Patrimoine des forêts tropicales ombrophiles de Sumatra
Facteurs affectant le bien en 2018*
- Activités illégales
- Gouvernance
- Infrastructures de transport de surface
- Infrastructures liées aux énergies renouvelables
- Modification du régime des sols
- Système de gestion/plan de gestion
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Système de gestion/plan de gestion
- Infrastructures de transport de surface (Construction de routes)
- Modification du régime des sols (Empiétement agricole)
- Activités illégales (Abattage illégal ; Braconnage)
- Gouvernance (Faiblesses institutionnelles et de gouvernance)
- Infrastructures liées aux énergies renouvelables (Projet de développement d’énergie géothermique dans une zone adjacente au bien)
Menaces pour lesquelles le bien a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril
- Construction de routes
- Exploitation minière
- Exploitation forestière illégale
- Empiétement
Etat de conservation souhaité pour le retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril
Adopté, voir page https://whc.unesco.org/fr/decisions/5970
Mesures correctives pour le bien
Adoptées, voir page http://whc.unesco.org/fr/decisions/5970
Révision proposée dans le projet de décision ci-dessous
Calendrier pour la mise en œuvre des mesures correctives
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2018
Montant total accordé: 1 800 000 dollars EU pour le projet triennal FNU/FNUPI (2005-2007) – Partenariat pour la conservation du patrimoine naturel de Sumatra. 35 000 dollars EU du Fond de réponse rapide (2007)
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2018
Montant total approuvé : 96 600 dollars E.U.
2012 | Development and socialization of the emergency action ... (Approuvé) | 30 000 dollars E.U. |
2005 | Emergency Assistance for the Rehibilitation of ... (Approuvé) | 66 600 dollars E.U. |
Missions sur le bien jusqu'en 2018**
Février-mars 2006 : mission conjointe de suivi réactif UNESCO/UICN ; mars 2007 : mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN ; février 2009 : mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN ; avril 2011 : mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN ; octobre 2013 : mission de suivi réactif de l’UICN ; avril 2018 : mission de suivi réactif de l’UICN
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2018
L’État partie a soumis, le 7 février 2018, un rapport sur l’état de conservation du bien, disponible à https://whc.unesco.org/fr/list/1167/documents/. Une mission de suivi réactif de l’UICN a visité le bien entre les 5 et 16 avril 2018, et son rapport est également disponible au lien ci-dessus.
L’État partie signale les points suivants :
- Les patrouilles des forces de l’ordre et l’outil spatial de surveillance et de rapports (SMART – Spatial Monitoring and Reporting Tool) ont encore été renforcés : 23 braconniers ont été arrêtés en 2017 ;
- Des sites de reforestation « modèles » ont été créés au sein du bien pour lutter contre les problèmes de conservation comme l’empiétement et pour favoriser les partenariats ;
- Des données concernant la superficie du couvert forestier sont recueillies tous les trois ans, la prochaine mesure étant prévue en 2019 ;
- Aucune activité ni permis pour de nouveaux aménagements routiers n’existe au sein du bien. Un règlement sur les conditions techniques requises des aménagements routiers stratégiques en forêt protégée est en cours de rédaction ;
- Aucune concession ni permis d’exploration d’énergie géothermique n’existe au sein du bien, et la proposition d’un tel développement dans le parc national de Gunung Leuser (PNGL) a été rejetée ;
- Aucune concession minière ni permis d’exploration minier n’existe au sein du bien ;
- Les autorités d’Aceh étudient la possibilité d’inclure l’écosystème de Leuser au plan d’aménagement du territoire d’Aceh ;
- Les autorités d’Aceh, en décembre 2017, ont prorogé de six mois un moratoire sur les nouvelles plantations de palmiers à huile et un moratoire sur les activités minières ;
- Les espèces clés (tigre, rhinocéros, éléphant et orang-outan de Sumatra) sont suivies au sein de petites zones d’études des parcs nationaux, en collaboration avec divers partenaires en matière de conservation. Les incidences des conflits entre l’homme et l’animal sont également cartographiées par les gestionnaires de parc, conjointement avec des partenaires et la population locale ;
- Les limites du PNGL ont été modifiées par un décret ministériel de 2014 : la superficie du parc est maintenant de 828 279,5 ha. La superficie du parc national de Bukit Barisan Selatan a été modifiée à 314 861,48 ha par décret ministériel de 2015.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2018
L’intensification des patrouilles et des efforts pour des forces de l’ordre au sein du bien, qui s’est traduite par des arrestations, est accueillie favorablement. Si le lancement de sites pilotes « modèles » à une échelle modeste constitue une étape positive vers la reforestation, la mission a constaté un empiétement important et persistant qui demandera des efforts bien plus importants pour être jugulé et pour que ces zones dégradées soient réhabilitées. L’empiétement semble également très présent dans les forêts de plaine, qui sont des habitats particulièrement importants pour les espèces sauvages clés, ainsi que dans les corridors écologiques, provoquant ainsi la fragmentation du bien.
La confirmation selon laquelle aucun nouvel aménagement routier n’a eu lieu au sein du bien est appréciée. Néanmoins, la mission a eu connaissance de deux projets routiers de modernisation qui ont été menés sans démarche appropriée d’évaluation d’impact environnemental (EIE). Le premier projet consiste à agrandir la route reliant Sungai Penuh et Tapan, qui traverse le parc national de Kerinci Seblat (PNKS), pour lequel une EIE a été finalisée après le début des travaux de modernisation. Par ailleurs, l’EIE ne propose pas d’évaluation les impacts éventuels sur la VUE du bien ou de mesures d’atténuation. La seconde modernisation, qui concerne la route Karo-Langkat au sein du PNGL, semble également avoir été approuvée sans EIE préalable. Il est essentiel que toute modernisation de route – et pas seulement la construction de nouvelles routes – fasse l’objet d’une EIE soumise au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’UICN avant que toute décision soit prise, conformément au paragraphe 172 des Orientations.
L’annulation par l’État partie du projet géothermique situé sur le plateau Kappi, dans une partie du PNGL désignée zone principale du parc national, et l’absence de plan de développement géothermique au sein du bien sont accueillis favorablement. La prorogation des moratoires sur toute nouvelle plantation de palmiers à huile et sur l’activité minière est également accueillie favorablement, et il est recommandé que le Comité encourage l’État partie à les proroger encore pour veiller à ce que les habitats et corridors de l’écosystème Leuser, importants pour les espèces sauvages, soient protégés contre ces activités néfastes.
Les décrets ministériels signalés qui conduisent à une modification des limites et à une réduction de la superficie de deux des parcs nationaux du bien sont extrêmement préoccupants. Il devrait être rappelé à l’État partie que toute modification proposée aux limites du bien doit être approuvée par le Comité et, par conséquent, il est recommandé que le Comité demande à l’État partie de préciser s’il souhaite modifier les limites du bien, auquel cas une proposition de modification des limites devrait être soumise en respectant la procédure appropriée décrite dans les Orientations. Par ailleurs, la mission a noté avec grande préoccupation que la matérialisation des limites sur le terrain était très insuffisante, ce qui pèse sur la capacité à faire respecter la loi.
Le suivi des espèces sauvages clés dans les zones d’étude est apprécié, mais la collecte systématique de données au sein des trois parcs nationaux est toujours inexistante. La coordination de méthodes de suivi cohérentes et de protocoles reproductibles est nécessaire au niveau du bien. Les pressions exercées sur le bien en matière d’utilisation des terres, spécialement dans les plaines, menacent les habitats des espèces sauvages et il est nécessaire de garantir la protection des corridors écologiques contigus au bien. Il est rappelé à cet égard que le Comité, dans sa décision 33 COM 7B.15, avait recommandé à l’État partie, en coopération avec le Centre du patrimoine mondial et l’UICN, de soumette une proposition de modification importante des limites afin d’inclure ces zones clés dans le bien et ainsi de mieux refléter sa valeur universelle exceptionnelle (VUE).
Le Comité, dans sa décision 38 COM 7A.28, avait également demandé à l’État partie de se donner les moyens de lutter contre les espèces envahissantes, et la mission a été informée des efforts pour combattre la propagation de la liane envahissante indigène Merremia peltata, qui menace sérieusement la forêt naturelle dans la partie sud du PNBBS. L’espèce envahissante exogène Lantana camara semble également très répandue dans ce parc. Il est par conséquent recommandé que le Comité demande à l’État partie d’évaluer l’impact éventuel complet des espèces envahissantes sur la VUE du bien et les moyens pour les contrôler.
La mission a revu les indicateurs actuels de l’État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril et propose de modifier deux indicateurs :
- reconnaître que la forêt primaire au sein du bien a disparu depuis 2011 et qu’il n’est plus possible d’atteindre l’objectif établi en 2013 avec l’indicateur 1 concernant le couvert forestier ;
- il est peu probable que le recensement des quatre espèces sauvages clés atteigne les niveaux de précision requis pour déterminer le taux de croissance démographique spécifié à l’indicateur 2.
Ces propositions de modification reflètent la prise en compte des réalités de l’état de la VUE au sein du bien et du besoin de garantir des indicateurs à la fois atteignables et rationnels. La mission propose d’ajouter une nouvelle clause sous l’indicateur 1 afin de renforcer les conditions requises pour régler le défi de l’empiétement.
Pour résumer, des avancées significatives ont été effectuées par l’État partie pour traiter les menaces auxquelles le bien est confronté, mais cela n’est pas suffisant pour retirer le bien de la Liste du patrimoine mondial en péril.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2018
42 COM 7A.40
Patrimoine des forêts tropicales ombrophiles de Sumatra (Indonésie) (N 1167)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7A.Add2,
- Rappelant les décisions 38 COM 7A.28 et 41 COM 7A.18, adoptées à ses 38e (Doha, 2014) et 41e (Cracovie, 2017) sessions respectivement,
- Accueille favorablement les avancées continues de l’État partie pour augmenter le nombre de patrouilles et les efforts des forces de l’ordre au sein du bien ;
- Note avec grande préoccupation la disparition continue et importante de la forêt, principalement en raison de l’empiétement, et prie instamment l’État partie de prendre des mesures d’urgence pour stopper la tendance actuelle et réhabiliter les zones dégradées ;
- Accueille également favorablement l’annulation par l’État partie du projet géothermique situé sur le plateau Kappi, au sein du parc national de Gunung Leuser, et l’absence de tout projet de développement géothermique au sein du bien ;
- Accueille en outre favorablement la prorogation de six mois des moratoires sur toute nouvelle plantation de palmiers à huile et sur toute activité minière décrétée par les pouvoirs publics d’Aceh en décembre 2017, et prie aussi instamment l’État partie de les proroger encore pour veiller à ce que les habitats et corridors importants des espèces sauvages de l’écosystème Leuser soient protégés contre ces activités néfastes ;
- Apprécie le fait qu’aucun nouvel aménagement routier n’existe au sein du bien, mais note avec préoccupation que deux projets routiers de modernisation ont été approuvés en dehors de la procédure nécessaire d’évaluation d’impact environnemental (EIE), et réitère sa demande à l’État partie de veiller à ce que la modernisation de routes et sentiers existants ne soit autorisée qu’à condition qu’une EIE démontre que cette modernisation ne causera aucun impact négatif sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien ;
- Notant également avec préoccupation que les limites de deux des parcs nationaux ont été réduites par décret ministériel, demande à l’État partie de préciser s’il souhaite modifier les limites du bien, auquel cas une modification des limites devrait être soumise, conformément aux paragraphes 163 à 165 des Orientations, y compris des cartes claires des limites révisées, pour approbation par le Comité, et réitère sa recommandation à l’État partie d’élaborer, en concertation avec le Centre du patrimoine mondial et l’UICN, une proposition de modification importante des limites pour mieux refléter la VUE du bien ;
- Rappelle à l’État partie que toute modification des limites et des zones tampons existantes devrait avoir pour objectif premier le renforcement de la protection de la VUE et doit être approuvée par le Comité du patrimoine mondial par l’une de ses procédures établies ;
- Demande également à l’État partie de veiller à ce que le suivi des espèces sauvages clés (éléphant, orang-outan, rhinocéros et tigre de Sumatra) comprenne une collecte de données systématique au sein des trois parcs nationaux, collecte qui s’appuie sur des méthodes de suivi cohérentes et des protocoles reproductibles ;
- Adopte les indicateurs qui décrivent l’État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR), tel que révisés par la mission de l’UICN de 2018, et demande en outre à l’État partie de mettre en œuvre les mesures correctives révisées suivantes pour restaurer la VUE du bien :
- Renforcer les efforts pour évacuer tout empiètement sur le bien et mener des travaux de reforestation nécessaires pour veiller à ce que l’empiétement ne se reproduise pas. Veiller à ce que la reforestation soit initialement concentrée sur les zones dégradées dans les corridors écologiques clés et le long des routes, chemins et pistes qui traversent le bien, et que les corridors clés d’espèces sauvages restaurés soient désignés comme zone centrale. Examiner toute revendication historique de droit foncier au sein du bien et adopter les mesures nécessaires pour régler ces revendications tout en maintenant la VUE du bien,
- Clarifier en droit les limites de chaque parc national élément du bien, en concertation avec les pouvoirs publics des provinces, les communautés locales et les autres parties prenantes, et restaurer et finaliser la matérialisation de ces limites sur le terrain.
- Améliorer encore les capacités des forces de l’ordre, la portée géographique et l’intensité des patrouilles au sein du bien, en collaboration avec les ONG œuvrant dans la conservation, les communautés locales et d’autres partenaires. Veiller à ce que les crimes forestiers soient effectivement détectés et poursuivis,
- Garantir des protocoles de suivi et un format de données standardisé pour suivre les avancées dans la mise en œuvre de toutes les activités en faveur du DSOCR au sein de chaque parc, de manière à ce que ces données soient facilement consolidées et constituent ainsi un rapport d’avancement régulier pour le bien dans son ensemble. Veiller à ce que les nouvelles données sur la superficie du couvert forestier proviennent d’images satellites récentes pouvant être prises à intervalles réguliers,
- Renforcer le suivi des espèces clés à l’échelle du bien, y compris l’éléphant, le tigre, le rhinocéros et l’orang-outan de Sumatra, en :
- maintenant la collaboration entre les pouvoirs publics, les ONG et les parties prenantes universitaires,
- convenant d’un cadre méthodologique commun pour suivre chaque espèce,
- accentuant les efforts de suivi pour combler les vides géographiques en matière d’activités de suivi,
- veillant à ce que des données géoréférencées (GPS) simples quant à la présence ou l’absence d’espèces clés soient collectées lors des patrouilles de routine SMART (outil spatial de surveillance et de rapports), de manière à ce que les modifications de l’aire de répartition soient détectées et suivies,
- harmonisant les analyses de données pour toutes les espèces clés afin de faciliter les rapports d’avancement,
- Renforcer les efforts de régénération des espèces en mettant en œuvre une amélioration de l’habitat et des programmes de restauration de l’écosystème, si nécessaire, y compris la lutte contre les espèces envahissantes,
- Maintenir la politique d’interdiction de construction de nouvelles routes au sein des parcs nationaux, et mettre en œuvre les stratégies et recommandations issues de l’évaluation environnementale stratégique de 2017 concernant le réseau routier dans la chaîne de montagnes de Bukit Barisan et les demandes supplémentaires effectuées par le Comité, afin d’amoindrir l’impact des réseaux routiers sur la VUE du bien,
- Veiller à ce que des EIE rigoureuses soient menées pour tous les projets de développement au sein du bien (par exemple les projets de modernisation des routes) et dans son voisinage (par exemple les routes, les activités minières, les projets de géothermie et de barrage hydroélectrique), avec une attention particulière portée à la zone stratégique nationale de l’écosystème de Leuser, pour veiller à ce que ces projets n’aient pas d’impact négatif sur la VUE du bien,
- Aller au bout de la démarche de fermeture et de réhabilitation des mines au sein du bien, continuer à vérifier l’existence de concessions minières et de permis d’exploration qui pourraient se chevaucher avec le bien, et annuler toute concession et tout permis identifiés,
- Veiller à ce que toutes les provinces, districts et sous-districts qui comprennent des parties du bien reconnaissent son statut de patrimoine mondial et évitent la création de zones de développement au sein de leurs limites,
- Veiller à ce que le groupe de travail du patrimoine mondial, coordonné par le ministère du Développement humain et de la Culture, joue un rôle actif pour promouvoir une coordination effective entre les différents ministères dans la protection et la gestion du bien, particulièrement s’agissant des difficultés relatives à l’empiétement et à la reconstitution des limites,
- Revoir les zones tampons de chaque parc qui compose le bien et les réviser le cas échéant, en s’appuyant sur des critères écologiques, pour protéger les habitats essentiels d’espèces sauvages qui bordent le bien et veiller à ce que l’utilisation des terres dans les paysages étendus autour de chaque bien contribue à la pérennité de tous les aspects de la VUE du bien, y compris les corridors de migration des animaux et les aires de répartition naturelles de chaque espèce, qui sont essentielles au maintien de populations viables à long terme ;
- Demande par ailleurs à l’État partie d’évaluer l’impact éventuel complet des espèces envahissantes, dont Merremia peltata et Lantana camara, sur la VUE du bien et les moyens possibles pour contrôler ces espèces ;
- Demande en outre à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019 ;
- Décide de maintenir Patrimoine des forêts tropicales ombrophiles de Sumatra (Indonésie) sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
42 COM 8C.2
Mise à jour de la Liste du patrimoine mondial en péril (biens maintenus)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné les rapports sur l’état de conservation des biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril (WHC/18/42.COM/7A, WHC/18/42.COM/7A.Add et WHC/18/42.COM/7A.Add.2),
- Décide de maintenir les biens suivants sur la Liste du patrimoine mondial en péril :
- Afghanistan, Paysage culturel et vestiges archéologiques de la vallée de Bamiyan (décision 42 COM 7A.1)
- Afghanistan, Minaret et vestiges archéologiques de Djam (décision 42 COM 7A.2)
- Autriche, Centre historique de Vienne, (décision 42 COM 7A.5)
- Bolivie (État plurinational de), Ville de Potosí (décision 42 COM 7A.8)
- Chili, Usines de salpêtre de Humberstone et de Santa Laura (décision 42 COM 7A.9)
- Côte d'Ivoire / Guinée, Réserve naturelle intégrale du mont Nimba (décision 42 COM 7A.46)
- Égypte, Abou Mena (décision 42 COM 7A.17)
- États-Unis d'Amérique, Parc national des Everglades (décision 42 COM 7A.42)
- Honduras, Réserve de la Biosphère Río Plátano (décision 42 COM 7A.44)
- Îles Salomon, Rennell Est (décision 42 COM 7A.41)
- Indonésie, Patrimoine des forêts tropicales ombrophiles de Sumatra (décision 42 COM 7A.40)
- Iraq, Assour (Qal'at Cherqat) (décision 42 COM 7A.18)
- Iraq, Hatra (décision 42 COM 7A.19)
- Iraq, Ville archéologique de Samarra (décision 42 COM 7A.20)
- Vieille ville de Jérusalem et ses remparts (site proposé par la Jordanie) (décision 42 COM 7A.21)
- Libye, Ancienne ville de Ghadamès (décision 42 COM 7A.25)
- Libye, Site archéologique de Cyrène (décision 42 COM 7A.22)
- Libye, Site archéologique de Leptis Magna (décision 42 COM 7A.23)
- Libye, Site archéologique de Sabratha (décision 42 COM 7A.24)
- Libye, Sites rupestres du Tadrart Acacus (décision 42 COM 7A.26)
- Madagascar, Forêts humides de l’Atsinanana (décision 42 COM 7A.53)
- Mali, Villes anciennes de Djenné (décision 42 COM 7A.13)
- Mali, Tombouctou (décision 42 COM 7A.14)
- Mali, Tombeau des Askia (décision 42 COM 7A.15)
- Micronésie (États fédérés de), Nan Madol : centre cérémoniel de la Micronésie orientale (décision 42 COM 7A.3)
- Niger, Réserves naturelles de l'Aïr et du Ténéré (décision 42 COM 7A.54)
- Ouganda, Tombes des rois du Buganda à Kasubi (décision 42 COM 7A.16)
- Ouzbékistan, Centre historique de Shakhrisyabz (décision 42 COM 7A.4)
- Palestine, Lieu de naissance de Jésus : l’église de la Nativité et la route de pèlerinage, Bethléem (décision 42 COM 7A.27)
- Palestine, Palestine : pays d’olives et de vignes – Paysage culturel du sud de Jérusalem, Battir (décision 42 COM 7A.29)
- Palestine, Vieille ville d’Hébron/Al-Khalil (décision 42 COM 7A.28)
- Panama, Fortifications de la côte caraïbe du Panama : Portobelo, San Lorenzo (décision 42 COM 7A.10)
- Pérou, Zone archéologique de Chan Chan (décision 42 COM 7A.11)
- République arabe syrienne, Ancienne ville d'Alep (décision 42 COM 7A.30)
- République arabe syrienne, Ancienne ville de Bosra (décision 42 COM 7A.31)
- République arabe syrienne, Ancienne ville de Damas (décision 42 COM 7A.32)
- République arabe syrienne, Villages antiques du Nord de la Syrie (décision 42 COM 7A.33)
- République arabe syrienne, Crac des Chevaliers et Qal’at Salah El-Din (décision 42 COM 7A.34)
- République arabe syrienne, Site de Palmyre (décision 42 COM 7A.35)
- République centrafricaine, Parc national du Manovo-Gounda St Floris (décision 42 COM 7A.45)
- République démocratique du Congo, Parc national de la Garamba (décision 42 COM 7A.47)
- République démocratique du Congo, Parc national de Kahuzi-Biega (décision 42 COM 7A.48)
- République démocratique du Congo, Réserve de faune à okapis (décision 42 COM 7A.49)
- République démocratique du Congo, Parc national de la Salonga (décision 42 COM 7A.50)
- République démocratique du Congo, Parc national des Virunga (décision 42 COM 7A.51)
- République-Unie de Tanzanie, Réserve de gibier de Selous (décision 42 COM 7A.56)
- Sénégal, Parc national du Niokolo-Koba (décision 42 COM 7A.55)
- Serbie, Monuments médiévaux au Kosovo (décision 42 COM 7A.6)
- Royaume-Uni de Grande Bretagne et d'Irlande du Nord, Liverpool – Port marchand (décision 42 COM 7A.7)
- Venezuela (République bolivarienne du), Coro et son port (décision 42 COM 7A.12)
- Yémen, Ville historique de Zabid (décision 42 COM 7A.37)
- Yémen, Vieille ville de Sana’a (décision 42 COM 7A.38)
- Yémen, Ancienne ville de Shibam et son mur d'enceinte (décision 42 COM 7A.39)
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7A.Add.2,
2. Rappelant les décisions 38 COM 7A.28 et 41 COM 7A.18, adoptées à ses 38e (Doha, 2014) et 41e (Cracovie, 2017) sessions respectivement,
3. Accueille favorablement les avancées continues de l’État partie pour augmenter le nombre de patrouilles et les efforts des forces de l’ordre au sein du bien ;
4. Note avec grande préoccupation la disparition continue et importante de la forêt, principalement en raison de l’empiétement, et prie instamment l’État partie de prendre des mesures d’urgence pour stopper la tendance actuelle et réhabiliter les zones dégradées ;
5. Accueille également favorablement l’annulation par l’État partie du projet géothermique situé sur le plateau Kappi, au sein du parc national de Gunung Leuser, et l’absence de tout projet de développement géothermique au sein du bien ;
6. Accueille en outre favorablement la prorogation de six mois des moratoires sur toute nouvelle plantation de palmiers à huile et sur toute activité minière décrétée par les pouvoirs publics d’Aceh en décembre 2017, et prie aussi instamment l’État partie de les proroger encore pour veiller à ce que les habitats et corridors importants des espèces sauvages de l’écosystème Leuser soient protégés contre ces activités néfastes ;
7. Apprécie le fait qu’aucun nouvel aménagement routier n’existe au sein du bien, mais note avec préoccupation que deux projets routiers de modernisation ont été approuvés en dehors de la procédure nécessaire d’évaluation d’impact environnemental (EIE), et réitère sa demande à l’État partie de veiller à ce que la modernisation de routes et sentiers existants ne soit autorisée qu’à condition qu’une EIE démontre que cette modernisation ne causera aucun impact négatif sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien ;
8. Notant également avec préoccupation que les limites de deux des parcs nationaux ont été réduites par décret ministériel, demande à l’État partie de préciser s’il souhaite modifier les limites du bien, auquel cas une modification des limites devrait être soumise, conformément aux paragraphes 163 à 165 des Orientations, y compris des cartes claires des limites révisées, pour approbation par le Comité, et réitère sa recommandation à l’État partie d’élaborer, en concertation avec le Centre du patrimoine mondial et l’UICN, une proposition de modification importante des limites pour mieux refléter la VUE du bien ;
9. Rappelle à l’État partie que toute modification des limites et des zones tampons existantes devrait avoir pour objectif premier le renforcement de la protection de la VUE et doit être approuvée par le Comité du patrimoine mondial par l’une de ses procédures établies ;
10. Demande également à l’État partie de veiller à ce que le suivi des espèces sauvages clés (éléphant, orang-outan, rhinocéros et tigre de Sumatra) comprenne une collecte de données systématique au sein des trois parcs nationaux, collecte qui s’appuie sur des méthodes de suivi cohérentes et des protocoles reproductibles ;
11. Adopte les indicateurs qui décrivent l’État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR), tel que révisés par la mission de l’UICN de 2018, et demande en outre à l’État partie de mettre en œuvre les mesures correctives révisées suivantes pour restaurer la VUE du bien :
a) Renforcer les efforts pour évacuer tout empiètement sur le bien et mener des travaux de reforestation nécessaires pour veiller à ce que l’empiétement ne se reproduise pas. Veiller à ce que la reforestation soit initialement concentrée sur les zones dégradées dans les corridors écologiques clés et le long des routes, chemins et pistes qui traversent le bien, et que les corridors clés d’espèces sauvages restaurés soient désignés comme zone centrale. Examiner toute revendication historique de droit foncier au sein du bien et adopter les mesures nécessaires pour régler ces revendications tout en maintenant la VUE du bien,
b) Clarifier en droit les limites de chaque parc national élément du bien, en concertation avec les pouvoirs publics des provinces, les communautés locales et les autres parties prenantes, et restaurer et finaliser la matérialisation de ces limites sur le terrain.
c) Améliorer encore les capacités des forces de l’ordre, la portée géographique et l’intensité des patrouilles au sein du bien, en collaboration avec les ONG œuvrant dans la conservation, les communautés locales et d’autres partenaires. Veiller à ce que les crimes forestiers soient effectivement détectés et poursuivis,
d) Garantir des protocoles de suivi et un format de données standardisé pour suivre les avancées dans la mise en œuvre de toutes les activités en faveur du DSOCR au sein de chaque parc, de manière à ce que ces données soient facilement consolidées et constituent ainsi un rapport d’avancement régulier pour le bien dans son ensemble. Veiller à ce que les nouvelles données sur la superficie du couvert forestier proviennent d’images satellites récentes pouvant être prises à intervalles réguliers,
e) Renforcer le suivi des espèces clés à l’échelle du bien, y compris l’éléphant, le tigre, le rhinocéros et l’orang-outan de Sumatra, en :
(i) maintenant la collaboration entre les pouvoirs publics, les ONG et les parties prenantes universitaires,
(ii) convenant d’un cadre méthodologique commun pour suivre chaque espèce,
(iii) accentuant les efforts de suivi pour combler les vides géographiques en matière d’activités de suivi,
(iv) veillant à ce que des données géoréférencées (GPS) simples quant à la présence ou l’absence d’espèces clés soient collectées lors des patrouilles de routine SMART (outil spatial de surveillance et de rapports), de manière à ce que les modifications de l’aire de répartition soient détectées et suivies,
(v) harmonisant les analyses de données pour toutes les espèces clés afin de faciliter les rapports d’avancement,
f) Renforcer les efforts de régénération des espèces en mettant en œuvre une amélioration de l’habitat et des programmes de restauration de l’écosystème, si nécessaire, y compris la lutte contre les espèces envahissantes,
g) Maintenir la politique d’interdiction de construction de nouvelles routes au sein des parcs nationaux, et mettre en œuvre les stratégies et recommandations issues de l’évaluation environnementale stratégique de 2017 concernant le réseau routier dans la chaîne de montagnes de Bukit Barisan et les demandes supplémentaires effectuées par le Comité, afin d’amoindrir l’impact des réseaux routiers sur la VUE du bien,
h) Veiller à ce que des EIE rigoureuses soient menées pour tous les projets de développement au sein du bien (par exemple les projets de modernisation des routes) et dans son voisinage (par exemple les routes, les activités minières, les projets de géothermie et de barrage hydroélectrique), avec une attention particulière portée à la zone stratégique nationale de l’écosystème de Leuser, pour veiller à ce que ces projets n’aient pas d’impact négatif sur la VUE du bien,
i) Aller au bout de la démarche de fermeture et de réhabilitation des mines au sein du bien, continuer à vérifier l’existence de concessions minières et de permis d’exploration qui pourraient se chevaucher avec le bien, et annuler toute concession et tout permis identifiés,
j) Veiller à ce que toutes les provinces, districts et sous-districts qui comprennent des parties du bien reconnaissent son statut de patrimoine mondial et évitent la création de zones de développement au sein de leurs limites,
k) Veiller à ce que le groupe de travail du patrimoine mondial, coordonné par le ministère du Développement humain et de la Culture, joue un rôle actif pour promouvoir une coordination effective entre les différents ministères dans la protection et la gestion du bien, particulièrement s’agissant des difficultés relatives à l’empiétement et à la reconstitution des limites,
l) Revoir les zones tampons de chaque parc qui compose le bien et les réviser le cas échéant, en s’appuyant sur des critères écologiques, pour protéger les habitats essentiels d’espèces sauvages qui bordent le bien et veiller à ce que l’utilisation des terres dans les paysages étendus autour de chaque bien contribue à la pérennité de tous les aspects de la VUE du bien, y compris les corridors de migration des animaux et les aires de répartition naturelles de chaque espèce, qui sont essentielles au maintien de populations viables à long terme ;
12. Demande par ailleurs à l’État partie d’évaluer l’impact éventuel complet des espèces envahissantes, dont Merremia peltata et Lantana camara, sur la VUE du bien et les moyens possibles pour contrôler ces espèces ;
13. Demande en outre à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019 ;
14. Décide de maintenir Patrimoine des forêts tropicales ombrophiles de Sumatra (Indonésie) sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
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* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.