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Architecture Moderne du XX siècle de la Ville de Montevideo

Date de soumission : 06/05/2010
Critères: (ii)(iv)
Catégorie : Culturel
Soumis par :
Délégation permanente de l'Uruguay auprès de l'UNESCO
État, province ou région :
Ville de Montevideo, Département de Montevideo
Coordonnées S34 53 1 W56 10 55
Ref.: 5595
Avertissement

Les Listes indicatives des États parties sont publiées par le Centre du patrimoine mondial sur son site Internet et/ou dans les documents de travail afin de garantir la transparence et un accès aux informations et de faciliter l'harmonisation des Listes indicatives au niveau régional et sur le plan thématique.

Le contenu de chaque Liste indicative relève de la responsabilité exclusive de l'État partie concerné. La publication des Listes indicatives ne saurait être interprétée comme exprimant une prise de position de la part du Comité du patrimoine mondial, du Centre du patrimoine mondial ou du Secrétariat de l'UNESCO concernant le statut juridique d'un pays, d'un territoire, d'une ville, d'une zone ou de leurs frontières.

Les noms des biens figurent dans la langue dans laquelle les États parties les ont soumis.

Description

L'ensemble d'œuvres d'architecture (édifices, ensemble de bâtiments, espaces urbains et interventions du paysage) nommé « Architecture du XX siècle de la Ville de Montevideo » est constitué par un nombre significatif d'œuvres représentatives d'une architecture qui inclut une grande diversité d'expressions architectoniques. Il s'agit d'un ensemble monumental de caractéristiques exceptionnelles, témoin d'une époque, et d'une certaine façon de comprendre l'architecture, l'urbanisme et la transformation de l'entourage physique et social.

En même temps, il constitue un témoignage culturel unique d'intégration syncrétique d'influences diverses et d'une transposition intelligente d'idées et de formes architectoniques générées dans d'autres latitudes, en les adaptant à une ville, à un entourage géographique et à un contexte social et culturel d'une manière pertinente et originale, se constituant en clef de son authenticité et de sa valeur universelle.

Dans sa majorité, ces œuvres correspondent aux décades des années 20, 30, 40 et 50 du siècle dernier. Le terme a été provisoirement déterminé comme «Architecture moderne de XX siècle »,  l'ensemble des œuvres appartenant aux modalités rénovatrices en architecture, produites entre les années 1915 et 1965.

Cet éventail de réalisations comprend un ample répertoire qui s'étend depuis les premières expressions architectoniques ayant produit des ruptures avec les « styles » traditionnels et l'architecture éclectique et historiciste d'empreinte académique (et donc cataloguées par l'historiographie nationale comme « rénovatrices »), jusqu'aux expressions plus avancées appartenant à la décade des années 60, fortement influencées par l'architecture de post-guerre, les expériences du TEAM X, les régionalismes, le « International Style » et l'architecture moderne du Brésil.

Entre les deux extrêmes, se trouvent les modalités rénovatrices des décades des années 20 et 30, inspirées par les avant-gardes artistiques et architectoniques européennes des premières décennies du siècle, fortement associées à l'expressionnisme allemand et hollandais, mais aussi au rationalisme et purisme. Dans ces mêmes décennies fleurit l'Art Déco, avec des influences françaises (originées dans l'Exposition des Arts Décoratifs et Industriels de Paris en 1925), Nord américaines et du streamline.

Parmi ces expressions diverses, il faut compter aussi celles qui sont difficiles á classer, tel l'œuvre de quelques réalisateurs comme Mauricio Cravotto, sans doute influencé par l'avant-garde allemande, ou alors Julio Vilamajó, qui a intégré différentes influences provenant de l'architecture traditionnelle du Sud de l'Espagne et du Nord de l'Afrique.

Il faut mentionner aussi les œuvres des années 40, dont on trouve les expressions plus réussites dans l'architecture promue depuis l'état, et qui intègrent d'une façon syncrétique l'influence du rationalisme architectonique avec des critères de composition classiques, en forme analogue à l'architecture italienne du moment (Piacentini, entre autres). De plus, compris dans ces catégories, de la même période, les variantes influencées par l'organicisme de Frank Lloyd Wright et d'autres, ainsi que des régionalismes européens et Nord américains de la post guerre.

Il est également indéniable l'influence sur les architectes uruguayens du XX siècle des idées et des œuvres de Le Corbusier, depuis la première visite du maître suisse-français au Rio de la Plata en 1929 jusqu'au contact personnel avec ses écrits et ses réalisations : des architectes réputés comme Gómez Gavazzo et Serralta, ont collaboré avec le Maître dans son atelier à Paris et travaillé dans de multiples projets, actant à leur retour en propagateurs de ses prédications.

Au cours des décennies des années 50 et 60, nous trouvons d'autres influences sur l'Architecture Moderne de Montevideo, quelques-unes unes provenant du « International Style », d'autres dérivées de l'œuvre de maîtres européens émigrés en Amérique, tels Mies van der Rohe ou Richard Neutra. D'autre part, on reconnaît l'influence de l'architecture et le design scandinave (particulièrement d'Alvar Aalto) ainsi que l'éclosion de l'art et l'architecture moderne au Brésil, avec Oscar Niemeyer, Lucio Costa, Vilanova Artigas, les frères Reidy et le paysagiste Robert Burle Marx, entre autres. Les liens et influences sont réciproques, puisque plusieurs architectes uruguayens ont visité le Brésil et ont y travaillé, et vice versa.

En outre, l'incidence des courants artistiques locales, comme l'Escuela del Sur de Joaquín Torres García, explique dans une certaine mesure les inflexions dans l'œuvre d'architectes renommés comme Lorente Escudero, Payssé Reyes et Leborgne, et l'ingénieur Eladio Dieste.

Finalement et de manière concise, dans les années 60 on peut constater une incidence notoire dans les réalisations architectoniques locales correspondant aux variantes de la pensée et la pratique des architectes modernes, fondamentalement européens, comme par exemple du « Team X » et de l'empirisme anglais, ce qui s'est matérialisé surtout dans des ensembles de logements sociaux.

Cette diversité de réalisations et interventions a généré non seulement des jalons et des édifices significatifs de valeur monumentale, mais aussi de grandes zones urbaines (les tronçons de la Rambla de Montevideo, des parcs comme Parque José Batlle y Ordoñez avec un tracé et un équipement urbain nettement modernes, ainsi que des monuments et des installations sportives), des quartiers et zones de la ville caractérisés par des maisons individuelles ou alors des bâtiments à louer, des parcs et écoles, ou alors l'ensemble exceptionnel de constructions hôpitalaires composé par l'Hôpital de Clínicas, l'Institut d'Hygiène, l'Institut de Traumatologie et la Faculté d'Odontologie, toutes se trouvant dans la proximité du Parque Batlle.

Justification de la Valeur Universelle Exceptionnelle

Critère ii: Le Bien a Intérêt Culturel à inclure dans la liste indicative répond à ce critère, en tant qu'il s'agit du témoignage d'un échange de valeurs humaines exceptionnel (exprimé en idées et formes architectoniques), réalisé dans une période concrète du XX siècle. Cet échange c'est produit fondamentalement entre le domaine culturel européen et celui de notre pays, et a été concerté dans l'architecture, l'urbanisme et la construction du paysage.

Critère iv: Le Bien à Intérêt Culturel à inclure dans la liste indicative répond à ce critère, tant par les éléments individuels dont il est composé quand par l'ensemble qu'ils forment. Il s'agit d'exemples représentatifs d'un certain type de construction, qui conforment un ensemble architectonique hautement représentatif d'une période significative de l'histoire du XX siècle, dans la ville de Montevideo, en Uruguay et dans le Cono Sur de l'Amérique du Sud.

Déclarations d’authenticité et/ou d’intégrité

Le Bien à Intérêt Culturel à inclure dans la liste indicative non  seulement réunit des conditions d'authenticité et d'intégrité, mais compte aussi avec un système de protection et de gestion adéquate qui contribuent à garantir sa sauvegarde. Un nombre significatif des bâtiments, ensembles d'édifices et d'espaces urbains qui conforment dans sa globalité ce bien à protéger, se trouvent à la fois protégés par des diverses formes juridiques de conservation et tutelle urbanistique, en assurant  leur adéquate préservation.

Plusieurs édifications modernes du XX siècle sont protégées sous la figure de « Monument Historique National » dans le cadre de la Loi 14.040. En même temps, d'autres immeubles individuels ainsi que de groupes de bâtiments, sont protégés au niveau départemental sous la figure « Bien d'Intérêt Municipal », instaurée par le Gouvernement Municipal de Montevideo. En addition, une partie significative du tissu urbain de la ville se trouve compris dans le régime de gestion patrimoniale, sous la tutelle des Commissions Spéciales Permanentes, sujets à des plans d'ordination, protection et amélioration de l'espace, qui incluent des inventaires patrimoniaux exhaustifs.  C'est le cas non seulement de la Ciudad Vieja de Montevideo, mais aussi des quartiers de Pocitos et Punta Carretas, Carrasco et Punta Gorda, Prado et Colón.

Attributs importants de l'authenticité et intégrité

L'authenticité du Bien Culturel à protéger est conséquence de sa distincte et unique circonstance historique et culturelle. Il s'agit de l'adaptation créative, pragmatique et syncrétique d'une architecture innovatrice initialement provenant de l'Europe, mais dans une circonstance périphérique, dans laquelle elle acquière d'autres connotations et s'enrichie de nouvelles valeurs. Cette architecture s'ajuste à un contexte urbain marqué par une trame quadrillée tributaire de la tradition urbanistique hispano-américaine, ainsi qu'à des parcelles ou lots individuels, générant d'importants quartiers de la ville, soit populaires, soit appartenant aux secteurs moyens. Ceci constitue sans doute un fait exceptionnel pour ce genre d'architecture, qui dans son origine, était restrictif aux élites ou groupes d'initiés.

L'intégrité de l'ensemble et de chacun des biens à préserver, s'envisage à partir de leur état de conservation au niveau général et particulier, sur la base de l'application des normes nationales et départementales qui protègent et régulent l'édification et conservation des édifices et la réglementation du sol, ainsi que des politiques urbanistiques et de préservation patrimoniale qui depuis plus de 30 ans s'appliquent de manière cohérente et progressive dans tout le pays, et spécialement à Montevideo.

Comparaison avec d’autres biens similaires

Des ensembles d'édifices et réalisations similaires qui se constituent en témoins éloquents de l'Architecture Moderne du XX siècle, peuvent être trouvés dans des différentes latitudes  de la planète. En Europe, où l'on trouve sa genèse, on peut nommer le quartier de Weisenhof à Stuttgart, des ensembles urbains situés dans le centre d'Europe comme Prague ou Vienne, ou certaines édifications situées dans des villes françaises, belges, hollandaises, allemandes, italiennes, scandinaves ou britanniques, qui à leur tour sont protégées par de législations spécifiques. Dans le continent américain, des réalités si différentes appartenant à une même période historique, tel les bâtiments dans l'île de Manhattan à New York ou le district Art Déco à Miami, en constituent des preuves éloquentes de ce type de manifestations architectoniques. Les expériences de l'histoire coloniale française et italienne dans le Nord de l 'Afrique et dans d'autres latitudes, voir l'Indochine, sont témoins de l'adaptation de l'architecture moderne à d'autres contextes, ayant généré d'importantes œuvres reconnues. Aussi, la concentration et qualité des constructions modernes de Tel Aviv dévoilent, de même que dans les villes américaines, l'influence des émigrés provenant de contextes distants.

En Amérique Latine, ce genre d'architecture et d'urbanisme a produit des exemples exceptionnels, comme au Mexique, Brésil, Colombie, Cuba, Chili et Argentine. Quelques-unes de ces œuvres intègrent la liste du patrimoine mondial, telles les cités universitaires du Mexique et Caracas, et la ville de Brasilia, construite ex novo, il y a 50 ans.

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