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La technologie spatiale a les pieds sur terre

Earth  
De nombreux événements ont marqué le 30e anniversaire de la Convention du patrimoine mondial, notamment une conférence tenue du 5 au 8 novembre sur l’utilisation de l’observation par satellite pour la conservation du patrimoine naturel et culturel, en particulier du patrimoine mondial.


Organisée par l’EURISY, l’Université internationale de l’espace (ISU), l’Agence spatiale européenne, la NASA et le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, cette conférence s’est tenue en France, à Strasbourg – ville du patrimoine mondial. Cette réunion, commémorant également 30 ans d’utilisation de satellites civils de télédétection, a rassemblé environ 150 spécialistes et s’est focalisée sur une nouvelle génération de satellites célestes d’observation de la Terre en pleine expansion, qui améliore les techniques de suivi des sites du patrimoine mondial, y compris des biens culturels.
Columbia Space Shuttle (NASA)
Ariane(ESA)   Le Dr Ghassem R. Asrar, administrateur associé du Département des Sciences de la Terre à la NASA a déclaré dans son discours que grâce à la technologie des satellites « Nous découvrons notre planète en l’examinant à partir de l’espace, comme un chercheur analyse une maladie particulière avec son microscope. »

Selon Mario Hernandez, Chef de la gestion de l’information et de l’Unité de télédétection au Centre du patrimoine mondial, « Les technologies spatiales, et en particulier les satellites d’observation terrestre, nous permettent de voir les sites du patrimoine mondial dans leur environnement complexe… dans l’ensemble du contexte de l’interrelation des sites du patrimoine mondial avec l’écosystème, le paysage et les interactions humaines associées. »


Luigi Fusco, de l’ESA, a été associé à ce débat, pour discuter de l’avancement d’un projet expérimental de suivi des dernières populations de gorilles et de leur habitat en Afrique centrale. « Les technologies spatiales nous permettent de voir les changements survenus depuis 10 ans dans l’habitat des gorilles » a indiqué Marcio Barbosa. « Une meilleure connaissance des zones touchées permet à l’Institut Congolais pour la Protection de la Nature, [République démocratique du Congo], de définir les zones sur lesquelles doivent porter en priorité les efforts de protection. »

Le Dr Tom Sever, de la NASA, a présenté son travail qui utilise les satellites d’observation terrestre pour mieux comprendre la civilisation maya en Amérique centrale. Cette technologie a permis aux archéologues de percevoir la civilisation maya dans son ensemble, ainsi que l’interrelation de ses différentes périodes. Les données réunies par les satellites ont contribué à expliquer comment les Mayas utilisaient l’eau, et la raison de leur brusque migration due à un manque soudain d’eau douce.

Gorilla

La technique spatiale a également été appliquée à un autre site culturel du patrimoine mondial : le très vaste ensemble des temples d’Angkor au Cambodge a fait l’objet d’un levé utilisant l’imagerie par radar en 2000 ; on a ainsi pu obtenir le premier relevé topographique d’ensemble détaillé de l’environnement et du paysage de ce site du patrimoine mondial. A Strasbourg, Roland Fletcher, de l’Université de Sydney, et Christophe Pottier, de l’Ecole Française d'Extrême-Orient ont traité des implications de cette technique pour la santé passée et future de l’écosystème régional d’Angkor, et pour le développement durable. Le site du patrimoine mondial d’Angkor bénéficie d’observations spatiales depuis plus de 12 ans.

Virunga (congo) seen from space   Tout comme l’univers, le monde de la technologie spatiale et de la conservation du patrimoine ne cesse de se développer. Les agences spatiales ont approuvé une Charte internationale « Espace et catastrophes majeures » permettant la fourniture d’images par satellite en cas de catastrophe quelque part dans le monde : ainsi, l’éruption volcanique de Goma en République démocratique du Congo l’année dernière ; les inondations de l’été dernier en Europe ; les marées noires comme celle qui s’est produite au larges des côtes d’Afrique du Sud, près d’un site du patrimoine mondial en septembre, etc.
Cette Charte fournit aux pays un accès rapide et gratuit aux images satellites, ce qui permet d’identifier et de mesurer rapidement les zones touchées pour aider à limiter la catastrophe.

De même, en octobre 2001, l’UNESCO a lancé une « Initiative ouverte » demandant à toutes les agences spatiales internationales d’aider les pays en développement dans le suivi des sites du patrimoine mondial. Grâce à cette initiative, les Etats parties à la Convention du patrimoine mondial ont accès aux images satellites de leurs sites du patrimoine mondial, ainsi qu’à l’expertise et aux connaissances des agences spatiales.