Parc national du Djurdjura
Délégation permanente de l'Algérie auprès de l'UNESCO
Wilayas, Bouira et Tizi Ouzou
Disclaimer
The Tentative Lists of States Parties are published by the World Heritage Centre at its website and/or in working documents in order to ensure transparency, access to information and to facilitate harmonization of Tentative Lists at regional and thematic levels.
The sole responsibility for the content of each Tentative List lies with the State Party concerned. The publication of the Tentative Lists does not imply the expression of any opinion whatsoever of the World Heritage Committee or of the World Heritage Centre or of the Secretariat of UNESCO concerning the legal status of any country, territory, city or area or of its boundaries.
Property names are listed in the language in which they have been submitted by the State Party
Description
Le parc national du Djurdjura est l’un des rares géo écosystèmes ou écosystèmes de montagne en Algérie caractérisé par une chaîne karstique en forme de muraille, s’étendant de l’’Est à l’Ouest sur 50 km de long et de 10 à 12 km de large, culminant au sommet emblématique de Lalla Khédidja à 2308 m d’altitude, ce qui le classe comme le relief le plus haut de l’Atlas tellien.
Couvrant une superficie de 20150 ha (201,5 Km2), le parc national du Djurdjura est d’un grand intérêt botanique, faunistique et géo climatique ; ce qui lui a valu l’attention des scientifiques et des naturalistes depuis au moins le 19e siècle, et dont la première expédition botanique est menée sur le site dès 1854, suivi plus tard par une seconde expédition scientifique initiée par la Société d’Histoire Naturelle de l’Afrique du Nord en 1912. D’importantes découvertes scientifiques se sont succédées depuis cette date. En 1923, fut découverte la grotte du macchabée, suivi deux années plus tard (1925), par une autre découverte est celle d’un résineux endémique au Djurdjura (Pin noir de Maurétanie).
En 1983, il a été classé comme parc national en vertu du décret présidentiel du 23 juillet 1983. Puis, il fut érigé en réserve de biosphère du programme MAB sous l’égide de l’UNESCO le 15/12/1997. Par sa valeur patrimoniale importante, il fut intégré dans le 11ème point chaud de la biodiversité regroupant la Kabylie-Numidie- Kroumirie, en 2007. En 2024, le nom du Djurdjura est inscrit sur la carte de la région martienne de Jezero par la NASA.
Rappelons que, durant la période coloniale (1830 et 1962), notamment la guerre de libération déclenchée en 1954, le Djurdjura était un bastion de résistance anticolonialiste où de nombreuses batailles ont été enregistrées.
Le Parc National du Djurdjura (PND) est un établissement public à caractère administratif (E.P.A) qui relève sur le plan administratif du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural et de la Pêche (M.A.D.R.P), et sur le plan technique de la Direction Générale des Forêts (D.G.F). La gestion administrative du Parc est assurée par un directeur, assisté par cinq (05) chefs de secteurs de conservation répartis selon un découpage géographique.
Justification of Outstanding Universal Value
Le Parc National du Djurdjura, de par son caractère alpin (orobiome), la valeur patrimoniale de sa biodiversité floristique et faunistique caractérisée par de nombreuses espèces endémiques et/ou inscrites sur la liste rouge de l’U.I.C.N, la diversité de ses habitats naturels et la beauté naturelle éminemment exceptionnelle et attractive, conséquence du caractère multi-faciès de ses paysages offrant de nombreuses potentialités écotouristiques, mérite à bien des égards d’être classé comme patrimoine mondial ou comme bien commun de l’humanité à préserver aux générations futures dans le cadre du développement durable. C’est un témoin d’une richesse à la fois naturelle, culturelle et spirituelle, qui lui permet de transcender les frontières nationales.
Le Parc National du Djurdjura a une valeur universelle exceptionnelle (VUE) en raison de sa biogéographie (« île continentale ») avec une chaîne de montagne alpine majestueuse de type karstique modelée à travers des temps géologiques millénaires donnant naissance à un foisonnement géologique ; ce qui lui confère une distinction par rapport aux autres aires protégées algériennes. Ce karst nu à géomorphologie imposante d’attrait touristique incontestable, permis le développement d’un réseau karstique souterrain renfermant des grottes telles que la grotte du macchabée, gouffres (gouffre du léopard et de Boussouil avec respectivement > -1175 m et > -960 m de profondeur) et des avens. Le Djurdjura est considéré comme la Mecque de la spéléologie avec une biodiversité cavernicole qui reste à explorer.
Le Parc National du Djurdjura se distingue aussi par une autre merveille de la nature, à savoir, le lac Agoulmim, unique lac de montagne en Algérie. Par ailleurs, sur le plan de sa biodiversité, étant un site isolé bio géographiquement, il renferme plusieurs espèces endémiques, conséquence des processus de spéciation et de son rôle de réceptacle pour les espèces refuges européennes des dernières glaciations (If, le Grand houx, etc.).
Critère (vii) : Chaîne de montagne en arc de cercle qualifiée de « squelette de dinosaure » et dénommée Mont Ferratus par les romains, vogue dans le ciel pour atteindre 2308 m d’altitude au pic de Lalla Khédidja se dressant comme une véritable silhouette de forme pyramidale. Modelé par le climat, le karst donne naissance à des structures géomorphologiques d’une beauté inouïe (pics, crêtes, vallées, canyons et dolines). Cette chaîne, surplombe des cédraies surfaciques, parfois en drève et parfois d’un aspect rivulaire, remplacées en altitude par des formations alticoles à base d’espèces rupicoles et de pelouses écorchées verdoyantes.
Critère (viii) : Chaîne soulevée durant la période géologique recouvrant la fin du Tertiaire et le début du Quaternaire, soit entre -5.2 et -0.9 millions d’années. Le massif du Djurdjura appartient aux zones internes (socle kabyle) des Maghrébides qui correspondent à une chaîne alpine d’Afrique du Nord et qui fait partie de l’orogène alpin périméditerranéen d’âge Tertiaire s’étendant de l’Ouest à l’Est sur 2000 km depuis l’Espagne du sud à l’arc calabro-sicilien.
Ce domaine interne est composé de massifs cristallophylliens métamorphiques et d’un ensemble sédimentaire paléozoïque (ordovicien à carbonifère) peu métamorphique. Ces massifs internes des Maghérbides ont donc constitué une zone haute de la fin du paléozoïque à l’oligocène. La chaîne montagneuse du Djurdjura est la partie africaine de la chaîne Alpine. Une très grande partie du massif du Djurdjura a été formée pendant le secondaire (Jurassique et Trias), soit depuis environ 140 à 200 millions d’années. Il serait la conséquence de la fermeture d’un ancien bassin sédimentaire qui a existé au tertiaire : la Mésogée. Celle-ci, est un espace océanique qui au cours de l'ère secondaire mésozoïque a séparé notamment l'Afrique de l'Europe et dont sont issues les chaînes périméditerranéennes.
Il compte plus d’une quarantaine de cavités (grottes, gouffres, dolines, avens, etc.) dont le gouffre du léopard, considéré comme l’un des gouffres les plus profonds au monde.
Critère (x) : Le Djurdjura fait partie des 52 zones refuges et des zones majeures de biodiversité méditerranéenne. Il a de tout temps constitué une zone refuge ou un abri pour de nombreuses espèces ayant fui la dernière glaciation. Avec une diversité d’habitats aussi bien sur le plan géologique, pédologique, climatique qu’écologique, le Djurdjura est considéré comme une zone clé pour la biodiversité ; ce qui lui a valu d’intégrer le 11ème point chaud de biodiversité : Kabylie-Numidie- Kroumirie. C’est un écosystème de montagne, et donc, un écosystème sentinelle et de référence pour le suivi des évolutions climatiques actuelles et futures.
Le Parc National fait partie du corridor « des montagnes, plateaux et zones humides du Tell Algérien et de la Tunisie ». Le Djurdjura constitue un sanctuaire de la nature qui offre les possibilités d’une conservation dynamique in-situ pour de nombreuses espèces. Il est le lieu de prédilection pour la chaîne de rapaces la plus complète de l’Afrique du Nord.
La diversité de ses écosystèmes lui permet aussi d’abriter des espèces emblématiques de faune comme le singe magot, l’hyène rayée et bien d’autres espèces rarissimes inscrites sur la liste rouge de l’U.I.C.N ; ce qui fait du Djurdjura, une aire d’importance mondiale pour la conservation de la biodiversité.
Statements of authenticity and/or integrity
Le Parc National du Djurdjura, s’étendant sur une superficie de 20150 ha (201,5 Km2), est une aire protégée représentative d’un vaste territoire écologique montagneux permettant la conservation dynamique in- situ de la diversité biologique et le maintien des processus biologiques et écologiques garantissant la pérennité des biens et services écosystémiques du site. Les attributs nécessaires qui font de lui un site naturel particulier demeurent complets, intacts et préservés de toute intervention à impact négatif (développement socio-économique ou touristique) à même de le dégrader ou d’altérer son aspect et sa composition. C’est ce qui lui confère cette valeur universelle exceptionnelle (VUE) avec un niveau de conservation et de préservation amplement appréciable.
La proposition d’inscrire le Parc national du Djurdjura sur la liste indicative du patrimoine mondial en Algérie, a bénéficié du soutien du Ministère de la Culture et des Arts, qui, conjointement avec la Direction Générale des Forêts, ont établi un programme incluant les différentes parties prenantes et les groupes d’intérêts de la gestion du parc. Ce programme a été couronné par l’organisation d’un atelier d’appui à la nomination au siège du parc à Bouira, et sanctionné par une déclaration de soutien et de consentement préalable et éclairée, lue et signée au nom de tous les participants.
Comparison with other similar properties
Le PND est une île continentale contrairement au parc national du Teide (Espagne) qui est une île située dans les îles ou archipel des Canaries. Tous deux, sont des territoires biogéographiques isolés, ce qui les caractérise par un fort taux d’endémisme.
Les deux sites comparables présentent des similitudes en matière de superficie (20150 ha pour le PND et 18990 ha pour le Teide), d’altitude maximale des montagnes (2308 m (PND) et 3129 (Teide), de diversité biologique, en particulier, l’avifaune et comme abri de préservation ou de conservation pour de nombreuses espèces à statut vulnérable ou menacé, d’évolution des processus géologiques. Comme on souligne aussi, que les noms des 02 sites à comparer sont proposés sur la planète Mars par la NASA.
Il important de signaler que la mosaïque d’écosystèmes du Djurdjura se distingue par plusieurs éléments qui n’ont pas de similarité ailleurs en Algérie. D’abord, de par sa nature géologique particulière (chaîne karstique nue), elle crée un réseau hydrogéologique interne (aquifères karstiques) qui, après drainage souterrain, ressortent sous forme de sources vauclusiennes, quasi rares ailleurs.
Ensuite, le modelé ou la configuration de cette chaîne de montagne, sous l’effet, principalement de l’érosion hydrique et des processus de gélifraction ou cryoclastie (alternance gel-dégel), donne naissance à une diversité d’aspects géomorphologiques aériens (sommets, crêtes, escarpements) et souterrains (grottes, avens, gouffres et poljés).
Par ailleurs, sa configuration altitudinale l’isole géographiquement ; ce qui accroît considérablement son taux d’endémisme et les phénomènes de spéciation, et par conséquent, la vulnérabilité s’accentue et la viabilité des petites populations devient préoccupante ; ce qui attire l’attention des gestionnaires et des conservateurs sur la nécessité de multiplier les efforts de conservation dans ce sens.