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Patrimoine naturel et culturel de la région d’Ohrid

Albanie, Macédoine du Nord
Facteurs affectant le bien en 2019*
  • Habitat
  • Impacts des activités touristiques / de loisirs des visiteurs
  • Infrastructures de transport de surface
  • Système de gestion/plan de gestion
  • Vastes infrastructures et/ou installations touristiques / de loisirs
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
  • Système de gestion/Plan de gestion
  • Habitat et développement
  • Infrastructures de transport de surface
  • Vastes infrastructures et/ou installations touristiques/de loisirs (projet de station de ski de Galičica)
  • Impacts des activités touristiques/de loisirs des visiteurs
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2019

Montant total accordé : 20 000 dollars EU (Bureau régional de l’UNESCO pour la science et la culture en Europe)

Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2019
Demandes approuvées : 2 (de 1986-2011)
Montant total approuvé : 31 720 dollars E.U.
2011 Natural and cultural heritage of the Ohrid region (Approuvé)   11 720 dollars E.U.
2011 Increasing the Public Awareness of significance of the ... (Non approuvé)  
1986 Provision of equipment for the control of microclimatic ... (Approuvé)   20 000 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2019**

Septembre 1998: mission conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/UICN ; décembre 2013 : mission de conseil conjointe ICOMOS/UNESCO, avril 2017 mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial ICOMOS/UICN

Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2019

Le 29 novembre 2018, l’État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation auquel des amendements ont été transmis les 30 janvier et 8 avril 2019, faisant suite à deux rapports d’avancement soumis en février et juin 2018, disponibles à http://whc.unesco.org/fr/list/99/documents/, et signalant les points suivants :

  • La procédure de modification du plan de gestion du parc national de Galičica (2011-2020), en particulier son zonage, a été officiellement interrompue en mars 2018, ce qui a entraîné l’arrêt de la construction de la voie express A3 reliant Peštani à Ohrid et de la station de ski de Galičica ;
  • La documentation du projet pour l’amélioration du traitement des eaux usées a été préparée à l’aide de fonds communautaires européens, mais aucun financement n’a encore été obtenu pour sa mise en œuvre ;
  • L’analyse de l’impact potentiel sur les eaux du lac des produits chimiques utilisés pour les pylônes dans le cadre de la reconstruction future du musée de la baie des Os est terminée ;
  • Les premières mesures ont été prises pour assurer le retour de la rivière Sateska dans son ancien lit, avec l’appui financier du PNUD, ainsi que pour nettoyer 12 décharges non conformes et 84 décharges illégales, y compris au sein du site de Maucker. Toutefois, le financement de ce nettoyage doit encore être assuré ;
  • Les retards accumulés dans la mise en œuvre des recommandations de la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/UICN de 2017 et du Comité, pour lesquelles aucun calendrier d’achèvement n’est proposé, incluent : la finalisation du plan de gestion du bien et d’une évaluation environnementale stratégique (EES) concernant les impacts cumulatifs des projets proposés ; la préparation des plans d’urbanisme détaillés pour 19 complexes du cœur de la vieille ville d’Ohrid, initialement prévue d’ici fin 2017 ; l’instauration d’un moratoire sur toute transformation au sein du bien ; la finalisation et approbation de tous les documents de planification pertinents, l’inventaire des bâtiments illégaux et la démolition de ceux qui menacent le bien ; et l’application des recommandations 10, 18 et 19 de la mission ;
  • L’État partie indique que l’étude d’itinéraires alternatifs pour la ligne ferroviaire Kičevo-Lin du corridor paneuropéen VIII prévue pour atteindre le territoire albanais le long de la berge du lac, à Lin, ne serait possible que si un nouveau point de connexion était identifié côté albanais, ce qui, de l’avis de l’État partie, exigerait un nouvel accord entre les deux États parties. L’État partie considère que le tracé proposé à l’origine est tout à fait approprié. Un avis d’expert a été préparé par l’État partie concernant l’autoroute A2 Trebeništa-Struga en réponse aux recommandations de la mission, qui soutient le tracé initialement prévu.

Le 6 mars 2019, l’État partie a soumis des informations complémentaires concernant le projet de mosquée Ali Pacha et le projet de loi sur la gestion du patrimoine naturel et culturel de la région d’Ohrid. Une version actualisée du projet de loi a été soumise le 8 avril 2019.

Le 13 mars 2019, le Centre du patrimoine mondial a reçu un rapport d’un tiers sur d’autres menaces pesant sur le bien, notamment la légalisation éventuelle de constructions illégales et l’approbation de nouveaux aménagements.

Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2019

Certaines mesures ont été prises par l’État partie pour répondre aux demandes du Comité, notamment l’arrêt de la procédure de modification du zonage dans le plan de gestion du parc national de Galičica, ce qui, comme l’a indiqué l’État partie, a de facto arrêté la modernisation des sous-sections (a) et (e) de la voie rapide A3 Ohrid-Peštani et la construction de la station de ski de Galičica.

Un projet de loi sur la gestion du patrimoine naturel et culturel de la région d’Ohrid a été préparé. Toutefois, on notera qu’en cas de non-respect de ses dispositions, par exemple la mise en œuvre d’activités qui peuvent mettre en danger ou ont mis en danger la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, seules des sanctions financières et non pénales sont prévues. Ces mesures ne semblent pas suffisantes pour décourager le non-respect des dispositions.

Toutefois, la majorité des demandes du Comité et des recommandations de la mission de 2017 ne sont toujours pas satisfaites, notamment l’établissement d’un moratoire sur les transformations le long des rives du lac, l’inventaire des bâtiments illégaux et la poursuite de leur démolition, la réalisation d’études pour la création d’une zone tampon et le traitement complet des problèmes de circulation urbaine.

Il est important de noter que l’État partie n’a pas entrepris d’étude comparative des itinéraires ferroviaires alternatifs pour le corridor paneuropéen VIII comme l’avait demandé le Comité en 2017. Aucune évaluation n’a été faite de la solution alternative d’un tunnel reliant le territoire de la Macédoine du Nord à la plaine de Prrenjas, en Albanie, qui se trouverait en dehors du bien actuel et de l’extension proposée par l’État partie de l’Albanie qui sera examinée par le Comité au point 8 de l’ordre du jour. Un tel tracé minimiserait les impacts potentiels sur la VUE du bien et de son extension proposée, conformément à la pratique européenne en matière de tunnels ferroviaires.

Les impacts négatifs qui pourraient résulter du tracé prévu pour la voie ferrée n’ont pas été abordés lors des consultations entre l’État partie et l’État partie de l’Albanie concernant l’extension du bien ; or, il s’agit une question cruciale pour la conservation de l’une des dernières parties presque intactes de la rive du lac d’Ohrid, qui est située à la frontière entre la Macédoine du Nord et l’Albanie. Le tracé ferroviaire prévu est proche de la péninsule de Lin, en Albanie, et pourrait mettre en péril des attributs clés soutenant l’extension proposée du bien.

Concernant le tronçon routier A2 Trebeništa-Struga, l’avis d’expert de l’État partie corrobore les résultats de l’évaluation d’impact sur le patrimoine (EIP) et de l’évaluation d’impact environnemental (EIE) précédemment réalisées, qui n’ont toutefois pas suffisamment pris en compte les impacts négatifs potentiels sur la VUE du bien qui dépasse largement le lac d’Ohrid. De plus, seul un tronçon de la route a été évalué, de sorte qu’il n’y a pas eu d’évaluation complète des impacts potentiels de l’ensemble du projet d’infrastructure ni des aménagements potentiels qui le borderaient.

Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives notent que peu d’avancées ont été effectuées dans la mise en œuvre des demandes et recommandations importantes du Comité, y compris la mise en œuvre retardée de jalons importants sans qu’un calendrier révisé soit proposé. De plus, l’État partie n’a pas l’intention de donner suite à certaines des recommandations prioritaires susmentionnées.

Dans sa décision 40 COM 7B.68, le Comité notait que le corridor ferroviaire VIII et l’autoroute A2 étaient susceptibles de causer des impacts potentiels importants à la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, et considérait que ces projets semblent représenter un danger potentiel pour le bien, conformément aux paragraphes 179 et 180 des Orientations.

Par ailleurs, la mission de 2017 a observé de nombreuses menaces qui pèsent sur les valeurs naturelles et culturelles du bien, notamment : la baisse des niveaux d’eau, les rejets non contrôlés, la pollution de l’eau due à des systèmes inadéquats de traitement des eaux usées entraînant une eutrophisation évidente à l’embouchure des rivières qui se jettent dans le lac, les fortes pressions du tourisme, ainsi qu’un développement urbain incontrôlé et étendu et une exploitation inappropriée des zones côtières. Il en résulte une consommation d’eau plus élevée, une pollution accrue, une fragmentation et une destruction de l’habitat, ainsi qu’un impact négatif important sur la qualité visuelle du bien.

La mission a conclu que l’état de conservation global du bien était vulnérable et que si les recommandations prioritaires n’étaient pas mises en œuvre dans un délai de deux ans, le bien pourrait répondre aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Ce point de vue fut confirmé par le Comité dans sa décision adoptée en 2017.

Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives notent que bien que les projets pour la station de ski de Galičica et les sous-sections (a) et (e) de la route A3 aient été arrêtés au cours des deux années qui ont suivi la mission, peu d’avancées ont été effectuées pour faire face à ces menaces permanentes. Aucune avancée n’a été effectuée en ce qui concerne l’approbation des instruments de planification, y compris le plan de gestion, pour ce qui est de l’établissement d’un moratoire sur toute transformation, de l’inventaire et de la destruction des bâtiments illégaux ayant un impact négatif sur la VUE du bien, et de la mise en œuvre du système de traitement des eaux usées. De plus, l’État partie a exprimé son intention de poursuivre avec le tracé initial du corridor ferroviaire VIII malgré la demande du Comité d’envisager d’autres itinéraires.

Le bien est aujourd’hui confronté à des transformations irréversibles de la relation globale entre la ville historique, les vestiges archéologiques, le cadre naturel et le lac d’Ohrid, qui ne peuvent être traitées que par des changements majeurs concernant les processus de gouvernance, de gestion, de planification, de conservation et d’application de la loi.

Les menaces permanentes associées à des projets d’infrastructure et de développement à grande échelle, considérées individuellement et dans leur ensemble, représentent un péril potentiel pour la valeur universelle exceptionnelle du bien. Il est considéré que le bien répond ainsi aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril selon les paragraphes 177, 179.b et 180.b des Orientations. Il est recommandé que le Comité envisage d’inscrire le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril et demande à l’État partie d’élaborer, en consultation avec le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives, un ensemble de mesures correctives et une proposition d’État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR).

Décisions adoptées par le Comité en 2019
43 COM 7B.36
Patrimoine naturel et culturel de la région d’Ohrid (Macédoine du Nord) (C/N 99ter)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/19/43.COM/7B,
  2. Rappelant les décisions 40 COM 7B.68 et 41 COM 7B.34, adoptées à ses 40e (Istanbul/UNESCO, 2016) et 41e (Cracovie, 2017) sessions respectivement,
  3. Accueille favorablement l’arrêt de la procédure de modification du plan de gestion du parc national de Galičica, en particulier de son zonage, qui a stoppé de facto les projets de construction des sous-sections (a) et (e) de la route A3 et de la station de ski de Galičica au sein du bien, mais considère toutefois que cette mesure n’est pas suffisante pour atténuer significativement la vulnérabilité du bien ;
  4. Rappelant également ses décisions au soutien des conclusions de la mission de suivi réactif de 2017 selon lesquelles l’état de conservation global du bien était confronté à plusieurs menaces et que si les recommandations prioritaires n’étaient pas mises en œuvre dans un délai de deux ans, le bien pourrait répondre aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril ;
  5. Note également que des avancées partielles ont été effectuées dans la mise en œuvre des demandes et recommandations urgentes du Comité, y compris la mise en œuvre retardée de jalons importants sans qu’un calendrier révisé soit proposé, en particulier le moratoire sur toute transformation au sein du bien, l’inventaire des bâtiments illégaux et la démolition de ceux ayant un impact négatif sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, l’approbation de tous les instruments de planification pertinents, notamment le plan de gestion, ainsi que les autres recommandations clés de la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/UICN de 2017 ;
  6. Note que l’État partie n’informe pas régulièrement le Centre du patrimoine mondial des projets et activités de planification en cours dans les limites du bien, ce qui n’est pas conforme au paragraphe 172 des Orientations
  7. Note avec préoccupation que l’État partie n’a pas encore pris en compte les recommandations concernant le corridor ferroviaire VIII, malgré la demande du Comité d’envisager d’autres itinéraires en dehors du bien et en dehors de l’extension proposée par l’État partie de l’Albanie ; de réaliser également le tronçon d’autoroute A2 Trebeništa-Struga, bien qu’une évaluation d’impact sur le patrimoine (EIP) adéquate n’ait pas été entreprise quant à l’impact global de cette route sur la Valeur universelle exceptionnelle du bien, et réitère sa demande à l’État partie d’identifier d’urgence des solutions optimales pour ces projets, évitant ainsi tout impact sur la VUE du bien et sur l’extension proposée par l’État partie albanais ;
  8. Note avec satisfaction l’action de l’État partie sur les projets à long terme, y compris le système de gestion des eaux usées et le réalignement de la Sateska, et accueille en outre favorablement l’adoption par le gouvernement de la loi sur la gestion du patrimoine naturel et culturel de la région d’Ohrid, ainsi que la décision gouvernemtanle prise en juin 2019, qui charge toutes les institutions nationales concernées d’appliquer les recommandations du Centre du patrimoine mondial ;
  9. Réitère fortement sa demande à l’État partie de :
    1. Établir un moratoire sur toute transformation urbaine et côtière au sein du bien jusqu’à ce que tous les documents de planification pertinents aient été finalisés et adoptés, que des règlements de protection efficaces aient été approuvés et que des mécanismes de contrôle efficaces aient été établis,
    2. Inventorier les constructions illégales, évaluer leurs impacts sur la VUE du bien grâce à des procédures appropriées d’EIP et d’évaluation d’impact environnemental (EIE) et procéder à la démolition de toutes celles qui représentent une menace pour le bien,
    3. Veiller à l’application stricte des lois et règlements afin d’empêcher toute nouvelle construction illégale,
    4. Finaliser le plan de gestion du bien et aligner tous les instruments de planification pertinents dans le but général de protéger et de maintenir la VUE du bien et en soumettre le projet au Centre du patrimoine mondial et aux Organisations consultatives avant sa finalisation et son adoption,
    5. Mettre en œuvre toutes les autres demandes antérieures du Comité et les recommandations de la mission de 2017 ;
  10. Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2020, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 44e session en 2020, afin de considérer, dans le cas de la confirmation d’un péril potentiel ou prouvé sur sa valeur universelle exceptionnelle, l’inscription potentielle du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
43 COM 8B.9
Patrimoine naturel et culturel de la région d’Ohrid (Albanie, Macédoine du Nord)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/19/43.COM/8B, WHC/19/43.COM/INF.8B1 et WHC/19/43.COM/INF.8B2,
  2. Approuve la modification importante des limites proposée par l’Albanie du Patrimoine naturel et culturel de la région d’Ohrid, Macédoine du Nord, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (i), (iii), (iv) et (vii) ;
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    La région du lac d’Ohrid, bien mixte du patrimoine mondial couvrant environ 94 729 ha, a été inscrite pour ses valeurs de conservation de la nature en 1979, et pour ses valeurs de patrimoine culturel l’année suivante. Ces inscriptions concernent le secteur du lac situé en Macédoine du Nord. Le bien a été agrandi en 2019 pour inclure le reste du lac d’Ohrid situé en Albanie. 

    Le lac d’Ohrid est un phénomène naturel exceptionnel qui sert de refuge à de nombreuses espèces endémiques et reliques de faune et de flore d’eau douce datant du Tertiaire. En tant que lac profond et ancien d’origine tectonique, le lac d’Ohrid existe en permanence depuis environ deux à trois millions d’années. Ses eaux oligotrophes abritent plus de 200 espèces végétales et animales endémiques du lac, notamment des algues, des vers plats turbellariés, des escargots, des crustacés et 17 espèces endémiques de poissons dont deux espèces de truites. La faune ornithologique est également très riche.

    Édifiée sur les rives du lac éponyme, la ville d’Ohrid est l’un des plus anciens établissements humains d’Europe. Elle a été essentiellement construite entre le VIIe et le XIXe siècle et elle abrite le plus ancien monastère slave (consacré à saint Pantaléon) ainsi que plus de 800 icônes de style byzantin mondialement célèbres, réalisées entre le XIe siècle et la fin du XIVe siècle. L’architecture d’Ohrid constitue l’ensemble le mieux préservé et le plus complet de l’architecture urbaine ancienne de cette partie de l’Europe. C’est de là que s’est propagée la culture slave vers d’autres contrées de l’Europe. Sept basiliques ont jusqu’ici été découvertes lors de fouilles archéologiques menées dans la partie la plus ancienne de la ville. Ces basiliques datant des IVe et Ve siècles et du début du VIe siècle présentent des caractéristiques architecturales et décoratives qui témoignent clairement de l’apogée et de la gloire de Lychnidos, nom de la ville antique. La structure du cœur de la cité compte aussi parmi ses richesses de nombreux sites archéologiques, et en particulier des basiliques des débuts de la chrétienté, également célèbres pour leurs sols recouverts de mosaïques. Quant à l’architecture urbaine ancienne d’Ohrid, il convient d’insister sur l’importance du patrimoine bâti. On remarque l’influence locale traditionnelle d’Ohrid dans son architecture résidentielle bien préservée de la fin de la période ottomane et des XVIIIe et XIXe siècles. C’est l’espace limité pour les activités de construction qui explique la création d’un réseau de ruelles très étroites.

    Sur la péninsule de Lin, dans la partie ouest du lac, l’église paléochrétienne de Lin, fondée au milieu du VIe siècle, est liée aux basiliques de la ville d’Ohrid par sa forme architecturale et ses mosaïques décoratives au sol, et peut-être aussi par des liens liturgiques.

    Bien que la ville de Struga soit située sur les rives du lac d’Ohrid, la vie urbaine est concentrée sur les berges du Drin noir, fleuve qui s’échappe du lac d’Ohrid. L’existence de Struga est initialement associée à plusieurs villages antiques de pêcheurs construits sur pilotis le long des rives du lac. De nombreux sites archéologiques témoignent d’origines remontant au néolithique, à l’âge du bronze, à la période hellénistique macédonienne, à la période romaine et au début du Moyen Âge. Des sites palafittiques préhistoriques similaires ont également été identifiés sur la rive occidentale du lac.

    La convergence de valeurs naturelles bien préservées et la qualité et la diversité de son patrimoine culturel, matériel et spirituel rendent cette région vraiment unique.

    Critère (i) : La ville d’Ohrid est l’un des plus anciens établissements humains d’Europe. En tant qu’un des ensembles complets les mieux préservés présentant des vestiges archéologiques de l’âge du bronze au Moyen Âge, Ohrid possède une architecture religieuse du VIIe au XIXe siècle, ainsi qu’une structure urbaine présentant une architecture vernaculaire des XVIIIe et XIXe siècles. Tout cet ensemble possède des valeurs historiques, architecturales, culturelles et artistiques. La concentration des vestiges archéologiques et des constructions urbaines dans la vieille ville d’Ohrid, sur la péninsule de Lin, et au bord du lac d’Ohrid ainsi que dans les zones environnantes, crée un ensemble d’une harmonie exceptionnelle – une des caractéristiques essentielles qui rendent cette région vraiment unique.

    Critère (iii) : Le bien atteste l’importance des arts byzantins représentés sur plus de 2 500 m² de fresques et plus de 800 icônes mondialement connues. La cathédrale Sainte-Sophie (XIe siècle), l’église Sainte Mère de Dieu Perivleptos et l’église Saint-Jean de Kaneo présentent notamment un haut degré de réalisation artistique dans leurs fresques et leurs représentations théologiques exécutées par des artistes locaux et étrangers. Des architectes ont jadis édifié d’immenses basiliques qui allaient servir de modèles à d’autres basiliques pendant des siècles. Le développement de la vie ecclésiastique le long des rives du lac – avec sa propre architecture religieuse, ses fresques et ses icônes –, témoigne de l’importance de cette région en tant que centre religieux et culturel au fil des siècles. Les similitudes entre les mosaïques de l’église de Lin, dans la partie ouest du lac, et celles des premières basiliques d’Ohrid, à l’est, reflètent une tradition culturelle unique.

    Critère (iv) : La région du lac d’Ohrid possède le plus ancien monastère slave et la première université slave des Balkans – l’école littéraire d’Ohrid qui propagea l’écriture, l’éducation et la culture dans tout le vieux monde slave. Le centre-ville ancien d’Ohrid est une entité urbaine ancienne et authentique qui est préservé de manière unique et adaptée à sa situation et à son terrain en bordure de lac, et caractérisée par une architecture sacrée et profane exceptionnelle. Les vestiges architecturaux incluant un forum, des bâtiments publics, de l’habitat et des bâtiments sacrés avec leur infrastructure remontent à la ville antique de Lychnidos (ancien nom de la ville). La présence d’architecture du début de l’ère chrétienne, datant du IVe au VIe siècle, est attestée par les imposantes basiliques d’Ohrid et la petite église de Lin. L’architecture byzantine d’Ohrid avec de nombreux et divers bâtiments sacrés préservés du IXe au XIVe siècle, sont d’une importance fondamentale et contribuent à l’unité architecturale de la ville.

    Critère (vii) : Avec ses valeurs particulières pour la conservation de la nature et son histoire qui remonte à la période préglaciaire, le lac d’Ohrid est un phénomène naturel exceptionnel. Par son isolement géographique et son activité biologique ininterrompue, le lac d’Ohrid est un refuge unique pour de nombreuses espèces endémiques et reliques de faune et de flore d’eau douce. Ses eaux oligotrophes abritent plus de 200 espèces endémiques, avec un taux d’endémisme élevé pour certaines espèces benthiques : algues, diatomées, vers plats turbellariés, escargots, crustacés et 17 espèces de poissons endémiques. L’avifaune contribue aussi de manière considérable à la valeur de la région du lac d’Ohrid pour la conservation de la nature.

    Intégrité

    Le bien contient toutes les caractéristiques qui expriment sa valeur universelle exceptionnelle du point de vue des critères naturels et culturels.

    L’intégrité du bien est essentiellement menacée par le développement urbain non coordonné, la croissance démographique, le traitement inadapté des eaux usées et déchets solides, et la pression touristique. De plus, la pollution générée par l’augmentation de la circulation a un impact sur la qualité de l’eau, entraînant une diminution des ressources naturelles. La diversité biologique caractérisée par une forte endémicité et la beauté naturelle du lac sont particulièrement vulnérables aux modifications de la qualité de l’eau et il y a des preuves alarmantes d’une augmentation des matières nutritives menaçant l’écologie oligotrophe du lac. C’est sur cet état oligotrophe que repose la valeur du bien pour la conservation de la nature de sorte que les mesures visant à écarter cette menace doivent avoir la priorité.

    L’intégrité de la ville d’Ohrid a souffert dans une certaine mesure car plusieurs maisons construites à la fin du XIXe siècle ont été démolies pour que l’on puisse présenter les vestiges mis au jour du théâtre romain. La cohérence d’ensemble du bien – et notamment les relations entre les bâtiments urbains et le paysage – est menacée par l’absence de protection et de contrôle appropriés en ce qui concerne les nouveaux projets de constructions.

    Authenticité

    La ville d’Ohrid est relativement bien préservée, bien que des interventions incontrôlées aient progressivement eu une incidence sur la forme générale de l’ensemble urbain monumental, ainsi que sur les rives du lac et le paysage environnant. Ces éléments sont également vulnérables aux grands projets d’infrastructure et autres aménagements.

    Concernant les monuments religieux autour d’Ohrid, d’importants travaux de conservation et de restauration ont été réalisés depuis les années quatre-vingt-dix. Les travaux de conservation réalisés sur les monuments de la région ont donné lieu à des recherches approfondies et ont été documentés, mais certains de ces travaux ont eu une incidence sur l’authenticité du bien. Les icônes et les fresques sont en bon état et restent préservées dans les églises. La fonction résidentielle initiale de certains bâtiments a changé au cours du temps, tout comme l’aménagement intérieur de bâtiments résidentiels qui ont été modifiés pour améliorer les conditions de vie. Bien que les travaux de reconstruction aient souvent utilisé des matériaux identiques à ceux de la construction, de nouveaux matériaux ont parfois aussi été utilisés, ce qui représente une menace pour l’authenticité du bien.

    L’église de Lin et son contexte sont vulnérables du fait de l’absence de protection et de conservation et du développement insuffisamment contrôlés. Du côté ouest du lac, le soutien apporté par la zone tampon à la péninsule de Lin et au cadre paysager du lac s’avèrera probablement inefficace, du fait de l’absence de protection appropriée et du manque de contrôle du développement.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Les deux États parties accordent plusieurs niveaux de protection juridique au patrimoine naturel et culturel de la région d’Ohrid. Pour la partie du bien située en Macédoine du Nord, la protection du patrimoine culturel est régie par la loi sur la protection du patrimoine culturel (Journal officiel de la RM n° 20/04, 115/07), par des arrêtés municipaux et par une loi classant le cœur de la vieille ville d’Ohrid comme patrimoine culturel d’importance particulière (Journal officiel de la RM n° 47/11). Il n'existe actuellement aucune protection nationale spécifique pour les sites culturels situés en Albanie. La protection du patrimoine naturel est régie par la loi sur la protection de la nature (Journal officiel de la RM n° 67/2004, 14/2006 et 84/2007), y compris à l’intérieur et à l’extérieur des aires protégées. Il existe également une loi sur la gestion du patrimoine mondial culturel et naturel de la région d’Ohrid (Journal officiel de la RM n° 75/10). En Albanie, toute la superficie du bien et de sa zone tampon se trouve dans le Paysage protégé terrestre et aquatique de Pogradec (PPL), légalement établi en 1999. Les États parties ont aussi signé plusieurs accords de gestion et de protection du lac, par exemple, la loi de 2003 sur la protection des lacs transfrontaliers.  Ces instruments juridiques doivent être tenus à jour et mis en œuvre pour protéger le bien.

    Le bien est géré et protégé à l’aide de documents de gestion pertinents et un véritable plan de gestion d’ensemble est clairement une exigence à long terme. Le « Plan d’aménagement de la République de Macédoine » [sic] de 2004 constitue le document à long terme le plus performant car il propose une vision adaptée de la protection, de l’organisation et de l’environnement paysager du pays, et donne les moyens d’en assurer la gestion. En Albanie le plan d’aménagement du PPL est de grande qualité technique. En 2014, un plan de gestion du paysage protégé a été élaboré, avec pour objectif de renforcer la gestion, d’améliorer la protection et la conservation de l’habitat, de développer les usages touristiques et récréatifs, et d’encourager l’essor d’une agriculture et d’activités socio-économiques durables. Ce document comporte un plan d’action sur cinq ans (2014-2019) qui vise à lancer des mesures correctives, en renforçant la gestion et la coopération, et en améliorant le cadre légal. Ce plan propose d’exclure du zonage du paysage protégé les zones urbaines et les zones où des pratiques agricoles intensives sont utilisées, autour des villes de Pogradec et de Buçimas. À ce plan de gestion a été ajouté un Supplément au patrimoine mondial (2017-2027), qui présente des méthodes destinées à renforcer la gestion du bien élargi et de sa zone tampon. Ce Supplément couvre le patrimoine culturel comme le patrimoine naturel, en ce qui concerne les menaces et les mesures nécessaires. Ces plans doivent être tenus et mis à jour régulièrement, et il convient de remédier totalement aux lacunes qui ont été notées dans la mise en œuvre générale de la réglementation et des plans en matière d’urbanisme et d’aires protégées des deux États parties. 

    Le secteur du bien qui se trouve en Macédoine du Nord est géré par deux ministères – celui de la Culture et celui de l’Environnement –, via trois municipalités (Ohrid, Struga et Debrca), même si les municipalités n’ont pas l’autorité juridique nécessaire pour protéger le patrimoine culturel et naturel. L’Institut pour la protection des monuments culturels et des musées d’Ohrid est compétent pour protéger le patrimoine culturel et le Musée d’histoire naturelle de Struga est chargé de la protection du patrimoine mobilier. Le Parc national de Galičica a autorité pour gérer le patrimoine naturel de l’ensemble du Parc, ainsi qu’une partie du patrimoine culturel qu’il renferme. C’est l’Institut d’Hydrobiologie d’Ohrid qui est responsable du suivi permanent de l’écosystème du lac d’Ohrid, de la recherche et de l’entretien de la flore et de la faune du lac d’Ohrid, ainsi que de la gestion de l’écloserie destinée à enrichir les réserves halieutiques du lac. En Albanie, il est proposé de créer un comité de gestion qui est une version modifiée du Comité pour les zones protégées. Il s’agira de représentants des principaux organismes gouvernementaux de la culture et de la nature, l’Agence nationale pour les aires protégées ayant une responsabilité centrale en matière de conservation de la nature, accompagnés d’un représentant d’une initiative citoyenne.

    Il est urgent de disposer d’une gestion intégrée du patrimoine naturel et culturel par le biais d’un organisme mixte de coordination, ainsi que d’un plan de gestion commun garantissant la préservation des valeurs naturelles et culturelles du bien. Compte tenu des vulnérabilités de ce bien au développement et aux impacts touristiques, il convient d’en renforcer les exigences de gestion, et d’instaurer de nouveaux mécanismes de coopération et de nouvelles pratiques de gestion. Cela pourrait inclure de procéder à une nouvelle évaluation des aires protégées existantes, d’assurer les ressources financières et humaines nécessaires à la gestion, et de mettre en place une gestion prévisionnelle et une application effective de la législation en vigueur. Certes, les mécanismes de gestion transfrontalière sont énoncés sur le papier, mais ils doivent devenir actifs et pleinement opérationnels, en permanence, pour instaurer la coopération transfrontalière requise afin de donner un avenir à long terme au lac d’Ohrid. Il faudra aussi mettre en place des budgets suffisants, au-delà des aspirations contenues dans les documents de gestion du bien. Une véritable intégration et une réelle mise en œuvre des processus de planification à différents niveaux, une coopération intersectorielle, une participation communautaire et une conservation transfrontalière, sont autant de conditions préalables à la gestion à long terme du lac d’Ohrid.

    Les États parties, agissant conjointement pour l’ensemble du bien ainsi que sur leur propre territoire national, doivent prendre des mesures efficaces et rigoureuses pour résoudre de nombreux problèmes graves en matière de protection et de gestion. Ces mesures comprennent la protection, de toute urgence, de la qualité des eaux du lac et en conséquence le maintien de sa fonction écologique oligotrophe ; la réglementation du tourisme et du développement légal et illégal associé ainsi que la lutte contre les effets du développement sur les habitats et les espèces dans l’ensemble du bien, y compris sur les berges du lac. Il convient également de réglementer rigoureusement l’extraction des ressources, notamment pour ce qui est de la pêche et du prélèvement du bois ; et des mesures doivent être prises pour empêcher l’introduction d’espèces exotiques envahissantes. Par ailleurs, les effets des changements climatiques évidents sur le bien, par exemple, le réchauffement du lac, requièrent une attention internationale car de tels problèmes ne peuvent pas être résolus au niveau local.

  4. Note avec inquiétude les menaces qui pèsent sur les attributs culturels et naturels ainsi que sur le cadre albanais du bien et encourage les États parties à développer urgemment une approche transfrontalière conjointe pour faire face à ces menaces sur les valeurs, l’intégrité et aux graves problèmes de protection et de gestion auxquels le lac Ohrid est confronté ;
  5. Demande aux États parties d’inviter une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/UICN sur le bien pour discuter des mesures à prendre afin de donner suite aux recommandations ci-dessous ;
  6. Recommande que les États parties prennent en considération les points suivants de toute urgence:
    1. veiller à la mise en œuvre d'une structure de gestion coordonnée transfrontalière formelle, fonctionnant et disposant de ressources suffisantes, entre les deux États parties participants et à renforcer la collaboration entre les agences et départements culturels et naturels, aux niveaux à la fois national et régional,
    2. renforcer et coordonner la protection juridique dans les deux États parties,
    3. approuver et rendre opérationnel le plan de développement municipal,
    4. rendre opérationnelles les orientations de planification,
    5. augmenter les ressources humaines et financières pour soutenir la gestion du bien,
    6. mettre pleinement en œuvre le plan de gestion,
    7. augmenter la participation de la population,
    8. mettre en place un régime de suivi des biens culturels,
    9. renforcer de toute urgence la protection de l’église de Lin,
    10. étendre le traitement des eaux usées dans les environs du lac, par l’installation et le fonctionnement effectif de stations de traitement des eaux usées au‑delà de l’établissement qui vient d’être commandé à Pogradec et par la surveillance et le contrôle du ruissellement agricole dans le lac.
    11. nommer un personnel désigné pour la gestion de l’église de Lin, du village de Lin et de la péninsule de Lin,
    12. améliorer les infrastructures pour la collection du musée de Pogradec et la conservation des matériaux détrempés provenant des sites d’habitations sur pilotis,
    13. continuer d’éliminer les édifices illégaux le long des rives du lac, et réaligner une partie de la route à l’écart du lac,
    14. préparer un inventaire des sites culturels dans la zone tampon, et introduire une approche de conservation pour ces sites et le paysage de la zone tampon ;
  7. Recommande également aux États parties de fournir une étude comparative exhaustive des itinéraires alternatifs pour le projet de voie ferrée de Kičevohe, en Macédoine du Nord, jusqu’en Albanie, notamment avec les itinéraires qui ne traversent pas le bien inscrit, ou le voisinage des rives du lac en Albanie ;
  8. Demande également aux États parties de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2020, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 44e session en 2020, en vue d’envisager, en cas de confirmation d’un danger potentiel ou prouvé pour sa valeur universelle exceptionnelle, sa possible inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril ;
  9. Note avec satisfaction l’engagement des États parties vis‑à‑vis de la proposition d’inscription de la présente extension, y compris leur engagement dans le Processus en amont pour promouvoir l’extension du bien d’origine, avec l’appui technique proactif du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives.
Projet de décision : 43 COM 7B.36

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/19/43.COM/7B,
  2. Rappelant les décisions 40 COM 7B.68 et 41 COM 7B.34, adoptées à ses 40e(Istanbul/UNESCO, 2016) et 41e (Cracovie, 2017) sessions respectivement,
  3. Accueille favorablement l’arrêt de la procédure de modification du plan de gestion du parc national de Galičica, en particulier de son zonage, qui a stoppé de facto les projets de construction des sous-sections (a) et (e) de la route A3 et de la station de ski de Galičica au sein du bien, mais considère toutefois que cette mesure n’est pas suffisante pour atténuer significativement la vulnérabilité du bien ;
  4. Rappelant également ses décisions au soutien des conclusions de la mission de suivi réactif de 2017 selon lesquelles l’état de conservation global du bien était confronté à plusieurs menaces et que si les recommandations prioritaires n’étaient pas mises en œuvre dans un délai de deux ans, le bien pourrait répondre aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril ;
  5. Note avec préoccupation que peu d’avancées ont été effectuées dans la mise en œuvre des demandes et recommandations urgentes du Comité, y compris la mise en œuvre retardée de jalons importants sans qu’un calendrier révisé soit proposé, en particulier le moratoire sur toute transformation au sein du bien, l’inventaire des bâtiments illégaux et la démolition de ceux ayant un impact négatif sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, l’approbation de tous les instruments de planification pertinents, notamment le plan de gestion, ainsi que les autres recommandations clés de la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/UICN de 2017 ;
  6. Note avec regret que l’État partie n’informe pas régulièrement le Centre du patrimoine mondial des projets et activités en cours dans les limites du bien, ce qui n’est pas conforme au paragraphe 172 des Orientations; 
  7. Note avec grande préoccupation que l’État partie a exprimé son intention de réaliser le tracé initial du corridor ferroviaire VIII, malgré la demande du Comité d’envisager d’autres itinéraires en dehors du bien et en dehors de l’extension proposée par l’État partie de l’Albanie ; de réaliser également le tronçon d’autoroute A2 Trebeništa-Struga, bien qu’une évaluation d’impact sur le patrimoine (EIP) adéquate n’ait pas été entreprise quant à l’impact global de cette route sur la Valeur universelle exceptionnelle du bien, et réitère sa demande à l’État partie d’identifier d’urgence des solutions optimales pour ces projets, évitant ainsi tout impact sur la VUE du bien et sur l’extension proposée par l’État partie albanais ;
  8. Note également avec préoccupation que le bien reste affecté par un développement inapproprié des infrastructures, un développement urbain et une exploitation côtière excessifs et inappropriés, une pollution accrue, la fragmentation et la destruction de l’habitat, de fortes pressions dues au tourisme, un développement urbain incontrôlé à grande échelle et une exploitation inappropriée des zones côtières, qui menacent les valeurs naturelles et culturelles du bien ;
  9. Considère également qu’étant donné l’insuffisance des avancées effectuées dans le traitement des questions susmentionnées et à la lumière des menaces permanentes et des projets d’infrastructure et de développement à grande échelle en cours, le bien est exposé à un péril potentiel, conformément aux paragraphes 179-180 des Orientations, et décide d’inscrire Patrimoine naturel et culturel de la région d’Ohrid (Macédoine du Nord) sur la Liste du patrimoine mondial en péril ;
  10. Réitère fortement sa demande à l’État partie de :
    1. Établir un moratoire sur toute transformation urbaine et côtière au sein du bien jusqu’à ce que tous les documents de planification pertinents aient été finalisés et adoptés, que des règlements de protection efficaces aient été approuvés et que des mécanismes de contrôle efficaces aient été établis,
    2. Inventorier les constructions illégales, évaluer leurs impacts sur la VUE du bien grâce à des procédures appropriées d’EIP et d’évaluation d’impact environnemental (EIE) et procéder à la démolition de toutes celles qui représentent une menace pour le bien,
    3. Veiller à l’application stricte des lois et règlements afin d’empêcher toute nouvelle construction illégale,
    4. Finaliser le plan de gestion du bien et aligner tous les instruments de planification pertinents dans le but général de protéger et de maintenir la VUE du bien et en soumettre le projet au Centre du patrimoine mondial et aux Organisations consultatives avant sa finalisation et son adoption,
    5. Mettre en œuvre toutes les autres demandes antérieures du Comité et les recommandations de la mission de 2017 ;
  11. Demande à l’État partie, en consultation avec le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives, d’élaborer une proposition d’État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril et un ensemble de mesures correctives, y compris un calendrier pour leur mise en œuvre, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 44esession en 2020, sur la base des recommandations de la mission de 2017 et compte tenu de la demande du Comité d’élaborer une évaluation environnementale stratégique (EES) qui évalue de manière exhaustive les impacts cumulatifs de tous les plans d’infrastructure et de développement et autres grands projets sur la VUE du bien ;
  12. Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2020, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 44e session en 2020.
Année du rapport : 2019
Albanie Macédoine du Nord
Date d'inscription : 1979
Catégorie : Mixte
Critères : (i)(iii)(iv)(vii)
Documents examinés par le Comité
Rapport de lʼÉtat partie sur lʼétat de conservation
Rapport (2018) .pdf
arrow_circle_right 43COM (2019)
Exports

* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).

** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.


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