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Décision 26 BUR XII.63-77
Byblos (Liban)

XII.63            En rappelant les recommandations des deux séminaires organisés par le Centre du patrimoine mondial en 1998 et 1999 en collaboration avec l’Université de Delft, le Bureau a noté que Byblos est l’un des cinq sites libanais concernés par un vaste projet d’aménagement du patrimoine culturel et d’urbanisme financé par la Banque mondiale, et a examiné le résumé des conclusions d’une mission de l’ICOMOS effectuée sur le site en novembre 2001.

XII.64            Une étude d’urbanisme a été commandée en 2001 par la Banque mondiale à une société libanaise de conseil pour préparer le projet. Un projet de rapport préliminaire sur cette étude a été présenté en novembre 2001 à la Banque mondiale lors de sa mission de pré-évaluation, en présence d’un membre du Centre du patrimoine mondial. Ce projet a ensuite été débattu avec un expert de l’ICOMOS à l’occasion d’une mission de suivi réactif sur place. L’expert de l’ICOMOS a également étudié d’autres projets de développement sur le site dont il a évalué l’état de conservation général.

XII.65            En ce qui concerne la zone archéologique, le Bureau a constaté que, malgré les remarquables efforts du personnel restreint travaillant sur place, et en dépit du nettoyage et de la mise en valeur du site effectués lors du Sommet de la Francophonie, l’état de conservation de la plupart des monuments et des vestiges est très précaire et dangereux. Les problèmes essentiels concernent les structures très exposées et fragiles qui menacent de s’effondrer, les fouilles non protégées et les mosaïques soulevées ou in situ, détériorées par les effets combinés des intempéries, de la négligence et du ciment. Le rapport de l’ICOMOS a souligné l’urgente nécessité d’un étayage des murs pour empêcher l’érosion, d’un comblement de la plupart des fouilles à ciel ouvert, de la conservation et de la protection des mosaïques et de leur mise en valeur appropriée dans un espace d’exposition à déterminer.

XII.66            S’agissant du projet de la Banque mondiale, le Secrétariat a expliqué qu’il était centré sur trois zones principales : l’accès et le stationnement, le centre historique et le port. Les relations avec le site archéologique n’ont pas été prises en compte et la Banque mondiale n’a commandé aucune étude archéologique, contrairement à ce qui avait été fait pour Tyr et Baalbek. Le Bureau a noté, cependant, que des exemplaires des études finales n’ont toujours pas été présentés au Centre du patrimoine mondial qui n’a donc pas pu étudier les propositions en détail. Mais, d’après les entretiens avec le consultant, l’étude ne semble pas fondée sur une analyse détaillée de la topographie ancienne du site, y compris de la zone archéologique actuelle. Sa conception semble reposer sur un concept discutable d’aménagement touristique. De ce fait, plusieurs propositions préoccupent l’expert de l’ICOMOS, à savoir : l’installation d’un pont en bois sur la côte autour de la zone archéologique, avec des extensions au-dessus de la mer ; le recouvrement de la plage de galets en contrebas du site avec du sable et la construction de « services et équipements adaptés à une plage touristique » ; le réaménagement de la place publique en face de l’entrée des fouilles avec l’installation d’une nouvelle fontaine sans aucun rapport avec les vestiges archéologiques qu’abrite cette zone ; la construction d’un nouveau restaurant et d’une promenade au-dessus du souk actuel ; la transformation de la Municipalité et de l’Ancien Sérail – deux des bâtiments les plus significatifs de la Vieille ville en contact direct avec la zone archéologique – en hôtel de type « Relais et châteaux » ; la construction d’une passerelle autour de la totalité de l’enceinte médiévale, etc..

XII.67            L’étude comporte également des propositions concernant la zone à l’extérieur de l’enceinte médiévale, notamment pour la conservation et la mise en valeur du Decumanus Maximus, et sa liaison avec un parc de stationnement situé le long de l’autoroute à la périphérie Est de la ville. Ces interventions – qui permettraient de désengorger la circulation dans la vieille ville et de restaurer l’accès initial à Byblos – ont été hautement recommandées par l’expert de l’ICOMOS.

XII.68            Le Bureau a aussi été informé que les zones attenantes au sud et au nord du bien n’ont pas été prises en compte par le consultant de la Banque mondiale. La mission ICOMOS a cependant été informée de plans d’aménagement touristique et a fermement mis en garde contre cette idée, de crainte que l’empiétement de constructions modernes n’ait encore plus d’impact sur le site et sur sa zone tampon qui reste à définir convenablement.

XII.69            Par ailleurs, le Bureau a noté la proposition du Ministère des Travaux publics et des Transports concernant l’extension de la nouvelle jetée en face du port antique de Byblos, pour protéger le port et abriter un petit port de plaisance touristique. Comme l’ont déjà fait remarquer les participants des deux séminaires organisés par le Centre et comme l’a confirmé l’expert de l’ICOMOS, cette extension aurait un impact négatif considérable sur le port antique et ne fournirait aucune garantie contre les forts courants d’hiver. Le Secrétariat a alors informé le Bureau qu’une lettre du Directeur général de la Direction des Antiquités libanaises a été reçue le 4 avril 2002, suggérant une autre solution au projet d’extension de la jetée, qui consisterait en un brise-lames devant être construit sous la mer à environ deux cents mètres du vieux port. 

XII.70            Le projet de réalisation d’une route à travers la zone archéologique pour construire l’extension de la jetée serait, en plus, une catastrophe pour le site. L’ICOMOS recommande fortement qu’au lieu de s’engager dans ces nouveaux projets, on achève d’urgence un levé détaillé des zones sous-marines autour du site et à l’intérieur du port.

XII.71            Le Bureau a noté, par ailleurs, que l’un des principaux problèmes concernant le site archéologique de Byblos, comme d’ailleurs tous les autres sites archéologiques du pays, est le manque chronique de personnel, ce qui gêne beaucoup la Direction générale des Antiquités (DGA) pour conserver et gérer ce bien très important. Reconnaissant ce problème au niveau national, la Banque mondiale a décidé d’inclure une évaluation institutionnelle de la DGA comme condition préliminaire à la négociation de son projet avec le Gouvernement libanais. Le Centre du patrimoine mondial, qui soutient fermement cette initiative, a participé à l’établissement du cahier des charges de cette évaluation et à la sélection des experts.

XII.72            Enfin, le Bureau a noté en particulier que toutes ces initiatives sont prises en l’absence d’un plan complet de gestion et de conservation, accompagné de dispositions juridiques et administratives précises de mise en œuvre.

XII.73            L’Observateur du Liban a informé le Bureau que les études et les documents finaux rédigés par les consultants de la Banque mondiale seront mis d’ici peu à la disposition du Secrétariat. Il a également informé les Délégués de l’intention de la Direction générale des Antiquités de demander l’assistance technique du Centre pour évaluer la faisabilité et l’impact éventuel du brise-lames susmentionné. Enfin, l’Observateur du Liban a convenu du besoin urgent d’un plan d’ensemble de conservation urbaine pour Byblos.

XII.74            Le Bureau a adopté la recommandation suivante pour action à la 26e session du Comité :

« Le Comité félicite l’État partie de ses efforts conjugués avec ceux de la Banque mondiale pour la réhabilitation de la Vieille ville de Byblos et sa revitalisation sociale et économique. Le Comité exprime cependant sa préoccupation devant certaines des interventions proposées qui seraient incompatibles avec le respect des valeurs universelles exceptionnelles justifiant l’inscription du site sur la Liste du patrimoine mondial. Le Comité invite, de plus, l’État partie à s’assurer que les moyens suffisants sont mis à disposition pour financer les travaux nécessaires de conservation et de mise en valeur dans la zone archéologique, et spécialement le renforcement des capacités et du personnel local de la DGA. »

XII.75            Le Comité demande donc à l’État partie de fournir d’urgence au Secrétariat un jeu complet d’études préparatoires sur Byblos réalisées au titre du projet de la Banque mondiale, pour étude par le Comité, avant la conclusion d’un accord entre le Gouvernement libanais et la Banque mondiale sur le champ d’activités prévu dans le cadre de ce projet.

XII.76            Le Comité invite également l’État partie à abandonner les plans d’extension de la jetée et à engager une recherche approfondie sur les zones sous-marines entourant le site et le port. Enfin, il encourage les autorités libanaises à établir un plan d'ensemble de conservation urbaine incluant des dispositions concernant les zones adjacentes au site archéologique, l’enceinte médiévale, les zones à potentiel archéologique des deux côtés du Decumanus Maximus et les zones au nord et au sud de Byblos, pour protéger le site et ses zones tampons contre de nouveaux empiétements.

XII.77            Le Comité encourage fermement l’État partie à présenter des demandes d’assistance internationale au titre du Fonds du patrimoine mondial, sous forme d’intégration au financement de la Banque mondiale, pour appliquer les recommandations susmentionnées et demande aux autorités libanaises de présenter au Centre du patrimoine mondial un rapport d’avancement avant le 1er février 2003. »

Code de la Décision
26 BUR XII.63-77
Thèmes
Conservation
États Parties 1
Biens 1
Année
2002
Rapports sur l'état de conservation
2002 Byblos
Documents
Contexte de la Décision
WHC-02/CONF.201/15