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Centre historique de São Filipe

Date de soumission : 15/03/2016
Critères: (iv)(vi)
Catégorie : Culturel
Soumis par :
Ministère de la Culture
État, province ou région :
Fogo, ville de São Filipe
Coordonnées N14 55 15 W23 31 30
Ref.: 6104
Avertissement

Les Listes indicatives des États parties sont publiées par le Centre du patrimoine mondial sur son site Internet et/ou dans les documents de travail afin de garantir la transparence et un accès aux informations et de faciliter l'harmonisation des Listes indicatives au niveau régional et sur le plan thématique.

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Les noms des biens figurent dans la langue dans laquelle les États parties les ont soumis.

Description

L’île de Fogo ou l'île de São Filipe tel qu’elle était connue lors de sa découverte en 1460 par les Portugais, a été la deuxième île à être peuplée au Cabo Verde, entre 1470 et 1490. Son occupation a été initiée par des riches propriétaires de Ribeira Grande (Cidade Velha) et ses esclaves, suite à la lettre de limitation des privilèges de 1472 qui exigeait aux habitants de l’île de Santiago de commercialiser seulement avec des produits de cette île sur la côte africaine. Malgré cette limitation, les résidents de l’île de Santiago ont profité de cette circonstance pour étendre leur production de coton sur l'île de Fogo et pour le vendre ensuite sur la côte en face, même en sachant qu'ils commettaient des infractions à la loi. C’est ainsi que São Filipe est devenu le premier centre urbain de l'île, émergeant dans l'espace où la chapelle de São Filipe a été construite, dans le lieu qui est maintenant appelé « cemitério de baixo ». Pendant que le commerce des esclaves à Ribeira Grande (Cidade Velha) était rentable, Sao Filipe a joué un rôle crucial vu que le principal produit d'échange pour obtenir les esclaves de la côte africaine était le coton ou panu di terra, tissu traditionnel du Cabo Verde). Ce tissu, produit sur l'île de Fogo, était très apprécié dans le commerce des esclaves jusqu’au point où la couronne portugaise a interdit en 1687, sous peine de mort, sa vente aux puissances maritimes rivales (France, Hollande et Angleterre).

Cependant, la décadence de Ribeira Grande, au XVIIIe siècle a poussé São Filipe à vivre une période de stagnation économique. C’est ainsi que les grands propriétaires remplacent progressivement la production de coton par d'autres cultures, y compris, les légumineuses, mais surtout la viticulture, le café et le jatropha. A partir de ce moment, São Filipe connait une recrudescence économique avec l'exportation de maïs et de haricots pour Madère et les îles Canaries, mais aussi le café et le vin, ce dernier très apprécié au Brésil. D'autre part, la graine de jatropha a supposé une énorme contribution à la balance commerciale car elle servait à la fabrication de l'huile et du savon qui allait ensuite être exporté vers le Portugal et la Guinée respectivement. Ainsi, la production et l'exportation ont permis l'enrichissement d'une élite locale, avec des répercussions importantes dans les bâtiments urbains de São Filipe, comme la construction des maisons de type « sobrados ». La zone urbaine a commencé à s’élargir à partir de l'église paroissiale, construite en 1849, avec 70% des maisons datant du XIXe siècle. Les familles propriétaires de ces maisons « sobrados » montraient leur statut à travers les fêtes de nature syncrétique appelées « bandeirona » (grands drapeaux), qui était destinées à légitimer le pouvoir et l'affirmation sociale de cette élite.

En raison de l'importance politique économique et administrative que le village de São Filipe acquiert, elle sera élevée à la catégorie de ville le 12 Juillet 1922. Actuellement, la commune de São Filipe est divisée en deux paroisses: Saint-Laurent au Nord et Notre Dame da Conceição le centre.

Justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle

Critère (iv) : Le centre historique du São Filipe, datant du XIXe siècle, respecte les nouveaux idéaux représentatifs de cette époque de planification et d'hygiène modernes. La ville est délimitée par une topographie avec des lignes courbes lisses, par des rues échelonnées sur la colline face à la mer qui donnent accès aux places de différentes hauteurs et dimensions. Le paysage urbain est entièrement dominé par les maisons «sobrados» où les anciennes familles de l'élite locale vivaient. Ces maisons, généralement deux étages, étaient le reflet d'une société dichotomique, les seigneurs vivaient sur le premier étage et les esclaves et serviteurs au rez-de-chaussée. Plus tard, avec la fin de l'esclavage, les rez-de-chaussée étaient utilisés comme lieu de stockage, commerce, grange et rarement comme logement.

Les sobrados, souvent équipés avec grand balcon-porche sur les deux ou trois côtés de la maison, ont été construits avec une grande perfection. Les murs sont en pierre et les balcons en bois, avec de nombreuses divisions et en général amples. Le toit à quatre versants est couvert de tuiles en terre cuite ou en bois et d'origine américaine dans les bâtiments anciens. Ces maisons possèdent généralement une ou deux cours, l'une pavée et l’autre de terre battue. L’accès à l'étage se fait par un escalier en bois qui est parfois à l'extérieur et ouvert sur le balcon. Ces types de logement sont en lien avec le style architectural des petites villes dans le sud du Portugal, présentant toutefois quelques modifications qui s’adaptent aux conditions climatiques locales: les balcons protègent de la chaleur l’intérieur des maisons et permettent de profiter des heures les plus fraîches de la nuit, la protection des bassins, les chambres spacieuses et hautes des maisons qui renouvellent rapidement l'air chaud de la journée.

Malgré le même principe architectural, chaque maison est unique dans sa construction par rapport à l’altimétrie, tons, styles, etc., offrant une diversité dans l'homogénéité.

Critère (vi) : Le centre historique de São Felipe offre aux visiteurs l'une des fêtes traditionnelles des plus importantes du pays. Il s’agit de Bandeironas, une fête dont son origine remonte lors des premiers peuplements sur l'île de Fogo.

Toutefois, ces festivités des drapeaux ont acquis une dimension culturelle liée à la classe élitiste de São Filipe et détentrice des maisons « sobrados » qui utilisent les Bandeironas comme un moyen d'auto-affirmation de leur puissance économique et social.

Ces fêtes, en dépit de sa nature céleste associé à divers saints (Saint-Philippe, Saint-Jean, Saint-Sébastien, Saint-Paul, Saint-Pierre, Saint-Antoine, etc.) ont une forte composante laïque et sont une symbiose de diverses cultures et rituels, portugais et africains. Les Bandeironas étaient financées par l'élite blanche et ont acquis les caractéristiques d'un banquet populaire où abondent la nourriture et les boissons au rythme du tambour. Le déclin des anciennes familles n’a pas eu comme conséquence la fin des Bandeironas. Tout au contraire, la forte émigration des habitants de l’île vers les États-Unis a contribué à l’apparition d’une nouvelle élite qui a préservé ces fêtes.

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

Le Centre historique de São Filipe, malgré quelques transformations résultant de la modernité qui affectent en général les centres historiques, a su conserver son patrimoine et héritage culturel, visible dans la structure, la morphologie et la cohésion des ensembles architecturaux représentatif des idéaux de planification de villes propres au XIXe siècle.

L'authenticité et l'intégrité du site sont garanties, d'une part par l'idiosyncrasie des habitants de São Filipe dans la préservation de l'héritage et par sa reconnaissance comme un facteur de perpétuation de l'identité locale et nationale, et d'autre part par la protection juridique de la propriété.

La communauté locale et sensibilisé à l'authenticité et l'intégrité des maisons à travers la restauration, préservant ainsi les caractéristiques d'origine, en particulier dans le rythme des façades et les ouvertures dans les planchers, en toit de tuiles de Marseille en stuc et l'utilisation de matériaux d'origine (de pierre et de mortier).

Protection et gestion

Etant donné les valeurs historiques et patrimoniales du Centre historique de São Filipe, le gouvernement du Cabo Verde, à travers le Ministère de la Culture, l’a officiellement déclaré patrimoine national, à travers la Résolution n° 36/2012 du 21 juin. Cette reconnaissance juridique vise à mettre en place une gestion qui priorise la protection et la valorisation de ce patrimoine culturel. En outre, il permet la participation des populations locales dans le processus, afin de concilier la protection du patrimoine culturel avec les bénéfices socio-économiques, favorisant ainsi le développement durable. Dans cette perspective, la Curadoria o cellule de gestion du centre historique de Sao Filipe a été créé à travers la résolution 63/2014 du 12 août.

Au-delà de sa reconnaissance juridique, le centre historique de São Filipe est protégé par d'autres outils de gestion urbaine, à savoir, le Plan directeur, plan d’aménagement du territoire et de la politique nationale de l'aménagement du territoire qui assurent la préservation des caractéristiques essentielles de la ville.

Comparaison avec d’autres biens similaires

Le centre historique de São Filipe peut être comparé à de nombreuses villes des Antilles et des Caraïbes qui se sont développées à partir d'une économie fondée sur le commerce des esclaves. En ce qui concerne l'architecture, le centre historique de São Filipe ressemble des villes fondées par les Européens et adaptés aux particularités locales. Dans ce cas, la vieille ville d'Angra Heroísmo (Açores), classé patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1983, est un archétype de la reproduction des villes portugaises adaptées aux conditions climatiques des colonies respectives.

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