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Îles Galápagos

Équateur
Facteurs affectant le bien en 2006*
  • Activités de gestion
  • Activités illégales
  • Espèces envahissantes/exotiques terrestres
  • Gouvernance
  • Identité, cohésion sociale, modifications de la population locale / des communautés
  • Ressources humaines
  • Système de gestion/plan de gestion
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents

a) Délai d’application complète de la Loi spéciale et absence de mesures de coercition ;

b) Mesures de quarantaine insuffisantes ;

c) Pêche illégale ;

d) Instabilité du poste de Directeur du Parc.

Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2006

Montant total accordé au bien : 3,5 millions de dollars EU.

Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2006
Demandes approuvées : 25 (de 1979-2001)
Montant total approuvé : 567 850 dollars E.U.
2001 Emergency assistance request for Galapagos Islands ... (Approuvé)   50 000 dollars E.U.
1998 Ecological Monitoring in the Galapagos Archipelago - ... (Approuvé)   92 500 dollars E.U.
1998 Urgent development of ecological monitoring through a ... (Approuvé)   20 000 dollars E.U.
1996 Preparation of Interpretation Materials for the ... (Non approuvé)   0 dollars E.U.
1994 Fire figthing equipment for Galapagos (Approuvé)   50 000 dollars E.U.
1992 Revision of the management plan for Galapagos Islands (Approuvé)   29 000 dollars E.U.
1992 One fellowship for an officer from the Galapagos ... (Approuvé)   3 100 dollars E.U.
1992 Support to 3 resource persons and organization of a ... (Approuvé)   15 000 dollars E.U.
1992 Financial contribution to a training course organized ... (Approuvé)   20 000 dollars E.U.
1990 Training in Costa Rica of one specialist from the ... (Approuvé)   2 000 dollars E.U.
1990 Study to investigate the impacts of tourism on ... (Approuvé)   14 000 dollars E.U.
1989 Purchase of 2 motor-boats and spare parts, as well as ... (Approuvé)   59 500 dollars E.U.
1989 Financial contribution to the Charles Darwin Foundation ... (Approuvé)   20 000 dollars E.U.
1989 One study grant enabling the superintendent of ... (Approuvé)   4 000 dollars E.U.
1988 Purchase of 4 boats for strengthening the protection of ... (Approuvé)   54 000 dollars E.U.
1988 Consultancy services for reviewing and preparing a ... (Approuvé)   4 250 dollars E.U.
1987 1.5 month consultancy mission to follow-up the zoning ... (Approuvé)   2 500 dollars E.U.
1987 Contribution to consultancy mission for the development ... (Approuvé)   2 000 dollars E.U.
1987 Provision of 2 experts for 3.5 months to advise on the ... (Approuvé)   15 000 dollars E.U.
1986 Financial support to the environmental education and ... (Approuvé)   20 000 dollars E.U.
1985 Contribution to the training of an environmental ... (Approuvé)   2 500 dollars E.U.
1985 4-month training in management of protected areas ... (Approuvé)   6 000 dollars E.U.
1985 Contribution to purchase of equipment for Galapagos ... (Approuvé)   10 500 dollars E.U.
1982 Financial contribution to a national training course ... (Approuvé)   10 000 dollars E.U.
1979 Purchase of equipment to eliminate invasive species in ... (Approuvé)   50 000 dollars E.U.
1979 Training seminar in the Galapagos (Approuvé)   12 000 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2006**

Mission UNESCO/UICN/Président : 1er-11 juin 1996 ; mission UNESCO de juin 2003 ; visite informelle de l’UNESCO : 14-21 avril 2005 ; mission UNESCO/UICN : 28 février -10 mars 2006.

Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2006

L’État partie de l’Équateur a soumis un rapport le 15 février 2006 indiquant l’avancement réalisé en matière de conservation et de gestion des îles. Parmi les points importants à noter :

a) Le Ministre de l’Environnement, avec le soutien du PNUD et de la Banque interaméricaine de développement (BID), a mis au point un processus transparent pour la sélection du directeur du Service du Parc national des Galápagos. Un nouveau directeur a été nommé en avril 2006 ;

b) Un nouveau plan de gestion du Parc national des Galápagos (GNP) a été adopté en avril 2005. Ce plan favorise « une vision partagée de l’archipel et de sa gestion pour le maintenir en tant que système écologique, socioéconomique et durable sur le plan environnemental » ;

c) La mise en œuvre du plan de gestion de la Réserve marine des Galápagos (GMR) (approuvé en 1999 à l’issue d’un processus participatif complet) est bien avancée. Le Service du Parc national des Galápagos (GNPS) évalue également l’efficacité de ses activités de gestion, de contrôle et de surveillance dans le périmètre des 133 000 km2 de la GMR. La surveillance va être renforcée grâce à un accord qui doit être signé avec la Marine ;

d) Le gouvernement a interdit la pêche à la palangre dans la GMR en mai 2005. Il a également interdit l’exportation d’ailerons de requins au niveau national pour tenter d’enrayer la pêche au requin illégale aux Galápagos. Parallèlement à ces mesures, le gouvernement a engagé des fonds nationaux, ainsi que des fonds de la BID, de Conservation International et d’autres bailleurs de fonds, pour aider à trouver des solutions de remplacement pour les pêcheurs de la région, y compris le traitement et la mise en réserve du produit de la pêche pour essayer d’accroître la valeur de la ressource et influer le marché du tourisme, qui importe du poisson depuis le continent ;

e) Un financement de la BID et du FEM/PNUD a contribué à la mise en place de l’infrastructure de base d’un Système d’inspection et de quarantaine (SESA-SICGAL) pour les Galápagos, à Quito et Guayaquil sur le continent ;

f) Une initiative italienne de coopération soutient un projet de renforcement des capacités à l’Institut national des Galápagos (INGALA), chargé de planifier et contrôler des activités essentielles de développement dans les îles, y compris des contrôles migratoires ;

g) Le Ministère de l’Environnement, avec le soutien d’une table ronde de bailleurs de fonds, a lancé l’Initiative Galápagos 2020 qui vise à créer une vision commune des Galápagos entre les parties prenantes engagées dans la conservation et la gestion des îles.

Le rapport de l’État partie, résumé ci-dessus, a fourni des informations de base à la mission UNESCO/UICN de suivi réactif aux Galápagos.

Un ensemble de 33 réunions a permis à l’équipe de la mission de s’entretenir avec les principales parties prenantes des îles, représentant les autorités et institutions nationales et locales, les élus, les ONG, d’autres représentants de la société civile et du secteur privé. Bien que l’on ait pu noter un certain avancement sur plusieurs questions soulevées par le Comité du patrimoine mondial, il est aussi très clair que l’on assiste à un changement fondamental aux Galápagos. Ce changement, qui est décrit en détail plus loin, à d’importants effets négatifs sur certains aspects de la conservation, notamment :

a) Diminution accélérée de l’isolement écologique

Les écosystèmes uniques des Galápagos se sont développés pendant des millions d’années grâce à leur isolement biologique des masses terrestres continentales. Les hommes y ont introduit – à dessein ou accidentellement – 1 500 espèces animales et végétales inventoriées, essentiellement depuis les 40 dernières années, et, malgré de récents efforts, ce processus ne cesse ne s’accélérer. On sait peu de choses sur les introductions marines. Actuellement, 33 vols hebdomadaires transportent passagers et marchandises entre le continent et les deux aéroports des Galápagos. De vieux cargos aux conditions d’hygiène douteuses, en provenance de Guayaquil, transportent toutes les marchandises, y compris des produits frais, depuis le continent jusqu’aux trois principaux ports des îles. Des avions et bateaux privés en provenance d’autres points d’Amérique latine arrivent aussi dans les îles (100 arrivées en 2004-2005) et représentent tous un nouveau risque d’introduction. Ce trafic de plus en plus important crée un véritable tapis roulant d’introduction de nouvelles espèces qui se dispersent ensuite dans les Galápagos. Un comité d’experts a prédit l’arrivée du virus du Nil occidental avant 2010, à moins que l’on applique strictement une panoplie complète de mesures d’inspection et de quarantaine.

b) Effort de capture d’espèces marines non-durable

Malgré d’importants efforts déployés par le GNPS et la Fondation Charles Darwin (CDF) pour gérer la pêche, la ressource du concombre de mer est à toutes fins pratiques épuisée à cause de la pêche illégale et d’une absence de souci de durabilité. La communauté des pêcheurs cherche maintenant d’autres moyens de maintenir ce revenu mais il est difficile de trouver des solutions. La pression de la pêche illégale reste donc forte – que ce soit hors-saison ou pour pêcher des espèces non autorisées (essentiellement du requin). Selon les estimations de différentes sources fournies à l’équipe de la mission, on peut raisonnablement estimer que jusqu’à 300 000 à 400 000 requins ont été pêchés dans les eaux des Galápagos en 2005.

c) Capacité institutionnelle limitée et faiblesse de la gouvernance

Le personnel interrogé dans les principales institutions engagées dans la conservation et la gestion des îles – le GNPS, l’INGALA et le SESA-SICGAL – était zélé et très professionnel. Toutefois, une absence chronique de capacité due à des ressources limitées, et la très courte occupation de postes à responsabilités empêchent ces institutions de remplir efficacement leur mandat.

Lors de la rédaction du présent rapport, une directrice venait d’être nommée à la tête du GNPS à l’issue d’un processus long, rigoureux et transparent. C’est une évolution positive et l’on espère que la titulaire conservera son poste après les élections nationales d’octobre. Le GNPS manque de personnel pour traiter tous les aspects de la gestion (ainsi les effectifs des patrouilles de la réserve marine sont sous-évaluées de 40 %). Le GNPS accumule les responsabilités selon la Loi spéciale pour les Galápagos et ses dispositions législatives, mais il voit cependant ses ressources diminuer.

Bien que l’INGALA (qui a eu huit directeurs depuis 1998) soit juridiquement mandaté pour agir en tant qu’organisme régional de planification aux Galápagos, il a dû restreindre son action à renforcer ses propres capacités et à rédiger des documents consensuels de planification qui restent à mettre en œuvre. Il semble avoir peu de possibilités pour faire respecter ses plans, ce qui laisserait entrevoir une lacune juridique. Les différentes administrations municipales prennent des décisions unilatérales en matière de développement, qui sont négatives en termes de conservation et de développement durable, et cela sans objections apparentes de l’INGALA. Bien que ce dernier ait entamé un processus de grande ampleur pour identifier les immigrants illégaux, l’équipe de la mission n’a pas entendu parler de mesures prévues pour empêcher leur arrivée permanente. Il en résulte que l’immigration se poursuit impunément. Bien que l’INGALA soit doté d’un Comité spécialisé pour la coordination institutionnelle, chargé de veiller à ce que toutes les institutions des Galápagos travaillent à une vision commune, ce Comité ne s’est jamais réuni.

Le SESA-SICGAL (6 directeurs depuis 2001, date officielle de sa création) est chargé d’empêcher l’arrivée d’espèces étrangères et d’identifier/éradiquer les nouvelles espèces introduites avant qu’elles ne s’établissent. C’est un organisme professionnel doté de techniciens qualifiés et zélés. Cependant, l’infrastructure existante et les ressources humaines et financières sont très limitées et ne peuvent permettre de répondre aux demandes créées par les nombres et les volumes de plus en plus importants de personnes et de marchandises ; encore moins au projet d’ouverture de nombreux points d’accès aux îles, ce qui constitue en lui-même un sérieux motif de préoccupation. Qui plus est, l’infrastructure dont dispose Guayaquil n’est pas totalement opérationnelle, ce qui complique l’inspection et le contrôle de tous les navires embarquant des marchandises dans ce port. Ces bateaux sont très mal équipés et constituent eux-mêmes un risque important en termes d’introduction d’espèces étrangères aux Galápagos. Les espèces marines étrangères ne sont pas prises en compte et les coques des navires (cargos aussi bien que bateaux de plaisance) ne sont pas inspectés. Bien que la loi les y oblige, les compagnies aériennes ne désinfectent par fumigation ni les cabines des passagers ni les soutes – ces dernières jugées par les scientifiques être les sources les plus probables d’entrée des moustiques porteurs du virus du Nil occidental. Il n’est donc pas possible de réagir à la découverte de nouvelles espèces introduites avant leur établissement et leur propagation.

Alors que toutes les institutions nationales représentées dans les îles souffrent d’instabilité et d’absence d’autorité, les administrations politiques locales qui gouvernent les îles (administrations municipales et locales, représentants locaux à l’Assemblée nationale) sont stables et prennent l’initiative de favoriser de nouveaux projets d’aménagement qui sont souvent en contradiction flagrante avec la Loi spéciale pour les Galápagos. Une municipalité s’est ainsi déclarée « capitale mondiale de la pêche sportive » et parraine régulièrement des manifestations de pêche sportive malgré l’illégalité actuelle de cette activité. Une autre municipalité construit actuellement un nouveau terminal d’aéroport bien qu’aucun vol commercial n’ait actuellement l’autorisation d’y atterrir.

d) Taux élevé d’immigration :

Bien qu’une réglementation précise sur le contrôle de l’immigration humaine vers les îles ait été adoptée dans le cadre de la Loi spéciale pour les Galápagos, elle n’est pas appliquée. De ce fait, l’immigration contribue nettement à augmenter la croissance démographique – soit d’environ 6,9 % actuellement. Les Galápagos comptent actuellement environ 27 000 habitants (contre 18 000 en 1998), dont près de 5 000 soupçonnés d’y être entrés illégalement.

Le taux élevé d’immigration augmente les demandes de produits importés (produits alimentaires et autres) vers les îles, ce qui, à son tour, augmente le risque d’introduction d’espèces étrangères envahissantes.

e) Retard dans l’application complète de la Loi spéciale pour les Galápagos :

La Loi spéciale pour les Galápagos, approuvée en 1998, constitue le cadre juridique qui doit régir les activités de production des Galápagos. Elle est fondée sur la nécessité de maintenir l’isolement écologique des îles et s’appuie fermement sur le principe de précaution (article 2, paragraphe 2). Malgré l’adoption de nombreuses dispositions réglementaires générales et particulières, on constate une sérieuse lacune de ces dispositions en matière de tourisme. Cette absence, associée à la promotion d’activités illégales comme la pêche sportive et l’arrivée croissante de gros bateaux, contribue à créer de plus en plus de frustrations dans de nombreux secteurs. C’est le cas notamment pour la pêche : les parties prenantes concernées voient des intervenants extérieurs se positionner pour profiter, en position dominante, des occasions offertes par le tourisme qui, croyaient-elles, leur seraient réservées. La Loi prévoit aussi une réforme éducative aux Galápagos et l’intégration d’un programme comportant un important volet sur les Galápagos, avec étude des questions associées à l’environnement et à la conservation. Cette réforme, que beaucoup jugent essentielle – et qui constitue un effort pour créer une culture insulaire locale permettant de résoudre positivement les questions de conservation à long terme – reste à se traduire dans les faits.

Les dispositions réglementaires adoptées (notamment l’immigration et la pêche) ne sont pas véritablement appliquées, et ont peu de chances de l’être tant que le problème de la capacité ne sera pas résolu.

f) Tourisme

Le tourisme est de loin le facteur économique essentiel des Galápagos et de fait, directement ou indirectement, avec des effets économiques multiplicateurs, est le principal facteur d’immigration illégale.

Le modèle touristique traditionnel de vie à bord d’un bateau de croisière aux Galápagos a eu relativement peu d’impact sur l’état de conservation du site, bien que cela puisse créer de véritables menaces – en particulier le transfert involontaire d’espèces d’insectes, de plantes et même d’oiseaux entre les îles. L’équipe de la mission a également reçu plusieurs rapports signalant les bateaux de croisière comme important facteur d’immigration illégale, par le biais de pratiques d’emploi à court terme de personnel peu payé en provenance du continent.

L’accent est mis de plus en plus sur le tourisme local permettant aux résidents locaux de tirer davantage de profit des quelque 120 000 touristes et plus qui visitent les îles (chiffre de 2005). Malgré l’intérêt qu’elles présentent en principe, ces initiatives risquent d’ouvrir de nouveaux secteurs économiques susceptibles d’être limités par une législation faible en matière d’immigration et de planification régionale. C’est déjà le cas pour le tourisme de croisière et cela augmente la demande de travail peu rémunéré en provenance du continent, entraînant un accroissement démographique instable et sans fin.

g) Modèle de développement économique

Les Galápagos subissent un changement fondamental : ancien parc national isolé donnant des moyens de subsistance à une population humaine peu nombreuse qui ne participait pas à l’économie mondialisée, elles sont devenues un centre d’intérêt commercial international attirant des capitaux et des immigrants à un rythme accéléré. Certains aspects en témoignent :

a) Taux de croissance démographique allant jusqu’à 6,9 % (dont la moitié due à l’immigration illégale) ;

b) Jusqu’à 20 % des résidents sont illégaux ;

c) Des bateaux de croisière transportant 500 passagers naviguent maintenant dans les îles (la limite était précédemment de 90 passagers) ;

d) De grandes compagnies internationales de navigation ont maintenant des filiales aux Galápagos ;

e) Expansion hôtelière ;

f) Les ventes par Internet de terrains aux Galápagos visent les marchés internationaux[1] ;

g) Les Galápagos ont été illégalement déclarées « Capitale mondiale internationale de la pêche sportive » ;

h) Forfaits de pêche sportive ouvertement proposés par Internet aux Galápagos[2] ;

i) Augmentation annuelle de 12 % du nombre de touristes ;

j) 33 vols commerciaux par semaine ;

k) Construction d’un terminal d’aéroport moderne dans une ville, bien qu’aucun vol commercial n’ait actuellement l’autorisation d’y atterrir ;

l) Hausse de la spéculation sur les prix de l’immobilier le long des côtes ;

m) Accès facilité aux marchés mondiaux des fruits de mer, ce qui entraîne un épuisement commercial rapide des espèces à forte valeur, autorisées ou non.

Les Galápagos adoptent peu à peu un modèle de développement économique fondamentalement contraire aux intérêts de la conservation à long terme et du développement durable. Différentes subventions gouvernementales encouragent ce modèle (bas prix du carburant, de l’électricité et des transports). Comme le démontrent tous les écosystèmes insulaires, si l’on ne peut séparer la présence humaine du processus d’introduction d’espèces étrangères, cela finit par entraîner une perte massive de la biodiversité indigène et endémique.

i) Une vision pour les Galápagos

Le Comité du patrimoine mondial, par sa décision 29 COM 7B.29, a demandé que l’UNESCO travaille avec l’État partie à développer une vision consensuelle et pragmatique à long terme pour les Galápagos. L’État partie a entamé ce processus dénommé « Vision 2020 ». Bien que louable, il reste limité dans sa portée car il émane essentiellement des niveaux supérieurs du Ministère de l’Environnement, avec une certaine participation de la communauté bilatérale et multilatérale d’aide au développement. Les parties prenantes locales des Galápagos sont très peu informées de cette initiative et n’y prennent donc pas part. Ce n’est que lorsque les partenaires locaux s’engageront totalement dans ce processus de vision que les acteurs concernés basés aux Galápagos fourniront le soutien nécessaire pour transformer cette vision en réalité. On peut aussi craindre, après les élections nationales prévues à la fin de 2006, une perte de l’impulsion qui sous-tend cette initiative.



[1] www.santacruzgarden.com

[2] www.fishgalapagos.com, www.galapagosfishing.com

Décisions adoptées par le Comité en 2006
30 COM 7B.29
Etat de conservation (Îles Galápagos)

Le Comité du patrimoine mondial

1. Ayant examiné le document WHC-06/30.COM/7B,

2. Rappelant la décision 29 COM 7B.29, adoptée à sa 29e session (Durban, 2005),

3. Regrette que le rapport soumis par l'État partie n'ait pas été fourni dans l'une des langues de travail de la Convention (anglais ou français);

4. Félicite l'État partie d'avoir mis au point un processus transparent qui a heureusement abouti à la sélection d'un directeur du Service du Parc national des Galápagos, mettant ainsi fin à une longue période d'instabilité;

5. Félicite les bailleurs de fonds internationaux et agences de développement pour leur engagement permanent et l'appui fourni aux efforts de l'État partie en matière de conservation et de gestion des îles, et en particulier l'initiative récente d'une table ronde de bailleurs de fonds et son processus de Vision Galápagos2020, conçus pour coordonner les activités et les investissements;

6. Félicite également un certain nombre de partenaires et d'ONG activement engagés dans la conservation et la gestion des îles pour leur appui permanent, et en particulier la Fondation Charles Darwin (FCD) pour son soutien scientifique à long terme et efficace du Parc national des Galápagos;

7. Note avec une vive préoccupation les diverses menaces auxquelles est confrontéle bien, comme le signale le rapport de mission Centre du patrimoine mondial /UICN(2006);

8. Demande à l'État partie d'organiser, en coopération avec l'UICN et le Centre du patrimoine mondial, une réunion multipartite des partenaires concernés, avant mars 2007, en vue i) de faciliter l'avancement du processus de Vision pour les Galápagos et ii) de définir clairement des repères de référence et des calendriers permettant de mesurer l'avancement et pour lesquels l'engagement des autorités nationales compétentes, et en principe des organismes internationaux de coopération, est officiellement obtenu. Les résultats de cette réunion doivent être présentés pour examen au Comité du patrimoine mondial à sa 31e session, en 2007. Ces repères de référence et ces calendriers devront traiter, au minimum, les points suivants de manière satisfaisante pour le Comité du patrimoine mondial:

a) Nombre croissant de points d'accès aux Galápagos, par air comme par mer, ce qui aggrave la menace d'espèces introduites;

b) Allocations sub-optimales de ressources pour les organismes essentiels de conservation des Galápagos, notamment le Service national du Parc Galápagos (SNPG), l'Institut national des Galápagos (INGALA) et le Système de Quarantaine et d'Inspection (SESA-SICGAL);

c) Renforcement nécessaire du processus de sélection de personnel d'encadrement de haut niveau à l'INGALA et au SESA-SICGAL);

d) Présence permanente d'un grand nombre d'immigrants illégaux vivant aux Galápagos;

e) Activités de pêche sportive pratiquées en l'absence de toute réglementation;

f) Augmentation rapide et incontrôlée de l'arrivée des touristes;

g) Non-application de la réglementation en matière d'inspection et de fumigation des avions;

h) Non-application des mesures de quarantaine et des pratiques phytosanitaires sur les bateaux de croisière et les cargos qui naviguent entre les îles et depuis le continent vers les Galápagos;

i) Surpêche et insuffisance d'autres solutions pour les pêcheurs;

j) Réseaux des mouvements de personnes et de marchandises entre les îles et entre le continent et les Galápagos, ce qui entraîne un risque accru de dispersion d'espèces introduites;

k) Points de départ du continent et points d'arrivée aux Galápagos dotés d'un personnel insuffisant et absence d'infrastructure nécessaire pour effectuer des services d'inspection efficaces;

l) Transport maritime commercial vers les Galápagos effectué sur des navires qui ne sont pas du tout conçus pour réduire le risque de transport d'espèces étrangères;

m) Absence de stratégie d'ensemble pour renforcer la capacité des résidents permanents des Galápagos de manière à mieux les préparer à remplir des emplois traditionnellement occupés par des non-résidents;

n) Réforme éducative préconisée par la Loi spéciale pour les Galápagos de 1998, non encore mise en œuvre;

o) Capacité insuffisante de détection et de réaction à toute nouvelle introduction d'espèces étrangères en provenance du continent ou d'échanges entre les îles de l'archipel;

9. Demande à l'État partie d'inviter une mission commune Centre du patrimoine mondial/UICN à participer à la réunion mentionnée au point 8 ci-dessus;

10. Engage les bailleurs de fonds et les organismes d'aide au développement à centrer leur action sur l'adoption d'un dispositif permanent de financement permettant de soutenir l'excellent travail de recherche appliquée et de gestion mené par le SNPG et la FCD - notamment le fonds de dotation Fonds pour l'environnement mondial-Programme des Nations-Unies pour l'environnement (FEM-PNUD) - à un niveau d'au moins 15 millions de dollars EU.

Projet de décision: 30 COM 7B.29

Le Comité du patrimoine mondial

1. Ayant examiné le document WHC-06/30.COM/7B,

2. Rappelant la décision 29 COM 7B.29, adoptée à sa 29e session (Durban, 2005),

3. Regrette toutefois que les documents n’aient été fournis qu’en espagnol et non dans l’une des langues de travail de la Convention (anglais ou français) ;

4. Félicite les bailleurs de fonds internationaux et agences de développement pour leur engagement permanent et l’appui fourni aux efforts de l’État partie en matière de conservation et de gestion des îles, et en particulier l’initiative récente d’une table ronde de bailleurs de fonds pour coordonner leurs activités et leurs investissements ;

5. Félicite également un certain nombre de partenaires et d’ONG activement engagés dans la conservation et la gestion des îles pour leur appui permanent, et en particulier la Fondation Charles Darwin (FCD) pour son soutien scientifique positif du Parc national des Galápagos ;

6. Note avec une vive préoccupation les menaces avérées et potentielles qui pèsent sur le bien, comme le signale le rapport de mission UNESCO/UICN ;

7. Note en outre qu’une action efficace contre ces menaces exige la mise en œuvre immédiate de plusieurs mesures ciblées sur des résultats à court, moyen et long terme ;

8. Décide que, si les objectifs prioritaires à court terme suivants ne sont pas atteints avant la 31e session, en 2007, le bien sera inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril :

a) Adoption d’un engagement national contraignant (par exemple loi ou décret) restreignant tout nouvel aménagement de points d’entrée aux Galápagos en plus des deux aéroports actuels (Puerto Baquerizo Moreno et Baltra) et des cinq installations d’amarrage actuelles (Baltra, Villamil, Puerto Baquerizo Moreno, Puerto Ayora, Floreana), et définissant Guayaquil comme seul aéroport de départ des vols sans escale aux Galápagos ;

b) Adoption d’un engagement national contraignant (par exemple loi ou décret) assurant l’affectation de ressources suffisantes pour la gestion du bien ;

c) Stabilité garantie des principaux postes d’encadrement du Service du parc national Galapagos (SPNG), de l’Institut national Galapagos (INGALA) et du Système de quarantaine et d’inspection pour les Galápagos (SESA-SICGAL), en étudiant la possibilité de les transformer en postes de fonctionnaires professionnels ;

d) Rapatriement d’au moins 25 % des immigrants illégaux identifiés vivant aux Galápagos ;

e) Arrêt de toute pêche sportive à moins que l’activité soit jugée compatible avec les objectifs de la conservation, qu’elle soit officiellement évaluée et contrôlée et que des ressources soient mises à disposition pour assurer son contrôle effectif ;

f) Adoption d’un engagement national contraignant (par exemple loi ou décret) pour imposer un nombre maximum strict d’arrivées de touristes aux Galápagos, en se fondant sur la capacité actuelle des bateaux de croisière enregistrés ;

g) Interdiction à tout avion d’atterrir aux Galápagos sans arrêt préliminaire à Guayaquil pour une inspection complète (cabine des passagers et soute) et désinfection par fumigation ;

h) Tous les bateaux de croisière et cargos et tous les navires privés qui naviguent dans les Galápagos appliquent des mesures conçues en coopération avec le SNPG et la FCD pour réduire le risque de transporter des espèces (terrestres et marines) entre les îles, et les avions commerciaux desservant les Galápagos appliquent des protocoles de contrôle systématiques pour réduire le risque d’introduction d’espèces ;

i) Le SNPG dispose de suffisamment de ressources financières et humaines pour permettre d’utiliser totalement son infrastructure de surveillance de la Réserve marine et remplir complètement sa mission de conservation, conformément au plan de gestion récemment adopté ;

j) Adoption d’un engagement contraignant au niveau national pour réduire le niveau de la pêche, avec un calendrier clairement défini et des ressources prévues pour sa mise en œuvre ;

k) Conception et adoption d’un cadre de suivi et d’évaluation de l’état de conservation du bien ;

9. Demande également que l’État partie soumette, avant le 1er février 2007, pour considération par le Comité du patrimoine mondial à sa 31e session, en 2007, un calendrier précis doté d’indicateurs pour atteindre les repères à moyen et long terme suivants :

a) Le mouvement des marchandises et des personnes entre le continent et les Galápagos, et entre les îles, est rationalisé, pour réduire le risque d’introduction et de dispersion d’espèces étrangères en renforçant les points d’entrée aériens et maritimes sur une seule île. Il est mis en place un service de transport efficace entre les îles pour répondre totalement aux besoins des résidents ;

b) Tous les points d’embarquement sur le continent et tous les points d’entrée aux Galápagos sont dotés d’un personnel stable et qualifié en matière d’inspection et de quarantaine, et possédant l’équipement et l’infrastructure nécessaires pour assurer toutes les possibilités d’inspection des quantités et volumes actuels de personnes et de marchandises ;

c) Les bateaux de croisière et bateaux privés appliquent des mesures systématiques pour réduire le risque de transporter et de disperser des espèces terrestres et marines entre les îles. Cela doit être mis en place avec le soutien du SNPG et la FCD ;

d) Mise en place de mesures permettant d’assurer le financement durable de tout le SESA-SICGAL pour lui permettre de mener à bien son mandat, y compris : i) inspection ; ii) quarantaine ; iii) suivi ; et iv) réaction rapide. Il faudra envisager de revoir le montant de la taxe imposée sur le transport des marchandises vers les îles ;

e) Le trafic maritime vers les Galápagos est exclusivement assuré par des navires très modernes qui se préoccupent de réduire le risque de transport d’espèces étrangères ;

f) Réalisation d’une analyse économique des subventions, centrée sur l’identification de subventions contribuant à l’immigration et au développement non durable ;

g) Élaboration et application d’une stratégie de renforcement des capacités des résidents permanents des Galápagos, de manière à mieux les préparer à remplir des emplois traditionnellement occupés par des non-résidents ;

h) Mise en œuvre de la réforme éducative préconisée par la Loi spéciale pour les Galápagos ; et

i) Élargissement du processus de vision pour les Galápagos afin d’inclure les principaux groupes de partenaires, notamment dans le domaine de la conservation, du tourisme, de la pêche, de l’agriculture, et en particulier des jeunes. L’UNESCO et l’UICN s’engagent à soutenir l’État partie à cet égard ;

10. Demande à l’État partie d’inviter une mission complémentaire commune UNESCO/UICN au premier trimestre 2007 pour évaluer l’état de conservation du bien et l’avancement réalisé concernant les mesures prioritaires susmentionnées ;

11. Engage les bailleurs de fonds et les organismes d’aide au développement à réorienter leur soutien pour atteindre les repères de référence susmentionnés, ainsi que d’autres qui sont définis dans le rapport de suivi. L’objectif à atteindre d’urgence doit être de financer rapidement un dispositif permanent permettant de soutenir l’excellent travail du SNPG et de la FCD, et plus précisément le fonds de dotation Fonds pour l’environnement mondial-Programme des Nations-Unies pour l’environnement (FEM-PNUD), à un niveau d’au moins 15 millions de dollars EU.

Année du rapport : 2006
Équateur
Date d'inscription : 1978
Catégorie : Naturel
Critères : (vii)(viii)(ix)(x)
Liste en péril (dates) : 2007-2010
Documents examinés par le Comité
arrow_circle_right 30COM (2006)
Exports

* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).

** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.


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