1.         La ville de pierre de Zanzibar (République-Unie de Tanzanie) (C 173rev)

Année d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial  2000

Critères  (ii)(iii)(vi)

Année(s) d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril  Néant

Décisions antérieures du Comité  voir page https://whc.unesco.org/fr/list/173/documents/

Assistance internationale

Demandes approuvées : 0 (de 1998-1998)
Montant total approuvé : 15 000 dollars EU
Pour plus de détails, voir page https://whc.unesco.org/fr/list/173/assistance/

Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO

Montant total accordé au bien : 2009 : 24 000 dollars EU pour l’inventaire des espaces publics de Zanzibar ; 2011 : 14 000 dollars EU pour le renforcement des capacités en gestion de l’inventaire numérique ; 2013 : 49 935 dollars EU pour la cartographie participative de l’initiative HUL (Fonds-en-dépôt néerlandais). 2010-2013 ; 400 000 dollars EU pour Zanzibar et deux autres sites africains dans le cadre du programme des Villes du patrimoine mondial (Fonds-en-dépôt flamand)

Missions de suivi antérieures

Mai 2008 : mission Centre du patrimoine mondial/ICOMOS ; janvier 2011 : mission de suivi réactif ICOMOS ; septembre/octobre 2013 : mission de conseil de l’ICOMOS ; octobre/novembre 2014 : mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/ICCROM ; février 2016 : mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/ICCROM ; octobre 2017 : mission conjointe de conseil Centre du patrimoine mondial/ICOMOS

Facteurs affectant le bien identifiés dans les rapports précédents

Matériel d’illustration  voir page https://whc.unesco.org/fr/list/173/

Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2018

Le 1er décembre 2017, l’État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation en réponse à la précédente décision du Comité. Une mission de conseil conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS a été invitée à se rendre sur le territoire du bien en octobre 2017 pour examiner le projet d’ensemble commercial Darajani Corridor et la restauration du Chawl Building, de Beit-el-Ajaib (Maison des merveilles), du cinéma Majestic, de l’ensemble hôtelier Bwawani et du Palace Museum. Les deux rapports sont disponibles à : http://whc.unesco.org/fr/list/173/documents/.

En réponse au rapport de mission, l’État partie a soumis un commentaire en février 2018 qui abordait les éléments suivants :

Analyse et conclusions du Centre du patrimoine mondial, de l’ICOMOS et de l’ICCROM

Bien que la gestion du bien ait été renforcée par la création de l’Unité de contrôle du développement (Development Control Unit – DCU) qui bénéficie d’un cadre juridique propre, la mission de conseil a expliqué que le système de gestion ne fonctionne pas correctement et que le Conseil du patrimoine (Heritage Board) n’est pas opérationnel. Au cours des 17 années d’inscription du bien, le problème de l’articulation du grand nombre d’ « intervenants » dans la gestion et la conservation de la ville de pierre n’a pas été réglé.

La mission de conseil est parvenue à la même conclusion s’agissant de l’état de conservation du bien. Bien qu’elle se soit réjouie du plan d’aménagement local de Ng’ambo et des projets de ceintures vertes élaborés par le Département de planification urbaine et rurale (Department of Urban and Rural Planning – DoURP) et de la restauration du Chawl Building, et qu’elle ait apporté son soutien au projet « Hifadhi Zanzibar Majestic Theatre », la mission a noté que les mesures minimales d’atténuation pour le projet Mambo Msiige, identifiées par la mission de 2016 comme étant un strict minimum non négociable, n’ont pas toutes été mises en œuvre, tandis que la Tippu Tip House est extrêmement vulnérable et que le Palace Museum risque en partie de s’effondrer si des mesures urgentes ne sont pas prises. Il convient de noter que l’État partie a suivi les recommandations de l’ICOMOS en ce qui concerne Beit-el-Ajab (Maison des merveilles). Le Centre du patrimoine mondial devra être tenu informé de toutes les évolutions du projet de réhabilitation.

Ces quelques bâtiments importants ne sont que la partie émergée de l’iceberg. L’état général de conservation du patrimoine bâti dans son ensemble demeure vulnérable. La classification de quelques 300 bâtiments dont la Société d’habitation de Zanzibar (Zanzibar Housing Corporation – ZHC) est propriétaire est un bon début, mais un inventaire général et détaillé du patrimoine bâti, qui permettrait de mettre en œuvre un suivi du tissu urbain caractéristique de la ville de pierre, et des approches de conservation stratégique font encore défaut.

La mission de conseil s’est également déclarée préoccupée par l’absence de contrôle efficace des projets de développement et d’aménagement. La mission a recommandé que le projet Bwawani (un hôtel, un centre de conférences et un port de plaisance pour les yachts), qui prévoit de récupérer des terres sur le lagon de Funguni Creek, ainsi que des projets de construction de bâtiments de grande hauteur soient stoppés en raison de leur impact potentiel très négatif et irréversible sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien. En outre, elle a recommandé que le projet d’ensemble commercial de Darajani soit interrompu et qu’un nouveau projet soit élaboré en conformité avec les principes édictés par le DoURP dans le plan d’aménagement local de Ng’ambo et les projets de ceintures vertes, et qu’aucune décision ne soit prise s’agissant des projets du terminal de conteneurs de Malindi et de la Tippu Tip House, qui ont également des impacts potentiels sur la VUE du bien, sans que le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives n’aient été préalablement consultés. En ce qui concerne la digue de Mizingani, un projet désormais achevé, les plans demandés par le Comité en 2010, 2011 et à nouveau en 2016 n’ont pas été soumis pour examen. En outre, de nombreuses recommandations des deux précédentes missions demeurent sans suite.

Les faiblesses générales mises en évidence par la mission de conseil confirment les préoccupations exprimées par le Comité en 2016 lorsqu’il a prié instamment l’État partie de définir et de mettre en œuvre des mesures correctives. Il est recommandé au Comité d’exprimer sa préoccupation quant à la persistance des faiblesses précédemment identifiées.

Afin de traiter ces faiblesses stratégiques ainsi que les problèmes divers et complexes auxquels le bien est confronté, il convient de prendre des mesures extraordinaires, bénéficiant d’un soutien à un haut niveau, qui permettent d’améliorer la situation qui met actuellement le bien en danger. La mission a recommandé qu’un groupe de travail transversal soit établi pour une période définie et qu’il ait la capacité d’agir et de mettre en œuvre toutes les décisions du Comité et recommandations des missions qui sont en attente. Il est recommandé au Comité de soutenir cette proposition compte tenu de l’état actuel du bien qui pourrait, comme en 2015, justifier que l’on envisage son inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril, au titre des paragraphes 178 et 179 des Orientations.

Décision adoptée: 42 COM 7B.51

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7B,
  2. Rappelant les décisions 35 COM 7B.45, 36 COM 7B.49, 38 COM 7B.55, 39 COM 7B.45 et 40 COM 7B.21, adoptées respectivement à ses 35e (UNESCO, 2011), 36e (Saint-Pétersbourg, 2012), 38e (Doha, 2014), 39e (Bonn, 2015) et 40(Istanbul/UNESCO, 2016) sessions,
  3. Accueille avec satisfaction l’élaboration du plan d’aménagement local de Ng’ambo et les projets de ceintures vertes du Département de planification urbaine et rurale (Department of Urban and Rural Planning – DoURP) et la restauration réussie du Chawl Building, et soutient le projet d’aménagement du Hifadhi Zanzibar Majestic Theatre ;
  4. Note que l’État partie a suivi les recommandations de l’ICOMOS à propos de Beit-el-Ajaib (Maison des merveilles), et demande à l’État partie de tenir le Centre du patrimoine mondial informé de toutes les évolutions du projet de réhabilitation ;
  5. Note avec préoccupation que les mesures minimales d’atténuation pour le projet de Mambo Msiige, identifiées par la mission de 2016 comme étant un minimum non négociable, n’ont pas toutes été mises en œuvre, tandis que la Tippu Tip House et le Palace Museum demeurent vulnérables, à moins que des mesures d’urgence ne soient prises ;
  6. Note avec une vive préoccupation que la mission de conseil d’octobre 2017 a estimé que l’on n’est parvenu à traiter avec succès aucun des facteurs affectant le bien, tels qu’énumérés dans les rapports sur l’état de conservation depuis 2014, que presque tous les commentaires et recommandations des missions de 2014 et 2016 sont toujours valables de nos jours, et qu’en outre, l’actuel système de gestion, avec notamment l’Autorité de conservation et de développement de la ville de pierre (Stone Town Conservation and Development Authority – STCDA) établie en 2010, n’est pas pleinement opérationnel, ce qui est préjudiciable au bien et à sa valeur universelle exceptionnelle (VUE) ;
  7. Prend également note que l’état général de conservation de l’ensemble du patrimoine bâti demeure vulnérable et qu’un inventaire général détaillé du patrimoine bâti fait défaut, tout en accueillant avec satisfaction la classification de quelques 300 bâtiments appartenant à la Société d’habitation de Zanzibar (Zanzibar Housing Corporation – ZHC) et la formation aux techniques de restauration dispensée ;
  8. Exprime sa préoccupation quant à l’absence de notification au Centre du patrimoine mondial des principaux projets d’aménagement et de développement, et réitère sa demande auprès de l’État partie afin qu’il soumettre les éléments détaillés des projets du port à conteneurs de Malindi et de la Tippu Tip House avant que toute mise en œuvre ne débute, que les permis d’aménagement ne soient accordés et que le financement ne soit lancé, compte tenu du fort impact potentiel de ces projets sur la VUE du bien, et qu’il soumette pour examen le rapport du Fonds mondial pour les monuments sur le projet de restauration du Palace Museum ;
  9. Demande également à l’État partie de :
    1. faire stopper de toute urgence le grand projet de réaménagement de l’hôtel Bwawani (y compris les propositions concernant le front de mer, le lagon de Funguni et la mosquée bleue) compte tenu de son impact potentiel extrêmement négatif et irréversible sur la VUE,
    2. apporter des éclaircissements sur les droits d’aménagement actuellement accordés dans toute la zone et de soumettre ces informations de toute urgence au Centre du patrimoine mondial,
    3. protéger les vestiges de l’hôtel Bwawani et son front de mer ainsi que le lagon de Funguni en tant qu’espace public,
    4. concevoir de nouveaux projets plus appropriés pour le complexe hôtelier Bwawani et les soumettre à l’examen du Centre du patrimoine mondial,
    5. faire stopper le projet du bazar de Darajani compte tenu de son impact négatif sur la VUE du bien, et concevoir un nouveau projet conforme aux principes édictés dans le plan d’aménagement local de Ng’ambo et les projets de ceintures vertes du DoURP ;
  10. Exprime également sa préoccupation quant à l’incapacité à soumettre les propositions et les détails finaux du projet de digue de Mizingani, comme demandé en 2010, 2011 et 2016 ;
  11. Exprime en outre sa préoccupation quant au fait que les faiblesses générales mises en évidence par la mission de 2017 confirment les précédentes préoccupations du Comité, ce qui pourrait justifier d’envisager l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril, au titre des paragraphes 178 et 179 des Orientations ;
  12. Prie instamment l’État partie de mettre en œuvre les mesures suivantes pour traiter ces problèmes et, compte tenu de leur complexité et de leur diversité et du grand nombre de parties prenantes et d’acteurs impliqués, recommande qu’un groupe de travail soit établi, comme recommandé par la mission de 2017, pour une période d’au moins cinq années et qu’il dispose du mandat de :
    1. appliquer les « Procédures à suivre afin de contrôler de façon adéquate le développement et promouvoir la conservation »,
    2. mettre en œuvre les recommandations en attente des missions de 2014 et 2016,
    3. orienter l’élaboration d’un nouveau plan de gestion intégrée de la conservation (PGIC) et sa coordination dans tous les plans locaux et régionaux d’aménagement,
      et invite l’État partie à soumettre le cahier des charges du PGIC pour examen ;
  13. Demande en outre à l’État partie d’inviter une mission conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/ICCROM de suivi réactif à se rendre sur le territoire du bien en 2019 afin d’évaluer l’état général de conservation du bien et, en particulier, les progrès réalisés dans la formation d’un groupe de travail ;
  14. Demande par ailleurs à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er décembre 2019, un rapport sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 44e session en 2020, afin de maintenir la VUE du bien.