahel burkinabè ne comporte pas d’œuvres spectaculaires mais représente incontestablement un témoignage authentique de la vie de populations aujourd’hui disparues sur ces lieux. L’art rupestre au Burkina revêt donc un intérêt certain pour la connaissance du passé des communautés qui ont à un certain moment occupé ces espaces. La préservation de ces sites devient donc un impératif, notamment du fait qu’ils sont soumis aux intempéries et à l’action anthropique.

Comparison with other similar properties

Les différentes études comparatives montrent des similarités entre les motifs des trois (03) localités que sont Pobé-Mengao, Aribinda et Markoye. La présence de formations granitiques dans ces 03 zones a favorisé le développement de cet art pariétal. En outre, l’utilisation des techniques de bouchardage et de piquetage est un dénominateur commun qui caractérise la réalisation des motifs dans les 03 localités.

A Markoye, où des études plus approfondies ont été conduites, les chercheurs rapprochent les motifs gravés à ceux découverts au Sahara et au Maghreb, faisant ipso facto penser à une paternité libyco-berbère. En outre, la similitude entre certains motifs de l’ensemble de Markoye (association animal et disque) fait penser au substrat cosmogonique des Dogons où des portions de mythes octroient à ces gravures des vertus prophylactiques et magiques. Nonobstant ces ressemblances, il serait hâtif d’attribuer la paternité des gravures de l’ensemble de Markoye aux ancêtres des Dogons. De toute façon, en reprenant les termes de Sauvet et Wlodarczyk (1995), il serait aléatoire de procéder à un déchiffrement catégorique du sens des gravures car cet exercice, à cette étape des connaissances, s’avérerait « complètement hypothétique et à jamais invérifiable ».

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