Faites une recherche à travers les informations du Centre du patrimoine mondial.

Explorations aéromagnétiques et aérogravimétriques au Parc National des Virunga (RDC) : le Centre du patrimoine mondial exprime sa préoccupation

mardi 13 mars 2012
access_time Lecture 4 min.

Le Centre du patrimoine mondial vient d’être informé qu’un Arrêté Ministériel, signé le 1er septembre 2011, délivre à la Compagnie SOCO (South Africa Congo Oil) un  Certificat d’Acceptabilité Environnementale pour effectuer une campagne d’exploration pétrolière par l’acquisition des données aéromagnétiques et aérogravimétriques dans le bloc V du Rift Albertin (Parc national des Virunga), République Démocratique du Congo (RDC).

 L’UNESCO, le Comité du patrimoine mondial, leurs partenaires et les ONG avaient déjà fait part de leurs préoccupations et de leurs plus vives inquiétudes à l’été 2010 lors de l’attribution à cette même compagnie d’un permis d’exploration, d’une durée de 5 ans, au sein de ce site du patrimoine mondial. L’UNESCO a rappelé a plusieurs reprises les répercussions extrêmement préjudiciables de ce type d’activités pour la valeur universelle exceptionnelle du Parc national des Virunga et sur les habitats de ses espèces emblématiques. Le site est inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril depuis 1994.

 La Directrice générale de l’UNESCO s’est personnellement rendue à Kinshasa en janvier 2011 pour rencontrer les autorités congolaises et rappeler qu’aucune exploration ou exploitation pétrolière ne devait être permise au Parc national des Virunga, compte tenu de son classement international et des engagements pris dans le cadre de la Convention du patrimoine mondial. Lors de sa visite, la Directrice générale avait signé avec le Premier ministre congolais, M. Adolphe Muzito, la Déclaration de Kinshasa, dans laquelle le gouvernement congolais s'est engagé  notamment au renforcement de l'application de la loi, à la sécurisation des sites, au renforcement des capacités opérationnelles de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), à la réduction du braconnage commercial, à l'arrêt de l'exploitation illicite des ressources naturelles et au renforcement des efforts d'évacuation pacifique des occupants illégaux des aires protégées. Il faut également rappeler que l’exploration et l’exploitation pétrolière et minière est spécifiquement interdit dans les aires protégées de la République Démocratique du Congo (RDC) par l’Ordonnance loi de 1969 sur la conservation de la nature et par le code minier de 2002.

A la suite de la Déclaration de Kinshasa, en mars 2011, le Ministère de l’Environnement, de la Conservation de la nature et du Tourisme (MECNT) avait suspendu le permis en attendant qu’une Evaluation Environnementale Stratégique (EES) conforme aux standards internationaux soit menée par un organisme indépendant. Cette décision avait été saluée par la Directrice générale de l’UNESCO, qui avait alors formulé le vœu que cette suspension aboutisse à une interruption définitive de toute exploration ou exploitation pétrolière dans ce site du Patrimoine mondial.

Dans une lettre en date du 5 mars 2012, adressée au Ministre de l’Environnement, de la Conservation de la nature et du Tourisme, le Directeur du Centre de patrimoine mondial a exprimé sa préoccupation sur cette autorisation d’entamer les explorationsaéromagnétiques et aérogravimétriques alors que le processus d’évaluation environnementale stratégique est en cours, en demandant que soient fournies de plus amples informations sur la portée de cet Arrêté.

Le Directeur du centre du patrimoine mondial a également rappelé la dernière Décision du Comité du patrimoine mondial (35COM7A.4) dans laquelle il était demandé de suspendre le permis à l’intérieur du site du patrimoine mondial.

mardi 13 mars 2012
access_time Lecture 4 min.
Décisions (1)
Code : 34COM 7A.4

Le Comité du patrimoine mondial,

1. Ayant examiné le document WHC-10/34.COM/7A,

2. Rappelant la décision 33 COM 7A.4, adoptée à sa 33e session (Séville, 2009),

3. Adresse ses très sincères condoléances aux familles des trois gardes tués lors des opérations de protection du bien menées depuis sa dernière session ;

4. Accueille avec satisfaction les efforts accomplis par l'autorité en charge de la gestion du bien, suite à l'amélioration de la sécurité, pour le redémarrage des actions visant à faire appliquer la loi dans les zones prioritaires, dans la réhabilitation et la réinstallation des différents postes de garde du parc et dans les actions destinées à régler le problème de la production illégale de charbon de bois dans le parc ;

5. Reconnaît les mesures prises par l'État partie qui ont conduit à l'augmentation de la population de gorilles dans le parc et à la reprise du tourisme;

6. Exprime sa vive préoccupation quant au problème, évoqué dans le rapport, de l'implication croissante d'éléments de l'armée congolaise dans l'exploitation illégale des ressources naturelles du bien, en particulier, le braconnage, la pêche illégale et la production de charbon de bois et prie également instamment l'État partie de prendre les mesures nécessaires afin de résoudre ces problèmes ;

7. Exprime de nouveau sa vive préoccupation quant aux projets de prospection pétrolière dans une zone recouvrant en partie le territoire du bien, rappelle sa position sur l'incompatibilité de l'exploration et de l'exploitation pétrolière avec le statut de patrimoine mondial et, en outre, prie instamment l'État partie de n'autoriser aucun projet de prospection ou d'exploitation pétrolière;

8. Prend note des importants défis qui restent à relever afin que la restauration de la valeur universelle exceptionnelle du bien soit possible et prie également instamment les autorités nationales et régionales d'apporter toute aide qui s'avérera nécessaire à l'autorité en charge de la gestion du bien afin de relever ces défis ;

9. Demande à l'État partie de poursuivre la mise en œuvre des mesures correctives adoptées par le Comité du patrimoine mondial suite à la mission de suivi de 2006 et à la mission de suivi renforcé de 2007 et fait appel à la communauté des bailleurs de fonds afin qu'ils maintiennent l'aide apportée à la réalisation de ces activités ;

10. Demande également à l'État partie d'inviter une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN afin d'évaluer l'État de conservation du bien et les progrès accomplis dans la mise en œuvre des mesures correctives, dans le but de rédiger un État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril, en mettant à jour les mesures correctives nécessaires et en établissant le calendrier de leur mise en œuvre ;

11. Propose que la réunion de haut niveau soit tenue le plus tôt possible avec le Centre du patrimoine mondial et l'UICN;

12. Demande en outre à l'État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d'ici le 1er février 2011, un rapport sur l'État de conservation du bien faisant Etat des projets d'exploration et d'exploitation pétrolière sur une zone recouvrant partiellement le bien, de la réduction de la présence militaire sur le territoire du bien, de la prise de mesures appropriées pour faciliter la relocation d'occupants vers des zones idoines, du statut des espèces emblématiques dans le périmètre du bien ainsi que des progrès accomplis dans la mise en œuvre des mesures correctives, pour examen par le Comité du patrimoine mondial, à sa 35e session en 2011 ;

13. Décide de poursuivre l'application du mécanisme de suivi renforcé ;

14. Décide également de maintenir le Parc national des Virunga (République démocratique du Congo) sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

En savoir plus sur la décision
top