Dans la perspective de l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies des Objectifs de développement durable pour l’après-2015, l’UNESCO a procédé à la restructuration de ses capacités institutionnelles et opérationnelles afin de renforcer sa politique en matière de culture et de développement.
À cette fin, l’Organisation a réorganisé ses politiques culturelles selon deux grands axes : patrimoine et créativité. La Convention du patrimoine mondial (1972) et la Convention du patrimoine immatériel (2003) encouragent la protection et la conservation du patrimoine naturel, culturel et immatériel, composantes majeures de l’identité et de la cohésion sociales, de la mémoire collective et du dialogue entre les communautés. De son côté, la Convention sur la diversité des expressions culturelles (2005) vise à promouvoir l’économie créative et les industries culturelles qui s’y rattachent. Ensemble, elles constituent un ensemble de politiques et de pratiques dont le but est de guider l’innovation dans le cadre du développement socioéconomique, de la régénération et du renforcement de la résilience. Bien que nous accordions la plus haute importance à la Convention du patrimoine mondial, nous ne manquerons pas, dans la présente publication, de nous pencher sur l’ensemble de ces éléments et facteurs essentiels.
Compte tenu de son histoire relativement longue et des pratiques et des analyses qui représentent l’aboutissement de 42 années de mise en oeuvre aux quatre coins de la planète, le patrimoine mondial est aujourd’hui considéré comme l’une des pierres angulaires du débat sur le développement durable. Alors que la protection n’avait jadis d’autre finalité que la protection elle-même, l’amélioration des modes de vie locaux par la gestion raisonnable des ressources est une notion qui s’est peu à peu imposée, jusqu’à figurer au coeur du processus du patrimoine mondial. À l’occasion du 40e anniversaire de la Convention du patrimoine mondial en 2012, l’UNESCO a réuni dans un document intitulé « patrimoine mondial : bénéfices au-delà des frontières » des données probantes qui montrent, entre autres, les liens de réciprocité qui existent entre le bien être des communautés locales et leur implication dans la protection du patrimoine. On peut affirmer que cette réciprocité est la plus évidente dans les régions où les vulnérabilités sont les plus fortes et où l’histoire a enseigné aux communautés locales comment protéger leur environnement pour qu’elles soient elles-mêmes protégées par leur environnement, comme dans les petits États insulaires en développement (PEID).
L’engagement de l’UNESCO auprès des PEID est profond et se traduit par une multitude d’activités, comme on le découvrira à la lecture de la présente publication. Il passe notamment par le soutien apporté aux PEID à travers le processus du patrimoine mondial, essentiellement depuis qu’en 1994 le Comité du patrimoine mondial a lancé la Stratégie globale pour une Liste du patrimoine mondial équilibrée, représentative et crédible, qui définit les conditions de l’octroi d’un soutien accru et d’une assistance technique aux régions sous-représentées du monde, dont les Caraïbes et le Pacifique. À la suite de la Réunion internationale chargée d’examiner la mise en oeuvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États
insulaires en développement, qui s’est tenue à Maurice en 2005 et au cours de laquelle l’UNESCO a organisé un groupe de travail en plénière consacré à la culture, le Comité a adopté le Programme du patrimoine mondial pour les PEID. Depuis, l’aide financière et technique, ainsi que le nombre d’inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial de biens situés dans les PEID n’ont cessé de croître, comme nous l’évoquerons dans ces pages.
Le prochain cycle de débats et d’examen des programmes d’action et activités en faveur du développement durable des PEID aura lieu en septembre 2014 au Samoa. L’UNESCO y sera fortement représentée afin de promouvoir sa politique en matière de culture et de développement. Le présent document, qui a été préparé grâce à la générosité du Gouvernement japonais, vise à informer les décideurs, les professionnels et les communautés locales et à les aider dans les initiatives qu’ils mènent afin de créer des synergies entre l’amélioration des conditions de vie et la protection de l’environnement, qu’il soit naturel ou d’origine humaine.
Kishore Rao
Directeur du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO