L'état du site du patrimoine mondial de la Vallée de Kathmandu cause une vive inquiétude depuis 1992 et a déjà été porté à l'ordre du jour d'un certain nombre de réunions du Bureau et du Comité du patrimoine mondial. Le Bureau a été informé des conclusions de la mission d'étude conjointe UNESCO/ICOMOS effectuée du 14 au 30 novembre 1993, recommandant que le site soit placé sur la Liste du patrimoine mondial en péril en attendant d'être remis sur la Liste du patrimoine mondial d'ici un à trois ans, après que seize points critiques spécifiques aient été améliorés. Ainsi qu'il a été expliqué, le site du patrimoine mondial est constitué de sept zones distinctes comportant des monuments, trois d'entre elles étant urbaines, centrées autour des palais des villes de Kathmandu, Patan et Bhaktapur, et le reste étant, constitué de deux sanctuaires bouddhistes et de deux sanctuaires hindouistes qui se trouvaient auparavant dans un environnement rural. Le rapport de la mission avait recommandé le retrait effectif de la Liste de certaines parties de Darbar Square à Kathmandu et des zones de monuments à Bauddhanath, par suite d'un échec général du contrôle du développement immobilier, mais une extension des zones de monuments de Swayambunath, Patan et surtout Bhaktapur, qui demeure alors la seule ville Newar à conserver l'ensemble de son caractère traditionnel. Il a été noté que le sanctuaire hindou de Pashupati, bien que faisant partie du site du patrimoine mondial, n'avait jamais bénéficié de la protection conférée par la notification officielle de son classement comme zone protégée comportant des monuments historiques selon la loi népalaise.
Le rapport de la mission présente des exemples de démolitions, d'empiètements, de pressions provoquées par la circulation, d'introduction nuisible de services modernes et de pratiques de conservation non conformes aux normes internationalement reconnues. L'UNESCO a pris un certain nombre d'initiatives, y compris des plans de formation technique et une mission consultative sur les amendements à la Loi népalaise sur la préservation des monuments historiques. L'ICOMOS a prévu d'organiser un séminaire pour les professionnels en octobre 1994.
Le Représentant de la Thaïlande a déclaré qu'il était important de juger du degré de détérioration du site et s'il méritait toujours ou non d'être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial. L'État partie népalais devrait être tenu au courant des vives préoccupations du Bureau et informé que, si l'on ne remédiait pas à la situation, des mesures seraient prises en vue de retirer le site de la Liste seraient prises. Il a suggéré que, plutôt que de retirer de la Liste certaines parties des zones monumentales, on devrait demander à l'État partie de rédéfinir lui-même les zones constituant le site du patrimoine mondial. Le Représentant des États-Unis d'Amérique s'est montré du même avis. L'Observateur de l'Allemagne a souligné l'importance d'une concentration des efforts sur les zones centrales où l'on pourrait obtenir de meilleurs résultats, plutôt que sur les zones périphériques qui pourraient toujours faire partie des zones monumentales, mais où des bâtiments traditionnels ont déjà été démolis et remplacés par des constructions en béton.
L'ICOMOS a signalé que la question était extrêmement délicate et pouvait être abordée de plusieurs manières différentes. Il est possible de suggérer que, selon l'esprit de la Convention du patrimoine mondial, le site devrait être placé sur la Liste du patrimoine mondial en péril, mais l'opposition du Népal à une telle mesure pourrait la rendre totalement inefficace. Il a souligné qu'il était important de faire du mieux possible pour le site, et ce, en collaboration avec les autorités népalaises, afin d'essayer de résoudre ces difficultés exceptionnelles. Le Représentant du Sénégal a également proposé de définir une nouvelle approche qui permettrait aux autorités népalaises d'accorder davantage de protection au site du patrimoine mondial mais a confirmé que l'État partie devait être totalement informé des vives préoccupations du Bureau concernant les violations des articles de la Convention du patrimoine mondial.
Le Directeur du Centre a soutenu l'idée d'une redéfinition des zones monumentales, mais a proposé que, plutôt que de mettre le site sur la Liste du patrimoine en péril, il serait plus constructif de mettre au point une assistance globale à l'intention des Népalais, afin de leur permettre de jouer plus efficacement leur rôle de gardiens du site du patrimoine mondial, en coopération avec l'UNESCO et les autres agences concernées. Il va contacter ses collègues de la Division du patrimoine physique pour élaborer des propositions plus concrètes.
La Présidente a résumé la discussion et rappelé qu'une lettre deva être envoyée à l'État partie pour lui transmettre la vive préoccupation du Bureau quant à l'état du site du patrimoine mondial de la Vallée de Kathmandu. Le Bureau recommande au Comité d'envisager une retrait partiel de la Liste et une redéfinition de la partie toujours intacte et méritant de demeurer patrimoine mondial, partie qui devrait être placée sur la Liste du patrimoine mondial en péril afin de souligner particulièrement la nécessité d'éviter de nouvelles détériorations. En même temps, il est demandé à l'UNESCO d'élaborer un projet d'assistance internationale.