Plasencia - Monfragüe - Trujillo : Paysage méditerranéen

Date of Submission: 03/02/2009
Criteria: (ii)(iv)(v)(x)
Category: Mixed
Submitted by:
Consejería de Cultura y Turismo
State, Province or Region:
Estrémadure
Ref.: 5417
Disclaimer

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Property names are listed in the language in which they have been submitted by the State Party

Description

Plasencia : N40 01 52 W6 05 20

Parc National de Monfraguë : N39 47 58 W05 57 59

Trujillo : N39 27 42 W5 52 48

Le contenu des biens insérés dans la déclaration proposée (Plasencia-Monfragüe-Trujillo: Paysage méditerranéen) est de nature patrimoniale distincte, culturelle et naturelle, en accord avec les définitions rédigées dans les articles 1 et 2 de la Convention du Patrimoine Mondial  au sujet du patrimoine culturel et naturel.

L'ensemble patrimonial du Paysage proposé n'est pas un patrimoine en série, mais il repose sur trois piliers fondamentaux, entre autres. Plasencia et Trujillo sont deux ensembles historiques, déclarés Biens d'Intérêt Culturel, au prestige historique, urbanistique, architectonique et patrimonial reconnu dans la Région d'Estrémadure et aux influences historiques évidentes, nationales, européennes et latino-américaines.

Le Parc National de Monfragüe est un exemple singulier, unique, ample et représentatif d'un écosystème environnant extraordinaire au sein du patrimoine naturel espagnol, péninsulaire, méditerranéen et européen; il possède un intérêt géomorphologique, une biodiversité végétale, une faune riche en espèces endémiques, uniques et menacées d'extinction, des coutumes séculaires de manipulation du territoire et de formes de vie chargées de signes d'identité d'un héritage culturel ancestral, réunissant patrimoine naturel et patrimoine culturel dans un paysage spectaculaire et exceptionnel.

La trilogie patrimoniale formée par Plasencia, Monfragüe et Trujillo, est intimement unie par des liens territoriaux, historiques, sociaux, économiques et de l'environnement dans le couloir méridien de la Cañada Real de la Plata qui la soutient; elle recèle en son sein les événements culturels d'un territoire qui, avec Monfragüe comme point central et les étendues de dehesa (pâturage) sur lesquelles il repose, explique l'existence des villes de Plasencia et Trujillo.

Dans cette proposition de candidature à la Liste du Patrimoine Mondial, l'union des contenus patrimoniaux, culturels et naturels, forme un paysage humanisé; son réseau de relations causales, formelles et fonctionnelles répond à la catégorie patrimoniale de Paysage Culturel, en tant que représentation commune des actions de l'homme et de la nature et illustre l'évolution de la société humaine et de ses emplacements tout au long des siècles. Ces derniers furent conditionnés par l'environnement naturel et les successives forces sociales, économiques et culturelles des civilisations, endogènes et exogènes, qui organisèrent ce territoire.

Le Paysage Plasencia-Monfragüe-Trujillo est, en définitive, le résultat de données historiques, territoriales et urbaines, ainsi que des processus successifs d'organisation et d'aménagement du territoire par les civilisations qui l'ont successivement occupé.

Justification of Outstanding Universal Value

Critère (ii) :

Les tailleurs de pierres et les architectes de Trujillo du XVIè siècle, comme le furent Francisco Becerra ou Martin Casillas, ont écrit des pages remarquables de la culture latino-américaine en contribuant à la définition d'une grande partie de l'histoire de son architecture.

Les architectes de Trujillo exportèrent vers le Nouveau Monde les systèmes et modèles de construction d'Estrémadure, de Castille et d'Andalousie des XVè et XVIè siècles qu'ils appliquèrent avant de partir, telle que la voûte de croisée d'ogives de tradition gothique, ou les voûtes renaissance, ou encore les modèles de cathédrales espagnols, ou bien le balcon en angle, etc...

Tel est le cas de l'architecte originaire de Trujillo, Francisco Becerra. La bibliographie la plus actuelle le considère l'une des personnalités les plus importantes de l'architecture renaissance américaine et, plus concrètement, l'un des meilleurs représentants de ce qui a été dénominé "architecture protorenaissance latino-américaine".

L'influence de Becerra da-ns l'architecture civile et religieuse de la vice-royauté du Pérou serait décisive et laisserait des traces à Lima, essentiellement à partir du XVIIè siècle. Son modèle de base rectangulaire à croisée employée dans la cathédrale de Lima (1582) aura une influence sur des édifices tels que les églises de San Ildefonso, la Trinité, la Recoleta dominicaine, Belén, San Pedro et la Merced de la capitale péruvienne.

En 1575 Becerra est maître d'oeuvre de la Cathédrale de Puebla (Mexique), la plus importante après celle de México; il est possible qu'en 1555, Arciniega en tira les plans après s'être prononcé défavorablement sur la continuité ou non de la Vieille Cathédrale (1536). Cependant, les travaux du temple commencèrent en 1575 d'après les plans de Becerra.

Outre la cathédrale de Puebla, il dirigera également les travaux des couvents de Totimehuacan et de Cuautinchan, contribuant à définir l'architecture des couvents mexicains du XVIè siècle des districts de Puebla et Morelos, dont certains furent inclus en 1994 dans la Liste du Patrimoine Mondial. à Quito (équateur), on note la présence de Francisco Becerra dans la construction des couvents de Santo Domingo et San Agustín.

Quant aux cathédrales de Lima, Cuzco et Puebla, son rôle dans les travaux définit l'un des modèles de cathédrale coloniale de plus grande envergure, comme celui dérivé du plan de la Cathédrale de Valladolid (Espagne) et les tracés des cathédrales de Grenade et Jaén (Espagne).

Outre l'usage de modèles hispaniques de l'architecture civile et religieuse de la Renaisssance, Francisco Becerra marca, dans les constructions faites à Trujillo et dans d'autres localités d'Estrémadure, une personnalité architectonique constituée d'éléments formels spécifiques, tels le balcon en angle ou l'utilisation de fronton sur les portes; il appliquera ces techniques, facilement reconnaisssables, dans ses constructions du Nouveau Monde, dans la vice-royauté du Pérou et de la Nouvelle Espagne.

Il faut également souligner le travail là-bas d'autres architectes de Trujillo, comme celui de Martin Casillas, architecte de la Cathédrale de Guadalajara (Mexique).

En ce qui concerne la "création de paysages" indiquée au critère ii, il convient de signaler que le paysage culturel, constitué par cette candidature, est le résultat de l'intervention des civilisations successives qui ont occupé l'Estrémadure; celles-ci ont défini des modèles historiques d'organisation territoriale, d'urbanisme, de typologies architectoniques et d'ambiance méditerranéenne qui, exportés en Amérique Latine, furent paradigmatiques dans le processus de construction et d'aménagement des colonies.

L'origine du paysage culturel de la dehesa, qui fait partie du Parc National de Monfragüe, est directement reliée aux caractéristiques géologiques du sous-sol et aux circonstances historiques de l'occupation du territoire au Moyen-Âge. Ainsi les terrains paléozoïques où reposent les dehesas d'Estrémadure conditionnent son système d'exploitation et définirent une productivité fondée sur l'élevage extensif. Morphologiquement ces extensions se caractérisent par de grandes parcelles et par la présence d'une végétation spécifique, des chênes verts et des chênes-lièges pour la plupart, et une autre moins abondante de chênes rouvres.

En ce qui concerne ses origines historiques, il convient de tenir compte de l'organisation que la Couronne imposa au territoire d'Estrémadure après la reconquête (1142-1248). Le repeuplement du territoire eut pour conséquences un système spécifique d'exploitation. Au XIIIè siècle, cette population commence à faire de l'élevage sédentaire pour subsister, tirant profit des espaces ouverts (baldíos). Ceci obligea à délimiter dans les Fueros les terrains communaux, engendrant ainsi les premiers pâturages municipaux. Ce phénomène, pour des raisons pédologiques et historiques, est à l'origine des grandes surfaces de terrain à exploiter par un élevage extensif, avec des excellents pâturages, surtout  pour les bêtes à laine, en particulier l'espèce mérinos. Cette situation aura pour conséquence l'inclusion de ces pâturages dans la politique d'élevage de la Couronne de Castille. La reconquête et le repeuplement de l'Estrémadure seront décisifs dans l'organisation de la transhumance et de  la Mesta (Association des éleveurs de troupeaux transhumants au Moyen-Âge). Il a été dit que l'Estrémadure devint "la grande dehesa de Castille".

à tout cela, il faut ajouter les circonstances d'un régime climatique qui oblige le déplacement saisonnier de l'élevage, créant ainsi des routes de bétail, comme les Cañadas Reales (les Chemins Royaux) (La Leonesa et la Ségoviana) qui sont une partie fondamentale des valeurs patrimoniales de la dehesa d'Estrémadure.

Outre ces valeurs historiques, étroitement liées à l'histoire d'Estrémadure et à la Couronne de Castille et son système économique, la dehesa d'Estrémadure est une ressource primordiale de la région; elle donne lieu à l'exploitation de l'élevage porcin et sa contribution aux valeurs culturelles, économiques et gastronomiques de la région; à  l'exploitation des ressources forestales et leur usage industriel, tel que le liège et ses dérivés; à l'élevage d'espèces, celles-ci étant parfaitement adaptées aux conditions de l'environnement de ces espaces; et ce paysage sert aussi de refuge à une riche faune sauvage qui garantit une autre forme d'exploitation et de ressources de la dehesa, comme par exemple la chasse.

Par ailleurs, ce type d'exploitation agricole et d'élevage a entraîné des éléments patrimoniaux de grande valeur historique, comme les châteaux et les forteresses, dont la présence, outre militaire, permettait le contrôle des immenses territoires de la dehesa, où se détache la situation de Trujillo. Le système d'exploitation de la dehesa est également à l'origine d'éléments architectoniques spécifiques de celle-ci, comme les "maisons de campagne" qui, dès le XVIè siècle, sont liées au familles nobles; certaines de ces "maisons", parfois somptueuses, acquièrent un caractère de "manoirs" ou de métairies.

Critère (iv) :

Dans ce paragraphe, l'ensemble des biens inclus dans la candidature fait référence à plusieurs aspects, qu'on retrouve dans le critère iv, et qui sont énumérés ci-dessous:

a- Les palais seigneuriaux et les maisons nobles de Trujillo représentent, tant par leur quantité que par leur qualité, l'un des ensembles de l'architecture historique des XIVè et XVIIè siècle les plus importants d'Europe.

b- La typologie de certains de ces édifices, ainsi que divers éléments formels, comme le balcon en angle, auront une projection réelle dans l'architecture coloniale latino-américaine.

c- La Grand-place de Trujillo est un exemple très significatif du modèle hispanique "campo de feria" (champs de foire) et ses monuments font d'elle l'une des plus belles places d'Espagne.

d- L'urbanisme de la cité historique de Plasencia conserve la structure de rues propre au système radioconcentrique médiéval, ce qui fait d'elle un des exemples espagnols les plus représentatifs de ce modèle urbain.

e- La Nouvelle Cathédrale de Plasencia est l'un des exemples fondamentaux de l'architecture espagnole de Renaissance, où sont intervenus les principaux architectes espagnols du XVIè siècle.

f- L'ensemble formé par la Vieille et la Nouvelle Cathédrale de Plasencia, deux édifices en un seul, est un exemple exceptionnel dans l'aarchitecture espagnole; il représente également un témoignage notable et par conséquent, didactique, des systèmes de construction médiévaux et renaissance.

g- Les plans des vieilles cités de Plasencia et Trujillo reflètent l'histoire de la cohabitation et des conflits entre croyances et races au Moyen-Âge et à l'époque Moderne.

Critère (v) :

Vu les importants témoignages archéologiques localisés sur tout le territoire qu'englobe le Parc National de Monfragüe et ses environs, il est à souligner l'importante activité humaine, tant à l'époque préhistorique qu'aux temps de la protohistoire.

Les découvertes les plus anciennes sur les fouilles archéologiques du Parc de Monfragüe datent du Paléolithique inférieur, plus concrètement des périodes achelense et moustiérienne, ce qui nous reporte à plus de cent mille ans.

L'important ensemble de peintures rupestres schématiques des refuges et grottes du Parc de Monfragüe, datant du Chalcolithique (Âge de cuivre) et de l'Âge de Bronze, c'est-à-dire entre le début du troisième et la moitié du premier millénaire avant J.C, révèlent la continuité dans l'établissement de population dans la région; ceci est directement relié à la générosité d'une terre à la végétation luxuriante et à un abondant réseau fluvial. Les motifs représentés dans les peintures rupestres mettent en relief la présence de bergers et de chasseurs.

Les restes archéologiques de l'Âge de Bronze, ainsi que les témoignages de la période orientaliste (Premier Âge de Fer), tel que le Trésor de Serradilla (l'un des meilleurs exemples d'orfèvrerie orientaliste espagnole connu jusqu'à ce jour) et également les vestiges d'un établissement préromain, prouvent l'occupation successive du territoire par l'homme jusqu'à la romanisation.

à partir de ce moment-là, et grâce à la condition de passage obligatoire dans la communication nord-sud entre les plateaux de la péninsule, la région acquiert un intérêt géostratégique. C'est à cet endroit précis que se trouverait l'une des voies secondaires de la Vía de la Plata et qui, à grands traits, coïnciderait avec la route qui unit Plasencia et Trujillo.

L'ancienneté de son sol explique les affleurements de quartzite au sommet de ses montagnes, dont les failles provoquent de spectaculaires précipices, comme ceux que l'on aperçoit sur la route Plasencia-Trujillo. Certains de ces rochers furent utilisés pour y installer des éléments de surveillance et de défense, comme par exemple le Château de Monfragüe. Aujourd'hui, ils servent de refuge à de nombreuses colonies ornithologi-ques du Parc.

L'importance stratégique du passage par Monfragüe dans la communicaton entre Plasencia et Trujillo, se manifesta historiquement au XVIIIè siècle, lorsque Carlos III fonde la localité de Villarreal de San Carlos, afin de pouvoir défendre la circulation de personnes des attaques de brigands.

Le bois dans le centre du Parc de Monfragüe, au relief plus plat, a été eclairci et transformé, donnant lieu à des étendues de pâturage (dehesas), unité d'environnement la plus vaste de la Réserve de la Biosphère de Monfragüe. C'est ainsi que l'homme a été le protagoniste dans la formation du paysage de ces endroits boisés dispersés, qui permettent la cohabitaton des usages humains et des espèces autochtones. L'importance de la dehesa  pour la biodiversité est telle que, outre le fait de nourrir de nombreuses espèces, elle permet la survie de certaines autres habitant d'autres unités.

Il s'agit donc d'un espace où l'interaction homme-nature se manifeste depuis des temps immémoriaux et dont le résultat est la création d'un paysage culturel qui a coexisté avec le développement d'écosystèmes d'une grande diversité biologique.

Critère (x) :

Les 116.000 hectares du Parc National de Monfragüe, outre un élevage abondant, principale production commerciale de la dehesa, permettent l'existence d'une remarquable variété de bétail autochtone, parfaitement adapté aux conditions locales. Nous sommes donc en présence d'un espace fondamental pour la conservation et le maintient de la bio-diversité à échelle mondiale. Contrairement à d'autres espaces similaires, on peut observer à Monfragüe quelques espèces de grande valeur vivant dans leur environnement naturel, très proches et très concentrées.

Des circonstances géographiques et géologiques spéciales confèrent au Parc National de Monfragüe une importance écologique exceptionnelle,  en intégrant de nombreux biotopes en son territoire, tels que le bois méditerranéen ou la dehesa, favorisant ainsi une faune abondante et variée; plus de deux cents espèces de vertébrés y sont recensées, parmi lesquelles certaines atteignent à Monfragüe leur plus grande densité connue.

La grande richesse biologique du parc réside dans sa faune, dont la concentration de rapaces est remarquable, telle celle du vautour noir; sa présence à Monfragüe est une garantie face au danger d'extinction à échelle mondiale, et celle qui habite à Monfragüe représente la colonie la plus nombreuse qui soit. Grâce à la création du parc, le nombre d'individus de cette espèce a augmenté dans les régions de Castille la Mancha, Castille et León et d'Andalousie.

Par ailleurs, le véritable joyau ornithologique de Monfragüe est la cigogne noire, pratiquement disparue et dont le nombre recensé dans le parc est le plus important, ce qui permet de garantir la survie de l'espèce dans le monde. On peut en dire de même de l'aigle impérial, l'une des espèces les plus menacées de la planète.

Statements of authenticity and/or integrity

L'oeuvre de l'architecte Francisco Becerra à Lima, Cuzco, Quito, Puebla, etc..., documentairement et scientifiquement prouvée, a fait l'objet de la thèse doctorale de Mme Yolanda Fernández Muñoz, professeur à l'Université d'Estrémadure, lue en 2007 et ayant obtenu mention très bien cum laude par unanimité de la part du tribunal.

Par ailleurs, les recherches de la dite professeur, ainsi que celles du Dr Pizarro Gómez, responsable de Projets d'Investigation de l'Université d'Estrémadure sur l'architecture coloniale en Amérique Latine, ont permis de mettre au grand jour l'oeuvre et la projection de Francisco Becerra dans l'architecture coloniale latino-américaine.

En accord avec tout cela et moyennant l'observation physique des oeuvres que les architectes de Trujillo, Francisco Becerra et Martín Casillas, mènent en Amérique Latine, l'on observe que le plan des cathédrales de Lima, Cuzco et Puebla suit le même tracé, à savoir, base rectangulaire, croisée, emplacement du choeur entre la troisième et la quatrième partie de la nef centrale, etc...Ce patron est le résultat de la synthèse entre le modèle d'Herrera pour la cathédrale de Valladolid  et ceux de Siloe et Vandelvira pour les cathédrales de Grenade et de Jaén.

Par ailleurs, la présence du balcon en angle dans l'architecture civile des centres coloniaux des vice-royautés de la Nouvelle Espagne et du Pérou est considérable depuis le XVIè siècle. à Trujillo, le balcon en angle  le plus ancien date du XVè siècle (Palais de Quiroga) et est un élément singulier de l'architecture seigneuriale de Trujillo des XVIè et XVIIè siècles; il existe d'ailleurs un document qui prouve que Becerra en réalise au moins un à Trujillo (Palais des Chaves-Calderón).

L'utilisation d'un fronton orné de chandeliers décoratifs (empreinte personnelle du style architectonique de Francisco Becerra) apparaît dans plusieurs de ses oeuvres dans les terres du Nouveau Monde; tel est le cas de la porte occidentale de l'église du couvent dominicain de Tepoztlán, défini par Toussaint comme "l'un des monuments les plus importants du XVIè siècle conservé au Mexique".

De nos jours, les oeuvres de Becerra au Mexique et au Pérou gardent encore les signes d'identité propres de ses origines, sauf ce qui concerne les couvents de Santo Domingo et San Agustín de Quito, très altérés durant l'époque baroque,

Selon les différents paragraphes du critère (iv), nous pouvons affirmer ce qui suit:

a- La cité historique de Trujillo conserve un grand nombre des édifices construits aux XIVè et XVIIè siècles par les familles nobles et leurs alliances matrimoniales, offrant ainsi à la ville l'un de ses signes actuels d'identité. Hormis les quelques travaux effectués par ses occupants tout au long de l'histoire à l'intérieur de l'immeuble, ceux-ci, ainsi que les extérieurs, maintiennent un état acceptable de conservation, d'authenticité et d'intégrité.

étant donné l'excellente qualité du matériau employé (les pierres granithiques du Berrocal), des opérations de substitution de matériau n'ont pas été nécessaires.

Par ailleurs, le faible nombre de transformations menées dans la cité, dû à la stagnation de la population de la ville au XVIIè siècle, a permis de garantir le maintien global des espaces urbains originaux des palais de Trujillo.

Certains de ces immeubles appartiennent toujours aux héritiers des familles fondatrices; tel est le cas des Marquis de Albayda et leur Palais de la Conquista. Ces palais de la cité médiévale sont souvent utilisés comme résidence habituelle. D'autres ont été aménagés pour mener diverses fonctions publiques, chapeautés par le Plan de Dinamisation Touristique de la ville et les programmes de réhabilitation intégrale, dont la législation actuelle permet la garantie des signes d'identité, aussi bien extérieurs qu'intérieurs.

b- Quant à la projection du modèle de balcon en angle de Trujillo en Amérique Latine, nous devons faire référence aux recherches scientifiques de C. Winfried Leonard "Une curiosité des palais d'Estrémadure. Le balcon en angle", Revista de Estudios Extremeños, vol. VII, Badajoz,1933.

Sans être originaire de Trujillo, le balcon en angle y est une solution constructive datant du XVè siècle, devenant par la suite un élément caractéristique de son architecture seigneuriale; Francisco Becerra fut l'un des architectes qui contribua à son usage à Trujillo et dans le Nouveau Monde.

Les balcons en angle de Trujillo se trouvent en parfait état de conservation, grâce à la qualité et à la noblesse du matériau employé, à savoir le granit du Berrocal.

D'autre part, les espaces urbains sur lesquels ils s'ouvrent (places, carrefours, etc...) sont en parfait état également, ce qui permet encore de nos jours de percevoir, de l'intérieur, l'utilité qu'ils avaient. Il en va de même des balcons en angle des localités d'Amériqe Latine que l'on conserve aujourd'hui.

c- Malgré la hauteur des édifices non consacrés au culte, qui, conjointement aux palais et maisons seigneuriales, font partie des vues de la Grand-place de Trujillo, celle-ci est restée fidèle à l'aspect qu'elle offrait au XVIè siècle et aux caractéristiques qui faisaient d'elles alors un espace commercial et scénographique. L'architecture de palais qui ennoblit ses façades se maintient sans altération substantielle, mis à part les travaux effectués sur l'Hòtel de ville à la moitié du XXè siècle.

Quant à son caractère commercial, qu'illustrent tant ses origines que sa configuration morphologique (des arcades au rez-de-chaussée), il convient de signaler que ces arcades conservent leur structure originale, voire même ses noms identificatifs (Arcade du Pain, des Légumes, de la Toile, etc...). D'autre part, la fonction scénographique apparaît dans la série de fenêtres et balcons qui s'ouvrent sur le grand espace et qui, autrefois, servaient de loges privées lors des spectacles ludiques ou religieux qui avaient lieu sur la place.

Quant au plan, la place de Trujillo conserve intacte la structure qu'elle avait au XVIè siècle et permet toujours le commerce et le spectacle. L'intégrité des plans et des constructions de la place de Trujillo figurent dans les archives, la planimétrie historique et la documentation graphique existentes.

d- Le dynamisme du développement de Plasencia vers le NE et le SO, à partir de la révision du Plan Général d'Aménagement Urbain des années quatre.vingt du siècle dernier, a permis la fossilisation du tracé urbain intra-muros. Même si les constructions ont évolué depuis le XIXè siècle, le tracé des rues d'hier à l'époque moderne a maintenu les espaces ouverts, les noeuds et les voies historiques.

La place, centre névralgique de la cité médiévale et moderne, est toujours l'espace urbain par excellence, et son rôle commercial, dans  cette ville chef-lieu d'une région riche et productive, prend toute son ampleur lors du marché de produits agricoles tous les mardis.

e- La Nouvelle Cathédrale figure dans tous les manuels de l'Histoire de l'Art espagnol comme l'un des exemples les plus représentatifs de l'architecture espagnole de la Renaissance; des documents confirment la présence des architectes Enrique Egas, Francisco de Colonia, Juan de Álava, Alonso de Covarrubias, Diego de Siloé et Rodrigo Gil de Hontañón dans le processus de construction.

Ce dernier fut interrompu et celui de l'élimination de la cathédrale romane (XIIIè siècle) inachevé en un même temps, ce qui donne aujourd'hui une double cathédrale, sans qu'aucune des deux ne soit complète. Ce fait singulier confère à cet édifice des valeurs didactiques et documentaires indéniables.

Le siège de l'évêché dans la ville depuis ses origines et son pouvoir économique ont permis le parfait état de conservation des cathédrales, tout en sauvegardant les alentours de toute agression urbanistique qui lui aurait ôté en partie son protagonisme monumental et le développement des actes religieux vers l'extérieur.

Le plan de la Nouvelle Cathédrale, le système de toitures et la décoration renaissance des façades nord et sud reflètent tout à fait les paramètres de l'architecture espagnole du XVIè siècle et correspond au savoir-faire que les architectes, cités antérieurement, développèrent dans toutes les autres constructions espagnoles auxquelles ils participèrent et dont on conserve certains documents.

L'importance de la Cathédrale de Plasencia a permis à la ville de promouvoir la création du Réseau de Villes avec Cathédrale parmi treize autres membres fondateurs: Ávila, Baeza, Burgos, Cordoue, Coria, Cuenca, El Burgo de Osma, León, Salamanque, Séville, Saragosse et Plasencia.

f- L'information tirée des livres de comptes de la Cathédrale, ainsi que l'observation directe de l'oeuvre, nous permettent d'apprécier comment le processus de construction-substitution de la Vieille Cathédrale par la Nouvelle fut interrompu. La fossilisation de ce processus constructif  rend visible la dialectique entre deux systèmes différents, chacun d'eux étant le témoignage d'une époque fondamentale dans l'histoire de la ville. Aux siècles suivants, ce phénomène ne souffrit aucune altération.

Le manque de ressources, qui auraient permis de conclure l'ambitieux projet de Egas au sujet de la Nouvelle Cathédrale, et le besoin de continuer à utiliser la Vieille, alors que la Nouvelle est en travaux, a  révélé à l'histoire de l'architecture espagnole un exemple exceptionnel.

g- La présence de juifs et de musulmans dans une même ville, à Trujillo et à Plasencia, figure comme un exemple de cohabitation (pas toujours facile) entre races et religions et un nouvel élément dans la définition des espaces urbains.

Il existe suffisamment de documents sur les quartiers juifs de Plasencia et Trujillo, pour nous permettre de définir leurs emplacements dans la ville, bien qu'il ne reste que des vestiges partiels de leurs édifices.

à la fin du XVè siècle, différentes races et religions cohabitent au faubourg San Martin de Trujillo. L'ordonnance des Rois Catholiques, au sujet de l'écartement des communautés juives et musulmanes, obligea celles-ci à abandonner la cité intra-muros. C'est pourquoi la communauté juive s'installera dans les rues Tiendas (boutiques), Sillería (fabrique de chaises), Zurradores (corroyeurs) et Carnicería (boucherie), dont les noms sont révélateurs de la vocation commerciale et artisanale de ces espaces urbains.

La relation entre urbanisme, commerce et population juive, l'est également à Trujillo. Comme pour Cáceres, la dénomination d'une voie urbaine, qui, de nos jours, maintient son activité commerciale (comme la rue Tiendas (Magasins)) et l'emplacement de la synagogue dans la même rue ne sont pas une coïncidence. Les espaces proches de la place et direction sud, de la Rinconada jusqu'à la rue de la Carnicería (boucherie) (Hernando Pizarro), seraient occupés par la communauté juive, clairement reliée à l'activité commerciale et artisanale de la place et de ses rues voisines.

La population arabe dût avoir une certaine importance à Trujillo et elle semble s'être située dans un espace proche du quartier juif, mais moins attrayant que ce dernier, vu qu'il était un peu plus éloigné de la place. L'actuelle rue Nueva naît précisément à partir de l'ordonnance royale en 1480 qui marginait les communautés juive et musulmane.

On conserve, de ces quartiers juif et musulman à Trujillo, non clairement délimités entre eux, aussi bien l'empreinte d'un urbanisme en labyrinthe, avec des ruelles sans issue, propres aux quartiers islamiques et mudéjars, que les vestiges de la synagogue, rue Tiendas, et les documents qui témoignent de l'existence d'une mosquée sur le sol où se trouve actuellement le Couvent de Saint-François.

Dans le Fuero de Plasencia (1186) figure une information intéressante sur la présence des juifs dans la ville du Jerte. Son quartier juif se trouve dans l'espace urbain délimité par les rues Coria, Zapatería et Trujillo.

Au XVè siècle, la synagogue de Plasencia réunissait environ 200 familles, c'est-à-dire entre 900 et 1.000 habitants et était située au lieu-dit dénominé La Mota, qu'occupe de nos jours le Palais de Mirabel et le Couvent de San Vicente Ferrer (Parador de Tourisme). à la moitié du XVè siècle, la communauté juive se déplace vers la rue Trujillo où l'on construit une nouvelle synagogue, ouverte jusqu'à l'expulsion des juifs en 1492. Le cimetière juif se trouvait au Berrocal, où l'on peut encore apercevoir des tombes creusées dans la roche.

Les fouilles archéologiques, menées le siècle dernier au couvent de San Vicente Ferrer, ont permis de découvrir des témoignages architectoniques, comme la Sinagogue majeure et le hameau primitif de la Juiderie ou le noyau constitutif de la ville en tour à l'église de la Magdalena,  et des objets ayant appartenu au culte hébreu, comme des restes de lampes de la cérémonie de Hanukkah et un yad (indicateur de lecture) en bronze, tout ceci daté entre le XIIIè et le XVè siècle.

L'importance de la communauté juive à Plasencia a permis, après dix années de démarches, que la ville fasse partie du Réseau de Quartiers Juifs d'Espagne- Chemins de Sefarad, en février 2008. Cette association est composée actuellement des villes suivantes: Ávila, Barcelone, Cáceres, Cordoue, Girona, Hervás, Jaén, León, Oviedo, Palma, Plasencia, Rivadavia, Segovie, Tolède, Tortosa y Tudela, et d'autres associées telles que Lemos, Besalú, Tarazona, Calahorra et Estela.

Jusqu'à ce jour, quinze sites pictoriques-schématiques ont été découverts au Parc de Monfragüe, ce qui le place en tête de ce type de trouvailles dans la région.

Cette découverte dans les années 70 du siècle dernier a donné lieu à  bon nombre de travaux scientifiques, comme les recherches et la thès doctorale de Hipólito Collado, on y met en relief l'occupation précoce du territoire par l'homme; les sites archéologiques et la documentation révèlent la continuité de la présence humaine dans le secteur. Tout est convenablement catalogué et exposé au Musée de Cáceres, le Trésor de Serradilla étant une des pièces clef.

Pour ce qui est de l'ancestrale condition de passage du Parc, ainsi que des origines romaines du tracé de l'actuelle route qui unit Plasencia et Trujillo à travers Monfragüe, il est conseillé de consulter la thèse doctorale du Professeur Fernández Corrales au sujet de l'établissement romain en Estrémadure.

On conserve encore des restes des constructions circulaires aux   murs en ardoise et au toit de paille et de branches utilisées par les éleveurs transhumants dans leurs déplacements à travers les drailles de l'association d'éleveurs de la Mesta. Ces constructions sont l'antécédent direct d'un des abris vernaculaires les plus importants: la hutte, de grande signification éthnographique.

Le maintien de l'écosystème du Parc fait de lui l'un des espaces fondamentaux pour la conservation d'une importante biodiversité à échelle mondiale. Ces circonstances permettent aujourd'hui d'y observer quelques espèces de grande valeur, dans leur environnement naturel et des colonies très nombreuses, tels le vautour noir et la cigogne noire.

L'espace du Parc National de Monfragüe est relativement peu peuplé; ne touchant que 14 municipalités qui, au moment de la déclaration comme Réserve de la Biosphère, comptaient 12.452 habitants; la forme d'intégration dans le parc varie selon chacune d'elles. En réalité, seules trois localités (Serradilla, Torrejón el Rubio et Casas de Miravete) se trouvent réellement intégrées au sein du parc et sa zone d'amortissement. La faible population historiquement du centre se doit tout d'abord à son inaccessibilité et par conséquent, la faible rentabilité potentielle des activités économiques (qui se limitaient traditionnellement au pâturage extensif, à l'exploitation du liège et à la chasse), de là l'importance des politiques ilustrées, un exemple à peine altéré depuis le regne de Carlos III et ensuite, aux mesures protectrices dérivées de la déclaration comme Parc Naturel (qui ne permettent pas la chasse, par exemple).

Le Parc National de Monfragüe conserve, aussi bien dans le centre que dans les secteurs d'amortissement et de transition, de forme permanente ou saisonnière, 290 espèces de vertébrés et un nombre considérable d'invertébrés. Les 116.000 hectares du Parc National de Monfragüe permettent l'existence d'un abondant élevage dans les zones de pâturage et d'une grande variété de races autochtones.

En définitive, étant donné le relief accidenté, la variété de microclimats, de structures et composition des végétaux, ce territoire vierge sustente divers écosystèmes qui permettent la reproduction de nombreuses espèces de vertébrés. Outre cela, l'exploitation des ressources de la zone engendre la préservation d'activités traditionnelles et la conservation de races animales autochtones.

Comparison with other similar properties

étant donné la spécificité de l'ensemble (somme des catégories individuelles des éléments qui composent la candidature), il semble difficile de trouver des exemples comparables. Les particularités du Paysage Culturel proposé, où figurent deux Ensembles Historiques et un Parc National (chacun avec ses propres signes d'identité et son importance spécifique) rendent ardue la comparaison avec d'autres ensembles similaires. Par ailleurs, les relations naturelles, historiques et culturelles qui unissent ces éléments de façon cohérente, n'admettent aucun parallélisme.

Comme il ne s'agit pas là d'un Patrimoine en série, il serait difficile de le démembrer en vue d'une analyse comparative détaillée.

Pour ce qui est des villes de Trujillo et de Plasencia, et partant de l'axiome selon lequel chaque ville est le modèle d'elle-même et le dynamisme urbain de chacune d'elles est un patrimoine unique et exceptionnel, on ne pourrait qu'établir des parallélismes formels entre des éléments isolés du patrimoine et ceux d'une autre ville de son époque historique et du même style architectonique.

Quant au Parc National de Monfragüe et le modèle qu'il représente de préservation de la biodiversité du bois méditerranéen, de formes de vie et de Réserve de la Biosphère abritant une faune menacée, sa comparaison avec d'autres écosystèmes est impossible, car il est unique en son genre.

Indépendamment de ce qui a été dit ci-dessus, chacun des biens, séparément, pourrait être comparé à d'autres exemples.

L'écosystème du bois méditerranéen de pâturage est comparable à celui du Parc National de Doñana (Andalousie, Espagne). La ville de Trujillo pourrait être reliée à divers exemples d'Amérique Latine, mais, c'est sans nul doute celle de Cáceres (Estrémadure, Espagne), par proximité géographique et coïncidences historiques, qui recèle plus de similitudes, entre la forme architectonique et le développement urbanistique de l'époque médiévale et moderne. La structure de la ville de Plasencia, modèle de ville frontière hispano-musulmane et siège d'un évêché, peut s'apparenter à la ville de Salamanque (Espagne), où le centralisme commercial des places et l'emplacement des deux cathédrales sont des facteurs décisifs de son développement urbain; une nuance différencie, entre autres, ces deux villes: Salamanque, à partir du XIIIè siècle, définit sa vocation universitaire, alors que Plasencia  devient ville-marché de la Haute Estrémadure, entre le Système central et le cours du Tage.

Aussi elle garde liens étroits avec des villes similaires, comme Cuenca, Segovia et Ávila, dont l'origine a un tronc commun en étant des points stratégiques de la Couronne de Castilla, administres par des "Fueros" qui encore ils survivent dans le temps. Conséquemment, cela a déterminé une typologie urbaine très concrète.