COVID-19 et patrimoine mondial marin : Une voie pour un océan résilient
Alors que près de la moitié de la population mondiale s'est retrouvée confinée à domicile ces derniers mois, l’observation particulièrement rare d'animaux sauvages a pu être constatée dans les endroits les plus inattendus. Les émissions de CO2 ont diminué de 8 % depuis le début de l'année, représentant la plus forte baisse jamais enregistrée. La nature semble enfin reprendre son souffle face aux pressions humaines incessantes qui représentent la principale raison de la réduction de la biodiversité et de la disparition d'habitats depuis au moins un siècle.
Pourtant, la première réunion en ligne organisée avec les gestionnaires locaux des 50 sites du patrimoine mondial marin de l'UNESCO (depuis le début de la pandémie de COVID-19) montre qu'il y a peu de choses à célébrer. Pour de nombreux sites du patrimoine mondial marin, l'arrêt brutal des revenus du tourisme laisse entrevoir des perspectives d'avenir sombres et incertaines. Pour la plupart d'entre eux, la situation révèle à quel point un océan durablement protégé et résilient dépend de l'homme autant que de la nature.
Dans le Parc naturel du récif de Tubbataha (Philippines), par exemple, les revenus du tourisme représentent plus de la moitié du budget de conservation nécessaire pour protéger de la pêche illégale les vastes zones marines reculées. Dans le Parc de la zone humide d'iSimangaliso (Afrique du Sud), le tourisme durable a généré plus de 10 000 emplois depuis l'inscription du site sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO à la fin des années 1990. Le tourisme a permis à toute la région de sortir de la pauvreté et a posé les bases d'une gestion durable du site et de ses caractéristiques uniques, tant sur terre que dans l'océan, et ce pour les décennies à venir. Les scientifiques spécialistes des récifs coralliens de l'Atoll d'Aldabra (Seychelles) - parmi les plus réputés au monde - sont aujourd'hui confrontés à un avenir incertain, car les fonds du programme de suivi et de surveillance seront épuisés d'ici la fin de l'été si les points chauds touristiques voisins ne parviennent pas à attirer de nouveaux visiteurs « payants ».
Tout cela se produit au cours de ce qui devait être une année charnière pour la biodiversité. En effet, l'année 2020 aurait dû être la "Super Année de la biodiversité", dont le point culminant devait être une conférence mondiale sur la biodiversité organisée cet automne, et au cours de laquelle de nouveaux objectifs en matière de biodiversité auraient été fixés pour la prochaine décennie.
Bien que le calendrier ait changé, la pandémie de COVID-19 met en lumière certaines vérités d'une importance capitale sur le fragile équilibre entre la nature et l'homme, et offre donc une occasion unique de choisir résolument la voie de la résilience. Pour les 50 aires marines protégées les plus emblématiques au monde, classées au patrimoine mondial de l'UNESCO, la voie vers un océan résilient est clairement celle où l'homme et la nature vivent en harmonie et où les plans d'adaptation au climat sont conçus pour permettre à la fois à l'homme et à la nature de prospérer.
Pour en savoir plus sur la manière de concevoir des stratégies de résilience innovantes et holistiques dans les sites du patrimoine mondial de l'UNESCO, consultez la page : https://whc.unesco.org/fr/resiliencedesrecifs/