Ksour de l’Atlas Saharien Algérien
Délégation permanente de l'Algérie auprès de l'UNESCO
Wilaya, Lagouat, Naama et El Bayadh
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Property names are listed in the language in which they have been submitted by the State Party
Description
Ksar de Sfissifa, N 32°.73’ 092’’ / W 00°.86’ 986’’
Ksar de Moghrar Tahtani, N 32°49’338’’ / W 00°.46’ 712’’
Ksar Boussemghoun, N 32° 51' 53,27"/ E 0° 1' 11,8"
Ksar Tawyala, N 33° 52' 03,80" / E 1° 51'52,16"
Ksar Ain Madhi, N 33°47' 38,58" / E 2° 18' 04,61"
L'Atlas saharien algérien est une chaîne montagneuse qui s'étend à travers l'Algérie, servant de transition entre les hauts plateaux et le désert du Sahara. Il traverse le pays du sud-ouest au nord-est et s'étend sur plusieurs wilayas, notamment Naâma, Béchar, El Bayadh, Laghouat, Ghardaïa et Ouargla.
Les ksour de l'Atlas saharien algérien, proposés en tant que bien en série, sont composés de cinq ksour représentatifs de l’architecture vernaculaire du sud algérien et de sa capacité d'adaptation aux milieux arides. Ces paysages exceptionnels, où nature et culture sont indissociables, concentrent d'importants savoirs millénaires. Ces savoirs portent sur l'architecture et les techniques de construction, l'urbanisme traditionnel, ainsi que la gestion d'une biodiversité agricole issue d'une lente sélection d'espèces végétales et animales résistantes. Ils portent aussi sur la maîtrise des techniques d'irrigation et de gestion durable de l'eau et des ressources naturelles.
Ksar Boussemghoun
Le ksar de Boussemghoune est bâti sur une colline entre le Djebel Tanout et le Djebel Tameda, à 140 km au sud-ouest de la ville d’El Bayadh. De forme trapézoïdale, ce village d’architecture saharienne est constitué de constructions faites de pierres et de toub. Ses ruelles étroites, en grande partie couvertes et formant un véritable labyrinthe, aboutissent au centre du ksar, à un carrefour bordé de grossiers bancs de pierre. Ce joyau du patrimoine national figure parmi les sites exceptionnels où se conjugue le savoir ancestral, alliant connaissances culturelles et naturelles, pour donner naissance à un paysage mixte constitué du ksar et de sa palmeraie verdoyante qui s’étend sur une superficie de 39 ha.
Ksar Sfissifa
La région de Sfissifa est connue pour la découverte en 1989 d'un dinosaure, surnommé le "Géant des Ksour", et officiellement baptisé Chebsaurus algeriensis par les paléontologues algériens. Ce dinosaure herbivore, mesurant 12 mètres de long, vivait il y a environ 160 à 175 millions d'années, au Jurassique moyen. La région est également réputée pour ses stations de gravures rupestres datant du Néolithique.
Classé patrimoine national, le vieux ksar en pierre, joyau de l'architecture locale et témoin de douze siècles d'histoire, constitue, avec son oasis s'étendant sur près de sept kilomètres, un exemple remarquable d'intégration de l'homme à son environnement.
L'oasis est irriguée par neuf sources d'eau naturelles, reliées entre elles et aux zones les plus éloignées par des foggaras, des canalisations souterraines. L'oasis est divisée en petites parcelles de terre appartenant aux familles du ksar, qui y cultivent diverses céréales, légumes et fruits. Le partage de l'eau d'irrigation de ces sources se fait selon une méthode traditionnelle transmise de génération en génération.
Ksar Moghrar Tahtani
L’oasis de Moghrar est classée zone Ramsar en 2003 selon les critères (i) et (iii). Elle constitue l’assise naturelle des premiers établissements humains datant de la préhistoire. C’est à Tiout, non loin de cette zone, que des gravures préhistoriques ont été révélées au monde en 1847. Le vieux ksar de l’oasis de Moghrar, célèbre pour sa zaouïa, fondée en 1876 par le chef de la résistance populaire dans le sud du pays, cheikh Bouamama, revêt une importance particulière pour ses adeptes et pour les étudiants du Saint Coran venus y approfondir leurs connaissances religieuses et culturelles. Cette place de choix, qui confère une notoriété nationale, voire internationale, à la zaouïa, est renforcée par l’existence d’autres structures : une spacieuse mosquée, une école coranique et un internat pour les étudiants issus de différentes régions du pays, ainsi que « Dar el-dhiafa » (maison des hôtes), qui contribue à l’attrait touristique de ce site archéologique. La notoriété urbanistique, cultuelle et culturelle du ksar de Moghrar est également soutenue par une profusion unique de « khizanate » (bibliothèques privées), riches de centaines de manuscrits et ouvrages anciens, traitant de divers domaines de la science et du savoir.
Ksar de Taouyala
Le vieux ksar de Taouiala, situé à 150 km au Nord-ouest de la ville de Laghouat, il s’étend sur près de 250 m de long et 94 m de large, pour une hauteur de 5 m, disposait d’un poste de garde et comprenait deux entrées principales, la première sur son flanc Ouest et la seconde à l’Est. Le ksar de Taouiala, dont la construction remonterait, à la période d’édification des ksour de Djebel Ammour par les tribus berbères de Béni Rached, était le refuge d’une prêtresse appelée Karsifa, selon la légende relayée par les habitants de la région.
Ksar Ain Madhi
Ce vieux ksar d’Ain Madhi est situé à 75 Km au sud-ouest de Laghouat. Le Ksar d'Ain Madhi est considéré comme l'un des Ksour du désert qui témoigne de l'ingéniosité et de la créativité de l'homme. Le complexe Zaouïa Tidjania dans le Ksar est un important monument religieux, culturel caractérisé par son caractère architectural unique. Il est également considéré comme un témoin d'événements et de dates importants que le Ksar d'Ain Madhi a traversé, en plus de son association avec une figure religieuse et spirituelle influente au niveau mondial, Sidi Ahmed Tidjani.
Justification of Outstanding Universal Value
Les ksour de l’Atlas Saharien (Sfissifa, Moghrar Tahtani, Boussemghoun, Taouiala et Aïn Madhi) possèdent une valeur universelle exceptionnelle en tant que témoignages uniques de l’interaction entre l’homme et un environnement aride, grâce à leur architecture médiévale préservée et à leur rôle historique dans les échanges transsahariens. Ces villages fortifiés, établis depuis l’Antiquité à l’époque moderne, illustrent un génie urbain séculaire, adapté aux contraintes liées à la dégradation du climat dans les zones présahariennes. On y trouve des configurations défensives (remparts, tours), des systèmes viaires hiérarchisés (rues étroites, sabat) et des maisons à patio, conçues pour réguler la température grâce à l’utilisation de matériaux locaux (pierre, terre crue, bois de palmier). Leur combinaison harmonieuse avec les oasis, dont les réseaux d’irrigation ancestraux (foggara) témoignent d’une gestion durable des ressources en eau, démontre une adaptation exemplaire aux défis du changement climatique.
Sur le plan culturel, ces ksour incarnent des traditions vivantes. Aïn Madhi abrite la Zaouïa Tidjania, un centre spirituel soufi de renommée mondiale. Boussemghoun et Taouiala conservent des mausolées de saints marabouts, lieux de pèlerinage et de mémoire collective. Leur rôle historique de carrefours commerciaux sur les routes de l’or, du sel et du pèlerinage en fait des témoins majeurs des échanges interculturels entre l’Afrique subsaharienne et la Méditerranée.
Critère (ii) : Les ksour de l’atlas saharien sont de véritables carrefours commerciaux, ils ont joué un rôle central dans les échanges entre les régions au sud de l’Atlas Saharien et l’atlas tellien et le littoral méditerranéen. Ils constituaient également des relais privilégiés sur l’axe nord-sud, reliant le Touat et Tombouctou grâce aux caravanes transportant des marchandises précieuses telles que l’or et le sel. Ces échanges transsahariens ont favorisé l’instauration de relations durables sur les plans culturel, économique et spirituel entre les différentes zones de l’Afrique du Nord et de l’Ouest.
Les ksour sont bien plus que de simples lieux de vie et de commerce. Ils étaient des centres d’échanges culturels où les idées, les savoirs et les traditions se croisaient et s’enrichissaient mutuellement. Les caravanes qui les traversaient transportaient non seulement des biens matériels, mais aussi des connaissances, des techniques et des croyances.
Parallèlement, les techniques de construction ancestrales, toujours en usage dans les ksour de l’Atlas saharien témoignent d’un savoir-faire exceptionnel transmis de génération en génération. L’utilisation de matériaux locaux tels que la pierre, la terre, les troncs de palmier, le peuplier et le genévrier, démontre une parfaite adaptation à l’environnement et une maîtrise des ressources disponibles. Ce savoir-faire a été enrichi au fil du temps par les échanges avec d’autres cultures et régions, ainsi que par les adaptations nécessaires aux conditions de la vie moderne.
Critère (iv) : Ces villages fortifiés, construits en terre ou en pierre, témoignent de l’adaptation des populations locales à un climat particulier et à la morphologie des sites d’implantation ainsi que d’une organisation sociale remarquable, combinant gestion durable des ressources (eau, matériaux locaux) et organisation communautaire propre au monde berbère. Leur structure compacte, avec des maisons mitoyennes, des ruelles étroites et des greniers collectifs, reflète une adaptation optimale au climat désertique (isolation thermique, protection contre les vents) et aux menaces extérieures.
Les ksour représentent un exemple exceptionnel d’un urbanisme présaharien adapté à un environnement désertique et montagneux. Leur conception ingénieuse témoigne d’une profonde compréhension des contraintes naturelles et d’une capacité remarquable à les surmonter.
Leurs organisations spatiales et anthropologiques offrent l’un des exemples les plus aboutis d’habitat résilient en milieu aride. L’agencement des maisons, des ruelles et des espaces communautaires reflète une organisation sociale sophistiquée, où la solidarité et la gestion collective des ressources sont primordiales.
L’utilisation de matériaux locaux, tels que la pierre, la terre, les troncs de palmier, ainsi que de techniques de construction ancestrales, toujours en usage, démontre une continuité culturelle et technologique unique. Ce savoir-faire, transmis de génération en génération, témoigne d’une adaptation constante aux besoins changeants des communautés, tout en préservant l’identité et l’authenticité de ces habitats exceptionnels.
Ces ksour ne sont pas seulement des témoins du passé, mais aussi des modèles pour l’avenir. Leur architecture durable, leur gestion ingénieuse des ressources et leur organisation communautaire offrent des pistes de réflexion précieuses pour relever les défis contemporains, tels que le changement climatique et l’urbanisation croissante.
Statements of authenticity and/or integrity
Authenticité :
Les ksour sont construits avec des matériaux locaux et traditionnels : pierre, terre (pisé), et troncs de palmier. Ces matériaux sont choisis pour leur disponibilité et leur efficacité dans un climat aride. Les techniques de construction, comme l'utilisation de la terre pour former des murs épais et isolants, sont encore pratiquées aujourd'hui. Les restaurations récentes respectent ces méthodes ancestrales. Les murs en pisé et les structures en troncs de palmier sont maintenus selon les techniques traditionnelles, préservant ainsi l'authenticité des ksour.
La structure des ksour reste fidèle à un mode d’occupation vernaculaire du territoire, encore intègre, reflet de l’adaptation des populations locales aux conditions climatiques arides de la région, sans modifications majeures qui altéreraient leur forme ou leur fonction. Ces ksour conservent leur plan original, conçu pour protéger les habitants des vents chauds et favoriser la vie communautaire.
Les ksour ont historiquement servi de lieux d'habitation, de stockage, de défense et de spiritualité. Aujourd'hui, ils continuent d'abriter des communautés et des lieux de culte.
Les fonctions d'origine sont maintenues ou adaptées de manière respectueuse. Par exemple, la Khaloua de Sidi Ahmed Tidjani reste un lieu de retraite spirituelle pour la confrérie Tidjaniya. À Boussemghoun, la Zaouia et la Khaloua continuent d'accueillir des adeptes et des fidèles, préservant ainsi leur rôle spirituel.
Les ksour sont ancrés dans un contexte culturel et spirituel profond, lié à la confrérie Tidjaniya et aux traditions locales. Les pratiques culturelles et spirituelles, comme les pèlerinages et les fêtes religieuses, sont toujours vivantes et contribuent à l'authenticité des ksour. Les cérémonies annuelles à la Zaouia du Ksar de Ain Madhi attirent des fidèles de toute la région et du monde entier, renforçant le lien entre le ksar et son contexte spirituel mondial.
Intégrité :
Les Ksour forment un ensemble complet et cohérent, où les éléments architecturaux, urbains et naturels interagissent harmonieusement. Leur intégrité est préservée malgré les défis modernes, grâce à une gestion communautaire et à des efforts de conservation adaptés.
Les ksour conservent l'ensemble de leurs éléments constitutifs, y compris les murailles, les maisons, les mosquées, les zaouias et les systèmes d'irrigation.
Des efforts de conservation ont permis de préserver ces éléments, malgré les défis du temps et des conditions climatiques. Les seguias (canaux d'irrigation) et la palmeraie sont encore fonctionnelles, témoignant de la complétude du site.
Les ksour n'ont pas subi de modifications inappropriées qui altéreraient leur apparence ou leur organisation spatiale. Les nouvelles constructions respectent l'architecture traditionnelle, préservant ainsi la cohérence visuelle et spatiale. Les maisons récemment construites et / ou restaurées à utilisent des matériaux et des techniques traditionnels, s'intégrant harmonieusement dans les ksour.
Les ksour sont situés dans un environnement naturel exceptionnel, entourés de montagnes, d'oasis et d'oueds. L'interaction entre les ksour et leur environnement naturel est préservée, renforçant leur intégrité. Le système d’irrigation la palmeraie et les jardins, maintenant un équilibre écologique et économique.
Les ksour continuent de remplir leurs fonctions historiques, notamment l'habitation, l'agriculture et la spiritualité. Les usages actuels sont respectueux du patrimoine, favorisant une conservation durable. Le tourisme culturel et spirituel est encadré pour ne pas perturber la vie locale ni dégrader le site.
Comparison with other similar properties
Les ksour de l’Atlas Saharien algérien et ceux de Mauritanie, comme les anciens ksour de Chinguetti, Ouadane, Tichitt et Oualata, déjà inscrits au patrimoine mondial depuis 1996, partagent des traits communs liés à leur rôle historique et leur adaptation au désert, mais présentent des spécificités culturelles et architecturales distinctes.
Les ksour de l’Atlas arborent un urbanisme dense et hiérarchisé, avec des rues étroites et des impasses (sabats), centré autour de la mosquée et du souk ; ils sont étroitement liés aux confréries soufies (ex : Tidjaniya à Aïn Madhi) et aux saints marabouts, avec des rituels vivants (pèlerinages, moussems). Tandis que les anciens ksour mauritaniens sont réputés pour leurs bibliothèques manuscrites à l’instar de celle du centre historique de Chinguetti.
Si les ksour mauritaniens sont déjà reconnus pour leur patrimoine manuscrit et leur architecture en pierre, les ksour algériens méritent une inscription pour leur valeur spirituelle vivante (soufisme), leur intégration aux oasis et leur rôle de modèle de résilience en milieu aride. Leur complémentarité enrichirait la représentation du patrimoine saharien à l’échelle mondiale.