Sultanats Historiques des Comores
Commission Nationale des Comores
Ngazidja, Ndzouani
Avertissement
Les Listes indicatives des États parties sont publiées par le Centre du patrimoine mondial sur son site Internet et/ou dans les documents de travail afin de garantir la transparence et un accès aux informations et de faciliter l'harmonisation des Listes indicatives au niveau régional et sur le plan thématique.
Le contenu de chaque Liste indicative relève de la responsabilité exclusive de l'État partie concerné. La publication des Listes indicatives ne saurait être interprétée comme exprimant une prise de position de la part du Comité du patrimoine mondial, du Centre du patrimoine mondial ou du Secrétariat de l'UNESCO concernant le statut juridique d'un pays, d'un territoire, d'une ville, d'une zone ou de leurs frontières.
Les noms des biens figurent dans la langue dans laquelle les États parties les ont soumis.
Description
Les données archéologiques font remonter au VIII ème siècle le peuplement des Comores par l'homme, à partir de la côte orientale d'Afrique. Cependant l'histoire reste mal connue jusqu'au XIIIème siècle, où des shirazi, venus vraisemblablement de Kilwa, s'allièrent aux autochtones par des mariages et fondent des clans de sultanats et dominèrent les chefferies traditionnelles.
Le patrimoine culturel immobilier comorien est constitué notamment de sites archéologiques du XIIIème et XVIème siècle, pour les plus connus, de palais royaux, d'édifices religieux, de fortifications et de places publiques. Ces dernières, bien qu'elles existent également à Anjouan, diffèrent par leur conception architecturale de ceux de Ngazidja, lesquelles l'accès se fait par deux portes monumentales en maçonnerie, décoré de symboles. Iconi et Itsandra Mdjini sont les villes qui détiennent le plus de bangwe et de portes monumentales.
Les cinq villes présentées ici, certes de tailles sensiblement différentes, présentent le même ensemble architectural intérieur et extérieur dans leur espace bâtis, de ruelles étroites, de portes sculptées, de mosquées, de palais, de murailles de défense, de mausolées et d'espaces publiques. Elles ont été, aux mêmes époques de l'histoire des sultanats, reliés par des liens sociaux et familiaux ou séparés par des petites guerres internes de pouvoir.
Description de la Médina de Mutsamudu (élément 1)
Mutsamudu, petite cité maritime du XIVème siècle, est une ville très condensée, avec des ruelles très étroites et parfois couvertes. La vieille ville ou Médina comprend un ensemble de bâtiments d'habitation et de commerce, des palais princiers, des lieux de culte et des tombeaux de personnages politiques ou religieux. Cet ensemble est structuré par des ensembles de ruelles très étroites, généralement parallèles au rivage, reliées par des escaliers perpendiculaires. Les édifices ont subi diverses modifications, depuis leurs établissements à partir de XIVème siècle. Les palais dont celui de Ujumbé, réunissent toutes les caractéristiques architecturales traditionnelles. Les murailles qui protégeaient la ville contre les incursions n'existent qu'en quelques endroits.
La vieille ville de Mutsamudu possède une citadelle construire de 1782 à 1789 sur la colline de Sinéjou qui domine la ville. Cette forteresse est entourée d'une muraille crénelée et percée de meurtrière flanquée d'un donjon de deux tours carrées qui selon Gevrey (1867) était surmonté d'un mât de pavillon. A proximité du Fort, dominant la ville s'élève une petite chapelle catholique de style hispanique. Une série d'escaliers de 280 marches relient la citadelle au palais.
Description de la Médina de Domoni (élément 2)
Domoni est l'un des villages ancestraux du XIIème siècle. Elle possède encore des vieilles demeures princières d'une extraordinaire beauté. Un palais construit vers le XIIIème siècle est assez bien conservé. D'autres palais, dont trois du XVIème siècle, ont gardé leurs magnifiques panneaux à niches et leurs plafonds polychromes. Les murailles de défense subsistent encore un peu partout autour de la ville et recoupent la presqu'île qui protège le port.
Description de la Médina d'Itsandra (élément 3)
Itsandra Mdjini est l'une des petites cités maritimes du XIVème siècle. Berceau de la civilisation swahilie, elle fut longtemps la capitale de Ngazidja et était dotée du premier port maritime. Cette ville regorge aujourd'hui de plusieurs attraits historiques et touristiques : une forteresse construit au XVIIème, reliée à la ville par une allée munie d'escaliers et bordée de part et d'autre d'une muraille de 130 mètres de long. Quelques morceaux de remparts qui entouraient la ville fortifiée, parsemés de trous d'observation, restent toujours visibles. On y trouve le Chingo nyamba, maison à toiture sous forme de carapace de tortue, du XIIIème ; la maison du Saint, Al Habib Omar Bin Sumet et plusieurs mosquées qui s'étalent du XIVème au XIXème siècle.
La ville possède également plusieurs places publiques, du XVIIème et du XVIIIème siècle, entourées de portes monumentales et de bancs en maçonneries.
Description de la Médina d'Iconi (élément 4)
Un des villages ancestraux du XIIème siècle, Iconi fut, bien avant la ville d'Itsandra, la capitale de l'île. Les ruines du palais des sultans de Bambao se dressent encore à cinq mètres de la mer. Sur le sommet de la colline se dressent encore les murs d'enceinte où se réfugiaient les habitants en cas de guerre. La ville regorge de ruines d'anciens palais et de places publiques bordées de portes monumentales très décorées.
Description de la Médina de Moroni (élément 5)
Moroni, crée au XIVème siècle, est resté la capitale des temps modernes. La ville a perdu certains de ses monuments, transformés pour l'administration ou complètement rasés pour faire place à des nouvelles constructions pendant la période coloniale. Néanmoins, on trouve encore d'anciens palais, bien que toujours habités par des descendants de familles royales, qui ont pu gardé un certain cachet de l'époque des sultans. Dans le noyau central, la médina, les vieilles maisons de deux, de trois ou de quatre niveaux, sont collées les unes aux autres, ne laissant que des petites ruelles d'à peine un mètre, parfois couvertes. Plusieurs demeures gardent encore leurs belles portes sculptées en relief et les dalles de plaques de lave reliées au mortier de chaux, posées sur des poutrelles en bois décorées. Les vieilles mosquées, souvent de petites tailles, se comptent par dizaines, dans la médina. La mosquée de Vendredi, dont le mihrab porte la date de 880H/14/26, a subi de nombreuses modifications et des additions par adjonctions de salles accolées dans le sens de la largeur. La partie ancienne est reconnaissable par les poutres peintes de son plafond et par les colonnes polygonales.
L'ensemble constitué par la mosquée de vendredi et le port aux boutres constitue un exemple très caractéristique de la vie insulaire des Comores.
Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité
L'Etat comorien s'engage à faire le nécessaire pour qu'au moment de l'inscription, ce site soit en conformité avec les conditions d'intégrité et d'authenticité exigés.
1. Authenticité du bien
Ceci devra être présenté sous la forme d'une déclaration d'authenticité. (Selon le type de patrimoine culturel et son contexte culturel, on peut estimer que les biens satisfont aux conditions d'authenticité si leurs valeurs culturelles (telles que reconnues dans les critères de la proposition d'inscription) sont exprimées de manière véridique et crédible à travers une variété d'attributs, y compris :
• forme et conception ;
• matériaux et substance ;
• usage et fonction ;
• traditions, techniques et systèmes de gestion ;
• situation et cadre ;
• langue et autres formes de patrimoine immatériel ;
• esprit et impression ; et
• autres facteurs internes et externes).
2. Intégrité du bien
Ceci devra être présenté sous la forme d'une déclaration d'intégrité.
a) Les Sultanats historiques des Comores possèdent tous les éléments nécessaires pour exprimer la valeur universelle exceptionnelle du bien;
b) Les Sultanats historiques des Comores ont une taille suffisante pour permettre une représentation complète des caractéristiques et processus qui transmettent l'importance de ce bien ;
c) Les Sultanats historiques des Comores subissent des effets négatifs liés au développement et/ou au manque d'entretien.
Pour les biens proposés pour inscription selon les critères (i) à (vi),
• le tissu physique du bien et / ou ses caractéristiques significatives doivent être en bon état,
• l'impact des processus de détérioration doit être contrôlé.
• Il doit exister une proportion importante des éléments nécessaires à la transmission de la totalité des valeurs que représente le bien.
• Les relations et les fonctions dynamiques présentes dans les paysages culturels, les villes historiques, ou les autres propriétés vivantes essentielles à leur caractère distinctif doivent également être maintenues.
Comparaison avec d’autres biens similaires
1. Y a t-il des sites nationaux de même type susceptibles d'avoir une valeur équivalente ou supérieure et non mentionnés dans la liste indicative ?Les cinq villes mentionnées dans les sultanats historiques des Comores sont les plus importantes et les plus représentatives des Comores. Il n'y a pas d'autres sites équivalents ou supérieurs non mentionnés.
2. Y a t-il des sites étrangers de même type déjà inscrits et susceptibles de faire « double-emploi » avec le site proposé ?
Dans le même contexte de la civilisation swahilie, ont déjà été inscrites les villes de Zanzibar et de Lamu.
3. En quoi les Sultanats historiques des Comores diffèrent-elles de ces villes et qu'apportent-elles au patrimoine mondial de nouveau ?
Les sultanats historiques des Comores bien qu'ils s'inscrivent dans la civilisation swahilie, portent néanmoins des caractéristiques spécifiques aux Comores intimement liées entre autres aux sultans batailleurs, à la protection contre les invasions malgaches, à l'occupation de l'espace et à la vie sociale dominée par le grand mariage. La forme spécifique des palais, le style de l'architecture intérieure, les remparts, les portes monumentales des places publiques constituent une contribution originale et unique au patrimoine mondial.