Réserve Spéciale d’Anjanaharibe-Sud (extension des forêts humides de l’Atsinanana)

Date of Submission: 14/03/2008
Criteria: (ix)(x)
Category: Natural
Submitted by:
Ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts et du Tourisme
State, Province or Region:
SAVA
Coordinates: S14 41 45 E49 27 09
Ref.: 5313
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Description

Les forêts humides sont principalement localisées dans la partie orientale de Madagascar, à l'Est de la ligne de partage des eaux. Cependant des blocs forestiers relativement grands sont éparpillés sur le Haut Plateau central et dans la partie septentrionale de l'île. Le climat est de type tropical humide, caractérisé par des précipitations abondantes. Du nord vers le sud, on rencontre plusieurs types d'écosystèmes représentatifs des forêts humides de Madagascar : forêt de transition, prairies altimétries, savane naturelle et des récifs coralliens. Ces écosystèmes renferment une biodiversité unique dont la plupart des espèces animales et végétales sont endémiques. Elles appartiennent  soit à une aire protégée, soit à une localité soit à une région.  

Six aires protégées font déjà parties du site du patrimoine mondial dans cette écorégion : les parcs nationaux de Marojejy, Masoala, Zahamena, Ranomafana, Andringitra et Andohahela. Ces aires protégées sont situées sur des reliefs très variés. Les chaînes de montagnes dépassent les 2000 mètres d'altitude (massifs de Marojejy et de l'Andringitra, chaînes anosyenne). Lors de la nomination de ces parcs nationaux en juillet 2007, le Comité du Patrimoine Mondial  et l'UICN ont recommandé une extension du bien.

Aire protégée potentiellement éligible à l'heure actuelle

Ce site fait partie d'une des plus grandes étendues contiguës de la forêt tropicale humide orientale restante à Madagascar. La biodiversité de cette vaste région est parmi la plus élevée dans le pays.   

Réserve Spéciale d'Anjanaharibe-Sud. Cette réserve est très proche du Parc National de Marojejy, c'est un site qui est déjà inclus dans le site en série. Un corridor forestier nommé Betaolana entre les deux,  est bien conservé et géré d'une façon durable par les communautés locales. Une partie pourrait être éventuellement classée comme aire protégée. Ce corridor assure la connectivité de Marojejy qui est presque un îlot isolé. La réserve est aussi un point de connectivité entre les forêts sur l'escarpement oriental (et avec la NAP Makira plus particulièrement) et les forêts au sein des Hautes Terres du Nord. La flore et la faune semblent être différentes entre les deux zones.

Anjanaharibe-Sud a une faune relativement similaire à celle de Marojejy et plusieurs espèces de herpétofaune et de mammifères y sont uniques. La réserve est gérée par le service des Parc Nationaux, PNM-ANGAP et elle a été récemment agrandie afin de conserver le versant sud-ouest de sa zone.  Anjanaharibe-Sud RS fait partie des Montagnes du Nord et il a été démontré que la flore et la végétation des forêts de  cette écorégion des Montagnes du Nord ont un intérêt scientifique important quant à la biogéographie, la systématique et l'étude des écosystèmes des hautes montagnes dans le Nord de Madagascar. Ces massifs du Nord dont celui d'Anjanaharibe-Sud montrent  une richesse exceptionnelle en biodiversité surtout végétale. Les diversités au niveau de genres et des espèces pour quelques groupes sont nettement élevées en comparaison avec celles observées dans d'autres régions de hautes altitudes. Anjanaharibe-Sud est un centre de diversité pour les Amphibiens, Reptiles avec un endémisme local élevé, Fougères et Palmiers. 

Selon la connaissance actuelle de la flore de ce massif, les particularités suivantes sont confirmées. La richesse en fougères est remarquable si on compte 211 espèces sur un total de 600 espèces pour l'ensemble de Madagascar. Certaines espèces sont même endémiques du massif : Asplenium andapensis Tardieu, Asplenium marojejyense Tardieu, Asplenium marojejyense Tardieu, Diplazium andapense (Tardieu) Rakotondr., Lindsaea humbertii (Tardieu) K.U. Kramer, Pneumatopteris humbertii Holttum. Plusieurs espèces de palmiers du genre Dypsis endémiques de la région sont rencontrées dans cette réserve. Dypsis lastelliana (Baill.) Beentje & J. Dransf., Dypsis heteromorpha (Jum.) Beentje & J. Dransf., Dypsis occidentalis (Jum.) Beentje & J. Dransf., Dypsis spicata J. Dransf., Dypsis andapae Beentje.  Deux familles endémiques sur les six y sont représentées. La présence de 49 genres endémiques d'arbres dénotent un niveau d'endémisme générique élevé (49/161 soit plus de 30%).  

Une des espèces phares de ce massif est la plante fossile Takhtajania perrieri Baranova and J-F. Leroy. Le premier spécimen de cette espèce est collecté en 1909 à Manongarivo a une altitude de 1700 m mais après plusieurs décennies de relocalisations intensives, la plante n'y a pas pu être retrouvée. C'est seulement en 1994, ie après 85 ans de recherche que la plante a été redécouverte à Anjanaharibe-Sud. L'intérêt biogéographique de l'espèce étant un représentant reliquataire  d'une distribution gondwanienne fait d'elle une espèce symbole de la Réserve du fait que les populations sont très localisées dans ce massif. Elle mérite une attention particulière quant à sa conservation. 

Herpetofaune 

Les espèces sont endémiques régionales.

Exemple : 

Reptiles : Androngo Crenni; Pseudoxyrhopus Analabe 

  • Le complexe Marojejy- Anjanaharibe-sud héberge une biodiversité importante dans une grande variation altitudinale qui s'étale sur 150m à 2133m.
  • Anjanaharibe-sud est caractérisé par un taux important d'endémisme local pour les amphibiens et les reptiles qui est de l'ordre de 4%.

Oiseaux :   

  • 98,6% des oiseaux inventoriés dans le versant oriental d'Anjanaharibe-sud sont endémiques (entre 875 à 1950m d'altitude)

Dans le massif d'Anjanaharibe sud,

  • Entre 1200 à 1600m d'altitude, 68 espèces forestières ont été inventoriées
  • Entre 1200 à 1600m, 59 avaient été trouvées sur le versant occidental et 63 sur le versant oriental entre 1260 à 1550m.

Mammifères non volants 

Pour les micromammifères, 3 espèces sur 32 sont endémiques de la région dont 2 rongeurs

  • Brachytarsomys villosa
  • Voalavo gymnocaudus 

Et 1 Cyptophylla 

  • Microgale Monticola 

Lémuriens 

  • Propithecus diadema candidus. C'est un lémurien endémique de la région avec une aire de distribution relativement réduite. Cette espèce a un statut UICN gravement menacé.
  • Anjanaharibe-sud se caractérise également par la présence de Indri indri (statut UICN menacé) absent au PN de Marojejy et dans le couloir de Betaolana.

Justification of Outstanding Universal Value

Critère (ix) : Toutes les aires de l'ensemble ont contribué et contribuent encore à l'évolution des écosystèmes, des espèces floristiques et faunistiques représentatives de Madagascar. L'exemple le plus marquant dans ces processus biologiques est bien sûr l'évolution des lémuriens avec leur habitat.

Critère (x) : Toutes les aires proposées présentent environ 80% d'habitats naturels.  Ces derniers abritent la faune et la flore représentative de Madagascar. Plusieurs espèces endémiques de Madagascar (endémiques locales ou régionales) vivant dans ces habitats sont classées sur la liste rouge de l'UICN et sont exceptionnelles du point de vue de la science et de la conservation. 

Pour l'écorégion de l'Est, les niveaux de diversité biologique sont élevés au sein de tous les reliquats d'habitats naturels intacts. L'Ecorégion fait partie des zones les plus riches en espèces à Madagascar. Au moment de la nomination de l'ensemble originel, seules les aires protégées qui sont suffisamment inventoriées pour démontrer clairement une valeur universelle exceptionnelle ont été proposées par le Gouvernement de Madagascar. Cependant, la création du Système des Aires Protégées de Madagascar (SAPM) offre actuellement une valeur additionnelle de cette écorégion. Les recherches récentes  ont révélé la présence de nouvelles espèces pour la Science   Ce site abrite de nombreuses communautés écologiques et espèces qui ne se trouvent pas dans l'ensemble originel. On doit signaler également que de nouvelles analyses de répartition des espèces à Madagascar ont clairement indiqué l'existence de plusieurs centres de micro endémisme distincts au sein de l'écorégion (Wilmé et al., 2006). Ces centres ont chacun un taux d'endémisme local très important. La proposition d'extension offre une meilleure représentation de l'ensemble de ces centres.

Statements of authenticity and/or integrity

  • L'aire protégée proposée  pour l'extension possède le statut juridique de réserve spéciale (catégorie IV de l'UICN) et elle est gérée par le réseau national : Parcs Nationaux Madagascar. Ce site est celui d'Anjanaharibe-Sud et il figure dans les recommandations de l'UICN lors de la nomination de l'ensemble originel. Ce site est déjà prêt à intégrer l'ensemble.
  • L'aire proposée  représente le mieux, en nombre et en diversité, les espèces biologiques des écorégions auxquelles elle appartient.
  • La promotion des approches écorégionales de conservation de développement en dehors des aires protégées constitue une stratégie clé. En augmentant les zones d'habitat protégées ou gérées de manière durable, les approches écorégionales contribuent, d'une part, à réduire le risque de perte génétique lié à la vulnérabilité de petites populations isolées. D'autre part, elles augmentent la probabilité des espèces encore inconnues ayant des répartitions géographiques restreintes.

Comparison with other similar properties

L'île de Madagascar constitue un biome en soi. Elle appartient aux plus grandes zones prioritaires de conservation (Hotspots de CI, Ecorégions Globales 200 de WWF, Birdlife, etc.) et compte parmi les centres de biodiversité les plus riches au monde. Ses niveaux de diversité et d'endémisme représentant la quasi-totalité des groupes taxinomiques principaux y sont exceptionnellement élevés.  L'isolement de l'île depuis plus de 80 millions ainsi que la diversité des régimes climatiques et des habitats concomitants sont à l'origine d'une combinaison  du  taux très élevé de la biodiversité ainsi que celui  de l'endémisme.  

Ainsi la disparition progressive de ces habitats endémiques constitue une perte irréversible de la biodiversité et la disparition d'écosystèmes au niveau mondial. La grande particularité de la biodiversité de Madagascar est le haut degré de son endémisme, particulièrement au niveau des familles et des genres. Madagascar a aussi un fort endémisme au niveau des espèces par rapport à sa  faible superficie (590 000 km2). À côté de sa richesse biologique, l'île de Madagascar est considérée de plus en plus comme un lieu d'origine de plusieurs taxons comme les caméléons qui se sont dispersés dans le monde, (Raxworthy 2003). 

  • Le taux d'endémicité au niveau des espèces végétales est élevé : 10.000 espèces d'arbres de forêts humides. Parmi les plantes actuelles, il y a environ 12 000 espèces dont les 90% sont endémiques à Madagascar (Shatz & Lowry, unpbl.). Il y a cinq familles de plantes endémiques qui se trouvent au sein des forêts humides de Madagascar. les Philippines ne possèdent aucune famille endémique (Fernando et al, 2003). Il n'y a que l'Australie, l'Afrique du Sud et la Nouvelle Calédonie dont le taux d'endémicité des plantes au niveau des familles approche celui de Madagascar.
  • En Amérique Latine, dans la Forêt Atlantique qui recouvre près de 1 233 875 km2 (72 fois plus vaste que la superficie totale des aires protégées à Madagascar) on recense quelques 20 000 espèces de plantes vasculaires dont 40% seulement sont endémiques. (Mori et al, 1981). Pour une superficie 30 fois plus grande, le complexe forestier de la Guinée occidentale abrite le même nombre d'espèces qu'à Madagascar mais avec un taux d'endémisme ne dépassant pas les 55% (Poorter et al, 2004). Récemment, les scientifiques viennent de découvrir le seul spécimen Afro-Malagasy représentant la famille primitive des Winteraceae, le Takhtajania perrieri dans les forêts humides du nord est du pays.
  • Les Mammifères sont représentés par plus de 150 espèces recensées dans l'ensemble des aires protégées Malgaches (superficie de 1 710 300 ha). Alors qu'au Brésil, le Parc National de Jau (un site du Patrimoine Mondial) qui a une superficie de 2 272 000 ha n'abrite que 120 espèces de mammifères. En outre, la valeur du groupe des mammifères Malgaches repose également sur la présence des formes primitives endémiques dans l'ordre des primates (les lémuriens) et des carnivores (Cryptoprocta ferox).
  • Parmi les prosimiens actuels, Madagascar est le seul endroit où le sous-ordre des Lémuriformes existe encore dans leur milieu naturel. Il y a en tout 72 taxa décrits actuellement mais le processus de radiation spécifique est encore en cours depuis la séparation de l'île du continent de Gondwana, il y a 160 millions d'années.
  • Bien qu'il n'y ait qu'une seule famille de reptile endémique et 1 famille endémique d'amphibiens à Madagascar, il y a une forte endémicité des reptiles et amphibiens au niveau des espèces. Sur les 340 espèces de reptiles recensées, 314 sont endémiques (92,35%) (Raxworthy 2003). Dans le complexe forestier de l'Atlantique, parmi les 306 espèces de reptiles, il y a seulement 94 espèces endémiques (30,71%) (Rylands, 2004). Même l'ensemble des îles de Philippines où le taux d'endémicité reptilienne est assez fort (68,08%), il ne dépasse pas celui de Madagascar au niveau des espèces.
  • Parmi les 283 espèces d'oiseaux, 109 sont endémiques (soit 38,51% avec 5 familles endémiques) et 209 se reproduisent sur l'île (Hawkins et Goodman 2003). Au niveau des genres, 34 sur148 genres sont endémiques, soit 22,97%. Aux Philippines (297 179 km2), 185 espèces d'oiseaux sont endémiques sur les 535 espèces recensées, soit 34,57% avec une seule famille endémique. Ce taux d'endémicité est moins élevé dans le complexe forestier de l'Atlantique avec 148 espèces endémiques sur les 936 espèces recensées (15,81%) (Stattersfield et al., 1998). En outre Madagascar abrite des formes reliques d'oiseaux comme le Mesitornis unicolor, Leptosomus discolor et Atelornis crossleyi (Goodman et al., 2003). 
  • Parmi les groupes des invertébrés non-marins, tous les escargots terrestres sont endémiques (651 espèces). Toutes les 40 espèces de scorpions sont endémiques et 84,96% des araignées le sont également. En tout, dans le groupe de macro invertébrés, 86% des taxons sont endémiques parmi les 5800 espèces récemment recensées (Goodman et Benstead, 2003).
  • Une comparaison avec un site du Patrimoine Mondial existant à Madagascar ne serait pas significative étant donné que les extensions de cette série de parcs nationaux se trouvent dans la même écorégion. La décision note également que le bien mondial le plus semblable aux forêts humides de Madagascar sur le plan biogéographique est celui des réserves des forêts ombrophiles centre-orientales de l'Australie. Comme à Madagascar, ces forêts sont associées avec un escarpement oriental qui a servi de refuge pour un biote ancien durant le dernier âge glaciaire. Les forêts restantes ont été isolées par les changements climatiques préhistoriques et elles ont été fragmentées par les activités humaines modernes. Les îles de forêt ombrophile restant représentent un niveau important de tamisage biologique et une évolution divergente. En revanche, les sites au sein du bien malgache démontre moins ces processus de tamisage biologique car la connectivité a été plus importante. Cependant, chaque site malgache abrite un nombre important d'espèces localement endémiques et la nomination en série est bien justifiée.
  • Par rapport à d'autres biens similaires notés dans le document de décision, le bien malgache est moins riche en avifaune mais il est comparable en terme de nombre d'espèces de mammifères, des amphibiens et de la flore.