L’ancienne ville de Tripoli

Date de soumission : 11/07/2019
Critères: (iii)(iv)
Catégorie : Culturel
Soumis par :
Délégation Permanente du Liban auprès de l'UNESCO
Coordonnées N34 26 E35 50
Ref.: 6436
Avertissement

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Les noms des biens figurent dans la langue dans laquelle les États parties les ont soumis.

Description

Tripoli (en arabe Tarablous) est une ville côtière, situé à 85 km au nord du Beyrouth, c’est la deuxième ville et la capitale du Liban Nord, avec une surface de 65 ha.

La vieille ville actuelle remonte à l’époque mamelouke. C’est en 1289 que le sultan mamelouk Qalaoun l’occupa à son tour et fit construire au pied du Château de St. Gilles la vieille cité. Au XIIIe siècle la ville Mameloukearde toujours son importance et sa prospérité grâce à la construction de nombreux monuments religieux, des infrastructures publiques comme les souks, les maisons de ville, des palais, des écoles publiques (madrasa), des bains (hammams), des caravansérails, dont beaucoup de monuments sont restés presque intacts.

A cette époque, Tripoli est une ville renommée pour son industrie textile, avec près de 4 000 métiers à tisser. La ville et ses alentours accueillent également d’autres activités industrielles : laminage du fer, industries du bois, du textile, salines, huileries, savonneries et Industrie de transformation.

La ville garde son importance à l’époque ottomane et connait un certain nombre de transformations à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. L'intégration du Bilad al Cham (désignation traditionnelle de la région comprise entre le Taurus et le Sinaï, la Méditerranée et l'Euphrate) au système capitaliste, passe par l'intensification des échanges au profit de l'Europe et le transfert des activités de l'intérieur vers la côte. Pour répondre aux exigences d'un développement économique extraverti, un nouveau réseau de villes portuaires se développe le long de la côte syrienne et vient supplanter l'ancien réseau des villes continentales. Beyrouth, Haifa, mais aussi Tripoli, en profitent et connaissent un développement urbain rapide. La vieille ville de Tripoli connait ainsi un certain nombre de transformations qui vont s’accélérer au cours du XXe siècle et dont certaines porteront atteinte à l’intégrité de son tissu ancien par l’ouverture de nouveaux axes qui viennent couper son tissu traditionnel et le bétonnage du lit de la rivière qui la traverse.

Justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle

La création de la ville de Tripoli remonte à l’époque phénicienne mais les traces historiques les plus imposantes dans la ville sont médiévales. Le Château de St. Gilles est une des plus imposantes forteresses que les Croisés aient édifiées en Orient. La ville est conservée avec ses différents éléments historiques, mosquées, khan, souks, Madrassahs, Hammams. Aujourd’hui on peut compter une centaine de monuments historiques dans la ville. 

C’est cette richesse historique et architecturale qui donne une valeur Universelle Exceptionnelle à cette ville jusqu’à présent. L’urbanisme ancien et les bâtiments encore en élévation structurent la ville moderne actuelle, qui se délimite dans une ancienne zone entre la citadelle et la fin de la place El Tall.  

Critère (iii) : Ce qui rend l’ancienne ville exepitionnelle unique est la tradition cuturelle et la civilisation vivante. La continuité d’occupation des monuments, qui appartiennent à plusieurs époques historiques, Le Château de St. Gilles date de l’époque croisée avec des remaniements datant des périodes mamelouke et ottomane, les différentes mosquées, la mosquée Taynal comporte des indices architecturaux d’un temple romain qui fut transformé en basilique chrétienne. Les souks de Tripoli ont été construit au XIVe siècle......tel le Souk des Tailleurs (khan al-Khayatin) avec la toiture portée par de hautes arcades, le khan as-Saboun (Souk des Savons), avec sa cour jardin et le Souk des Bijoutiers dont les devantures alternent avec celles des marchands d’épices ou de légumes.

Critère (iv) : L’ancienne ville de Tripoli est un musée à ciel ouvert, elle offre un exemple d’un type de construction et d’un ensemble architectural des périodes anciennes qui se sont succédées. Ses monuments historiques remontent à l’époque des Romains, des Byzantins, des fatimides et des Croisés, ainsi que l’architecture mamelouke et ottomane. Elle abrite plus de 160 monuments historiques : citadelle, mosquées, écoles, khans, hammams, souks, gravures… Tripoli comprend un certain nombre de mosquées anciennes et des dizaines d’écoles, dont la plupart construites selon l’architecture mamelouke.

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

L’authenticité de la ville est concrétisée par son histoire qui est marquée dans la pierre: 164 bâtiments ont été classés monuments historiques, et remonte pour la plupart au XIVe siècle. Ces monuments sont construits dans un urbanisme ancien qui a été fossilisé au fil des siècles.  

La plupart des bâtiments et des souks sont préservés dans leur intégrité, la loi libanaise sur les antiquités 166L.R de 1933 assure la protection des monuments historiques classés. Le plan directeur de 1971 délimite un périmètre de protection de 20m de rayon autour de chaque monument ou groupe de monuments avoisinants. Seule la restauration sans rajouts est autorisée à l’intérieur de ces périmètres, tandis qu’à l’extérieur, la construction est possible sous certaines conditions et sous le contrôlee la Direction Générale des Antiquités (DGA). Tripoli est classée ville à potentiel archéologique.

Toutefois un certain nombre de transformations réalisées au cours du XXe siècle (ouverture de nouveaux axes et bétonnage du lit de la rivière qui la traverse) ont affecté l’intégrité de son tissu urbain historique.

Comparaison avec d’autres biens similaires

La vieille ville du Tripoli est une ville vivante qui date de l’époque Mamelouke et montre une continuité d’occupation des constructions au fur et à mesure des siècles. Jusqu’à l’heure actuelle.la ville est riche en monuments historiques dont la citadelle croisée qui ressemble au Crac des chevaliers à Homs, les églises transformées en mosquées qui ont un plan basilical de trois nefs et qui se mêlent avec les khans, les souks, les Madrassahs et les Hammams d’époque mamelouke.

Bien qu’elle ne puisse pas être comparée, ni par la taille, ni par l’importance, aux grandes villes continentales de la région inscrites sur la liste du patrimoine mondial qui possèdent un riche héritage mamelouk (Jérusalem, le Caire, Damas ou Alep), la vieille ville de Tripoli se distingue par le fait qu’elle constitue un exemple remarquable d’une médina côtière qui a toujours conservé une relation étroite avec son port (Al Mina).

L’ensemble urbain a conservé les caractéristiques principales de l’époque mamelouke tant au niveau de sa morphologie qu’au niveau de sa structure urbaine et de son organisation en quartiers et en hoshs.  A cet égard, le modèle du hosh tripolitain constitue, par sa morphologie et sa forme bâtie, un type d’habitat particulier dont on ne trouve que de rares exemples dans les villes de la région. Si le système d’habitat collectif où plusieurs familles partagent un même hosh est relativement commun, la typologie des hoshs au Caire, à Damas ou à Alep a évolué à partir du 15ème siècle vers une généralisation des cours centrales, à l'air libre, tant dans les logements modestes que dans ceux de l'aristocratie, alors que les hoshs tripolitains ont conservé leur typologie d’origine.

L’exemple le plus pertinent qui puisse se comparer à la vieille ville de Tripoli est celui de la vieille ville d’Hébron en Palestine, inscrite sur la liste du Patrimoine Mondial.  Comme dans le cas de Tripoli, la structure urbaine de la vieille ville d’Hébron a conservé une organisation en quartiers distincts ainsi qu’un tissu viaire caractéristique de l’époque mamelouke. La typologie des hoshs hébronites présente également de nombreuses similitudes avec celle des hoshs tripolitains, ces deux villes se distinguant des autres villes de la région par la permanence d’un mode d’organisation spatial caractéristique de l’époque mamelouke.

Par contre, contrairement à la vieille ville d’Hébron, Tripoli est une ville côtière qui a toujours conservé une relation étroite avec son port (Al Mina).