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Stratégie globale : Valorisation des paysages culturels de l’agro-pastoralisme

Le pastoralisme est défini comme un système d’élevage qui utilise en grande partie les ressources végétales spontanées pour le pâturage, le plus souvent de façon extensive, soit sur l’exploitation même, soit dans le cadre de la transhumance ou du nomadisme. C’est l'une des pratiques les plus anciennes de l’activité humaine, répandue dans le monde entier et qui concerne différents types d’élevage ; elle est intimement liée à l’environnement et s’appuie sur une interaction subtile entre l’humain et le paysage. Les paysages culturels pastoraux sont complexes et multiformes. Les paysages culturels permettent de rendre compte de cette interaction entre l’homme et la nature.

La France a apporté un appui à l’organisation de plusieurs réunions d’experts, organisées pour certaines par le Centre du patrimoine mondial dans le cadre de la Convention France-UNESCO, qui ont contribué à l’identification des valeurs du patrimoine de l’agro-pastoralisme et des enjeux de la prise en compte des paysages agro-pastoraux. Cela a été l’occasion de mener une réflexion collective et opérationnelle sur ce thème dans la région méditerranéenne.

A l'initiative de l'Etat français, la première réunion thématique d’experts sur les paysages culturels de l’agro-pastoralisme méditerranéen a été organisée du 20 au 22 septembre 2007 à Meyrueis, en Lozère (France). Cette réunion avait pour objectif de constituer un réseau international d’experts, d’identifier et de caractériser le patrimoine de l’agro-pastoralisme, de le décrire et de l’analyser afin de le valoriser sans le « muséifier ». Cette rencontre a accueilli 44 participants, représentant 9 pays du bassin méditerranéen, ainsi que le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO, l’ICOMOS, l’UICN, l’EFNCP (Forum européen pour la conservation de la nature et le pastoralisme), l’État français, les collectivités régionales, départementales et locales français. Cette réunion a permis de constituer un réseau d’experts internationaux sur l’agro-pastoralisme.

Par la suite, une deuxième réunion thématique d’experts a eu lieu du 12 au 14 novembre 2009 à Tirana, en Albanie, sur le thème « Pastoralisme méditerranéen : patrimoine culturel et paysager et développement durable », et a été organisée par l’Université Européenne de Tirana, la Mountain Areas Development Agency (MADA), l’Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier-Centre International des Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes avec le soutien du Centre du patrimoine mondial, du ministère français de l’Ecologie et du ministère français de la Culture, dans le cadre de la Convention France-UNESCO.

Cette deuxième réunion, qui s’inscrivait dans un effort collectif de valorisation et d’identification des patrimoines du global au local, dans le cadre de la Convention du patrimoine mondial de 1972, a permis d’approfondir les questions de patrimonialisation du pastoralisme et de ses liens avec le développement durable. Elle a notamment confirmé l’intérêt pour le pastoralisme et la pertinence de cette thématique par rapport à la catégorie « paysage culturel évolutif ». Environ 40 experts ont participé à cette rencontre et ont présenté des réflexions aussi bien sur des aspects sociaux, culturels, bio-zootechniques et agricoles, que sur des questions de gestion du territoire et de politiques d'aménagement. À l’issue de cette réunion, les participants ont validé une recommandation qui identifie les grands axes prioritaires. Les actes de cette réunion ont été publiés par le CIHEAM dans la collection « Options méditerranéennes », et sont accessibles en ligne.

A la suite de la réunion de Tirana, dans la continuité de la décision prise à Meyrueis, en 2009, un site internet spécifique dédié au pastoralisme intitulé réseau méditerranéen « Pastoralisme et Société » a été créé avec pour objectif de fournir une plateforme d’échange et un outil de travail commun au réseau d’experts. Lancée par le CIHEAM-IamM avec l’appui de la Convention France-UNESCO, cette plateforme rassemble des chercheurs, des opérateurs et des institutions liés au pastoralisme pour sa reconnaissance en tant que patrimoine culturel et paysager au sens de la Convention du patrimoine mondial de 1972. Ce réseau, qui concerne principalement l’aire méditerranéenne (l’Europe du Sud-Ouest, la région Balkanique, le Maghreb et le Proche-Orient), a pour objectif d’approfondir les relations entre l'homme et la nature, et plus précisément entre le patrimoine culturel et le patrimoine paysager, et entre le développement durable des zones et les économies pastorales dans la région méditerranéenne.

Lors de la 35e session du Comité du patrimoine mondial (Paris, 2011), Les Causses et les Cévennes, paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen (France) ont été inscrites sur la Liste du patrimoine mondial, et le Comité a recommandé à la France, État partie à la Convention du patrimoine mondial, parmi d'autres visées, de poursuivre les travaux engagés au niveau international pour mieux documenter les paysages culturels de l’agro-pastoralisme, afin de promouvoir les propositions d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial d’autres biens qui reflètent des réponses culturelles distinctes et exceptionnelles associées à des variantes du pastoralisme méditerranéen.

Dans la suite logique de la Décision du Comité du patrimoine mondial et de la poursuite de la réflexion de fond sur les paysages de l’agro-pastoralisme, une troisième réunion internationale d’experts a été organisée, qui s’est déroulée du 1 au 5 octobre 2012 à Montpellier et sur le site du Patrimoine mondial des Causses et des Cévennes en France.

Intitulée « Patrimoine culturel et développement économique durable : quelle gouvernance et gestion territoriale ? Les Causses et les Cévennes : l’expérience d’une inscription sur la Liste du patrimoine mondial et de la coopération avec les pays du bassin méditerranéen », la réunion a été organisée par l'Association de valorisation des espaces des Causses et des Cévennes (AVECC), le Centre International des Hautes Études Agronomiques Méditerranéenne - Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier (CIHEAM-IamM), l'Entente interdépartementale des Causses et des Cévennes, le Centre du patrimoine mondial de l'UNESCO dans le cadre de la Convention France-UNESCO, sous l'égide du ministère français de l'Écologie et du ministère français de la Culture, avec le soutien du Centre régional arabe pour le patrimoine mondial (ARC-WH). Elle a eu lieu à Montpellier au CIHEAM et sur le site des Causses et des Cévennes.

Cette troisième rencontre internationale sur les paysages culturels de l'agropastoralisme était centrée sur la promotion des paysages culturels de l'agropastoralisme et sur la gouvernance des sites et sur le partage de l'expérience d'une inscription sur la Liste du patrimoine mondial et le développement d’échanges avec les pays du bassin méditerranéen. Elle a permis la capitalisation des expériences des Causses et des Cévennes, le développement de la coopération avec les pays du bassin méditerranéen pour l’identification de nouveaux paysages culturels agro-pastoraux (par les chercheurs et les représentants des États parties), ainsi que le début d'une réflexion sur la gouvernance spécifique des biens de grande ampleur.

Cette semaine d’échanges, qui a réuni une centaine de participants, a permis de mobiliser plusieurs experts des pays du pourtour méditerranéen et des États Arabes, des représentants de sites du patrimoine mondial de Suède et des Pays-Bas, un certain nombre d’institutions telles que la FAO, l’ICOMOS, l’ICCROM et l’UICN, ainsi que les institutions en charge de la gestion du bien, des instituts de recherche et des élus des réseaux (Association des biens français du patrimoine mondial et le Réseau des grands sites de France (RGSF)).

Ces rencontres comprenaient trois volets principaux. Un premier séminaire à Montpellier, qui a présenté d’une part les cadres normatifs internationaux en matière de patrimoine, et d’autre part l’expérience française et l’élaboration du dossier d’inscription. Puis, trois journées et demi de travail sur le terrain et d’échanges qui se sont déroulées sur le territoire des Causses. Pour clore cette semaine, trois réunions publiques ont été organisées dans trois villes différentes pour compléter les échanges sur le terrain, permettre d’informer les habitants et d’échanger avec les acteurs locaux sur les questions de gestion, de préservation et de développement du patrimoine agropastoral. Chaque réunion thématique a permis de présenter un exemple décliné au niveau international et un autre décliné au niveau local.

Cette semaine de rencontres a permis de valoriser la Convention du patrimoine mondial, les paysages culturels en général aux niveaux local et international, les acteurs locaux, les habitants, les agriculteurs et les exploitants, les élus, les parties prenantes, ainsi que le rôle de la culture et du patrimoine dans le développement socio-économique. Elle a également offert l’occasion de partager des expériences aux niveaux local et international, concernant les enjeux de protection et de gestion des paysages culturels traditionnels et l'identification des paysages culturels d'agropastoralisme.

Finalement, elle a permis de créer des échanges et des mises en réseau inter-universités, d’identifier les demandes et les besoins en matière de formation et gestion, de produire des outils de formation, ainsi que de faire un inventaire des biens du patrimoine mondial (inscrits sur la Liste du patrimoine mondial et sur les Listes indicatives) relevant de pratiques agricoles et pastorales.

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