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Niani, cité médiévale, ancienne capitale de l'empire du Mali

Date of Submission: 27/03/2025
Criteria: (iii)(v)(vi)
Category: Cultural
Submitted by:
Délégation Permanente de la République de Guinée auprès de l'UNESCO
State, Province or Region:
Haute-Guinée, Région de Kankan, Préfecture de Mandiana, Sous-Préfecture de Balandougouba, District de Niani
Coordinates: X = 566858 Y = 1257681
Ref.: 6818
Disclaimer

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Property names are listed in the language in which they have been submitted by the State Party

Description

Le site historique de Niani est une ancienne cité médiévale de l’empire du Mali dont il fut la capitale. II est situé au Nord-Est de la République de Guinée, à la frontière Guinéo-Malienne, dans la sous-préfecture de Balandougouba, préfecture de Mandiana, région administrative de Kankan en Haute Guinée. Ce site regorge plusieurs vestiges historiques et archéologiques datant des règnes de l'empereur Soundiata KEITA et de ses successeurs.

Cette ancienne cité médiévale dont les populations continuent toujours de perpétuer les traditions ancestrales de l'empire du Mali, est un village-témoin des époques de prospérité d’une importante civilisation de la sous-région Ouest africaine qui s’est développée entre les XIIIème et XVème siècles. C'est compte tenu de son importance que plusieurs expéditions de fouilles archéologiques, notamment celles Guinéo-Polonaises des années 1965, 1968 et 1973, y ont été envoyées pour mener des recherches. Une bonne partie des trouvailles de ces fouilles, qui ont permis de découvrir des traces de l'existence d’une civilisation des peuples de l'Afrique de l'Ouest, se trouvent actuellement au Musée national de Guinée.

De nos jours, en plus de ces artéfacts, plusieurs vestiges naturels parmi lesquels le Karité nain (lieu de recueillement et d'offrandes du Souverain), les remparts (Niani Kourou ou colline de Niani) et des emplacements de sites et monuments historiques (palais impérial et ses dépendances, le quartier des arabes...) ainsi que de la survivance de traditions culturelles immatérielles de cette époque existent encore. Par ailleurs, l'organisation socioprofessionnelle en classes sociales, la sauvegarde et la transmission de nombreuses pratiques orales, rituelles et artistiques en cours dans le village et inhérents au mode d'établissement de la société Manding, témoignent également de la perpétuation d'une tradition spécifique. 

Niani, cité médiévale et ancienne capitale de l'empire du Mali qui s'étendait sur une bonne partie de l'Afrique de l'Ouest, actuelle CEDEAO, continue toujours de susciter de l’intérêt, à la fois pour les communautés autochtones, les chercheurs, les étudiants, les touristes nationaux et étrangers qui ne cessent de le côtoyer.

Justification of Outstanding Universal Value

Niani est une ancienne cité historique de l'Afrique de l'Ouest qui se trouve à plus de 800 km de Conakry, la Capitale. Ces différents attributs témoignent de la richesse et de la diversité de l'héritage culturel de l'empire du Mali. En effet, Niani, à travers ses composantes, est révélateur d'une continuité de tradition politique, sociale et culturelle vieille de plus VIII siècles. Le mode d'occupation spatiale et le type d'établissement humain qui le caractérisent, son organisation et son fonctionnement fortement hiérarchisés et basés sur le respect de la gérontocratie, sont l’expression d'un système de gouvernance spécifique propre au Manding.

Les règnes des différents souverains de l'empire médiévale du Mali dont les plus célèbres furent Soundiata KEITA, fondateur de l'empire, ses successeurs Mansa Maghan (1337-1341), Mansa Souleymane, frère de Mansa Moussa, le roi de l'or (vers 1341-1360), son fils Kassa (vers 1360), Mari Diata II, fils de Mansa Maghan (vers 1360-1374), son fils Moussa II (vers 1374-1387) et Magha II (vers 1387- 1389), témoignent également de la richesse et la diversité de l'histoire générale de cette époque du moyen âge africain. L'originalité des sites naturels, monuments et sites historiques qui sont contemporains de ces grands souverains se reconnaît aujourd'hui à travers la valeur historique et archéologique des vestiges qui en sont des expressions vivantes.

En plus de cet héritage matériel, la perpétuation de plusieurs traditions culturelles immatérielles héritées de l'empire du Mali par les communautés soutient également la valeur historique du site.

A ce titre, les rôles assignés aux anciens et aux Djélis (dépositaires du savoir et de la tradition) par exemple, la stratification sociale et l'organisation en classes d'âge, la pratique de la médecine traditionnelle et l'utilisation de la langue du terroir entre autres, traduisent l’existence d'un riche patrimoine culturel immatériel jalousement sauvegardé et promu.

Par ailleurs, l’éducation de la jeunesse par le biais de la transmission des savoirs, de l'histoire et de la généalogie des communautés, contribue de nos jours à la préservation de la mémoire collective des traditions de cette époque. Aussi, le mode d'occupation traditionnelle de l’habitat et les activités agropastorales, ainsi que l'exploitation artisanale de l'or en cours à Niani traduisent également la survivance de traditions ancestrales.

Toutefois, il est important de signaler que ce riche patrimoine culturel n'est pas à l'abri des pressions anthropiques et de l’influence d'autres cultures. C'est pourquoi, la poursuite des fouilles archéologiques sur le site et le renforcement des systèmes de gestion de ses vestiges, constituent des enjeux pour l'approfondissement de la connaissance de l'histoire de l’Afrique noire en général et celle de l'empire du Mali en particulier.

Aujourd’hui, la preuve de l’authenticité des traditions culturelles de cette civilisation médiévale, est démontrée à travers la reconnaissance et l'inscription de certains attributs de l'empire du Mali à savoir le Sosso Bala (trophée de guerre de l'empereur Soundiata KEITA) en Guinée, le Kamablon (case à fétiches) de Kangaba et la Charte du Mandé) du côté du Mali par l’UNESCO. Dans cette perspective, Niani reste encore un important foyer de conservation des vestiges historiques du Manding et un centre de diffusion de l’histoire d’une partie de la sous-région Ouest africaine dont les descendants des empereurs et leurs disciples continuent de préserver et de transmettre d’une génération à une autre depuis plus de 800 ans.

Critère (iii) : Le site historique de Niani regorge plusieurs traditions culturelles héritées de l’empire du Mali qui demeurent encore très vivantes malgré les risques d'extinctions auxquels elles sont confrontées avec l'ouverture de plus en plus forte de la région à d’autres cultures. Toutefois, l'attachement de la population à la langue du terroir, socle essentiel de I'éducation Mandingue, l'organisation sociale basée sur la gérontocratie, les pratiques rituelles et manifestations artistiques traditionnelles, les savoir-faire endogènes dont le traitement des fractures légué par Soudiata KEITA à ses descendants, l'art musical et l'apport de l'oralité dans la gestion de la cité à travers les Djélis (griots), constituent des témoignages éloquents de l'existence de la tradition Mandingue, encore très vivante à Niani.

Critère (v) : Les résultats des fouilles menées sur le site montrent clairement que l'occupation du territoire de l'ancienne cité de Niani obéissait à un aménagement hiérarchique de l'espace autour du palais de l'empereur, Soundiata KEITA. L'emplacement du quartier général du Souverain appelé Djîn était entouré par les résidences de ses ministres, guerriers (sofas) et gardes rapprochés. Quant aux différents clans familiaux et les hommes de métiers (castes), ils occupaient l'espace qui correspondait à leur statut social. De même, l'emplacement du quartier des arabes (Larabousso) procède de la technique traditionnelle d'occupation territoriale. Aussi, l'ouverture du village au fleuve Sankarani et la position stratégique de la cité par rapport aux collines (Niani Kourou, ...) est considérée par la population autochtone comme des remparts de sécurité. De même, l'existence de sites naturels pour les offrandes aux esprits et le recueillement tels que Filani lenkè et le Karité nain, dénote également de l'interaction entre la communauté et son milieu naturel. Par ailleurs, depuis le XIIIème siècle jusqu'à nos jours, les populations locales continuent de pratiquer, comme principales sources de revenus économiques, l’agriculture, la pêche et l'extraction artisanale de l’or. En outre, l’utilisation d'un type spécifique de construction architecturale avec l'emploi des matériaux locaux confère également une particularité au site de Niani.

Critère (vi) : De nos jours, Niani reste une cité qui connaît la pratique de plusieurs croyances, traditions rituelles et évènements festifs fortement ancrées dans la communauté. La croyance aux mythes qui entourent le Karité nain planté par Soundiata KEITA, notamment la foi en ses vertus thérapeutiques est une réalité encore ancrée au sein de la communauté. Il était le symbole qui présageait de l'abondance ou non de la cueillette et de la production agricole au cours de l'année pour la population. La présence des traces d'offrandes au niveau de certains espaces ou bois sacrés et la fréquentation du site par des adeptes venus des aires culturelles mandingues, révèlent la perpétuation d'une tradition culturelle vivante. Également, la confrérie des Donzos (chasseurs traditionnels), une institution mystique sécuritaire assermentée disposent d'une caste spéciale de griots appelée Serewa. Ces derniers chantent, dansent et célèbrent leur bravoure lors de certaines manifestations artistiques et culturelles (l'organisation de la fête annuelle des féticheurs par exemple). De même, l'existence et le recours à certaines pratiques divinatoires à travers le sable, le gravier..., et le respect de certaines coutumes lors des cérémonies de naissance, d'initiation et funèbres, témoignent de la richesse et la diversité d'une tradition encore vivante à Niani.

Statements of authenticity and/or integrity

L'authenticité et intégrité du site de Niani, à travers les attributs physiques culturels et naturels, sont préservées par la communauté qui y attache un intérêt tout particulier. Ses différents vestiges, notamment l'emplacement du Djin du souverain et le reste du village, la colline de Niani Kourou, le Karité nain, le puits sacré (Niagbakolonin), le site d'exploitation aurifère et agricole etc. ont tous été maintenus en état et dans leur environnement sans dénaturation majeure.

Intégrité: Les composantes essentielles du site, notamment les emplacements du palais impérial, du quartier des arabes et les éléments architecturaux se trouvant encore à Niani expriment une valeur exceptionnelle tant par leur âge, leurs formes de leurs structures, la diversité et la richesse de leurs techniques de réalisation.

Malgré l'effet du temps et l'urbanisation moderne qui fait apparaitre çà et là des habitations en durs et l'exploitation semi artisanale de l'or, et qui affectent légèrement les éléments du site mais pas au point d'altérer l'intérêt, l'importance et la valeur universelle et exceptionnelle du bien.

Protection et gestion du site

Niani, en tant que village historique de la République de Guinée est inventorié depuis 2017 et inscrit à l'inventaire national des biens culturels du pays. Dans ce cadre, il bénéficie d’une protection légale sur le plan national et international à travers respectivement la loi N° L/2016/063/AN relative à la protection, la conservation et la mise en valeur du patrimoine culturel national, la Convention de 1972 pour la protection du patrimoine mondial culturel et naturel et celle de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

Sur le plan administratif, il relève de la Direction préfectorale de la culture, du tourisme et de l'artisanat de Mandiana qui veille à la bonne conservation du site. Sur le plan traditionnel, le site est conservé et géré par le Conseil des Anciens, les familles gardiennes et la classe d’âge des ainés.

Ce système de conservation et de gestion traditionnelle est en cours de formalisation pour l'élaboration d’un Plan de gestion participatif pour l’ensemble des parties prenantes. II est prévu que des moyens humains et matériels soient alloués pour la mise en œuvre de ce Plan de conservation et de gestion en vue d’assurer le contrôle et la protection du bien contre le pillage et les autres menaces sur le patrimoine culturel.

Comparison with other similar properties

En termes de comparaison, le site de Niani a l’avantage de disposer d’attributs matériels et immatériels plus authentiques et mieux conservés que beaucoup de sites similaires. En tant qu’ancienne cité médiévale et pour avoir été la capitale de l’un des empires les plus prestigieux de l’Afrique de l’Ouest, Niani a été le centre de convergence et de développement de la civilisation Mandingue dont les populations autochtones continuent de perpétuer aujourd’hui. En comparaison aux villes anciennes de Djénné et de Tombouctou par exemple, l’attachement des communautés de Niani à une forte tradition de conservation et de transmission des vestiges historiques du site est un atout important.

En plus de ces attributs de ces deux anciennes villes historiques, Niani, regorge en plus des types de constructions et des pratiques religieuses, de monuments naturels, de sites historiques et de traditions culturelles particulièrement vivantes de nos jours telles que la pratique du cousinage à plaisanterie et la culture de l'oralité à travers les Djélis dont la plus grande expression est le Sosso Balia (inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine immatériel de l'UNESCO).

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